Homélie du 3 novembre 2024 (Mc 12, 28-34)

Chanoine Alexandre Ineichen – Basilique de l’Abbaye de Saint-Maurice, VS


Quelle belle séquence pédagogique, que l’Évangile de ce dimanche nous présente ! D’abord un scribe, avide d’apprendre comme un élève, comme un disciple, interroge le maître. Jésus lui répond alors avec le plus de précision possible, mais avec une érudition certaine. L’élève, le disciple répète alors la leçon avec ses mots, mais aussi avec le plus d’exactitude possible. Le maître peut alors le féliciter et lui mettre, enfin, une bonne note. Ainsi en est-il de notre vie spirituelle, de l’apprentissage de la vie spirituelle, du chemin avec le Christ, notre maître, notre pédagogue. Aussi reprenons cette séquence, marchons pas à pas au long de cet Evangile.

Creusons en nous la soif de connaissance

D’abord, il y a un de ces scribes : un de ceux qui sans cesse étudient, interprètent et commentent les Saintes Ecritures. Souvent Jésus leur reproche de préférer disserter sur le fenouil ou le cumin plutôt que sur l’amour de Dieu, de préférer pontifier sur la lettre de la Loi à en oublier l’esprit. Parfois, aussi, ces scribes veulent mettre au défi Jésus car ils savent, comme nous le savons aussi, que les Saintes Ecritures ne sont pas un traité de morale, de physique ou de logique, mais une lente accumulation de textes historiques, légaux, prophétiques et poétiques traversés par le souffle du Dieu créateur. Il est facile alors de nous y piéger, mais le Christ, le Verbe de Dieu, ne s’y laisse pas prendre et renvoie dos à dos ces raisonneurs, selon le monde. Ici, nous n’avons pas affaire à ce genre de scribes, à ce genre d’élèves, mais plutôt à quelqu’un qui s’interroge franchement, qui veut savoir, qui veut avancer sur le chemin de la connaissance comme sur celui de la perfection. Sa question est légitime. Nous aussi comme disciples interrogeons Jésus, creusons en nous cette ignorance qui a soif de connaissance et demandons au Verbe de Dieu de nous montrer le chemin, de nous indiquer la route à suivre. N’est-ce pas là l’attitude du bon élève, c’est-à-dire non pas de celui qui croit savoir, mais de celui qui n’en finit pas d’apprendre.

Les Ecritures sont traversées par l’Esprit de Dieu


Par contre, la réponse de Jésus peut nous étonner. Là, aucune originalité – mais les professeurs sont-ils originaux ? Jésus cite tout simplement les Ecritures. Comme vous l’avez sûrement remarqué, il s’agit d’un passage que nous avons, non dans son intégralité, entendu dans la première lecture. D’ailleurs, bien souvent, le Christ renvoie aux Ecritures car, nous venons de le dire, elles sont traversées par l’Esprit de Dieu. C’est pour cela que ces Ecritures sont dites saintes. Nous devons donc sans cesse les lire, les méditer et en vivre. C’est là que nous puiserons ce qui fortifie notre foi, consolide notre espérance et embrase notre charité.

Apprendre la leçon de Jésus de tout notre cœur, de toute notre force, de tout notre esprit


Après la leçon de Jésus, il importe maintenant de l’apprendre, de l’apprendre par cœur, c’est-à-dire de tout notre cœur, de toute notre force et de tout notre esprit, comme le dit bien le maître. Il ne suffit pas de répéter la leçon, mais il faut la faire nôtre, l’incarner dans nos vies, au jour le jour, ici et maintenant. Ce scribe l’a bien compris puisqu’il ajoute – il est un bon érudit – : ce double commandement de l’amour de Dieu et du prochain vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices. Cette dernière incise, Jésus ne l’avait pas professée. Mais tout l’enseignement de notre Seigneur y amène et doit nous y conduire. Ce scribe, nous-mêmes, l’avons bien compris. Nous méritons donc une bonne note.
Et Jésus, la lui donne, nous la donne : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » En effet, avec le Christ, nous avons le grand prêtre qu’il nous fallait : saint, sans tâche, sans aucune faute. Si nous suivons la route que Jésus nous indique, que nous avons apprise, que nous avons inscrite sur nos cartes – non pas routières – mais spirituelles, nous arrivons alors jusqu’au royaume promis, au royaume de Dieu. Alors le règne de Dieu peut enfin surgir dans nos vies, dans le monde.

