Homélie du 27 octobre 2019 (Lc 18, 9-14)

Père Jean-Claude Pariat – Ecole des Missions, Le Bouveret, VS

   … Ce publicain est devenu un homme ‘juste’, justifié par l’œuvre de Dieu en lui, pour lui et pour le monde. Il témoigne du don de la joie de Dieu. Frères et sœurs, la grâce de Dieu éveille et guérit notre aveuglement sur nos proches. Sa grâce illumine cette joie et cette paix produites par ses œuvres. Nous en devenons des témoins comme ce jeune, vivant avec un handicap permanent nous le rappelle:  « Dieu nous a donné la vie pour qu’on se réjouisse. » 

Soyons, nous aussi, reconnaissants et témoins missionnaires de ces regards qui ont déposés l’expression de leur joie dans nos vies. Ils nous surprennent en commençant par le regard souriant d’un bébé. Ce témoignage s’éteindrait-il dès notre prime enfance ? Dieu oublierait-il de nous offrir la force joyeuse de son Amour ? « Il nous a donné la vie pour qu’on se réjouisse. » 

Les témoins de la joie de Dieu sont plus nombreux que nous l’imaginons. Avec peine, en préparant ce dimanche de la Mission Universelle, j’ai dû me limiter à deux témoignages illustrant cette joie dégagée par un acte de bienfaisance, un acte missionnaire.

Un acte de bienfaisance

Mon premier témoignage est personnel. A l’approche de l’an 2000, je célébrais en semaine une messe. Mes parents décédés avant mon ordination y étaient certainement présents. Après avoir fait l’envoi : ‘Allez dans la paix du Christ’, je rejoignais sur le parvis de l’église les quelques personnes présentes. L’une d’elle s’attarda pour m’offrir ce témoignage. Elle me raconta que jeune fille, il y a plus de 50 ans, elle venait à la gare des marchandises pendant l’été. Les charbonniers déchargeaient les wagons d’anthracites venant de la Ruhr. Quelques morceaux tombaient à terre. Elle les ramassait et remplissait sa petite hotte d’une quinzaine de kilos en prévision du prochain hiver. Les morceaux de charbon tombés à terre étaient pierreux et produisaient peu de chaleur. Un jour, un charbonnier lui dit : donne-moi ta hotte. Il la remplit de morceaux d’anthracites – non pierreux – d’un éclat étincelant. En me rendant ma hotte pleine, je ne pouvais lui dire ma reconnaissance qu’avec le sourire de la joie reçue par ce don inattendu. Plus de 50 ans après, cette personne âgée m’offrit dans son regard la joie reçue ce jour d’été par ce geste de partage. Une joie qui ne s’était pas effacée de sa vie. Acte missionnaire vécu dans une gare ferroviaire de marchandises, en pleine air, un jour d’été. Le charbonnier était mon propre père, un père missionnaire bien avant que son fils ne le devienne…

Un acte missionnaire

Mon second témoin trace le chemin qu’il a parcouru pour réaliser l’appel missionnaire reçu dès son enfance. Né en Suisse en 1928, de nationalité canadienne, Jean vit le temps de la seconde guerre mondiale avec sa famille au Canada.

En 1941, âgé de 13 ans, ce fils d’un général d’armée demande à son père de l’autoriser à rejoindre les cadets de la Royal Navy en Angleterre. Son père acquiesça. Il partit en Angleterre et s’engagea chez les Cadets. Pendant 8 ans, il mena une carrière militaire. Il découvrit les horreurs de la guerre, l’absurdité de la culture de la mort, le plaisir célébré lors de la destruction d’un navire ennemi.

En 1950, il renonce à sa carrière militaire et reprend les études. Docteur en philosophie en 1962, il commence une carrière nouvelle, académique dans l’enseignement. Mais cette étape professionnelle nouvelle le laisse insatisfait. L’enseignement, pas plus qu’une carrière militaire, ne parvient à répondre à ses inspirations profondes : œuvrer pour la dignité de la personne humaine, œuvrer pour une culture de la vie, rejoindre les pauvres,  ces déshérités marginalisés par l’indifférence, l’oubli et souvent le mépris.

