
Une société qui avance?
La réalité virtuelle des lieux de mémoire

Homélie du 25 novembre 2018 (Jn 18, 33b-37)
Abbé Joseph Ngo – Basilique Notre-Dame, Lausanne
Chers frères et sœurs, la fin de l’année liturgique est marquée par la fête du Christ Roi de l’univers. Daniel et Jean utilisent tous les deux le même langage apocalyptique pour dévoiler ce qui est encore caché à nos yeux. Nous avons tendance à lever les yeux pour mieux voir le roi et pourtant nous avons à les baisser pour contempler le visage du roi de l’univers. Le seul trône qui nous est donné à voir pour contempler et adorer le roi de l’univers, c’est la croix du Christ. C’est bien le sens de l’évangile de ce jour avec le passage du procès de Jésus devant Pilate qui a le pouvoir de le condamner à mort. Nous savons bien ce qui est vrai, il nous faut le courage d’aller jusqu’au bout pour faire triompher la Vérité.
Choisir Jésus
Monseigneur Joseph DINH Duc Dao, évêque d’un diocèse dans le Sud du Viet Nam a dit au Journal d’Asia que : pour nous (c’est-à-dire pour les catholiques vietnamiens) : « Jésus est un absolu. Il nous faut le choisir. » Oui, il nous faut choisir Jésus. Le choix que Dieu nous demande de faire doit se faire sans compromis. Il n’y a pas de position intermédiaire devant Jésus. Ou bien on se tourne vers lui, ou bien on se détourne de lui. Il n’y a pas de troisième solution, c’est un oui ou un non, net. « Nul ne peut servir deux maîtres », dit Jésus. Il n’y a pas de neutralité en face de la prédication de l’évangile. On ne peut pas s’asseoir entre deux chaises sans prendre le risque de s’asseoir par terre. En matière de salut, on ne ménage pas la chèvre et le choux ou nage entre deux eaux. Et celui qui ne fait pas un choix net, se révèle en fait contre Jésus.
Un évêque chinois, Mgr HY AN fut martyrisé pour avoir désobéi au tyran qui était MAO Tse Tung. Celui-ci le regarda avec mépris, croyant avoir pouvoir de mort sur lui puisqu’il s’apprêtait à lui ôter la vie, pourtant l’accusé avait encore quelques mots à lui adresser au pied de l’échafaud avant d’être exécuté : « Je ne possède rien d’autre qu’une âme et une conscience, et je les sacrifie pour mon Dieu. Ainsi, tu ne pourras avoir que mon corps. » Mao l’a tué, évidemment, mais il n’a pas pu tuer son esprit.
Si seul le péché nous effraie, nous gagnerons
Ensuite, Monseigneur François Xavier NGUYEN Van Thuan, ancien archevêque de Sai-Gon, devenu cardinal en 2001, qui est passé sous les fourches caudines pendant treize ans de prison dans le Nord du Viet-Nam nous a donné ce beau témoignage : une nuit, il a encouragé son co-détenu en lui disant que la seule chose dont tu dois avoir peur, c’est le mal. Le cardinal a repensé à l’histoire de saint Jean Chrysostome, au moment où l’empereur a voulu le punir en raison de sa foi. Quelqu’un lui a conseillé de le mettre en prison, mais l’empereur a répliqué : « Ce serait lui faire un trop beau cadeau que de lui donner l’occasion de prier et souffrir pour Dieu, c’est ce qu’il souhaite. » Un autre a proposé de l’envoyer en exil, mais l’empereur l’a raisonné : « Pour cet homme-là, il n’existe pas un endroit sur terre où Dieu ne soit pas présent. » Un troisième a eu une autre idée, celle de le condamner à mort. « Non, a répondu l’empereur, parce qu’il mourrait en martyr et il réaliserait son désir le plus profond : rencontrer son Dieu. Nous devons imaginer quelque chose qui l’afflige vraiment au lieu de le rendre heureux. » Un de ses ministres, perspicace, a alors proposé ceci : « J’ai trouvé ! Il n’y a qu’une chose qu’il redoute et abhorre de toute son âme : nous allons le pousser au péché. » « Oui, mais nous ne pourrons pas le faire s’il n’accepte pas de nous donner sa liberté ! », a avoué le tyran, vaincu. Si seul le péché nous effraie, nous gagnerons ce combat !
Frères et sœurs, notre Seigneur est celui qui règne dans nos cœurs. Ne laissons pas des imposteurs régner dans nos cœurs à sa place. Car c’est lui qu’il nous faut choisir. Amen.
34e DIMANCHE – Fête du CHRIST ROI DE L’UNIVERS
Lectures bibliques : Daniel 7, 13-14; Psaume 92; Apocalypse 1, 5-8; Jean 18, 33b-37
Transmettez vos voeux d’anniversaire au pape!

