Prédicateur : Chanoine Michel-Ambroise Rey
Date : 15 février 2015
Lieu : Chapelle de Glace, Leysin
Type : radio
Chers malades, chers prisonniers, chers amis sportifs, cher personnel des remontés mécaniques de Suisse romande,
Louez Dieu dans son temple saint, louez-le au ciel de sa puissance, louez-le pour ses actions éclatantes, louez-le selon sa grandeur (Psaume 150)!
Louez-le dans cette immense cathédrale de la nature étincelante, louez-le dans cette modeste chapelle de glace de Leysin, au cœur des installations ludiques du tobogganning !
Ô Seigneur notre Dieu, qu’il est grand ton nom ont dû s’écrier tant de skieurs, snowboarders et autres randonneurs au cours de cette magnifique semaine de ce mois de février lorsqu’ils regardaient le panorama exceptionnel de cette région des Alpes vaudoises et valaisannes !
Ô Seigneur notre Dieu, combien de croyants ont pu penser en voyant la splendeur de la création que tes œuvres merveilleuses reflétaient des rayons de ta propre majesté et ainsi contempler ta grandeur !
Comme le dit si bien cette belle hymne qui s’adresse à notre Seigneur Jésus-Christ : Splendeur jaillie du sein de Dieu, lumière née de la lumière, avant que naisse l’univers tu resplendis dans les ténèbres ! Nous t’adorons, Fils bien-aimé, objet de toute complaisance ; le Père qui t’a envoyé sur toi fais reposer sa grâce. Tu viens au fond de notre nuit pour tous les hommes de ce monde ; tu es la source de la Vie et la lumière véritable. A toi, la gloire, ô Père Saint, à toi, la gloire, ô Fils unique, avec l’Esprit consolateur, dès maintenant et pour les siècles.
Et c’est vers ce Fils unique, vers cet enfant bien-aimé, qui vient au fond de notre nuit pour tous les hommes de ce monde, c’est donc vers Lui que s’avance avec des vêtements déchirés, des cheveux hirsutes, un visage rongé par la maladie, des plaies puantes et purulentes, c’est vers cet enfant bien-aimé de notre Père céleste, vers Jésus que s’avance le lépreux dont nous parle la Bonne Nouvelle d’aujourd’hui.
Cet homme a franchi tous les obstacles dûs à sa maladie. Il a enfreint toutes les lois de sa religion pour venir tomber à genoux devant Jésus et le supplier : Si tu le veux, tu peux me purifier. Il ne donne aucun titre à Jésus, il vient seulement auprès de Jésus en le suppliant, en criant son désespoir et le Seigneur lui répond tout simplement en faisant les gestes de son Père créateur : il étendit la main, le toucha et lui dit : je le veux, sois purifié. Saisi de compassion devant la misère de cet homme, il le restaure dans sa dignité d’homme et ensuite il le renvoie dans la société en lui disant : Attention, ne dis rien à personne, mais va te présenter au prêtre et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la loi.
D’une certaine manière et d’une manière certaine nous sommes tous et toutes ce lépreux de l’Evangile et nous avons besoin de nous jeter aux pieds du Seigneur en lui disant : Si tu le veux, tu peux me purifier !
Et comme le carême s’ouvre mercredi prochain, le mercredi des cendres, nous avons 40 jours pour nous purifier et nous mettre en route et commencer avec l’Action de Carême et Pain pour le Prochain à purifier nos sens par le partage de nos biens selon le beau slogan : Moins pour nous, assez pour tous !
Amen ! Alléluia !
6e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Lévitique 13, 1-2.45-46; Psaume : 31 (32), 1 Corinthiens 10, 31 – 11, 1; Marc 1, 40-45
Différentes initiatives ont été mises en œuvre pour marquer cet événement en Suisse. Une messe a eu lieu à Neuchâtel, le 1e février 2015, en présence de consacrés de toute la Suisse romande; les communautés apostoliques féminines invitent les jeunes femmes intéressées à passer du temps auprès d’elles pour découvrir de l’intérieur la vie d’une communauté; des ouvrages vont être édités durant l’année pour présenter en image le quotidien des religieux et des religieuses de Suisse romande. Retrouvez ces activités dans ce dossier, qui s’étoffera tout au long de cette Année de la vie consacrée!