En 1964, Jean rencontre des personnes nées avec un handicap mental. Alors commence la possibilité de réaliser les inspirations qu’il porte en lui depuis longtemps. En renonçant à sa deuxième carrière, il devient, presque malgré lui,  le fondateur de lieux de vie offerts à des personnes exclues de ce que nos sociétés dites civilisées classent comme anormales à cause de leur handicap mental. Sa mission s’accomplit en vivant avec et parmi ses nouveaux amis. Cet aventurier  de Dieu commença la mission qui lui était confiée à Trosly en France. En lui, Dieu nous offre un témoin de sa tendresse, une tendresse sans frontières pleine de joie. Merci Jean Vanier. Merci aux missionnaires actifs des communautés de l’Arche présentes sur les 5 continents. Merci aux missionnaires actifs du mouvement ‘ Foi et Lumière’.

Dieu libère le cœur du publicain que nous sommes.

Sans la guidance de l’Esprit-Saint, sans le suivi du Christ comme disciple, sans ces multiples gestes, paroles, sourires partagés, le baptisé vivant une foi pour lui-même,  ne connaît pas la joie du don de soi. Il reste le cœur vide, sans joie et sans espérance.

« Dieu est bon ; l’homme le devient. » Cette bonté de Dieu est la sève de son amour présent dans ses œuvres. Sans recours à la violence, il libère le cœur du publicain que nous sommes. En ouvrant notre cœur à ses œuvres, Dieu ouvre notre conscience aux regards des personnes qui nous ont donné la joie d’un acte missionnaire. Avec la patience de Dieu envers nous, comme elles, nous quittons progressivement les pratiques d’un baptême inactif, un baptême pour soi, pour nous attacher et nous engager aux pratiques de notre baptême pour les autres. Joie de donner vie, de donner sa vie née de cette sève amoureuse. « Dieu nous a donné la vie pour qu’on se réjouisse. »  Amen !


30e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Siracide 35, 15b-17.20-22a; Psaume 33, 2-3, 16.18, 19.23; 2 Timothée 4, 6-8.16-18; Luc 18, 9-14

Homélie du 20 octobre 2019 (Lc 18, 1-8)

Abbé François-Xavier Amherdt – Ecole des Missions, Le Bouveret, VS

Baisser les bras [tactique diabolique]

« Les abus de pouvoir, de conscience, les abus sexuels sont là, massifs, écrasants, pour nous le rappeler. Dans la société, dans les familles, comme en Église catholique. Tant de raisons de baisser les bras, affirment les uns… Tant de motifs de tourner le dos à une telle institution et à l’espérance, clament les autres. Comment parler de mission dans un tel contexte, alors même que nos communautés paroissiales s’effritent ?
Dans l’Ancien Testament, Israël, le peuple élu, a baissé les bras. Lui que Dieu a sans cesse relancé par une multitude d’Alliances, il a constamment raidi la nuque et rompu la relation avec son Seigneur. Il s’est tourné vers toutes sortes d’idoles. Encore aujourd’hui, la nation d’Israël est en guerre, le peuple juif attend toujours le Messie…
Prier, supplier, intercéder : à quoi bon ? Les guerres succèdent aux guerres ; un certain islam se fait conquérant. Le climat change, la planète se réchauffe, les espèces disparaissent. C’est bientôt la fin du monde ? »

Que répliquer à ces oracles de malheur ?

« Casser les pieds » à Dieu

Main-tenant (Ex 17, 8-13)

D’abord, que c’est « maintenant » le moment favorable de la prière et de la mission. Mais au sens étymologique de « main-tenant », c’est-à-dire « tenant la main ». C’est maintenant qu’il faut prendre la main de Dieu, comme un enfant celle de sa mère ou de son père.
Ainsi que le chante le cantique : « Tenons la main que Dieu nous tend. Voici le temps, le temps où Dieu fait grâce à notre terre. Jésus est mort un jour du temps. Voici le temps, le temps de rendre grâce à notre terre. L’unique Esprit bénit ce temps. Prenons le temps, le temps de vivre en grâce avec nos frères. »

Faisons comme Moïse. Il aurait eu de quoi baisser les bras, au sens propre de l’expression, devant les « rouspétances » intempestives et les réclamations constantes de son peuple à la tête dure. À peine le prophète l’avait-il fait sortir d’Égypte (aux chapitres 13-15 de l’Exode) qu’Israël s’est mis à regretter les oignons et les concombres de la captivité. Au moins là, réclamait-il, il avait de quoi manger (au chapitre 16). Et il exige du pain – ce fut la manne dans le désert –, de la viande – ce furent les cailles –, et de l’eau – jaillie du rocher.

