L'Evangile de dimanche: Une icône de la miséricorde
Jn 8,1-11
Jésus et les accusateurs (1-9)
Alors que Jésus enseigne les foules (2) au Temple, assis dans la position du maître, des scribes et des pharisiens (3) font irruption amenant une femme surprise en adultère qu’ils placent en évidence: au centre. S’adressant à Jésus (qu’ils nomment «maître»), ils le mettent à l’épreuve (6) avec une intention perverse: pouvoir l‘accuser.
A première vue, il en va du respect de la Tora, la loi de Moïse (5), qui en effet prescrit la mise à mort du coupable (Lv 20,10 et Dt 22,22), voire sa lapidation (Ez 16,38-40). En fait il s’agit surtout pour les accusateurs de placer Jésus dans une situation inextricable: «Toi donc que dis-tu?”
Refuser les prescriptions de la Tora, consisterait à se montrer mauvais juif. Condamner la femme au châtiment serait en contradiction avec l’accueil des pécheurs et la miséricorde manifestée jusqu’à présent. Ce serait peut-être aussi irriter l’occupant romain qui seul a le droit de mise à mort.
Devant cette alternative qui enferme Jésus opte (6b) pour le silence et un regard tourné vers le sol, accompagné d’une occupation (écrire sur la terre) qui évite la confrontation tant avec les adversaires qu’avec la femme, ce qui dérange ces derniers qui persistent (7a) dans leur interrogation.
Comment ne pas aller vers Lui tels que nous sommes (…) pour faire l’expérience de sa douce miséricorde qui nous espère et nous engendre à notre vrai moi?
La réponse de Jésus (7b) déplace le problème, renvoyant ses accusateurs à eux-mêmes: Que celui d’entre vous qui est sans péché lance la première pierre.
La question n’est plus faut-il lapider ou non, mais bien: suis-je sans péché au point de pouvoir me poser en justicier?
Puis (8) Jésus opte à nouveau pour le silence et le non regard, tandis que les accusateurs de la femme se retirent (9a), à commencer par ceux qui ont le plus d’expérience de vie… A ce stade du récit, les ex-accusateurs témoignent d’une certaine lucidité. D’accusateurs ils sont devenus accusés et ne peuvent donc plus se poser en justes, défenseurs intransigeants du respect de la Tora.
Jésus et la femme (9b -11)
Il ne reste plus que le Christ et la femme en présence. Les deux questions de Jésus (10a) permettent à la femme menacée de mort d’affirmer qu’il n’y a plus de danger pour elle: personne ne l’a condamnée (11a), ce qui laisse entendre que tous se sont reconnus pécheurs et donc non habilités à la lapider.
Jésus s’inscrit dans cette même logique de la non condamnation: «moi, je ne te condamne pas«; il accueille la pécheresse, mais n’en reste pas là. Il lui donne sa chance «va», tout en l’invitant à la conversion qui consiste à rejeter le péché (11b).
La délicate miséricorde
Deux «partis» se rencontrent autour d’une femme (seule, alors qu’elle a inévitablement eu un complice…):
– celui des opposants de Jésus qui veulent sa perte et défendent la rigueur intransigeante qui dénonce et veut faire justice. Les partisans de la dureté qui juge et condamne.
– Jésus, seul, infiniment discret, refusant de trancher, renvoyant ses interlocuteurs à la lucidité sur eux-mêmes et donc à l’abandon de leur volonté meurtrière.
Jésus qui, non seulement ne condamne pas, mais nomme le mal sans l’atténuer (il n’hésite pas à parler de péché tant aux accusateurs de la femme qu’à la femme elle-même), tout en appelant à la conversion.
Dès lors comment ne pas aller vers Lui tels que nous sommes, fragiles, vulnérables, incohérents, pécheurs, pour faire l’expérience de sa douce miséricorde qui nous espère et nous engendre à notre vrai moi?
Cette bienfaisante expérience nous enseignera peu à peu le chemin de la bienveillance aimante des autres qui conduit à condamner le péché – qui mutile et déshumanise -, mais à aimer le pécheur.
Marie-Christine Varone | 11.03.2016
Les droits de l’ensemble des contenus de ce site sont déposés à Cath-Info. Toute diffusion de texte, de son ou d’image sur quelque support que ce soit est payante. L’enregistrement dans d’autres bases de données est interdit.