Homélie du 27 avril 2014

Prédicateur : Pape François
Date : 27 avril 2014
Lieu : Basilique Saint-Pierre, Rome
Type : tv

Au centre de ce dimanche qui conclut l’Octave de Pâques, et que Jean Paul II a voulu dédier à la Divine Miséricorde, il y a les plaies glorieuses de Jésus ressuscité.

Il les montre dès la première fois qu’il apparaît aux Apôtres, le soir même du jour qui suit le sabbat, le jour de la résurrection. Mais ce soir là Thomas n’est pas là ; et quand les autres lui disent qu’ils ont vu le Seigneur, il répond que s’il ne voyait pas et ne touchait pas les blessures, il ne croirait pas. Huit jours après, Jésus apparut de nouveau au Cénacle, parmi les disciples, et Thomas aussi était là ; il s’adresse à lui et l’invite à toucher ses plaies. Et alors cet homme sincère, cet homme habitué à vérifier en personne, s’agenouille devant Jésus et lui dit « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jean 20,28).

Les plaies de Jésus sont un scandale pour la foi, mais elles sont aussi la vérification de la foi. C’est pourquoi dans le corps du Christ ressuscité les plaies ne disparaissent pas, elles demeurent, parce qu’elles sont le signe permanent de l’amour de Dieu pour nous, et elles sont indispensables pour croire en Dieu. Non pour croire que Dieu existe, mais pour croire que Dieu est amour, miséricorde, fidélité. Saint Pierre, reprenant Isaïe, écrit aux chrétiens : « Par ses plaies vous avez été guéris » (1 Pierre 2,24 ; Cf. Isaïe 53,5).

Jean XXIII et Jean Paul II ont eu le courage de regarder les plaies de Jésus, de toucher ses mains blessées et son côté transpercé. Ils n’ont pas eu honte de la chair du Christ, ils ne se sont pas scandalisés de lui, de sa croix ; ils n’ont pas eu honte de la chair du frère (Cf. Is 58,7), parce qu’en toute personne souffrante ils voyaient Jésus. Ils ont été deux hommes courageux, remplis de la liberté et du courage (parresia) du Saint Esprit, et ils ont rendu témoignage à l’Église et au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde.

Il ont été des prêtres, des évêques, des papes du XXème siècle. Ils en ont connu les tragédies, mais n’en ont pas été écrasés. En eux, Dieu était plus fort ; plus forte était la foi en Jésus Christ rédempteur de l’homme et Seigneur de l’histoire ; plus forte était en eux la miséricorde de Dieu manifestée par les cinq plaies ; plus forte était la proximité maternelle de Marie.

En ces deux hommes, contemplatifs des plaies du Christ et témoins de sa miséricorde, demeurait une « vivante espérance », avec une « joie indicible et glorieuse» (1 Pierre 1,3.8). L’espérance et la joie que le Christ ressuscité donne à ses disciples, et dont rien ni personne ne peut les priver. L’espérance et la joie pascales, passées à travers le creuset du dépouillement, du fait de se vider de tout, de la proximité avec les pécheurs jusqu’à l’extrême, jusqu’à l’écœurement pour l’amertume de ce calice. Ce sont l’espérance et la joie que les deux saints Papes ont reçues en don du Seigneur ressuscité, qui à leur tour les ont données au peuple de Dieu, recevant en retour une éternelle reconnaissance.

Cette espérance et cette joie se respiraient dans la première communauté des croyants, à Jérusalem, dont nous parlent les Actes des Apôtres (Cf. 2, 42-47). C’est une communauté dans laquelle se vit l’essentiel de l’Évangile, c’est-à-dire l’amour, la miséricorde, dans la simplicité et la fraternité.

C’est l’image de l’Église que le Concile Vatican II a eu devant lui. Jean XXIII et Jean Paul II ont collaboré avec le Saint Esprit pour restaurer et actualiser l’Église selon sa physionomie d’origine, la physionomie que lui ont donnée les saints au cours des siècles. N’oublions pas que ce sont, justement, les saints qui vont de l’avant et font grandir l’Église. Dans la convocation du Concile, Jean XXIII a montré une délicate docilité à l’Esprit Saint, il s’est laissé conduire et a été pour l’Église un pasteur, un guide-guidé. Cela a été le grand service qu’il a rendu à l’Église ; il a été le Pape de la docilité à l’Esprit.

