Exilés en Jordanie: l’attente de réfugiés en quête d’un futur meilleur

Homélie du 10 novembre 2019 (Luc 20, 27-38)
Mgr Slavomir Kawecki – Eglise Saint Jean-Baptiste, Corsier, GE
Frères et sœurs, chers auditrices et auditeurs,
Chaque fois que nous lisons ou méditons la Parole de Dieu, nous avons la chance de recevoir des réponses aux questions que nous nous posons. Depuis toujours, on se demande ce qu’il y aura après la mort…
C’est le cas des sadducéens ! Ils ne croient pas en la résurrection des morts et tendent un piège à Jésus : à qui appartiendra, au jour de la résurrection, la femme qui a été l’épouse de 7 frères et qui ne leur a pas donné d’enfant ?
En guise de réponse, Jésus laisse entendre que la résurrection des morts transfigure notre vie dès maintenant.
– D’abord, Il les invite à comprendre que la résurrection des morts ne peut pas être considérée comme « une continuation de la vie présente mais, par la puissance de Dieu, comme quelque chose de totalement neuf[1] ». Une vie donc différente de celle que nous vivons ici-bas car « la Puissance de Dieu dépasse tout ce que nous pouvons imaginer[2] ». Ainsi, les relations matrimoniales, que les sadducéens voyaient se maintenir même après la résurrection, sont portées sur un autre plan de relations avec Dieu. Ce sont les relations humaines qui sont essentiellement en question dans la résurrection. Jésus cite l’épisode du « buisson ardent » afin de ne laisser aucun doute : c’est parce que je crois en Dieu, en un Dieu des vivants, que j’ai foi en la résurrection. « En douter reviendrait à douter de la Puissance de Dieu comme si le pouvoir de la mort était plus fort que celui de Dieu »[3]. Il me semble que Jésus reproche justement cela aux Sadducéens.
La Vie vécue comme Beauté, Amour, Lumière, Communion
– Ensuite, Jésus montre que l’homme, dans sa vie terrestre, peut être mort comme il peut aussi être vivant. Il peut être considéré comme mort quand il vit séparé des autres et de Dieu ; quand il ne connaît pas la Vie vécue comme Beauté, Amour, Lumière, Communion. Par contre, il peut être considéré comme vivant quand il s’ouvre, quand il accueille, quand il est en communion avec les autres et avec Dieu, c’est-à-dire, quand il sème la beauté, la joie, l’amour autour de lui.
Le pouvoir de l’homme ressucité
– Enfin, Jésus nous enseigne que notre foi en la résurrection est appelée à transformer notre manière de vivre aujourd’hui. Par exemple, en disant que, lors de la résurrection, on ne prend ni femme ni mari, il ne nie pas la valeur de l’amour conjugal ; au contraire, il affirme la valeur de l’amour universel dont l’amour conjugal n’est qu’un commencement et un signe. Par-là, il reconnaît que ce que les conditions de la vie terrestre rendent difficile à appliquer – comme aimer les autres comme soi-même – non seulement Dieu peut nous aider à le vivre, mais aussi il le rend possible dès maintenant. Car ce pouvoir est donné à l’homme ressuscité. Et la preuve que nous croyons en la résurrection qui transfigure notre vie aujourd’hui, c’est notre capacité d’élargir notre amour bien au-delà du cercle de nos intérêts : aimer ceux qui nous font du mal, pardonner à nos ennemis, prier pour ceux qui disent du mal de nous…
Frères et sœurs, chers auditrices et auditeurs ! Aujourd’hui, nous voulons aussi rendre grâce à Dieu pour tout ce que nous avons reçu de la terre et du travail de nos mains, pour notre pain quotidien.
Fructifier, c’est le sens de notre vie
– En effet, si nous regardons ce qui se passe dans d’autres parties du monde ravagées par la sécheresse, la famine et les épidémies, nous nous rendons compte que pouvoir manger à notre faim ne va pas encore de soi de nos jours. Aussi, permettez-moi, en cette messe d’action de grâce, de m’adresser à vous qui travaillez la terre et la vigne : je vous considère comme de vrais théologiens ! Votre travail illustre bien le message de ce dimanche : la foi en la résurrection transfigure votre vie dès maintenant. D’une certaine manière, vous mettez en pratique le message de Jésus sur la vie éternelle car chaque vigneron sait qu’une vigne non taillée, au bout de deux ou trois ans, ne produit plus que du bois et des feuilles, sans fruits. Alors, émonder, tailler est une image de purification, d’épreuve. Il faut sans cesse élaguer, nettoyer pour concentrer la sève dans les bois porteurs. C’est le programme pour notre vie. Quand vous taillez la vigne, elle fructifie, elle donne davantage. Donner du fruit, porter beaucoup de fruits : voilà ce que Jésus vous et nous propose. Fructifier, c’est le sens de notre vie.