Devant l’attaque des Amalécites dans le désert, le chef Moïse se fait aider par ses deux acolytes, Aaron et Hour. Il s’assied et tient bon. Il tient les mains et la tête hautes. Et Israël avec lui. Main-tenant ! Moïse se tourne vers le Seigneur, le gardien d’Israël, qui ne sommeille pas, qui protège du soleil le jour et des assauts des cauchemars la nuit, comme le dit le Psaume 120.

Insister jusqu’au bout (Lc 18,1-8)

Ensuite, nous en faisons l’expérience, c’est en tenant et continuant dans l’intercession que nous nous préparons à recevoir les dons que Dieu nous prépare. Parfois différemment de ce à quoi nous aspirions. Et heureusement. Car le Seigneur voit plus loin que nous, et il sait ce qui est bon pour nous.

Ce qui nous est demandé, c’est de demander encore et toujours. C’est de « casser les pieds » au Seigneur, si j’ose m’exprimer ainsi. Comme cette veuve que Luc, le troisième évangéliste, celui de cette année liturgique C qui va bientôt s’achever, nous offre en modèle. Si un mauvais juge finit par céder aux réclamations justifiées de cette femme, à combien plus forte raison Dieu, le juste juge, entendra-t-il nos désirs profonds et nous « ajustera-t-il » à sa volonté. Quand bien même il paraît parfois absent et sourd.

La mission est donc une question de prière et d’intercession. D’une part, prier nous permet de maintenir vivace la foi indispensable pour rester en lien avec le Fils de l’homme, Jésus le Christ, qui ne cesse de venir. D’autre part, l’intercession est comme un levain qui nous situe au coeur de la Trinité (dit l’exhortation du pape François La joie de l’Évangile, Evangelii gaudium, n. 283). Elle est capable de faire lever toute la pâte de l’humanité.

La mission, c’est se faire porte-parole des sans-voix, c’est œuvrer pour que la justice sociale, planétaire et locale, s’instaure un peu, ainsi que le dit l’une des paroles du décalogue proposé par Missio en ce mois (vous pouvez le consulter sur le site et dans les documents suggérés pour le Mois missionnaire extraordinaire). C’est demander à Dieu que vienne enfin son Règne, que son nom soit enfin respecté et sanctifié, que sa volonté soit enfin faite.

« À temps et contretemps » (2 Tm 3,14-4,2)

Tous les saints l’ont pratiquée, pour la conversion et le salut de leurs contemporains : la prière d’intercession intervient « à temps et à contretemps » pour dénoncer le mal, encourager, enseigner, toucher le coeur des êtres.

La petite Thérèse, patronne des missions, passe son ciel à faire du bien sur la terre. C’est parce qu’elle avait déjà commencé à semer l’amour de son vivant, dans son Carmel, envers et contre tout, en atteignant paradoxalement le bout du monde.

Conclusion – synthèse : renvois au décalogue

Tous, malades, handicapés, pleinement actifs en pastorale, nous nous portons par la prière (c’est ainsi que je termine les dix paroles). Nous nous tenons la main en une immense chaîne d’intercession, dans une unité globale, plus forte que les tensions et les divisions (c’est la 7e parole du même décalogue) ; avec Moïse, Paul, Thérèse de Lisieux, le pape François.

Sûrs que sans tarder, Dieu fera paraître son jour et le temps de sa grâce.

C’est là notre joie. Gaudete et exsultate, réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car le Sauveur est parmi nous. Il nous envoie, nous baptisés, sur nos chemins de sainteté missionnaire.