Dans ce service du Peuple de Dieu, Jean Paul II a été le Pape de la famille. Lui-même a dit un jour qu’il aurait voulu qu’on se souvienne de lui comme du Pape de la famille. Cela me plaît de le souligner alors que nous vivons un chemin synodal sur la famille et avec les familles, un chemin que, du Ciel, certainement, il accompagne et soutient.

Que ces deux nouveaux saints Pasteurs du Peuple de Dieu intercèdent pour l’Église, afin que, durant ces deux années de chemin synodal, elle soit docile au Saint Esprit dans son service pastoral de la famille. Qu’ils nous apprennent à ne pas nous scandaliser des plaies du Christ, et à entrer dans le mystère de la miséricorde divine qui toujours espère, toujours pardonne, parce qu’elle aime toujours.»

Messe de canonisation de Jean XXIII et Jean Paul II

Dimanche de la miséricorde

Lectures bibliques : Actes 2, 42-47;1 Pierre 1, 3-9; Jean 20, 19-31

Homélie du 20 avril 2014

Prédicateur : Abbé Bernard Allaz
Date : 20 avril 2014
Lieu : Eglise de Farvagny
Type : radio

Pâques brille ce matin ! « Le Seigneur est ressuscité. Il est vivant alléluia ! » L’évangile de saint Jean nous surprend ! C’est à une femme, Marie-Madeleine que le mystère de la résurrection est signifié. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis. » Jn 20, 2 Elle va le dire à Pierre, il court avec Jean au tombeau. Celui-ci arrivant le premier attend, se penchant, voit que le linceul est resté là. Il attend Pierre. Ils entrent ensemble, Pierre ne comprend pas. Mais Jean vit et il crut. Pourquoi, lui comprend, tout simplement parce se mettant en prière avant d’entrer il s’est souvenu de la Transfiguration de Jésus au Thabor. En redescendant Jésus leur avait ordonné « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » Mt 17, 9

Notre Saint Père François nous invitait récemment à nourrir notre vie par la Bonne Nouvelle. Ayez toujours un évangile dans votre poche et lisez de temps en temps un petit passage. Connaître, méditer la Parole ne peut que nous conduire à la foi et nous engager à donner notre vie pour que fleurisse partout, la justice, le pardon, le partage, la solidarité, le respect et le bonheur.

Ce matin, avant de relire l’homélie que j’avais préparée pour cette messe radiodiffusée, ouvrant mes mails, je découvrais cette magnifique méditation que je vous partage, en lieu et place de ce que j’avais rédigé. Elle fait partie de la retraite, proposée par Notre-Dame du Web, Carême dans la Ville, méditation de Pâques de Frère Jacques Dorvault, dominicain, prieur du couvent du Caire.

Où donc est Dieu ? Il est toujours plus loin.
Il est ressuscité d’entre les morts
et voilà qu’il vous précède en Galilée ;
c’est là que vous le verrez. Mt 28, 7

Avec Pierre et Jean, tu es là, devant le tombeau et Jésus n’est plus où on l’avait mis. Et pourquoi en être surpris ? Tu savais bien qu’on n’enferme pas Dieu, ni dans un trou, ni dans les temples ou les églises, ni dans des livres, ni dans un linceul, ni dans aucun rite, fût-il funéraire, car même la mort ne peut le retenir. Jésus n’est pas là où ses disciples pensaient le trouver, comme d’habitude, et c’est bien ce qui manifeste qu’il est Fils de Dieu. Comme son Père, il est absolument libre, il est vivant.

Le tombeau vide te dit d’abord cela : la vie est ailleurs. La vie de Dieu est ailleurs. Christ est ressuscité et la vie nouvelle que Dieu t’offre n’est pas dans le silence de tes tombeaux, elle est ailleurs. Peut-être dans le bruit de ton quotidien, au travail, à la maison, dans les paroles échangées, dans les repas partagés, dans tes rencontres.

La vie de Dieu n’est pas non plus dans les choses que tu as acquises, les chemins que tu as déjà parcourus au cours de ton existence, et sur lesquels tu te retournes avec satisfaction, ou avec tristesse, elle est plus loin, au devant de toi, sur le chemin qu’il te reste à faire.

Le Christ est ressuscité, et ce n’est pas pour que tu restes en adoration devant un sépulcre vide. Il t’entraîne à sa suite, de la mort à la vie, pour que tu sortes du tombeau de tes immobilismes, de tes tristesses, de tes culpabilités, et que tu te mettes en marche, pour aller plus loin. En toi-même, dans ta vie et même, tu le sais, au-delà. Vers le Père. Toujours plus loin. Parce que c’est ça, la vie avec Dieu.

