Guy Musy

Formatage

«Femmes formatées pour mettre au monde.» Je ne dirais pas que cette expression m’était inconnue. Mais j’ai été tout de même surpris de l’entendre prononcer dans un débat radiophonique récent sur le partage des tâches domestiques entre maris (compagnons) et femmes. A faire retourner dans leur tombe les os de Simone de Beauvoir qui prétendait qu’on ne naissait pas femme, mais qu’on le devenait. Après une ou deux décennies de règne de la «théorie du gender», voilà donc le retour du balancier. Il est vrai que la nature a horreur du vide!

A vrai dire, c’est le mot «formatage» qui me gène et fait hérisser les rares et derniers cheveux que j’ai encore sur le crâne. Comme si notre agir, nos dispositions et ce qu’on appelle notre liberté étaient programmés – de toute éternité – par nos gènes. Comme si une prédisposition étouffait nos désirs personnels et soumettait nos initiatives à un destin aussi tyrannique que déterminé. De là ces fameux préjugés qui se conjuguent en «isme»: machisme, féminisme, et qui se réclament de la fameuse loi d’airain: «C’était écrit!».

L’emploi du mot «formatage» ou de ses équivalents en théologie me révulse.

Je ne suis pas naïf au point de nier les obligations de ma «nature». L’avancée en âge ne fait que les rendre plus contraignantes. Mais je choisis quand même de naviguer, non pas entre hasard et nécessité – n’en déplaise à Jacques Monod! – mais entre liberté et nécessité. Entre une disposition naturelle que j’ai faite mienne, que je ne porte pas comme un fardeau ou traîne comme un boulet, et la liberté qui se permet de jouer avec elle.

L’emploi du mot «formatage» ou de ses équivalents en théologie me révulse aussi. Comme si l’enfant de Bethléem était lui aussi divinement «formaté», ne pouvant rien faire par lui-même ou de lui-même, puisque toute sa vie était pré-destinée. Alors, si c’était le cas, n’attendez de cet enfant aucune espièglerie; son rire, ses pleurs ne sont que factices. Jésus ne «grandit» pas en sagesse et en âge devant Dieu et devant les hommes. Il n’est qu’un robot, un fantôme d’humanité.

Il a fallu attendre quatre siècles pour que les chrétiens osent affirmer que Jésus était tout à la fois Dieu et Homme, sans confusion, ni réduction de l’un à l’autre. C’est un «mystère», dit-on. Est-ce aussi un mystère qu’une femme puisse être faite pour mettre au monde des enfants, tout en demeurant libre de les faire naître?

Guy Musy | 30.12.2016

«Après une ou deux décennies de règne de la théorie du gender, voilà donc le retour du balancier»
30 décembre 2016 | 18:45
par Guy Musy
Temps de lecture: env. 2 min.
Gender (6)
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