Voilà à quoi sert ce que nous venons d’apprendre : l’avènement ici et maintenant du règne de Dieu, la participation réelle à la vie même de Dieu. Alors, nous pouvons nous taire. « Et personne n’osait plus l’interroger. » Nous pouvons alors partager le pain et le vin, le corps et le sang de notre Seigneur car Dieu s’est engagé par serment et a désigné son Fils pour nous associer à sa vie même. La bonne note pour le bon élève qui répond au bon professeur, c’est Dieu lui-même qui se donne au disciple qui a compris – c’est-à-dire qui a pris pour lui – la leçon de l’unique grand prêtre, de l’unique maître, si intérieur qu’il nous conduit vraiment et réellement au bonheur éternel.

31e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Deutéronome 6, 2-6; Psaume 17; Hébreux 7, 23-28; Marc 12, 28-34

Homélie du 27 octobre 2024 (Mc 10, 46-52)

Marc-Olivier Girard, diacre – Eglise Saint-Joseph, Lausanne


« Dans l’abîme de mes souffrances… je n’ai jamais cessé d’aimer chacun, je n’ai exclu personne de mon cœur », disait le Cardinal François-Xavier Van Thuân. Cet homme fut emprisonné 13 ans par les autorités communistes du Vietnam. Malgré toutes les souffrances endurées, au soir de sa vie, le Cardinal affirmait encore son amour pour chacun : « je pars avec sérénité, disait-il, et je n’éprouve de haine pour personne ». Nous pouvons en être certain, Mgr Van Thuân marchait de près sur les traces du Christ. Oui, car Jésus n’exclut personne. Au contraire, il attire tout à lui. Il attire, et il guérit.

Le Seigneur nous attire tous à lui


Le Seigneur nous fait tous revenir à lui. Tous ! Nous l’avons entendu dans la bouche du prophète Jérémie : il attire l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte comme la jeune accouchée. Des confins de la terre, tous seront réunis dans la louange pour la plus grande gloire de Dieu.
Jésus vient accomplir cette promesse lorsqu’il guérit l’aveugle Bartimée mendiant au bord du chemin. Malgré la foule qui entoure, presse et veut emporter Jésus, le Sauveur s’arrête. Il y a un aveugle sur le bord du chemin : il implore la guérison, et Jésus guérit. En guérissant Bartimée, c’est en fait toute cette foule des pécheurs que Jésus guérit de son aveuglement, de son emportement.

Confiance, il t’appelle !


Arrêtons-nous encore sur l’Évangile.
Bartimée appelle le Fils de David, mais il se fait rabrouer par la foule. Jésus, lui, s’arrête. Quel contraste avec l’égoïsme de la foule en marche. Jésus, lui, a le temps. Il entend le cri de Bartimée, il se soucie de sa détresse. La supplication de l’aveugle mendiant touche son cœur de pasteur. C’était pour souffrir sa Passion que Jésus montait à Jérusalem, mais Jésus offre toute son attention à Bartimée. Il s’arrête et le fait appeler.
Jésus, la foule… quel contraste, oui ! Mais à présent, quel retournement ! Les disciples et la foule relayent l’appel. Ils offrent à l’aveugle mendiant cet encouragement enthousiaste : Confiance, lève-toi, il t’appelle. Confiance. Souvenez-vous : c’est le même mot que Jésus adressait à ses disciples apeurés qui le confondaient avec un fantôme tandis qu’il marchait sur les eaux. Lève-toi : c’est le vocabulaire par excellence de la guérison et de la résurrection. Il t’appelle. Oui, Jésus appelle Bartimée comme il a appelé les Douze pour leur enseigner à être les serviteurs de tous. En fait, Jésus n’appelle pas seulement Bartimée : Jésus permet aux disciples et à la foule d’ouvrir également leur cœur à son exemple. Confiance, lève-toi, il t’appelle, ces mots scellent la réconciliation de la foule avec l’aveugle. Ces paroles du Christ deviennent les vôtres, celles de la communauté chrétienne. Chers frères et sœurs, le Christ nous rend capables de nous réconcilier, de vivre ensemble et d’être uni, d’évangéliser. Voilà en quoi consiste le mystère de l’Église ! Voilà l’image prophétique du peuple saint qui loue les merveilles de Dieu annoncé par le prophète Jérémie !

