Qu’est-ce que l’homme?
L’homme! Vous l’aurez aussitôt compris: je veux évoquer tous les humains, et pas seulement la version masculine du genre…humain. Excusez-moi! Voilà qui me fait penser à la remarque d’un austère professeur de droit canon, qui nous déclara un jour, dans un accès de précision un peu naïve: «Quand je vous parle des hommes, j’embrasse aussi toutes les femmes». Dont acte. C’est beaucoup. Pauvres femmes!
Qu’est-ce que l’homme? Plus sérieusement, cette question me taraude quand je parcours les informations de l’actualité telle que les médias en donnent l’inquiétant reflet. Tant de haine, tant de violence, tant de méchanceté! Même si j’espère demeurer aussi sensible à tout le bien qui se fait à travers notre triste monde.
«Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui?», s’écriait déjà l’auteur du psaume 8, dans une prière qui avait encore à cœur de louer Dieu pour la merveille de la créature humaine, «un peu moindre qu’un dieu, couronnée de gloire et d’honneur». Optimisme béat? Certes, nous n’avons pas choisi d’exister puisque la vie est un cadeau intégral. On peut aussi estimer avec les religions -et singulièrement le christianisme- que la destinée humaine peut encore espérer une autre existence après la mort.
Mais pourquoi est-ce si difficile, entre ce début hasardeux et cette fin programmée, de mener une vie d’amour partagé, source de vrai bonheur, plutôt que de s’épuiser dans des combats cruels qui sèment le malheur et la mort, en nous et autour de nous? Quelle énigme! quel mystère!
«Voici l’homme!» Dans l’évangile de Jean, ces deux mots vont de nouveau retentir l’après-midi du Vendredi saint (Jn 19,5). Voilà un homme, Jésus de Nazareth, tel que d’autres hommes l’ont traité, tel que Pilate le désigne à nous, tel qu’il nous est proposé de l’adorer comme notre Seigneur. L’homme condamné, puis dépouillé, flagellé, couronné d’épines, revêtu d’un manteau ridicule, moqué et injurié. Et bientôt crucifié à mort.
«Pouvoir atteler notre destin à celui du Jésus pascal, voilà qui ouvre de nouvelles perspectives de vie et de bonheur»
Un homme parmi tant d’autres, comme on peut en deviner et même en voir, presque en direct aujourd’hui, dans tous les lieux où l’on méprise, blesse et tue d’autres humains. Mais Pilate a précisé, sans savoir ce qu’il disait: «Voici votre roi» (Jn 19,14).
La lumière veille là, au plus sombre de la nuit. L’homme Jésus est devenu roi du monde nouveau par l’offrande d’amour de sa vie sur la croix. Et la réponse de Dieu, comme son dernier mot sur notre tragique histoire, a surgi au matin de Pâques, pour l’homme Jésus et aussi pour nous les humains: la résurrection.
Que serions-nous sans cette victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine, de la miséricorde sur toutes nos misères? Bien sûr, me direz-vous, tant d’énergie spirituelle n’efface pas encore nos chagrins, nos douleurs et même le passage obligé par la mort. Déjà sauvé en espérance ferme, l’être humain garde encore ses épreuves et donc aussi ses questions. Mais pouvoir atteler notre destin à celui du Jésus pascal, voilà qui ouvre de nouvelles perspectives de vie et de bonheur. Pour l’éternité, mais aussi pour une certaine manière de vivre déjà en ce bas monde, éclairé par la foi, fortifié par l’espérance, aimanté par l’amour.
Pas en condamné à mort désespéré, mais en promis à la résurrection assurée. La différence chrétienne!
Claude Ducarroz
20 mars 2024
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