Tu es devant le tombeau vide et, s’il est vide, c’est aussi pour que tu aies le choix. Le tombeau vide c’est aussi le signe de la liberté que Dieu veut pour toi. Tu es là, face au vide du tombeau et ce vide te donne le choix. Croire ou ne pas croire.

Pierre et Jean ont cru. Et toi ? Au diable les comparaisons et de savoir qui a la foi la plus forte, qui est le plus grand. Cela ne t’avancera à rien. Pose toi simplement cette question : Tu aimes proclamer que Christ est ressuscité. Et c’est vrai. Mais, qu’en est-il dans ta vie ?

Tu chantes « Christ est mort et ressuscité pour toute l’humanité »… mais, ton humanité à toi, dans toutes ses dimensions, est-elle vraiment illuminée par cette nouvelle ?

Le corps du Christ n’est plus dans le tombeau. Il en est sorti, il est en marche, il témoigne, il soulage, il guérit, il aime. Et ce corps du Christ ressuscité, vivant et libre, pour le monde aujourd’hui, sois en sûr, c’est toi, c’est nous, c’est l’Église de tous ceux qui le cherchent. Toujours plus loin. ALLELUIA !

Oui, le Ressuscité a besoin de chacun de nous pour que son message soit annoncé dans le monde. Commençons par nourrir notre vie de la prière d’action de grâce, par une attention particulière pour chacun en écoutant, encourageant, en soutenant et en entourant nos proches. Engageons- nous, là où nous vivons, pour plus de justice, de vérité, de respect dans le monde. Que la solidarité nous donne de ressusciter chaque jour en donnant la joie de l’Evangile à tous.

A tous, surtout à vous les auditeurs, joyeuses et saintes fêtes de Pâques. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie. Amen. Alléluia !»

Fête de Pâques

Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Colossiens 3, 1-4; Jean 20, 1-9

Homélie du 20 avril 2014

Prédicateur : Don Italo Molinaro
Date : 20 avril 2014
Lieu : Collégiale de Bellinzone, Tessin
Type : tv

Les grandes vedettes du spectacle et du sport attirent les foules quand elles se font proches des gens simples et modestes. Pensons par exemple à la manière dont est admiré un grand champion qui crée une fondation pour des enfants pauvres. C’est l’histoire de la pierre rejetée, celle dont nous parle le psaume de ce dimanche de Pâques: la pierre qui soudain devient la «pierre d’angle» et est «une merveille devant nos yeux».

Cette pierre – nous le savons – c’est Jésus. Si nous le comparons aux grandes vedettes, lui est la plus grande «vedette» non seulement parce qu’il est vraiment Dieu, mais surtout parce qu’il était proche des plus petits. Pourtant, à la différence des célébrités, chez nous sur le Vieux Continent, Jésus ne génère pas beaucoup d’émerveillement et de foi. Au fond, le pape François attire davantage que Jésus…

Peut-être que le moment d’humilité que nous sommes en train de vivre dans la foi est positif, car l’admiration que nous vouons à une grande vedette est une chose, mais la vraie foi en Jésus Sauveur en est une autre! Et c’est de cette humble foi pascale dont j’aimerais vous parler aujourd’hui.

Nous sommes ici pour célébrer Jésus ressuscité et nous croyons en lui avec amour.

Mais réfléchissons-y bien: comment Jésus nous a-t-il attiré? Comment est née en nous la merveille de la foi? Et comment pourrait-elle s’amorcer pour tant de sœurs et tant de frères de notre temps?

Cherchons une inspiration dans l’Evangile de ce matin de Pâques, dans la course du disciple sans nom et de Pierre vers la tombe de Jésus.

En Israël les tombes ont été considérées comme le royaume de l’obscurité éternelle des morts qui ne s’ouvrirait jamais ouvrir et dont on ne ressortait jamais. Les tombes n’étaient donc pas un lieu où l’on pouvait entrer. Il s’agissait de lieux fermés pour toujours.

C’est pourquoi le geste de Pierre et du disciple était déjà risqué, puisqu’ils entrent dans le tombeau pour regarder.

Mais le message est dans ce paradoxe: dans le monde des morts, sans lumière et sans vie, la lumière de la foi s’allume.

