
Homélie du 8 décembre 2019 (Mt 3, 1-12)
Abbé Charles Olivier Owono Mbarga – Eglise St-Pierre, Boudry, NE
Préparer le chemin du Seigneur aujourd’hui : pourquoi et comment ?
Chers frères et sœurs, dans l’extrait de l’évangile selon saint Mathieu proposé le 1er dimanche de l’Avent (Mt 24, 37-44), le Seigneur Jésus, dans un ton inhabituellement dur, invitait ses disciples à préparer son retour par les deux recommandations suivantes : « Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient» ; « Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ».
Appel à la conversion
On peut observer une continuité entre cette invitation de Jésus de dimanche dernier et celle de Jean-Baptiste ce dimanche (Mt 3, 1-12). Toutefois, il convient de préciser que si le texte du 1er dimanche de l’Avent fait allusion au retour du Seigneur pour juger le monde, le discours et la mission de Jean s’inscrivent dans l’effervescence des attentes messianiques. En assumant pleinement sa mission de précurseur, il lance un appel à la conversion en des termes qui évoquent l’éminente stature de Celui dont il prépare la venue : « Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. » (Mt 3,11)
Dans un langage familier au monde rural et agricole, Jean fait également allusion à l’imminence du jugement (« Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu » Mt 3, 10) et au fait que Celui qui vient après lui est bel et bien Celui qui apporte le Royaume de Dieu au monde. A la manière de Dieu, il va nettoyer/purifier les cœurs : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
La connaissance du Seigneur
Revenant à la première lecture (Is 11, 1-10), comme dimanche dernier, elle est du prophète Isaïe (Is 2, 1-5) ; et les deux textes présentent quelques similitudes et une certaine continuité tant ils suscitent une grande espérance non seulement pour le peuple élu, mais surtout pour toutes les nations, tous les peuples de la terre : il est question de la venue du Seigneur, souche de Jessé, descendant de David (messie-roi) sur qui reposera l’esprit du Seigneur ; il sera juge des nations, qui apportera la justice et la paix universelles ; les armes deviendront des outils agricoles ; les nations n’apprendront plus la guerre (lecture du 1er dimanche de l’Avent) ; il y aura l’harmonie universelle dans la nature entre des êtres généralement opposés, les uns étant généralement victimes des autres (2e dimanche de l’Avent) ; une grande transformation des hommes opérée par la Parole du Seigneur (1er dimanche de l’Avent) et la connaissance de Dieu : « Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer » (2e dimanche de l’Avent – Is 11, 9). La tradition chrétienne a retrouvé en Jésus Christ, l’accomplissement et le réalisateur des prophéties annonçant le Messie et ses œuvres.
Cependant, force est de constater que, deux mille ans après sa première venue, notre monde est toujours embourbé dans des conflits interminables et inquiétants, des armes aux effets capables de détruire notre monde sont fabriquées ; les hommes continuent à se faire du mal de diverses manières et la corruption perdure. Face à tout cela, l’harmonie universelle, la justice pour les pauvres au sens divin du terme semblent un rêve lointain voire une utopie ! Que faire donc face à tout cela ? Dans quel état d’esprit préparer la fête qui nous rappelle la naissance du Fils de Dieu ? Que faire pour dire au monde que Jésus a bel et bien semé la graine du Royaume des Cieux dans nos cœurs et qu’il a promis de revenir pour en recueillir les fruits ?
Jean-Baptiste et l’apôtre Paul nous donnent quelques conseils à caractère personnel et communautaire à mettre en pratique pour changer certains des comportements et attitudes dont nous ne sommes pas toujours fiers et qui contredisent l’évangile dont nous sommes les témoins :
Rendre le règne de Dieu présent dans la société
(1) Jean dit aux pharisiens et aux sadducéens de ne pas s’arrêter au fait d’être descendants d’Abraham, « car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. » Par analogie, il nous est demandé de ne pas nous arrêter à la fierté d’être chrétiens ; mais en cultivant la « connaissance de Dieu », d’être ceux qui contribuent à rendre son règne présent dans notre société ; ceux qui apportent leur pierre pour participer à la construction d’un monde juste où règne la paix entre les peuples.
Cultiver l’harmonie
(2) Les Saintes écritures, comme dit Paul, ont été données pour nous instruire et cultiver en nous l’espérance grâce à la persévérance et au réconfort qu’elles transmettent. Profitons-en en nous acceptant mutuellement ; en nous accueillant les uns les autres pour cultiver l’harmonie dans notre milieu de vie (famille, milieu professionnel, milieu associatif, communauté paroissiale, communauté religieuse, etc.) ; et pouvoir ainsi « rendre gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ».
