Homélie du 13 janvier 2019 (Lc 3, 15-16.21-22)

Abbé Bernard Allaz – Église Saint-Jean-Baptiste, Corpataux-Magnedens

Nous sommes les fils bien-aimés du Père

Oui, ce dimanche est notre fête pour nous tous qui sommes baptisés. Réjouissons-nous ! Nous sommes les fils bien-aimés du Père en qui il a mis tout son amour et nous sommes sa joie. C’est l’invitation, pour chacun de nous, à vivre chaque jour en aimant nos frères et en leur apportant de la joie. Facile de l’affirmer, plus difficile de le vivre, ne nous laissons pas impressionner. La parole de Dieu de ce dimanche nous invite à la confiance et à nous souvenir qu’Il est vraiment avec nous.

La 1ère lecture nous rappelle en Isaïe que Dieu veut nous consoler, nous aider à la confiance. « Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène le brebis qui allaitent. » Is 40, 11.

La 2ème lecture souligne que « par le bain du baptême. Il nous a fait renaître et nous a renouvelés  dans l’Esprit Saint… pour que nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. » Tite 3,6-7.

La force de nous engager

Que cette certitude que nous sommes aimés de Dieu, notre Bon Pasteur, que nous sommes appelés à la vie éternelle nous donne la force de nous engager pour que la joie soit dans tous les cœurs. Aujourd’hui, comme répondait Monseigneur Pierre Mamie à un enfant qui lui posait la question devant le crucifix du séminaire de Fribourg : « Pourquoi Jésus n’a pas de main ? » Il a tes mains, mon enfant. Il a besoin de toi. Oui, il a besoin de chacun de nous.

Beaucoup de familles ont été éprouvées en ces fêtes, un être cher, un proche est entré dans la vie éternelle. C’est une douleur, une séparation, une blessure. Pour faire son deuil, il ne faut pas oublier que nous sommes enfants de Dieu, que la vie éternelle nous est offerte. Il suffit, sincèrement de demander pardon, comme le bon larron, de nous souvenir que l’amour que nous avons reçu, que nous avons partagé est éternel et continue de porter du fruit en nos vies. Nos biens aimés, parce que baptisés, sont des enfants de Dieu, les fils bien-aimés du Père.

Se dire son amour

Un de ces derniers soir, alors que j’allais fermer l’ordinateur, un sms arrive. Un papa me rappelle que j’ai béni leur mariage et baptisé leur fille il y a deux ans. Voilà quatre nuits qu’elle nous réveille à 3h du matin et ne veux plus aller dormir dans sa chambre. Nous sommes fatigués. Pouvez-vous faire une prière et venir chez nous un soir. J’ai immédiatement répondu : « Avant de mettre au lit votre fille prenez-la, les deux ensemble dans vos bras, donnez-lui un bec sur ses joues, dites-lui que vous l’aimez de tout cœur et vous aussi embrassez-vous et renouvelez votre amour. Que la tendresse vous comble de bonheur. Par Jésus, je vous bénis. Cordialement. » Le lendemain matin vers 6h45 arrive un sms : « Merci de tout cœur, notre fille à bien dormi, nous sommes bien reposés. » Oui se dire simplement son amour, le faire chaque jour, le partager est un excellent médicament.

Nous sommes de cœur avec vous les malades, vous qui souffrez dans votre corps, votre cœur, que notre prière et nos chants vous donnent confiance et espérance. Nous vous entourons de notre affection.

Nous ne vous oublions pas,  vous les personnes âgées, vous qui avez un grand âge. J’aimerai vous partager cette parole de Valérie Mollière, découverte dans son livre : *« L’âge fragile », En faisant un rêve elle nous invite à un regard neuf sur la vieillesse « Qu’un jour nous puissions voir dans chaque homme et chaque femme gorgé(e) d’années, non seulement un corps vieillissant mais aussi une âme riche en histoire à partager. » N’ayons pas peur de prendre du temps avec nos aînés, de les écouter avec attention, même s’ils nous racontent pour la 10ème fois la même histoire. Il y a toujours un petit plus. Nous aussi partageons avec eux et nous aurons la chance d’accueillir un bon conseil et d’être par eux portés dans la prière.