La communauté des croyants naît du côté transpercé du Christ


La communauté des croyants naît du côté transpercé du Christ, de son cœur d’où a jailli le sang et l’eau. C’est ce cœur qui a aimé Bartimée. C’est par ce même cœur que la foule aveuglée s’est réconciliée avec Bartimée. C’est à travers ce même cœur que nous sommes appelés à embrasser tout le genre humain. Faisons nôtre la question du Christ à Bartimée : que veux-tu que je fasse pour toi ? Elle résume à merveille l’idéal de notre vie chrétienne. Bartimée, lui, s’est senti tellement aimé qu’il est devenu un disciple de Jésus. Pour preuve, lorsque le Christ lui dit va, ta foi t’a sauvé, Bartimée se met à le suivre parce que, pour lui, aller signifie suivre le Christ.

Jésus va souffrir sa Passion, et pourtant il arrête une foule hostile pour un aveugle rejeté. Il va accomplir le mystère de la rédemption de toute l’humanité, et pourtant, il offre toute son attention à un marginal. Mais ce qui est extraordinaire, c’est que sa sollicitude pour la foule n’est pas amoindrie ; dans la guérison de Bartimée, la foule trouve son propre salut.

J’ai commencé cette homélie en citant le Cardinal Van Thuân parce que sa vie illustre bien cela. Jeté en prison, il garde toute sa sollicitude d’évêque pour son peuple. Au milieu de l’épreuve, il n’oublie pas son troupeau. Il offre le témoignage d’un cœur qui aime jusqu’au bout ; son cœur est comme celui du Christ. Il attire à lui même ses geôliers. Comme la foule qui fait bloc autour de Jésus, ces gardiens ont le cœur obscurci, endurci, aveuglé. Et pourtant, au contact de Mgr Van Thuân, ils rencontrent Jésus, ils sont touchés, ils sont illuminés. Le Cardinal Van Thuân rayonnait le pouvoir d’attraction de Jésus. En prison, il portait sur lui nuit et jour une petite hostie consacrée. Le Cardinal Van Thuân était si proche du Christ qu’il est allé jusqu’à convertir le cœur de ses gardiens. Ils sont devenus ses amis. Ils l’ont aidé en cachette à fabriquer une croix avec un morceau de bois et du fil électrique. Mgr Van Thuân a toujours porté cette croix autour du cou. Elle lui rappelait l’amour et l’unité donnés par le Christ à tous et en toute circonstance.

Dans la célébration de cette Eucharistie, Jésus vient nous guérir de nos aveuglements. Il vient élargir notre cœur pour le diriger vers toute l’humanité souffrante. Chers frères et sœurs, dans votre cœur résonne une parole, un cri, un appel. C’est Bartimée, c’est la foule, ce sont les disciples, ce sont Mgr Van Thuân et tous les saints du Ciel qui s’exclament : Confiance, lève-toi, il t’appelle.

30e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Jérémie 31, 7-9; Psaume 125; Hébreux 5, 1-6; Marc 10, 46-52

Homélie du 30 octobre 2024 (Mt 22, 1-14)

Père Innocent Baba Abagoami – Chapelle de l’Ecole des Missions, Le Bouveret, VS


A l’occasion de ce dimanche de la Mission Universelle, le Pape François nous donne à méditer cette parabole de Jésus sur les invités au repas des noces du fils du roi : ‘Allez et invitez tout le monde à la noce.’
Deux parties dans cet Evangile : il y a d’abord l’histoire des invités. Puis, il y a l’histoire de cet habit de fête. Au début de la parabole, le roi nous dit sa volonté d’inviter tous ses proches à l’occasion du repas des noces de son fils. Mais voilà, ces invités-là trouvent toutes sortes d’excuses pour refuser, ils vont même jusqu’à tuer les envoyés du roi… Alors le roi se fâche, il les élimine, puis il envoie ses serviteurs aux carrefours inviter tous les passants :

‘Allez et invitez tout le monde à la noce, sans distinction….’ Et la salle de noce est finalement remplie par tous les convives.