2ème dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Isaïe 11, 1-10 ; Psaume71 ; Romains 15, 4-9 ; Matthieu 3, 1-12
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Homélie du 1er décembre 2019 (Mt 24, 37-44)
Abbé Luc Bucyana – Eglise St-Pierre, Boudry, NE
Avec le premier dimanche de l’Avent, commence une nouvelle année liturgique. C’est un temps nouveau pour les croyants. C’est un temps, pouvons-nous dire de rajeunissement spirituel. Nous pouvons le comparer à une marche, un pèlerinage vers « la montagne sainte » qui est évoquée par le prophète Isaïe. Une marche comporte des fatigues mais permet de respirer l’air sain de la nature.
« Tenez-vous prêts »
Le chemin n’est pas inconnu si nous nous laissons guider par la parole de Dieu. Le but de notre pèlerinage est Jésus et le moyen pour le rencontrer est indiqué par son Evangile. L’avent nous rappelle une vérité fondamentale et cela peut nous rassurer : Que c’est Jésus en premier qui vient vers nous, c’est lui qui commence le pèlerinage. « Venez divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver », c’est le chant d’entrée de la célébration. Malheureusement il nous arrive souvent de ne pas voir Jésus arriver et passer. Le motif de la distraction nous le dit Jésus en prenant l’exemple du temps de Noé : Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. « En ces jours-là, on mangeait, on buvait, on prenait femme et on prenait mari ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis. Tenez-vous donc prêts vous aussi, c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’Homme viendra… » Ils étaient complétement ailleurs, pris dans les réjouissances, dans les distractions de toutes sortes, Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Il est toujours dangereux de ne se douter de rien, de faire comme si notre déluge à nous n’allait jamais arriver.
Notre société, comme celle du temps de Noé, n’endort-elle pas beaucoup d’hommes par son progrès matériel pour se réveiller brutalement quand survient le déluge de la crise, la récession, le changement climatique, le chômage. L’Avent nous invite à nous interroger sur tout ça. Après cet avertissement, Jésus ne nous décourage pas. Il nous propose une recette qu’il résume en un seul mot : Veillez.
Veiller c’est revêtir le Christ
Comment veiller ? Saint Paul qui a été réveillé par le Christ n’hésite pas à nous donner sa recette : C’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil. Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies, sans luxure ni débauche, sans rivalités ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ. Oui veiller c’est revêtir le Christ. Cela ne va pas sans rappeler qu’il a choisi la voix de la fragilité, de l’abaissement, du renoncement.
La liturgie de l’Avent est alors importante pour nous empêcher de nous installer dans le moment présent. Elle vient nous rappeler que nous sommes en situation de cheminement. Qu’il y a un avant et un après. Et la beauté de ce cheminement est que Jésus marche avec nous sur la route, comme avec les disciples d’Emmaüs tout en étant en même temps Celui-là même que nous rencontrerons au bout du chemin.
L’évangéliste Matthieu Il fait appel à une attitude de » vigilance » et d’ » attention « . Il faut vivre les yeux ouverts, vigilants. C’est le temps de faire comme Noé qui vit venir le déluge et fit des préparatifs en conséquence, malgré l’ironie de ses concitoyens. Être éveillé signifie non seulement ne pas s’endormir sur nos lauriers, dans l’insouciance, comme au temps de Noé, mais cela signifie aussi veiller avec Jésus, l’accompagner dans sa montée vers Jérusalem et sur la croix. Cela signifie ne pas le laisser seul devant sa mort, point culminant de sa lutte contre les structures injustes.
Je vous soumets pour finir cette réflexion du Père Armand Veilleux, il dit ceci :
Faire notre part…
Dans le contexte des nombreux conflits armés qui défigurent aujourd’hui encore l’humanité, la prophétie d’Isaïe (1ère lecture) résonne comme un énorme reproche mais aussi comme le fondement de notre espérance. » De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles » prophétisait Isaïe, » On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on ne s’entraînera plus pour la guerre. «
Si toutes les armes utilisées actuellement dans les conflits qui ravagent la planète étaient transformées en socles de charrue et en faucilles, il y aurait de quoi labourer toute la planète et de quoi procurer à manger aux milliards d’êtres humains qui souffrent de la faim. Il nous est demandé de faire notre part, chacun à son niveau. Et pour cela il faut que nous transformions toutes les épées et toutes les lances de nos petits conflits quotidiens en autant d’instruments de travail pouvant servir à la construction de la communauté humaine et d’une société plus aimante et plus conforme au plan de Dieu.
1er DIMANCHE DE L’AVENT
Lectures bibliques : Isaïe 2, 1-5; Psaume 121, 3-4ab, 4cd, 6-7, 8-9; Romains 13, 11-14a; Matthieu 24, 37-44