Ouvrons notre coeur

Notre responsabilité de chrétien, surtout pratiquant est grande. Nous ne pouvons pas vivre notre foi seulement pour nous. L’individualisme est l’un des grands malheurs de notre société. Le chacun pour soi a toujours été destructeur. Nous sommes appelés à vivifier nos communautés. La solidarité doit engager notre vie au service de tous. Nous venons de nous souhaiter des vœux de bonheur par milliers. Est-ce du vent ou du concret. Ouvrons notre cœur, allons vers nos proches, prenons un peu de temps pour les écouter, pour partager. Nous recevrons au centuple l’amour que nous aurons offert. Osons partager notre foi simplement. N’oublions jamais que les premières communautés chrétiennes se sont multipliées car d’elles, ceux qui les voyaient vivre pouvaient dire : « Voyez comme ils s’aiment. »

Dieu n’a que nos mains, nos cœurs…

Notre pape François nous invite sans cesse à la joie. Si nous sommes enfants de Dieu il est important que nous prenions une part active dans la vie de l’Église qui est notre famille. Elle a besoin de notre engagement. Chacun selon ses charismes est appelé à prendre une part active pour que tous se sentent aimés par Dieu qui n’a que nos mains, nos cœurs, nos visages pour apporter à tous les hommes son amour.

Alors en avant donnons le meilleur de nous-mêmes et nous aurons la force d’avancer en apportant à tous la paix, l’espérance, la foi, la joie et le bonheur. Amen. Alléluia !


*« L’âge fragile », Valérie Mollière,  Ed. de l’Atelier, Henry Dougier 176 page.


Fête du baptême du Seigneur

Lectures bibliques  : Isaïe 40, 1-5.9-11; Psaume 103; Tite 2, 11-14 ; 3, 4-7; Luc 3, 15-16.21-22


 

Homélie du 6 janvier 2019 (Mt 2,1-12)

Mgr Jean Scarcella – Basilique de Saint-Maurice

Mes sœurs, mes frères,

Ils sont trois à s’être levés, venant de tous les horizons, et avec eux un peuple entier se lève : « Debout, Jérusalem, resplendis ». Resplendis comme cette étoile qui annonce la lumière qui vient dans le monde pour dissiper les ténèbres, resplendis comme cette étoile qui provoque la joie chez ceux qui se réjouissent, resplendis comme la clarté de l’aurore qui vient de naître pour l’éternité. Resplendis Jérusalem ! Resplendis peuple de Dieu, il est venu ton roi ; sur toi « se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît ». Lève-toi, Jérusalem, relève-toi peuple de Dieu, ton Dieu se lève, sa gloire te met debout ! ». Saint Irénée, évêque de Lyon au IIème siècle le dira : « La gloire de Dieu, c’est l’homme debout ».

« L’homme debout »

Oui, les mages les premiers se sont levés, prémices de tous ceux qui se mettront debout à l’appel de cette gloire de Dieu. Les mages reconnaissent ce que saint Jean écrivait dans le Prologue de son Évangile : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ». (Jn 1, 14)

Jésus apporte la gloire du Père

Mais le premier qui se mettra debout, frères et sœurs, c’est Celui que les mages contemplent dans son berceau en forme de mangeoire, et fait du même bois que la croix. Cet enfant est couché dans la paille, mais un jour il s’étendra sur la croix. La gloire qui rayonne et incendie l’étoile de Bethléem, c’est la gloire du Père que le Fils apporte aux hommes. Petit, emmailloté dans sa crèche, il se mettra debout, parce que sa gloire est celle de son Père qui le précède.