L’amour de Dieu dépasse toutes nos frontières


Quel est le sens de cette parabole ? De qui s’agit-il ? ou de quoi s’agit il ?
Les premiers invités de Dieu notre Père, c’est le peuple juif, mais ses responsables refusent d’écouter Jésus-Christ ou du moins ils l’écoutent mal.
Par contre, le petit peuple, les pauvres, les rejetés, sont beaucoup plus accueillants, et ce sont eux qui viennent remplir la salle de fête.
Rappelons-nous que Jésus dit par ailleurs : ‘ Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux touts petits … Béni sois-tu.’
C’est le premier enseignement donné par Jésus : le salut de Jésus-Christ n’est pas réservé à une élite de gens parfaits, de gens savants. L’amour de Dieu en Jésus-Christ dépasse toutes les frontières de nos églises, dépasse toutes nos frontières, sociales, politiques, culturelles et même religieuses.
Tous, africains, asiatiques, américains, européens, australiens, nous sommes pareillement appelés, d’abord à connaître la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
Mais surtout, nous sommes tous pareillement appelés aussi à rejoindre nos frères et sœurs en Eglise pour construire ensemble le monde nouveau selon le cœur de Dieu, un monde où il y aura seulement l’amour, plus de gens pauvres, plus de gens malades, plus de de gens tristes, plus de guerres.

Le moment de nous réveiller


Le moment est donc venu de nous réveiller en Suisse, en Europe pour mieux participer à la vie de l’Eglise, le moment est venu d’appeler nos frères et sœurs à venir ou à revenir à l’Eglise, sans peur et sans complexe, pour mieux participer à cette fête, à ce renouveau de l’Eglise et du monde, malgré tous les événements contraires que nous connaissons et que nous regrettons, aussi bien dans l’Eglise que dans le monde.

Adopter des comportements nouveaux


Dans la deuxième partie, il est question d’un habit de fête que doivent porter tous les invités rencontrés aux carrefours. L’histoire se termine mal pour celui qui n’a pas pris le temps de se changer. C’est le deuxième enseignement de Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui : Répondre à l’invitation du Seigneur, c’est bien… mais cela ne suffit pas. Il nous faut encore nous changer et porter l’habit de fête. C’est-à-dire, il ne suffit pas d’être baptisé et de venir à la messe, il nous faut encore adopter des comportements nouveaux, il faut nous engager.
Le moment est donc venu de nous ouvrir davantage aux Paroles de Dieu et aux appels de l’Esprit Saint. Pour mieux faire ensemble ce que le Christ et ce que les autres attendent de nous, dans la société, en famille et en Eglise.
L’Eglise elle-même continue de s’ouvrir toujours davantage aux Paroles de Dieu et aux appels de l’Esprit-Saint dans le monde d’aujourd’hui.
C’est justement le sens de ce Synode sur la Synodalité. Laïcs engagés, religieux et clergé, cherchons comment marcher davantage ensemble, à l’écoute de l’Esprit-Saint à l’action dans le monde d’aujourd’hui.
A ce propos, je me rappelle ce que le Pape François disait il y a quelques années déjà et qui est toujours valable : ‘L’Eglise est comme un hôpital de campagne après une bataille. L’important aujourd’hui, c’est qu’elle réchauffe le cœur des fidèles et qu’elle soigne les blessures. Ensuite, nous pourrons nous occuper du reste, même si le reste est également important.’

Une Eglise plus proche des gens, plus accueillante


Et là, nous rejoignons le témoignage de l’Evêque de Goma en RDC, Mgr Willy NGUMBI NGENGELE: ‘N’oubliez pas qu’il y a la guerre au Congo, dans l’Est du pays, car nos ressources minières intéressent les pays voisins : d’où les maisons brûlées ou détruites, des femmes et des jeunes filles violées, des enfants orphelins, En fait, c’est tout l’avenir du pays qui est en jeu.’
Avec Laurentine KABISA et avec le Docteur Denis MUKWEGE, avec l’évêque de Goma, et avec notre Pape François, portons leur projet d’une Eglise, plus proche des gens, plus engagée et plus accueillante à toutes leurs situations, à tous leurs besoins, une Eglise prête à adopter, elle aussi, des comportements nouveaux pour un monde nouveau.

Seigneur Jésus-Christ., tu nous appelles, aujourd’hui encore, à adopter des comportements nouveaux pour mieux participer à la fête autour de toi. Merci. Que tes Paroles nous rendent plus vaillants pour changer nos cœurs et nos vies. Que ton Esprit-Saint nous remplisse de paix, de joie et d’espérance, pour continuer de construire ensemble l’Eglise et ce monde que tu nous confies. Alors, sur les chemins de la vie, et malgré nos problèmes, nous pourrons, à notre tour, inviter tous nos frères et sœurs à nous rejoindre en Eglise. AMEN.