Photos: Eric Frattasio
Eric Frattasio est un photographe valaisan. Durant trois ans, il s’est immergé dans les communautés religieuses romandes afin d’immortaliser leur quotidien. Une partie de son travail fera l’objet d’une publication à paraître en mars 2015, chez Saint-Augustin. « Au coeur du silence » rassemblera ses photos, « illustrées » par des citations de Maurice Zundel.
Prédicateur : Chanoine Michel-Ambroise Rey
Date : 08 février 2015
Lieu : Chapelle de Glace, Leysin
Type : radio
Chers frères et sœurs, chers malades, chers prisonniers, chers amis skieurs et sportifs en général !
Oh, qu’elle a très bien réussi ! Elle, la toute petite, la toute jeune enfant des bidonvilles de Manille, la petite Glyzelle, âgée de douze ans, désignée pour parler devant le pape François au nom de tous les enfants des rues du monde philippin.
Elle a très bien réussi à émouvoir tout d’abord par sa voix les 7 millions de fidèles présents à la messe papale du dimanche 18 janvier 2015 à Manille !
Elle a très bien réussi à émouvoir tous les téléspectateurs et téléspectatrices qui ont eu le bonheur de voir ce moment lumineux où cette enfant au cours de la lecture de son message dans lequel elle disait tout ce qu’elle avait souffert comme enfant abandonnée ; elle, donc, éclata en sanglots, des larmes immenses, des pleurs qui touchèrent le Saint Père, qui me touchèrent également très profondément, si bien que je pleurais aussi et voici que François la reçoit dans ses bras et la console. Puis inspiré par l’Esprit Saint, le Pape François laisse de côté l’homélie préparée à Rome pour parler de l’abondance de son cœur en disant : Pourquoi cette petite fille pleure-t-elle ? Elle parle infiniment mieux par ses larmes que par ses paroles. Le pape qui a des formules concises et merveilleuses prenant au vol l’attitude de Glyzelle poursuit en nous disant à tous et à toutes : Soyez courageux, pleurez !
Le Pape aussi a très bien réussi ! il a touché la corde sensible de chacun d’entre nous qui l’écoutions !
Soyez courageux, pleurez ! pour être de vrais et de bons chrétiens. Pleurez devant cette situation lamentable dans laquelle plus d’un million deux cent mille enfants se trouvent aux Philippines, pleurez devant ces millions de jeunes désemparés dans le monde entier qui embrassent les drogues, la prostitution, la violence à cause de leur situation misérable et du manque de travail.
Soyez courageux, pleurez ! pour dénoncer cette société qui traite certains êtres humains comme des déchets.
ll est terrible ce pape qui met son cœur et ses mains dans le cambouis humain.
Pourtant ce pape au succès planétaire répète toujours la même mélodie, le même thème, comme une rapsodie de Ravel : miséricorde, pardon, démon, périphérie. Aujourd’hui il a ajouté trois mots clefs : Soyez courageux, pleurez !
Comme le Seigneur Jésus dans l’évangile de ce jour, le Pape François s’approche de vous, chers malades, chers prisonniers, chers skieurs, chers sportifs pour expulser les esprits mauvais, les démons !
Car les attentats qui ont secoué Paris, de qui sont-ils l’œuvre?
Les attaques meurtrières de Boko Haram au Nigéria et au Niger, de qui sont-elles l’œuvre ?
Le nombre croissant de jeunes qui s’engagent dans l’état islamique, de qui est-ce l’œuvre ?
Ces multi-millionnaires qui cachent leur argent dans les coffres-forts et dans les banques, en lieu et place de partager leurs biens, de qui est-ce l’œuvre ?
Ces professeurs qui éduquent nos enfants sans leur parler de Dieu, c’est l’œuvre de qui ?
Ces parents qui donnent à leurs enfants des nourritures frelatées, sans leur parler de Dieu et de ses commandements, c’est l’œuvre de qui ?
Ces journalistes, ces caricaturistes, qui causent des morts par leurs articles ou leurs caricatures parfois déplacées, c’est l’œuvre de qui ?
C’est l’œuvre du démon, du malin qui arrive à faire miroiter le bien dans les plus sordides attitudes humaines, dans les crimes les plus éhontés !
Pensez-vous qu’il y avait davantage de démons au temps de Jésus qu’aujourd’hui ? L’évangile nous dit, nous répète sans cesse que la lutte de Jésus est contre les puissances du Mal à l’œuvre dans le monde !