29e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques :
Exode 17, 8-13; Psaume 120, 1-2, 3-4, 5-6, 7-8; 2 Timothée 3, 14 – 4, 2; Luc 18, 1-8

Homélie TV du 13 octobre 2019 (Lc 17, 11-19)

Le Pape François, messe de canonisation – Basilique St-Pierre, Rome

« Ta foi t’a sauvé » (Lc 17, 19). C’est le point d’arrivée de l’Evangile de ce jour qui nous montre le chemin de la foi. Dans ce parcours de foi nous voyons trois étapes, indiquées par les lépreux qui ont été guéris et qui invoquent, marchent et remercient.

D’abord, invoquer. Les lépreux se trouvent dans une condition terrible, non seulement en raison de la maladie qui, répandue encore aujourd’hui, doit être combattue à tout prix, mais aussi en raison de l’exclusion sociale. Au temps de Jésus, ils étaient considérés comme impurs et, comme tels, ils devaient être maintenus à l’écart, isolés (cf. Lv 17, 12). En effet, nous voyons que, lorsqu’ils vont vers Jésus, “ils s’arrêtent à distance” (cf. Lv 17, 12). Mais, bien que leur condition les mette à part, ils invoquent Jésus “à haute voix” (v. 13), dit l’Evangile. Ils ne se laissent pas paralyser par les exclusions des hommes et ils crient vers Dieu qui n’exclut personne. Voilà comment les distances se réduisent, comment on sort de la solitude : non pas en se renfermant en soi-même et dans ses regrets, non pas en pensant aux jugements des autres, mais en invoquant le Seigneur, car le Seigneur écoute le cri de celui qui est seul.

Invoquer le nom de Jésus

Comme ces lépreux, nous aussi, nous avons tous besoin de guérison. Nous avons besoin d’être guéris du manque de confiance en nous-mêmes, en la vie, en l’avenir ; guéris de tant de peurs ; des vices dont nous sommes les esclaves ; de tant de fermetures, dépendances et attachements aux jeux, à l’argent, à la télévision, au téléphone portable, au jugement des autres. Le Seigneur libère et guérit le coeur, si nous l’invoquons, si nous lui disons : “Seigneur, je crois que tu peux me guérir ; guéris-moi de mes fermetures, libère-moi du mal et de la peur, Jésus”. Les lépreux sont les premiers, dans cet Evangile, à invoquer le nom de Jésus. Ensuite, un aveugle et un malfaiteur sur la croix le feront aussi. Les personnes qui sont dans le besoin invoquent le nom de Jésus qui signifie Dieu sauve. Elles appellent Dieu par son nom, directement, spontanément. Appeler quelqu’un par son nom est un signe de confiance, et cela plaît au Seigneur. La foi grandit ainsi, par l’invocation confiante, apportant à Jésus ce que nous sommes, à coeur ouvert, sans cacher nos misères. Invoquons avec confiance, chaque jour, le nom de Jésus : Dieu sauve. Répétons-le : c’est prier. La prière est la porte de la foi, la prière est la médecine du coeur.

La foi devient une route

Marcher est la seconde étape. Dans le court Evangile de ce jour, figure une dizaine de verbes de mouvement. Mais ce qui frappe c’est surtout le fait que les lépreux ne sont pas guéris lorsqu’ils se tiennent devant Jésus, mais après, lorsqu’ils marchent : « En cours de route, ils furent purifiés », dit le texte (v. 14). Ils sont guéris en allant à Jérusalem, c’est-à-dire alors qu’ils affrontent un chemin qui monte. C’est sur le chemin de la vie que l’on est purifié, un chemin qui est souvent en montée, parce qu’il conduit en haut. La foi exige un cheminement, une sortie, elle fait des miracles si nous sortons de nos certitudes commodes, si nous quittons nos ports rassurants, nos nids confortables. La foi grandit avec le don et croît avec le risque. La foi progresse quand nous allons de l’avant, forts de la confiance en Dieu. La foi devient une route avec des pas humbles et concrets, comme humbles et concrets ont été la marche des lépreux et le bain de Naaman dans le Jourdain dans la première lecture (cf. 2R 5, 14-17). Il en est de même pour nous : nous avançons dans la foi par l’amour humble et concret, par la patience quotidienne, en invoquant Jésus et en allant de l’avant.

