Marie-Christine Varone

L'Evangile de dimanche: Une icône de la miséricorde

Jn 8,1-11

Jésus et les accusateurs (1-9)

Alors que Jésus enseigne les foules (2) au Temple, assis dans la position du maître, des scribes et des pharisiens (3) font irruption amenant une femme surprise en adultère qu’ils placent en évidence: au centre. S’adressant à Jésus (qu’ils nomment «maître»), ils le mettent à l’épreuve (6) avec une intention perverse: pouvoir l‘accuser.

A première vue, il en va du respect de la Tora, la loi de Moïse (5), qui en effet prescrit la mise à mort du coupable (Lv 20,10 et Dt 22,22), voire sa lapidation (Ez 16,38-40). En fait il s’agit surtout pour les accusateurs de placer Jésus dans une situation inextricable: «Toi donc que dis-tu?

Refuser les prescriptions de la Tora, consisterait à se montrer mauvais juif. Condamner la femme au châtiment serait en contradiction avec l’accueil des pécheurs et la miséricorde manifestée jusqu’à présent. Ce serait peut-être aussi irriter l’occupant romain qui seul a le droit de mise à mort.

Devant cette alternative qui enferme Jésus opte (6b) pour le silence et un regard tourné vers le sol, accompagné d’une occupation (écrire sur la terre) qui évite la confrontation tant avec les adversaires qu’avec la femme, ce qui dérange ces derniers qui persistent (7a) dans leur interrogation.

Comment ne pas aller vers Lui tels que nous sommes (…) pour faire l’expérience de sa douce miséricorde qui nous espère et nous engendre à notre vrai moi?

La réponse de Jésus (7b) déplace le problème, renvoyant ses accusateurs à eux-mêmes: Que celui d’entre vous qui est sans péché lance la première pierre.

La question n’est plus faut-il lapider ou non, mais bien: suis-je sans péché au point de pouvoir me poser en justicier?

Puis (8) Jésus opte à nouveau pour le silence et le non regard, tandis que les accusateurs de la femme se retirent (9a), à commencer par ceux qui ont le plus d’expérience de vie… A ce stade du récit, les ex-accusateurs témoignent d’une certaine lucidité. D’accusateurs ils sont devenus accusés et ne peuvent donc plus se poser en justes, défenseurs intransigeants du respect de la Tora.

Jésus et la femme (9b -11)

Il ne reste plus que le Christ et la femme en présence. Les deux questions de Jésus (10a) permettent à la femme menacée de mort d’affirmer qu’il n’y a plus de danger pour elle: personne ne l’a condamnée (11a), ce qui laisse entendre que tous se sont reconnus pécheurs et donc non habilités à la lapider.

Jésus s’inscrit dans cette même logique de la non condamnation: «moi, je ne te condamne pas«; il accueille la pécheresse, mais n’en reste pas là. Il lui donne sa chance «va», tout en l’invitant à la conversion qui consiste à rejeter le péché (11b).

La délicate miséricorde

Deux «partis» se rencontrent autour d’une femme (seule, alors qu’elle a inévitablement eu un complice…):

– celui des opposants de Jésus qui veulent sa perte et défendent la rigueur intransigeante qui dénonce et veut faire justice. Les partisans de la dureté qui juge et condamne.

Jésus, seul, infiniment discret, refusant de trancher, renvoyant ses interlocuteurs à la lucidité sur eux-mêmes et donc à l’abandon de leur volonté meurtrière.

Jésus qui, non seulement ne condamne pas, mais nomme le mal sans l’atténuer (il n’hésite pas à parler de péché tant aux accusateurs de la femme qu’à la femme elle-même), tout en appelant à la conversion.

Dès lors comment ne pas aller vers Lui tels que nous sommes, fragiles, vulnérables, incohérents, pécheurs, pour faire l’expérience de sa douce miséricorde qui nous espère et nous engendre à notre vrai moi?

Cette bienfaisante expérience nous enseignera peu à peu le chemin de la bienveillance aimante des autres qui conduit à condamner le péché – qui mutile et déshumanise -, mais à aimer le pécheur.

Marie-Christine Varone | 11.03.2016


Jn 8, 1-11:
01 Quant à Jésus, il s’en alla au mont des Oliviers.
02 Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
03 Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu,
04 et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
05 Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »
06 Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.
07 Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
08 Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.
09 Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
10 Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »
11 Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Jésus accueille la pécheresse, mais n'en reste pas là. Il lui donne sa chance.
11 mars 2016 | 14:39
par Marie-Christine Varone
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!