Aujourd’hui les démons sont à l’œuvre dans notre monde avec une ruse et un visage de pourfendeurs de tout ce qui touche à la liberté de la presse et de l’homme. Les démons créent comme toujours la division entre les hommes, entre les citoyens d’un pays et les migrants, ils sèment la zizanie dans les champs où a été plantée la bonne graine.
Allons ailleurs, dans les villages voisins, dans les stations voisines afin que là aussi nous proclamions l’Evangile !
C’est depuis notre chapelle de glace que nous pouvons pleurer à chaudes larmes pour faire fondre les cœurs glacés de tous ceux et de toutes celles qui regardent le monde et ses habitants comme des proies à dépouiller au lieu de les voir comme des collaborateurs et collaboratrices pour créer un monde selon le cœur et l’amour de Dieu.
Allons ailleurs sur les pistes de ski comme au cœur de notre tobogganing ; allons au cœur de nos espaces ludiques de nos stations de sports d’hiver annoncer l’Evangile du Christ ! Allons ailleurs dans les hôpitaux comme dans les prisons apporter ce message de paix et de partage !
C’est depuis notre chapelle de glace, notre chapelle éphémère que nous vous envoyons ce message éternel : sans le Christ, vous ne pouvez rien faire.
Merci, Seigneur, pour la petite Glyzelle qui a si bien réussi à nous réveiller par ses pleurs !
Merci, Seigneur, pour le message du Pape François qui a si bien réussi à nous exhorter par ses paroles : Soyez courageux, pleurez !
Loué soit Dieu qui fait des merveilles à travers toutes les personnes qui pleurent et prient comme vous chers malades et prisonniers, chers migrants, pour que le monde soit transfiguré par la Parole du Christ !
Loué soit Dieu pour tous ceux et toutes celles qui partagent leur temps de travail avec les chômeurs !
Loué soit Dieu pour tous les patrons solidaires de leurs employés en cherchant par tous les moyens à préserver leurs places de travail !
Loué soit Dieu pour les émissions religieuses de la TSR : les messes et cultes, Juste Ciel, Hautes Fréquences et A vue d’Esprit qui manifestent un si beau ministère œcuménique en Suisse !
Loués soit Dieu pour tous les parents qui s’efforcent de prier avec leurs enfants !
Loué soit Dieu pour tous ceux et toutes celles qui ont compris que le bien suprême de l’homme est la prière !
Loué soit Dieu qui transforme nos cœurs de glace en cœur de grâce lorsque l’Astre d’En-Haut, le Christ Jésus nous illumine et nous réchauffe !
5e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Job 7, 1-4.6-7; Ps : 146; 1 Corinthiens 9, 16-19.22-23; Marc 1, 29-39
Prédicateur : Mgr Pierre Farine
Date : 08 février 2015
Lieu : Eglise Notre-Dame des Grâces, Grand-Lancy, Genève
Type : tv
Cet évangile pourrait être intitulé: « 24 heures de la vie du Christ ». Il est d’abord à la maison où il guérit la belle mère de l’apôtre Pierre, puis des malades lui sont amenés pour qu’il les rencontre, leur annonce l’évangile et les guérisse, enfin plus tard, il se retire et parle à son Père dont il est la Parole vivante.
Toutes ces activités représentent une belle harmonie entre parole, prière, action caritative, dirions-nous aujourd’hui. La tradition de l’Eglise a toujours beaucoup admiré le Christ et proposé de l’imiter. Voici des actions concrètes qu’à notre tour, nous pouvons reproduire pour mieux ressembler au Christ. Il nous faut surtout en retenir trois qui s’appellent, se complètent l’une l’autre et constituent précisément une vie harmonieuse: guérir, proclamer la Bonne nouvelle, prier.
Guérir: Le Christ se rend chez Pierre et André et, là, il trouve leur belle mère au lit avec de la fièvre. Jésus s’approche nous dit l’écriture, il la saisit et la fait se lever. Ces gestes simples suggèrent que le Christ met debout. Et cela fait penser à la résurrection. Son geste non seulement guérit mais il ouvre à un service. L’évangile le dit explicitement: « Elle les servait ». Le Christ ne reste pas indifférent au malheur, à la détresse de cette femme: il s’en occupe. Il ne nous appartient pas d’imiter le Christ à la lettre: mais nous pouvons faire nôtre la conviction que le Christ ne peut pas rester indifférent à nos détresses, nos malheurs petits ou grands, il prête attention à chacun de nous.