En effet, après entré dans le tombeau, le disciple «vit et crut».

Observons d’un peu plus près cette affirmation: en théorie, c’est une absurdité! Comment est-ce possible que l’absence constatée de Jésus nous amène à la foi?

J’aimerais vous rendre attentif à ce détail. L’évangéliste est très précis: le disciple n’a pas cru après avoir bien lu la Bible.

La phrase du commentaire est claire: «Ils n’avaient pas vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts».

Méditer sur ces prophéties anciennes, relire l’aventure de Jésus à la lumière de la Bible… cela s’est fait uniquement dans ce que nous pourrions appeler la «deuxième phase».

Mais ici, au matin de Pâques, dans le tombeau, avec les linceuls et le suaire bien pliés, nous sommes encore à la «première phase»: quelque chose attire le disciple, précisément dans ce tombeau ouvert, vide et sombre, et ce n’est pas encore la victoire, ce n’est pas encore l’apparition de la grande vedette ressuscitée. Ce premier «croire» vient simplement de la constatation du vide.

Mais revenons à nous, aujourd’hui. Cela fait aussi partie de notre expérience de vie que d’entrer dans le vide et de nous rendre compte de nos limites! Et quand l’homme touche le fond, lorsqu’il atteint ses limites, lorsqu’il reconnait vraiment toutes ses faiblesses, que lui arrive-t-il?

C’est un moment très délicat, dans lequel, si nous lui faisons de la place, peut naître une foi profonde. L’humilité d’une expérience de faiblesse pousse vers l’unique direction possible pour s’en sortir: avoir confiance. Si, en constatant sa faiblesse, l’homme ne passe pas à la confiance, il plonge vraiment vers le vide. Si au contraire il réagit, il voit que la seule issue possible, c’est de faire confiance et de croire. Voici la «merveille devant nos yeux»!

L’évangéliste Jean montre une grande sensibilité au visuel. Dans son évangile, le «voir» indique un contact très intime avec la limite humaine, avec notre pauvreté. Et le message de Jean est extraordinaire: si l’homme voit vraiment sa propre limite, ce contact visuel fait briller une étincelle qui est déjà un «croire»! «Voyez et croyez»!

Avant la foi solide, la foi pensée, la foi formée, il y a en somme une foi élémentaire, instinctive, qui naît au contact avec ce que nous sommes en profondeur, y compris notre fragilité humaine.

Si nous fuyons notre propre limite, si nous la masquons, si nous faisons semblant de ne pas la voir, nous ne croirons jamais.

Par contre si nous assumons nos limites, si en fait, pour le dire ainsi, nous entrons courageusement dans le tombeau, alors il peut se passer aujourd’hui aussi pour nous un miracle de foi.

Peut-être que parfois nous, les prêtres, nous sous-évaluons cette «foi profonde» présente dans la vie quotidienne de tant de personnes! Nous voulons immédiatement une foi institutionnelle, formée, instruite, ecclésiale, adulte.

Nous voulons tout de suite une foi «de Pentecôte», lorsque Pierre annonce que Jésus est le «juge des vivants et des morts», comme nous le rappelaient les Actes des apôtres. Mais, dans cette page de Jean, nous sommes seulement au matin de Pâques, et au matin de Pâques la première foi était d’une autre nature: certes plus humble, mais beaucoup plus fondamentale. Pourquoi ne savons-nous pas reconnaître et valoriser aujourd’hui ce type de foi? Nous sommes trop exigeants en matière de foi et nous ne savons pas apprécier l’élan de foi de ceux qui «voient et croient» simplement!

Chers amis, en ce matin de Pâques rappelons-nous des moments durant lesquels la foi a surgi en nous avec candeur et émotion. Nous nous sommes abreuvés à cette foi comme à une source fraîche de montagne! Notre cœur a vu quelque chose de nous et de la vie qui nous a poussés malgré tout vers la confiance. Nous avons pu faire l’expérience que la limite n’est pas tout et que ce Jésus dont nous savons peu de choses, est vraiment vivant parmi nous.

Ensuite, la première gorgée à la source fraîche nous pousse à continuer notre chemin pour consolider la foi et la rendre plus précise. Le passage de l’évangile poursuit en nous montrant comment Jésus s’approche de Marie de Magdala, comment il l’appelle par son nom et comment elle le reconnaît.

Saint Paul exprime toute sa foi adulte lorsqu’il chante «Christ notre vie»! La voilà, la foi qui grandit, la foi qui devient rencontre de l’amour.

