Prédicateur : Mgr Jean-Marie Lovey
Date : 27 juillet 2014
Lieu : Hospice du Grand-Saint-Bernard
Type : radio
Frères et sœurs, chers amis,
«Quand les hommes aiment Dieu» Ce pourrait être le titre évocateur d’un livre. C’est en réalité, l’ouverture merveilleuse de ce que nous avons entendu de la lettre aux Romains. Une sorte de porche d’entrée que St Paul nous propose de franchir. A partir de là, par cascades successives, par liens de cause à effet, quand les hommes aiment Dieu, ils accèdent à leurs plus grands rêves, à leur plus grand bien. Ils sont revêtus de la gloire même de Dieu.
Autrement dit, ils sont divinisés, deviennent comme Dieu. En réalité, c’est dès l’origine déjà que Dieu dépose en chacun une parcelle de lui-même. C’est ainsi que nous sommes créés à son image et ressemblance. Le cœur de l’homme est donc indéracinable ment religieux. Il cache ou porte en lui-même un trésor divin.
Jésus en parle dans l’Évangile de ce jour en termes de Royaume des cieux. Et lorsqu’il veut nous le faire comprendre il va utiliser un langage tout simple, mais d’une grande richesse.
Jésus parle en parabole et commence par nous dire que le Royaume est comparable à un trésor caché dans un champ. Quel enfant n’a jamais rêvé de découvrir un jour un trésor? Qui n’a jamais participé à une course au trésor? Les enfants sont capables d’imaginer des situations qui les mettent en alerte, en recherche.
Ils nous aident à comprendre à quel point tous, nous sommes des êtres de désir. Le trésor, on l’espère, on le cherche, on l’attend; puis, lorsque des indices se présentent, on les interprète pour mieux aboutir; quitte surtout à ne pas trop les dévoiler alentour: «l’homme de la parabole qui a découvert le trésor le cache de nouveau.»
Vous vous souvenez de ces jeux d’enfants, lorsqu’on orientait la recherche par ces simples expressions: C’est froid, c’est froid… Ça chauffe, c’est tiède, ça chauffe, ça brûle !» La proximité de la découverte faisait battre le cœur. L’homme de la parabole de ce jour qui a découvert le trésor le cache de nouveau. Et dans la joie, il met tout en jeu pour acheter le champ.
Quelle est donc la Bonne Nouvelle que nous annonce Jésus à travers cette histoire si simple, cette parabole ? Le but de cette parabole est, non seulement de nous révéler que le Trésor c’est le Royaume, mais de nous donner l’indice majeur pour le trouver.
L’indice le voici: ce trésor, il est en toi ; au plus profond de toi; au plus intime. La question qui demeure de pleine actualité pour chacun, me semble être celle-ci: Que faire d’un trésor découvert en soi ?
Parfois, il est bon de le recacher, pour le protéger momentanément. Oui, frères et sœurs, chacun porte Dieu en lui-même. Beaucoup n’en sont pas conscients. Toute l’œuvre de l’annonce de l’Évangile consiste à permettre à l’homme de rejoindre Dieu qui l’habite. Dans notre culture très dispersante et qui nous tient souvent à la surface des choses et de nous-mêmes, l’image de l’homme qui cache à nouveau le trésor, devient éloquente. En cachant à nouveau le trésor dans son cœur, l’homme favorise l’intériorité, la profondeur. Le trésor comme le secret du Roi, il faut savoir le garder (cf. Tob. 12,7).
Aujourd’hui, l’Évangile nous offre une deuxième parabole où le Royaume est comparé à un négociant en perles fines. Ici, ne sont pas les perles, si précieuses soient-elles, qui sont Royaume, mais le Chercheur. En effet, le Royaume ne peut pas être réduit à quelque chose qu’on a ou qu’on n’a pas. On ne possède pas le Royaume, c’est plutôt lui qui nous possède, si on veut bien y consentir.
Si le Royaume c’est le chercheur, c’est dire que Jésus veut mettre en valeur le dynamisme de ce qui est en gestation au fond de nous. Le fait de chercher, est la marque du croyant. Se mettre en marche comme nous l’avons fait avec quelques-uns depuis une semaine ou depuis hier matin, se mettre en marche manifeste que la recherche est au cœur de la vie de foi.
Vous êtes des marcheurs? Vous êtes des chercheurs? Vous êtes déjà des croyants. La marche elle-même devient parabole d’un acte de foi. Et nous avons tenté d’écrire cette parabole de notre existence avec nos pieds durant ce pèlerinage. Le Royaume des cieux est encore semblable à une marche en montagne.
Insensiblement, pas après pas, au rythme du plus faible c’est ensemble que les pèlerins se mettent en route et c’est ensemble qu’ils arrivent au terme. Jamais les uns sans les autres, comme il en sera au Paradis.
«Sans cesse tenté de m’installer et de vivre tranquille, tu me demandes Seigneur de monter vers toi, avec toute ma vie, avec tous mes frères, avec toute la création, dans l’audace et l’Adoration.
Amen
17e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques: Rois 3,5.7-12 13; Romains 8, 28-30; Matthieu 13, 44-52