Dimanche de la Mission universelle
Lectures bibliques : Hébreux 4, 14-16; Psaume 120; Matthieu 22, 1-14

Homélie du 13 octobre 2024 (Mc 10, 17-30)

Père Jean-Claude Pariat – Chapelle de l’Ecole des Missions, Le Bouveret, VS

Jésus est le Frère universel. C’est ainsi qu’il se révéla à Charles de Foucauld. Jésus est libérateur et sauveur nos seulement des chrétiens mais de toute l’humanité. Il est le ‘Frère universel’. Par Lui, saint Charles de Foucauld est devenu un « prophète de communion ». Le Pape François, au cours de son dernier voyage en Indonésie et Océanie l’a rappelé aux chrétiens : « Soyez des prophètes de communion »

Prophètes de communion ! Jésus appelle tous les baptisés à devenir des acteurs de ce qui unit et donne vie, et non pas des constructeurs de divisions, de mépris et de haine. N’était-ce pas son projet, l’accomplissement de sa mission? Et Jésus nous invite à le suivre!

Il n’aime pas les privilèges, les premières places. Le don de sa vie s’achève au Golgotha. Il prend la place de l’ultime situation inhumaine imposée par les dictateurs d’hier et d’aujourd’hui.

Marchant sur les routes de la Palestine de son temps, Jésus rencontre des foules, des gens, des juifs et des païens.  Une humanité en désir d’humanisation de la vie. Ses choix ne sont pas des « Camping-Paradis » mais des « Camping-enfers ». Enfers animés par tant de rebelles et de terroristes.

Une campagne de « Missio Suisse » en lien avec le diocèse de Goma

En ce mois de la Mission Universelle de l’Église, « Missio Suisse » anime une campagne en lien avec le diocèse de Goma et son évêque Mgr Willy Ngumbi Ngengele. Il nous parle de sa région terrorisée par des rebelles, sans respect envers les femmes, les enfants, les vieillards et les adultes. La haine de ces terroristes crée la terreur; ils pillent les villageois, incendient leur case et même leur village, tuent les personnes qui ne se soumettent pas à leurs violences ou qui sont témoins de leurs violences.

Dans son diocèse, à la frontière du Rwanda, Nord Kivu, il y a un camp de réfugiés, camp de 150’000 personnes vivant sous des tentes de 4m sur 2 m. Ils ont dû fuir leurs villages face au pillage, aux incendies de leur maison et de leur village. Ils manquent de tout : eau potable, nourriture, latrines, prolifération de multiples maladies, sans soins médicaux, sans éducation scolaire pour les enfants… Un ‘Camping-Enfer’.

Pourquoi tant de malheureux? Dieu laisse-t-il le mal se propager? Comment agit-il? Oui ces questions nous habitent. Pouvons-nous répondre concrètement aux cris de détresse d’enfants et d’adultes manquant des besoins les plus élémentaires pour survivre?

De multiples solidarités locales donnent quelques adoucissements à tant de déshérités, à tant de malheureux. Des mains bénévoles ont ouvert un orphelinat pour des enfants abandonnés. Leur mission est d’offrir un toit, un lieu de vie, de la nourriture, de l’éducation pour ces enfants vivant l’angoisse de l’abandon.

Ces attentions – si petites soient-elles – sont comme un souffle d’espérance. Chaque jour, la fatalité du désespoir est atténuée avant d’être totalement vaincue.

Sommes-nous concernés par les détresses de tant de personnes cabossées par la haine ?

Et nous, éloignés de Goma, sommes-nous concernés par ces détresses imméritées de tant de personnes, jeunes et anciens, cabossées par tant de haine et d’intempéries inhumaines ?

Comme vous, sœurs et frères, à l’écoute de Dieu qui nous donne sa Vie en abondance, je me sens désemparé, ayant vécu moi-même dans un pays voisin. Que pouvons-nous faire ? Quel geste de solidarité pouvons-nous vivre ?

