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Homélie

Homélie du 22 avril 2018 (Jn 10, 11-18)

Abbé Vincent Marville – Eglise Saint-Norbert, Neuchâtel

Cette semaine, le groupe pour une Suisse sans armée lance sa campagne contre l’achat de nouveaux avions militaires en Suisse, un achat déjà repoussé, c’était le fameux épisode du Grippen. On pourrait à terme se retrouver dans la situation ubuesque d’avoir suffisamment de candidats pour devenir de bons pilotes, bien qualifiés, mais pas de coucous pour voler dessus ! Eh bien, le dimanche des vocations, c’est un peu l’inverse.

Des pilotes pour les vocations

Les vocations, on les a, elles existent et elles sont magnifiques : vocation du prêtre tout d’abord, cet autre Christ avec ses trois missions de bon pasteur : guider, sanctifier, enseigner. Vocations consacrées également dans la vie religieuse et dans le mariage, vocations missionnaires, ou au diaconat : leurs plans de vol n’attendent qu’à être adoptés, mais voilà : ce qui semble manquer ce sont les « pilotes » de ces vocations. Car il faut s’y préparer et prendre le soin nécessaire, engager sa vie, orienter ses choix ; et notre monde actuel offre plus l’immense capacité d’observer que de s’engager.

Faire partie de l’équipe gagnante

A la recherche de ces pilotes, le pape François nous dit que les vrais pilotes sont les saints. « Appel à la sainteté dans le monde actuel », c’est le titre de l’Exhortation que le Pape François nous lance, à nous tous. Et comme il nous fait l’honneur d’une visite en Suisse Romande le 21 juin, ce serait un minimum de s’y préparer en accueillant cette Exhortation à la sainteté. De prime abord, la sainteté devrait motiver tout le monde. Parce que c’est faire partie de l’équipe gagnante. C’est exploser ses potentialités. C’est récupérer chaque moment de sa vie, chaque parcelle d’ennui ou de contrariété en un formidable bouquet qui ne se fanera pas. Mais voilà, deux ennemis subtils sont démasqués par François. Le premier ennemi n’est pas absent de l’Eglise,

41. Lorsque quelqu’un a réponse à toutes les questions, cela montre qu’il n’est pas sur un chemin sain, et il est possible qu’il soit un faux prophète utilisant la religion à son propre bénéfice, au service de ses élucubrations psychologiques et mentales. Dieu nous dépasse infiniment, il est toujours une surprise et ce n’est pas nous qui décidons dans quelle circonstance historique le rencontrer.

L’autre ennemi est de faire de soi-même la source de nos qualités et en définitive, de notre sainteté.
55. … Nous ne pourrons pas célébrer avec gratitude le don gratuit de l’amitié avec le Seigneur si nous ne reconnaissons pas que même notre existence terrestre et nos capacités naturelles sont un don. Il nous faut « accepter joyeusement que notre être est un don, et accepter même notre liberté comme une grâce. C’est ce qui est difficile aujourd’hui dans un monde qui croit avoir quelque chose par lui-même, fruit de sa propre originalité ou de sa liberté ».

Ces deux ennemis, répandus apparemment, nous troublent chacun et nous freinent au moment où nous songeons à endosser une belle vocation, un chemin de vie particulier, que celui-ci soit déjà balisé dans un cadre sacramentel comme le mariage ou l’ordination, ou qu’il ne soit pas marqué par une telle balise. Nous doutons, avec raison, de nos capacités, alors que la sainteté nous est offerte comme un don.

Renvoyés à l’écoute

Bien avant François, l’Evangile d’aujourd’hui place également deux ennemis qui contrastent avec la figure du Bon Berger, il s’agit du loup et du mercenaire. Diviser plutôt que construire l’unité, s’emparer plutôt que de s’offrir : le loup et le mercenaire sont présents en nous et j’aimerais bien ce matin à la radio, offrir une solution pour chasser ce loup et renvoyer ce mercenaire. Mais l’évangile de Jésus ne le fait pas. Cet évangile pose un problème, et nous renvoie à l’écoute, c’est tout ce qu’il fait.

Mes brebis écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.

Nous pratiquants réguliers des églises, ne soyons pas attachés à des structures ou à des réponses toutes faites plus qu’à la sobriété de la vie évangélique, une sobriété qui est faite d’écoute.
Et si nous sommes éloignés pour un temps, peu pratiquants, ne réfugions pas notre choix derrière des caricatures de l’Eglise qui nous empêchent de rebondir d’un vrai ressort spirituel.

Mes brebis écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.

Nous fêtons, ce dimanche, les belles vocations dont l’Eglise est dotée. Nous prions pour que ces vocations se développent, aujourd’hui encore. Fêtons l’écoute. Fêtons notre grande dignité d’être rendus aptes à reconnaître la voix du Seigneur. Fêtons l’appel universel à la sainteté.


4e DIMANCHE DE PÂQUES – Journée mondiale pour les vocations

Lectures bibliques : Actes 4, 8-12; Psaume 117 (118), 1.8-9, 21-23, 26.28-29; 1 Jean 3, 1-2; Jean 10, 11-18

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22 avril 2018 | 09:59
Temps de lecture: env. 3 min.
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