– Enfin, rendre grâce à Dieu, aujourd’hui, pour les bienfaits – de la récolte et des vendanges -, c’est reconnaître son activité créatrice et bien vivante car, c’est Lui qui donne la vie et rend la terre fertile. Nous reconnaissons que nous avons reçu la vie et les bienfaits d’un Autre ; nous reconnaissons sa puissance et sa sainteté révélées par son Fils Jésus-Christ. Nous reconnaissons que notre vie ne se réduit pas à ce que voient nos yeux… Notre vie, c’est la Vie (avec V majuscule) de Dieu lui-même. Lui qui, par la joie des vendanges terrestres… nous invite à entrer déjà dans l’immense joie des vendanges éternelles. Amen!
[1] Camille FOCANT, L’évangile selon saint Marc, Cerf, Paris, 2010, p.454-456
[2] idem
[3] idem
32e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : 2 Macchabées 7, 1-2.9-14; Psaume16, 1ab.3ab, 5-6, 8.15; 2 Thessaloniciens 2, 16 – 3, 5; Luc 20, 27-38
Les papes et la chute du mur de Berlin
Des rabbins participent à la récolte des olives palestiniennes
Un festival du cochon pour protester contre le développement du tourisme halal en Indonésie

Homélie du 3 novembre 2019 (Lc 19, 1-10)
Chanoine Alexandre Ineichen – Abbaye de Saint-Maurice, VS
Chaque dimanche, chaque jour, à chaque instant, Jésus Christ, notre Seigneur et notre Dieu, nous dit sur les ondes, dans cette basilique, partout : «Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi», comme il l’a dit à Zachée dans la ville de Jéricho, il y a de cela deux mille ans. Aussi préparons notre demeure, préparons notre coeur à recevoir notre Seigneur malgré les ténèbres, les lourdeurs et les misères qui l’envahissent bien souvent. Au début de notre eucharistie, reconnaissons que nous sommes pécheurs et renouvelons notre confiance dans le pardon infini de Dieu.
Les Saintes Ecritures, la Bible contient la Parole de Dieu. Pour l’exprimer et l’exposer au mieux, elle utilise un langage humain, voire des langues différentes et, par le style et par la manière, lui donnent plus ou moins de pertinence.
Ainsi, les Saintes Ecritures racontent, d’une part, des histoires, du peuple de Dieu, de héros bibliques, ou tout simplement des épisodes remarquables de la vie de tous les jours, comme, par exemple, dans les paraboles de Jésus.
Les saintes Ecritures : une Parole de vie
D’autre part, les Saintes Ecritures donnent aussi la parole à ceux qui, méditant les événements, les étudiant et les approfondissant pour montrer toute leur pertinence, rappellent au peuple de Dieu l’action et la miséricorde divine dans notre monde. Ainsi les prophètes, les sages nous rappellent combien Dieu est à l’oeuvre ici et maintenant. Cependant, leur expression est le plus souvent si riche que nous ne percevons pas de suite, ni leur profondeur, ni leur hauteur. Parfois, même ils sont pris par une telle profusion d’images, de pensées et de zèle que leur discours en devient presque inintelligible, du moins, nous n’y retenons pour notre vie spirituelle que quelques brides. Car les saintes Ecritures ne sont pas un divertissement, de belles histoires à se raconter au coin du feu, mais une parole de vie, une parole salvifique.
Aussi devons-nous entendre les Saintes Ecritures, les réentendre pour que la parole de Dieu puisse nous façonner, nous convertir et nous permettre de participer à la vie même de Dieu. Aussi est-il essentiel que nous gardions tous les événements dans notre coeur, comme Marie d’ailleurs, que nous les méditions et que nous accomplissions ici et maintenant cette parole de Dieu contenue dans les Ecritures. Il nous faut donc nous les rappeler, les garder en mémoire. Or, comme le dit bien Miguel de Unamuno «la mémoire est la base de la personnalité individuelle, tout comme la tradition est la base de la personnalité collective d’un peuple. Nous vivons dans la mémoire et par la mémoire, et notre vie spirituelle, dans le fond, n’est que l’effort consenti par notre mémoire pour durer, pour se transformer en espérance, l’effort de notre passé pour se transformer en notre avenir.» Pourtant, lorsque nous lisons ou entendons les Saintes Ecritures, combien pouvons-nous constater que notre mémoire est souvent défaillante. Aussi permettez-moi, à la suite de la lecture de ce dimanche, de vous exposer quelques-uns de mes oublis.
