Bernard Litzler

Pieds nus, à Rome

Bernard Litzler

Il a posé ses papiers. Et il a laissé parlé son cœur. Le public l’a compris. Une fois de plus, le pape François allait dire quelque chose d’important. Il venait d’évoquer la situation des réfugiés dans le monde. Le sujet lui tenait aux entrailles, tout le monde le percevait.

« Je vais vous raconter l’histoire d’un réfugié. Et ça s’est passé ici à Rome ». Et le pape argentin de conter comment un homme cheminait, sale et les pieds nus, dans les rues de la capitale italienne. Une dame, interloquée, lui demande : « Vous allez où ? ». «Je vais à la basilique Saint-Pierre et je veux passer la Porte sainte »…

La dame hèle un taxi. Le chauffeur refuse catégoriquement d’embarquer ce pouilleux, qui sent mauvais et qui va salir son véhicule. La dame insiste… et monte dans la voiture avec le réfugié. Durant les dix minutes que dure le trajet, l’homme raconte son histoire : la guerre, le déracinement, l’exil, les passeurs, tout ce qu’il a enduré. Arrivée à Saint-Pierre : la dame demande le prix de la course. Le conducteur, soudain assagi, répond : « Vous ne me devez rien. C’est moi qui vous dois quelque chose. En écoutant ce monsieur, j’ai senti mon cœur se retourner… ». La dame lui répond qu’elle aussi avait vécu l’exil dans sa famille : elle était d’origine arménienne. Le pape, en racontant l’histoire, en était saisi d’émotion. Et ceux qui avaient compris l’italien avec lui.

Message d’humanité sur une œuvre de miséricorde. C’était le 26 octobre 2016. Et le cœur du pape était soudain à nu.

 

Un réfugié dans une rue de Berlin
27 octobre 2016 | 10:21
par Bernard Litzler
Temps de lecture: env. 1 min.
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