Une anticipation de la vision béatifique

C’est la vision d’Étienne à l’heure de sa lapidation, que saint Luc rapporte dans le Livre des Actes des Apôtres : « Mais lui, rempli de l’Esprit Saint, fixait le ciel du regard : il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. » (Ac 7, 55-56) « Alors tu verras, écrivait à l’instant le prophète Isaïe que nous venons de lire, tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera », tu verras Jérusalem, peuple de Dieu, parce que ton Dieu se révèle à toi. Tu verras celui qui se révèle à toi, comme les mages aujourd’hui voient l’enfant qui étend ses bras pour les accueillir, pour accueillir le peuple entier, pour le salut du monde. Maintenant, explique saint Paul aux Éphésiens, le mystère « a été révélé, dans l’Esprit ». Ce que les mages vivent, frères et sœurs, est comme une anticipation de la vision béatifique, là où la gloire de Dieu met l’Homme debout, le Fils de l’homme et toute l’humanité dans un face à face d’amour échangé, éternel.

Voilà le mystère de l’Épiphanie où Dieu se révèle à l’homme en lui donnant à voir un visage d’enfant, pour qu’avec lui, il parvienne à sa stature définitive. Et cette stature, c’est ”l’homme debout”, c’est-à-dire l’homme sauvé, la stature du Christ qui nous a été promise et que saint Paul exprimait si bien à l’instant : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile ».

« Nous sommes fils dans le Fils »

Révélation, promesse, héritage ne sont pas des mots lancés au hasard des vents, non bien sûr, mais ce sont des mots qui doivent signifier une réalité et, pour la signifier, ils doivent s’incarner. Le mystère de Noël c’est l’incarnation du Fils de Dieu en notre chair, et le mystère de l’Épiphanie c’est l’incarnation de l’Église dans le Corps du Christ. C’est ce qui fit dire à saint Irénée, à la suite de saint Paul, que « nous sommes fils dans le Fils », c’est-à-dire fils et filles de Dieu en Jésus le Fils unique, puisque – toujours selon saint Paul – nous sommes adoptés par Dieu le Père par notre incorporation au Christ, lui qui est la tête de ce Corps qu’est l’Église.

Quand nous lisions dans Isaïe tout à l’heure : « Les nations marcheront vers la lumière, […] regarde : tous ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche », nous comprenons qu’il s’agit du peuple qui se rassemble. Et le peuple rassemblé, vous le savez frères et sœurs, n’est autre que l‘Église, ce peuple qui ensemble fait corps, qui donne une présence humaine continuée du Christ sur cette terre, et qu’on appelle le Corps mystique du Christ : l’Église ! Oui, l’Église, frères et sœurs, l’Église mystère de la révélation de Dieu au monde.

Les mages à Bethléem ont préfiguré, réunis par l’enfant au berceau, le peuple de Dieu, l’Église naissante accomplie par le Fils à la croix, mais toujours en devenir. Et cette Église, frères et sœurs, c’est nous. Nous sommes porteurs de cette réalité parce que nous l’incarnons et que, oui je le redis, nous sommes l’Église.

Nous le savons, c’est par le baptême que nous avons revêtu le Christ, que nous sommes incorporés au Christ, que nous recevons la grâce d’être fils adoptifs du Père et héritiers du Fils. Le mystère de notre filiation divine par le baptême s’apparente à celui de la révélation à l’Épiphanie, et saint Paul nous l’a bien expliqué quand il dit par rapport à ce mystère – et je cite Paul à nouveau ici – : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps ». C’est pourquoi comme les rois, contemplons cet enfant qui nous tend les bras, comme il les a écartés sur la croix pour nous ouvrir le passage qui nous conduit dans les bras du Père.
Ainsi soit-il


Fête de l’Épiphanie du Seigneur – Année C
Lectures bibliques : Isaïe 60,1-6; Psaume 71; Éphésiens 3,2-3a.5-6; Matthieu 2,1-12