Laisser Jésus demeurer en nous
Premièrement, je pensais que Jésus avait eu un long dialogue avec Zachée pour le convaincre de se convertir. Il me semblait qu’il faillait que Jésus expose à Zachée toutes les raisons pour que ce publicain retrouve le droit chemin. Or, il n’en est rien. Jésus n’a qu’une seule parole dite à Zachée : «Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi.» Ce n’est que cette unique parole qui convertit notre chef des collecteurs d’impôts, notre collabo de l’occupant romain. En effet, Jésus est, certes, un prédicateur connu et reconnu. Mais sa parole seule est efficace et nous convertit. Pas besoin de milles arguties pour nous convertir, il suffit de laisser Jésus demeurer dans notre coeur. Alors la grâce peut opérer et transformer ce monde, ici et maintenant.
Deuxièmement, la discussion se déroule plutôt entre Jésus et les pharisiens. Ceux-ci se croient justes, mais ne se rendent pas compte que le juste par excellence, c’est-à-dire Jésus, ce n’est pas celui qui juge, mais celui qui est venu chercher et sauver celui qui était perdu. La conversion de Zachée est l’occasion pour Jésus, pour l’évangéliste saint Luc, de nous rappeler que la venue du Christ dans le monde est un véritable renversement, que le Dieu trois fois saint, veut notre bien et notre salut. Combien de fois nous l’oublions et préférons-nous souvenir, non de la miséricorde de Dieu, mais des péchés des hommes ?
Petitesse de l’homme et grandeur divine
Enfin, notre mémoire nous joue des tours en insistant sur des détails qui peuvent avoir leur importance, mais qui nous occultent souvent la vraie dimension de la parole de Dieu. Pour chacun – et j’en suis persuadé – nous nous représentons Zachée comme petit. En effet, le texte nous le précise pour expliquer pourquoi il avait dû monter sur un arbre. Mais, aussitôt que nous avons cette image, nous en oublions la signification. Si Zachée est petit, s’il monte sur un sycomore pour voir Jésus, c’est parce que l’humanité est bien finie comparée à la grandeur infini de Dieu. Le sycomore n’est pas que l’élément d’un décor, mais l’instrument par lequel l’humanité essaie de se couvrir, de se sauver. Adam et Eve après avoir mangé la pomme et découvrant leur nudité se couvrirent des feuilles de sycomore avant que Dieu ne leur fasse des vêtements de peaux de bête. Ainsi, la petitesse de Zachée, le sycomore, ne sont pas des ornements pour illustrer notre belle histoire, mais une réalité cachée que nous oublions trop : la petitesse de l’homme, son besoin de se protéger devant la grandeur et la toute puissance divine.
Je pourrai
continuer et poursuivre l’énumération
de ces oublis. Pourtant, en relisant les Ecritures, en les méditant, nous découvrons
l’unique parole de Dieu. Notre petitesse essaie de monter sur un arbre, va à la
rencontre de la grandeur de Dieu, non d’un Dieu venu pour les justes, mais d’un
Dieu qui se penche sur les pécheurs et qui les sauve. Aussi laissons résonner
en notre mémoire, en notre vie, cette parole salvifique : «Aujourd’hui,
il faut que j’aille demeurer chez toi.»
Avec Notre Dame, mère de la Miséricorde, prions pour tous les hommes et toutes les femmes de notre terre
Esprit de Dieu, aide ceux qui ont tout quitté pour te suivre, aide-les à devenir les témoins de ton amour miséricordieux ! Seigneur, nous t’en prions.
Esprit de Dieu, ouvre l’oreille et le cœur des responsables de la société humaine aux cris des petits et des pauvres ! Seigneur, nous t’en prions.
Esprit de Dieu, prends soin de toutes les personnes qui sont en difficultés ainsi que de celles qui sont en deuil. Seigneur, nous t’en prions.
Esprit de Dieu, ravive la flamme du baptême dans le cœur et dans la vie de chaque baptisé ! Seigneur, nous t’en prions.
Seigneur, notre Dieu, tu es venu sauver ce qui était perdu, tu n’abandonnes personne, accorde nous ce que nous te demandons en ce jour, par le Christ ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne auprès de toi, dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. Amen.
31e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Sagesse 11, 23 – 12, 2; Psaume 144, 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14; 2 Thessaloniciens 1, 11 – 2, 2; Luc 19, 1-10