Il y a un autre aspect intéressant dans le cheminement des lépreux : ils se déplacent ensemble. « Ils furent purifiés » dit l’Evangile (v. 14), toujours au pluriel : croire c’est marcher ensemble, jamais seul. Mais, une fois guéris, neuf s’en vont pour leur propre compte et un seul retourne remercier. Jésus exprime alors toute son amertume : « Les neuf autres, où sont-ils ? » (v. 17). Il semble demander compte des neuf autres au seul qui est retourné. Certes, c’est notre devoir – à nous qui sommes ici à “faire Eucharistie”, c’est-à-dire à remercier – c’est notre devoir de prendre soin de celui qui a cessé de marcher, de celui qui a perdu la route : nous sommes les gardiens des frères qui sont loin. Nous sommes des intercesseurs en leur faveur, nous sommes responsables à leur égard, c’est-à-dire appelés à répondre d’eux, à nous soucier d’eux. Tu veux grandir dans la foi ? Prends soin d’un frère qui est loin, d’une soeur qui est loin.

Invoquer, marcher et remercier : c’est la dernière étape. Jésus dit : « Ta foi t’a sauvé » (v. 19) uniquement à celui qui le remercie. Il n’est pas seulement guéri, il est aussi sauvé. Cela nous dit que le point d’arrivée, ce n’est pas la santé, ce n’est pas le fait d’être bien, mais c’est la rencontre avec Jésus. Le salut, ce n’est pas boire un verre d’eau pour être en forme, c’est aller à la source, qui est Jésus. Lui seul libère du mal et guérit le coeur, seule la rencontre avec lui sauve, rend la vie pleine et belle. Quand on rencontre Jésus, le “merci” nait spontanément, car on découvre la chose la plus importante de la vie : non pas recevoir une grâce ou résoudre un problème, mais embrasser le Seigneur dans la vie.

Vivre en rendant grâce

Il est beau de voir que cet homme guéri, qui était un samaritain, exprime sa joie de tout son être : il loue Dieu à grande voix, il se prosterne, il remercie (cf. vv. 15-16). Le sommet du chemin de foi, c’est de vivre en rendant grâce. Nous pouvons nous demander : nous qui avons la foi, vivons-nous les journées comme un poids à subir ou comme une louange à offrir ? Restons-nous centrés sur nous-mêmes en attendant de demander la prochaine grâce ou bien trouvons-nous notre joie dans l’action de grâce ? Quand nous remercions, le Père est ému et répand sur nous l’Esprit Saint.

Remercier, ce n’est pas une question de politesse, de bienséance, c’est une question de foi. Un coeur qui remercie reste jeune. Dire : “Merci Seigneur” au réveil, pendant la journée, avant de se coucher, c’est l’antidote au vieillissement du coeur. De même en famille, entre les époux : se rappeler de dire merci. Merci est le mot le plus simple et le plus bénéfique.

Etre de « douces lumières »

Invoquer, marcher, remercier. Aujourd’hui, remercions le Seigneur pour les nouveaux Saints qui ont marché dans la foi et que nous invoquons maintenant comme intercesseurs. Trois d’entre eux sont Soeurs et elles nous montrent que la vie religieuse est un chemin d’amour dans les périphéries existentielles du monde. Sainte Marguerite Bays, en revanche, était une couturière et elle montre combien la prière simple est puissante, de même que la patience est endurance et le don de soi, silencieux : à travers ces choses, le Seigneur a fait revivre en elle la splendeur de Pâques. C’est la sainteté dans le quotidien dont parle le saint Cardinal Newman qui a dit : « Le chrétien possède une paix profonde, silencieuse, cachée, que le monde ne voit pas. […] Le chrétien est joyeux, tranquille, bon, aimable, poli, innocent, modeste ; il n’a pas de prétentions, […] son comportement est tellement éloigné de l’ostentation et de la sophistication qu’à première vue on peut facilement le prendre pour une personne ordinaire » (Parochial and Plain Sermons, V,5). Demandons d’être ainsi, de “douces lumières” dans les obscurités du monde. Jésus, « reste avec nous et nous commencerons à briller comme tu brilles, à briller de manière à être une lumière pour les autres » (Meditations on Christian Doctrine, VII,3). Amen !

 [Texte original: Italien]