Bernard Litzler

Le Satan iranien

Sans voile: c’est ainsi que Melania Trump a déambulé en Arabie saoudite. La blonde épouse du président a manifesté son indépendance, durant la récente visite du chef d’Etat américain au royaume wahhabite. Cette option capillaire fut aussi celle, rhétorique, de son mari. C’est sans voile que le patron de la Maison Blanche a parlé, apportant un soutien net et massif à ses partenaires saoudiens.

Ainsi l’axe Washington-Riyad a été reconstitué, comme à la plus belle époque. Oubliés l’attentisme et la prudence de Barack Obama. En contrepartie de ce soutien appréciable, la monarchie saoudienne a passé aux Etats-Unis une gigantesque commande de matériel militaire. Curieusement et cyniquement, le président américain n’a pas paru soucieux du rôle de Riyad dans la propagation du radicalisme musulman. Face à un tapis de pétrodollars, le business l’a emporté sur les autres considérations, en dépit de la responsabilité évidente, dans les attentats terroristes, du wahhabisme défendu par la famille Saoud. N’oublions pas que la plupart des terroristes du 11 septembre 2001 étaient originaires de cet Etat.

«La politique étrangère des Etats-Unis souffle le chaud et le froid»

De surcroît, Donald Trump a nommé l’Iran comme le berceau du terrorisme mondial. Le fief chiite est ainsi mis sur le même plan que l’Etat islamique. Or les chiites iraniens sont alliés à Bachar Al-Assad pour combattre Daesh en Syrie.

Décidément, la politique étrangère des Etats-Unis souffle le chaud et le froid. Alors qu’en 2009, le président démocrate avait appelé au Caire, à un «nouveau départ» entre les Etats-Unis et les musulmans, «un départ fondé sur l’intérêt et le respect mutuels», son successeur voue aux gémonies le Satan iranien et porte aux nues l’ange saoudien.

Le monde, surtout au Proche-Orient, n’est pas aussi manichéen que ne le suppose le président des Etats-Unis. Le pape François, très préoccupé de la situation au Proche-Orient (et que Donald Trump verra cette semaine), en sait quelque chose. L’élu américain, au lieu de déminer, a renforcé un terrain bien explosif.

Bernard Litzler | 22 mai 2017

 

Donald Trump, nouveau président des Etats-Unis
22 mai 2017 | 16:48
par Bernard Litzler
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