Résilience
Message du pape pour les JMJ de Panama
Sagesse d’un pauvre

Le peuple contre les élites

Homélie du 18 novembre 2018 (Mc 13, 24-32)
Chanoine Roland Jaquenoud – Abbaye de Saint-Maurice
Quel évangile ! Voici que le Seigneur nous parle de sa venue. Voici qu’il nous parle des signes précédant sa venue. Bien plus, il nous demande d’être attentifs à ces signes.
« Laissez vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent ses feuilles, vous savez que l’été est proche ». Nous sommes capables de voire l’arrivée des saisons à certains signes de la nature. Apprenons aussi à voir l’arrivée de Jésus à certains signes : « De même vous, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte ».
Lorsque vous verrez arriver cela… De quoi Jésus parle-il ? Il parle de cataclysmes « En ce jour-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoile du ciel tomberont et les puissances célestes seront ébranlées »
Ces fins du monde qui ne se produisent jamais !
La fin, la catastrophe finale, annoncera le retour du Christ dans la gloire : nous voilà revenu à toutes ces apocalypses, à toutes ces fins du monde dont les rumeurs nous menacent sans arrêt et qui ne se produisent jamais. Je me souviens de ma dernière fin du monde en décembre 2012. J’étais alors curé à Astana, la capitale du Kazakhstan : on ne trouvait plus une bougie dans aucun magasin de la ville. A quoi auraient servi ces bougies en cas de fin du monde ? Je n’en sais rien, puisque, comme d’habitude, il n’y a pas eu de fin du monde !
Alors quoi ? Jésus est-il donc un prophète de malheur de plus ? Et nous si essayions d’aller un peu plus loin dans notre compréhension de l’évangile ?
Des événements se produisant à chaque génération
« Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive ».
Et pourtant, la génération à qui Jésus parlait dans notre page d’évangile est bien passée. Et si Jésus ne parlait pas ici de fin des temps, mais plutôt d’événements se produisant à chaque génération ? S’il ne parlait pas de futur, mais de présent : du présent de chacune de nos vies ?
Dans chacune de nos vies, il y a des moments de cataclysmes, des moments où le soleil s’obscurcit, où les étoiles tombent, où même la lune ne donne plus son petit rayon de clarté. On peut vivre ces événements comme des moments d’intense dépression. Mais on peut aussi tenter de se laisser instruire par eux. Peut-être fallait-il que quelque chose se casse en nous, parce qu’il y avait justement quelque chose à casser, une dureté de cœur à briser, par exemple.
La venue du Dieu dans notre vie
Dans tout l’évangile, les pages difficiles concernant les événements précédant le retour du Christ n’ont qu’une seule fonction : nous réveiller, nous faire sortir de notre torpeur bien confortable, nous ouvrir au grand bouleversement que devrait être la venue de Dieu dans nos vies. Et si on sait lire les signes, ils sont nombreux, ceux que le Seigneur place sur notre route pour nous faire enfin sortir un peu de nous-même.
La journée mondiale des pauvres
Le signe de ce jour ? La journée mondiale des pauvres que le Pape François a proclamée en ce jour. C’est un vrai appel à nous convertir, c’est-à-dire à quitter notre fausse relation avec Dieu. Quelle est-elle, cette fausse relation, cette relation de mensonge ? Ecoutons Jésus nous le dire dans l’évangile de Matthieu (25, 41-43 ; 45) :
« Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité (…) Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” »
Dans plusieurs de ses textes , le Pape nous enjoint de ne pas trop interpréter ces mots, de les prendre très à la lettre. Mes frères, mes soeurs, il est temps de nous laisser déranger, ébranler, convertir. Il est temps de devenir enfin des chrétiens : non pas des chrétiens de banc d’église, mais des chrétiens engagés auprès de leur Seigneur et de ceux qui ont besoin de nous, qui ont besoin de Lui. N’attendons pas demain pour le faire, parce que ce pourrait être trop tard. Nul ne connaît l’heure de la venue de Dieu, « pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père ».
33e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Daniel 12, 1-3; Psaume 15, 5.8, 9-10, 11; Hébreux 10, 11-14.18; Marc 13, 24-32