Ainsi, nous aussi, nous avons à prendre soin les uns des autres: le miracle ne consistera pas de faire disparaître tout mal, mais de nous imprégner d’une attitude d’attention vis-à-vis de nos frères et sœurs, de service, de communion. Le baptême nous inscrit dans le peuple de Dieu: et c’est ensemble et nous portant et en nous supportant les uns les autres que nous avançons. Même malade, même dépendant, même âgé, même inutile, chacun peut par un geste infime, un regard, un sourire, un geste contenu prendre soin rendre courage, et aider celui de qui nous dépendons. Prendre soin et c’est ça le miracle n’est jamais à sens unique, mais toujours réciproque.
Proclamer la Bonne Nouvelle: cette expression vient souvent dans l’évangile de St Marc. Les auditeurs disent même « Jamais personne n’a parlé comme lui ». Mais qu’a donc dit le Christ pour que tous en soient émerveillés? Je vous signale qu’il s’agit de « proclamer » et non pas seulement dire, annoncer. Proclamer, c’est dire haut et fort pour que tout le monde entende et le dire avec conviction. Et surtout c’est une Bonne Nouvelle, dans le texte c’est écrit en majuscules: quand Jésus parle, c’est pour nous dire quelque chose d’important et qui nous fait avancer. Jésus proclame par ses paroles et ses actes. Le Royaume de Dieu est tout proche, il est là au milieu de nous puisqu’il est lui-même la Parole de Dieu.
Dites-moi, frères et sœurs, est-ce que nous réalisons que le Christ est maintenant présent ici dans cette église et partout où vous entendez cette parole? Son Royaume est là et il agit. Cette parole nous avons à la recueillir pour la continuer nous-mêmes. L’Eglise peut dire avec l’apôtre Paul: « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’évangile ». Chacun, chacune de nous avons à annoncer l’évangile. Il s’agit surtout d’avoir conscience que par notre baptême la présence du Père, du Fils et du Saint Esprit vit en nous. Le Royaume de Dieu a pris possession de nous. Une flamme nous habite. Proclamer la bonne nouvelle, c’est proclamer à chaque instant de notre vie qu’il est la vie de notre vie et qu’en tout état de cause, nous sommes en marche ensemble vers le Royaume.
La troisième harmonique: c’est la prière. L’évangile nous présente aujourd’hui une indication simple mais importante. Jésus se retire dans un endroit désert. La prière, hormis la prière communautaire, exige de faire un écart, de marquer une distance. Et l’endroit doit être un endroit désert: donc solitaire et dépouillé. C’est un lieu où le seul repère sera une conversation avec le bien aimé, un tête- à -tête. L’évangile ne nous dit pas quelles paroles ont été échangées entre le Christ et son Père, ni quels sentiments se sont exprimés. On sait que la prière pour nous est moment d’amitié, et surtout un moment passé ensemble un peu comme entre vieux amis. Un rendez-vous tout simple où l’on est l’un à côté de l’autre ou l’un en face de l’autre, où des mots sont échangés, où un subtil silence s’installe.
La tradition chrétienne parle de méditation et de contemplation: que ces mots ne nous impressionnent pas. Prier c’est tout simplement être avec: parce que c’est lui et parce que c’est moi.
Frères et sœurs, ne ratez pas ces rendez-vous sinon il manquera quelque chose d’essentiel dans votre vie. Ce sera comme une vie où ça boite. Peu importe de passer peu ou beaucoup de temps ensemble, l’important c’est la rencontre: si j’en crois le récit de l’annonciation, la rencontre entre Gabriel l’envoyé de Dieu et Marie a duré quelques minutes. Et pourtant quelle rencontre, puisqu’elle a bouleversé la surface de la terre. Prendre soin les uns des autres, proclamer la Parole de vie, vivre intensément la rencontre avec l’adorable Trinité, voilà trois harmoniques indispensables dans notre vie. Paix, harmonie et plénitude voilà ce que je vous souhaite.
Amen.
5e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Job 7, 1-4.6-7; Psaume 146; 1 Corinthiens 9, 16-19.22-23; Marc 1, 29-39