Et aujourd’hui tant de croyants se sentent vraiment appelés au nom du Ressuscité, ils se sentent vraiment aimés. Mais n’oublions pas l’origine mystérieuse de la foi, qui est déposée dans la profondeur d’un humble vide, qui un jour s’est ouvert à une confiance fondamentale.

Nous devrions apprendre davantage à descendre dans la profondeur de notre limite. Nous devrions nous exercer à accueillir avec humilité notre petitesse, parce que si nous le faisons, le désespoir ne naîtra pas en nous, mais l’espérance et l’attraction vers un salut possible. Dans l’instant de ce «voir», naît déjà le miracle de la foi, et tant de personnes pourraient témoigner que c’est exactement ce qu’elles ont vécu.

Nous qui, aujourd’hui, célébrons cette eucharistie pascale, nous sommes ici avec notre foi parce qu’un jour quelque chose en nous a commencé. Si, en revanche, nous sommes ici uniquement par tradition ou par doctrine, nous avons besoin d’une secousse, nous avons besoin de retoucher à notre limite, de recommencer dans l’humilité et de ressentir radicalement notre besoin d’être sauvé.

La foi de celui qui n’a pas confiance peut partir déjà d’un contact visuel simple et sincère avec son propre vide, avec sa propre limite. Mais même la foi de celui qui a déjà cheminé, a besoin toujours et à nouveau de sentir notre être petit et vide afin de renaître et de grandir.

C’est seulement comme cela que le Christ pourra être vraiment «notre vie».

Amen.

(traduction: Concetta di Cicco et Bernard Litzler)

Homélie du 18 avril 2014

Prédicateur : Abbé Bernard Allaz
Date : 18 avril 2014
Lieu : Eglise de Farvagny
Type : radio

Depuis ce vendredi-là

Oui, depuis ce vendredi-là, tout a changé dans le monde. Un choc, Jésus est mort ! Il est mort sur une croix. Comme le dernier des derniers. Il a pourtant apporté à chacun, lors de son passage sur la terre, un immense amour. La certitude, par la résurrection de la fille de Jaïre, par celle du fils de la veuve de Naïm et celle de son ami Lazare, qu’il était le maître de la vie et de la mort. Comment comprendre qu’il a été jusqu’à l’extrême de l’amour en donnant sa vie pour sauver tous les hommes ? Les chemins des « pourquoi ? », « à cause de quoi ? », « pourquoi nous ? » ne conduisent à rien, si ce n’est au doute qui nous enferme sur nous-même. Pour que la tristesse et le désespoir ne triomphent pas, ouvrons notre cœur et faisons nôtre ce grand mystère.

« Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. »

Mettons-nous à l’écoute de la foi de celle qui nous a ouvert le chemin de la petite voie de sainteté.

Quelques années après la « Crucifixion en jaune » peinte par Gauguin, où s’exprime l’ardente dévotion des Bretonnes, une jeune Carmélite, sainte Thérèse de Lisieux, écrivait son « acte d‘offrande », dont voici un extrait:

Je vous remercie, ô mon Dieu! de toutes les grâces que vous m’avez accordées, en particulier de m’avoir fait passer par le creuset de la souffrance. C’est avec joie que je vous contemplerai au dernier jour portant le sceptre de la croix; puisque vous avez daigné me donner en partage cette Croix si précieuse, j‘espère au Ciel vous ressembler et voir briller sur mon corps glorifié les sacrés stigmates de votre Passion…

Après l’exil de la terre, j’espère aller jouir de vous dans la Patrie, mais je ne veux pas amasser de mérites pour le Ciel, je veux travailler pour votre seul Amour, dans l’unique but de vous faire plaisir, de consoler votre Cœur Sacré et de sauver des âmes qui vous aimeront éternellement.

Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre Justice, et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même. Je ne veux point d’autre Trône et d’autre couronne que Vous, ô mon Bien Aimé !…

A vos yeux le temps n’est rien, un seul jour est comme mille ans, vous pouvez donc en un instant me préparer à paraître devant vous…

Afin de vivre dans un acte de parfait Amour, je m’offre comme victime d’holocauste à votre amour miséricordieux, vous suppliant de me consumer sans cesse, laissant déborder en mon âme les flots de tendresse infinie qui sont renfermés en vous et qu’ainsi je devienne martyre de votre Amour, ô mon Dieu…

Sainte Thérèse de Lisieux

Cet acte d’offrande nous interpelle. Il nous engage à suivre Jésus jusqu’au bout du chemin, surtout si dans nos vies les épreuves sont nombreuses. Ne l’oublions jamais, Jésus nous a dit : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. » Lc 9, 23-24

Lorsque tu portes ta croix n’oublie jamais que lui aussi est avec toi. Il notre Simon de Cyrène et bien plus. Lorsque tu souffres, appuie ton visage sur le bois et tu découvriras qu’il est là. En général silencieux, comme l’ami véritable. Rarement parlant mais parfois te disant courage, confiance, continue d’avancer je suis avec toi. Et alors un ami surviendra pour partager ta souffrance. N’aies pas peur de pleurer ! De partager ta douleur ! « Toute peine partagée est une peine soulagée. » affirme le proverbe et le bon sens de la vie.

Pour avoir la chance de vivre un moment si fort. Il faut régulièrement fréquenter le Crucifié. N’ayez pas peur de lever votre regard vers le Christ en croix. Chaque crucifix, chaque chemin de croix nous offre un message. Beaucoup ne nous touchent pas, ils nous laissent indifférent et pourtant… Tant de croix sur les routes des hommes. Elles rappellent les missions du passé, un accident, l’affirmation de la foi, … Les plus connues sont vénérées car pour des saints elles ont parlé. Que ce soit celle de saint François ou de Don Camillo pour ne citer que les plus familières. Chacun un jour, rencontre Jésus crucifié en contemplant un crucifix.

Dans mon enfance, c’est par le chemin de croix de Longeborne, près de Bramois où ma grand-maman, Marie, allait souvent demander des grâces, que j’ai vécu la découverte cette dévotion. Elle nous conduit par la communion aux souffrances de Jésus, au partage de la douleur des proches. L’après chemin de la croix était toujours une source de rencontres, de solidarité, d’amitié et chacun repartait avec l’espérance dans son cœur.

Dans ma vie de prêtre, notre Evêque Pierre Mamie, en 1981, m’a confié la paroisse de Belfaux. En service d’aumônerie militaire le jour de la parution de cette nomination, un soldat me dit : « Je te salue, curé du Saint Crucifix. » Du Saint Crucifix, je n’en ai jamais entendu parler. Mon étonnement était grand. Qu’a-t-il de plus que les autres ? Une chance immense pour ma vie de prêtre que ce bonheur de le découvrir et de partager avec lui douze années de ministères.

**Datant de la fin du XIIIe siècle, le saint Crucifix de Belfaux, célèbre par les grâces obtenues, est l’un des plus anciens du pays. Les reliques qu’il renfermait devaient attirer les pèlerins bien avant l’incendie qui réduisit l’église en cendres vers 1470, mais qui laissa le crucifix « complètement indemne » au milieu et au-dessus des tisons enflammés ». L’authenticité de ce miracle fut reconnue le 2 juin 1478 par Mgr Benoît de Montferrand, évêque de Lausanne, par un acte rédigé en latin et conservé dans les archives de la paroisse de Belfaux.

Touché en plein cœur par ce signe source de foi, de confiance et d’espérance j’ai désiré le faire connaître dans le monde entier. En préparant un petit carnet de prière, « Au pied de la Croix prions…» j’ai découvert que le Crucifié apportait guérison, conversion, courage et que son visage invitait à la confiance. Qu’en le regardant, en se plaçant différemment à ses pieds, il nous adressait un message nouveau. J’ai reçu de nombreux témoignages et j’ai été témoin de miracles. Sa présence habite mon cœur de prêtre. Ensemble, nous vivons une belle aventure.

Lors de la restauration du pèlerinage et de la consécration du nouvel autel en 1986, toute la communauté s’est mobilisée. Le vendredi soir, des processions sont parties de tous les villages de la paroisse avec une croix confectionnée et portée par les jeunes. Le Seigneur nous avait bénis d’une pluie abondante. La ferveur nous a fait surmonter ce désagrément. Mais dans la nuit de samedi à dimanche, Christophe est mort, d’une méningite foudroyante. Ce fut la consternation. Il avait porté la croix durant la procession. En mon cœur la révolte, rentrant de la famille, vers quatre heures du matin j’ai été prier au pied du Crucifix, lui faisant de vifs reproches. … Il m’a répondu qu’il m’aiderait à trouver les paroles de consolation, de confiance et d’espérance pour la famille, les jeunes et tous. Il a tenu parole ! En cette circonstance et en beaucoup d’autres. Je n’ai jamais célébré sans un long regard porté sur son visage.