Passer d’un regard indifférent à un regard bienveillant

D’abord, soyons plus reconnaissant de vivre dans un pays, plus proche d’un ‘Camping-Paradis’ que d’un ‘Camping-enfer’. Nos quelques jérémiades locales ne sont-elles pas une insolence et, souvent, une insouciance face aux sans-abris, sans argent, sans nourriture, imposés par les multiples corruptions des pouvoirs. Commençons par prier le Notre Père, prier le Frère universel, Jésus-Christ et l’Esprit-Saint. Prière du pardon qui guérit notre regard, souvent indifférent, en un regard bienveillant.

Oui, la vraie prière convertit notre regard sur les détresses de ce monde. Elle inspire nos actions solidaires, si modestes soient-elles. Ce que nous chercherions à vivre auprès des réfugiés et orphelins de Goma, vivons-le là où nous vivons.

Élargissons notre solidarité. Ne pensons pas seulement au Camping-Enfer de Goma ; mais apportons à ses résidents ce que nous pouvons leur donner. Nous contribuerons ainsi à témoigner de ‘Jésus’, Frère universel, présent dans ces bas-fonds de notre monde. Nous accompagnerons spirituellement et matériellement ces sœurs et frères missionnaires vivant et servant tous ces exclus d’une vie plus sereine et saine.

Missio Suisse nous encourage à être des « prophètes de communion », de solidarités actives dans cet immense chantier de foules sans vrai berger, sans avenir. Oui, notre contribution, si modeste soit-elle, rejoindra la solidarité de nos sœurs et frères vivant en République démocratique du Congo. Amen !

28e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Sagesse 7, 7-11; Psaume 89; Hébreux 4, 12-13; Marc 10, 17-30

Homélie du 6 octobre 2024 (Mc 10, 2-16)

Père André Carron – Chapelle de l’Ecole des Missions, Le Bouveret, VS

Ce mois d’octobre 2024, comme c’est la belle tradition chaque année, s’est ouvert en très bonne et grande compagnie : sainte Thérèse de l’Enfant -Jésus et de la Ste Face, le 1, les Anges gardiens le 2 et saint François d’Assise le 4…

Thérèse, par son nom complet de Carmélite : de l’Enfant-Jésus et de de la Sainte Face, nous rappelle que sa « petite voie » n’a rien d’enfantin ni de facile, qu’elle demande beaucoup d’énergie et de force pour incarner dans l’ordinaire de nos journées l’extraordinaire amour de Dieu…
Elle a connu la maladie et l’épreuve du doute…
Elle est entrée au Carmel de Lisieux à 15 ans et est morte à 24 ans !
Elle a tout fait pour se cacher, alors comment et pourquoi est-elle aujourd’hui mondialement connue au point d’être choisie pour « Patronne des Missions » ?

Les Anges gardiens, eux nous rappellent que la tendresse de Dieu et sa miséricorde sont proches et actives dans nos vies…

François d’Assise nous redit son attachement à Jésus ; il l’a manifesté par ses choix de vie, en particulier par son chemin de pauvreté ; des choix de vie tous motivés par la recherche de ce Jésus et de sa « joie parfaite » !

Vraiment, un mois d’octobre ouvert en bonne compagnie !

Jésus nous oblige à « Avancer au large »

Les lectures de ce dimanche orientent notre regard (du cœur !) vers l’homme et la femme et le mariage qui peut les unir…
Une fois de plus, Jésus nous oblige à « Avancer au large ! », leitmotiv des 30 Spiritains en Suisse pour cette année…
Il ne se contente pas des réponses de la Loi, bien trop faible pour dire la beauté, la force et la joie de l’engagement et de l’attachement des personnes mariées, invitées à vivre une communauté de vie, de partage et d’amour.

Jésus nous rappelle que la Loi existe en « raison de la dureté des cœurs !

La présence de Dieu auprès des plus faibles

Tout l’Ancien Testament parle de la découverte progressive des croyants d’Israël de la fidélité de Dieu et de sa constante présence pleine de tendresse et de miséricorde surtout auprès des plus faibles…

Nous venons de lire : « De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question ».

Débat dont nous ne savons rien…
Preuve du sérieux et de la profondeur de la question !
L’évangile se termine par une « Parole de Jésus » qui a dû étonner les disciples invités à voir autrement, à « convertir » même leur regard…

27e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Genèse 2, 18-24; Psaume 127; Hébreux 2, 9-11; Marc 10, 2-16