A la fin d’une messe, un grand-père, du foyer St-Germain à Gruyères, m’invite dans sa chambre pour me montrer un crucifix qu’il avait sculpté. Ce qui m’a frappé en le contemplant, le visage de Jésus, c’était celui de l’artiste. Il a pris peur. Mais non, nous sommes faits à son image !

Une grande joie en arrivant, l’automne dernier, dans l’unité pastorale de Saint Protais, au Gibloux, sur chaque autel, une belle croix de St-Damien. Cette croix qui a parlé à St-François : « Va, reconstruis mon Eglise ! » C’est notre mission à tous, rejoindre celui qui souffre, l’écouter, cheminer avec lui, le porter dans la prière avec la communauté et veiller ensemble à ce que chacun soit respecté, accueilli, accompagné et aimé. C’est l’appel que je ressens en ce Vendredi-Saint. Que nous soyons tous témoins de l’espérance et de la joie de l’Evangile au cœur de nos communautés, de nos familles et milieu de vie. N’ayons pas peur de faire un chemin de croix, de prendre un crucifix dans la main. Nous rencontrerons notre Sauveur et par lui nous serons envoyés vers les autres.

(Court moment de silence)

Après vous avoir partagé la place de la croix dans ma vie. De tout cœur, je vous partage la richesse des sept paroles de Jésus sur la croix. Elles sont les sources vives de mon ministère

« Père, pardonne-leur,
parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. » Lc 23, 24
A tout péché, miséricorde. N’est-ce pas folie pour le monde d’aujourd’hui ! Pourtant un jour, il faut pardonner. La paix du cœur, la santé, la tranquillité sont à ce prix. Pour agir ainsi, il faut une foi profonde et une miséricorde sans limite.
Lorsque je suis à Auschwitz, avec les pèlerins que j’accompagne, en Pologne, je lis cette prière :

« Seigneur,
lorsque tu reviendras dans ta gloire,
ne te souviens pas seulement
des hommes de bonne volonté,
souviens-toi également
des hommes de mauvaise volonté.

Mais ne te souviens pas alors
de leurs cruautés,
de leurs sévices et de leurs violences.

Souviens-toi des fruits
que nous avons portés,
à cause de ce qu’ils nous ont fait.

Souviens-toi de la patience des uns,
du courage des autres,
de l’humilité, de la grandeur d’âme
et de la fidélité
qu’ils ont réveillés en nous.

Et fais, Seigneur, que les fruits
que nous avons portés
soient un jour leur REDEMPTION. »

Prière retrouvée dans la poche de la veste d’un juif qui a passé à la chambre à gaz.

Demandons en ce vendredi-saint ce même courage et ayons à cœur de tout pardonner, de prier pour ceux qui nous ont offensés.

Le bon larron :

« Jésus, souviens-toi de moi
quand tu viendras inaugurer ton règne. »

Jésus répondit :
« Amen, je te le déclare, aujourd’hui,
avec moi tu seras dans le paradis. » Lc 23, 42-43

Que de questions lors d’un décès, mais où vont nos bien-aimés, sont-ils dans le Royaume ? Cette affirmation de notre Sauveur en Croix, nous permet d’être sûrs que les bras de Dieu s’ouvriront pout eux. Comme l’affirme ce cantique, source d’espérance. En Bulgarie, au monastère de Rila, entièrement décoré par des fresques, sur la gauche, avant d’entrer dans l’église, il y a le bon larron, seul au paradis. Il attend la venue de Jésus-Ressuscité. Il est arrivé avant lui. Jésus-ressuscité a fait le détour par le shéol, l’enfer de notre credo.

Au cœur de notre prière plaçons chaque jour une demande de pardon et les portes du paradis seront toujours ouvertes. N’ayons pas peur ! L’important est de donner sa vie en apportant à chacun la bienveillance.

Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère :

« Femme, voici ton fils. »
Puis il dit au disciple :
« Voici ta mère. » Jn 19, 26-27

Jésus nous fait un cadeau merveilleux. Pour que sa Mère ne soit pas seule. Il lui confie Jean, son apôtre fidèle, jusqu’au bout. Ecoutons la voix du Seigneur ! En chaque épreuve il nous envoie vers les autres. Il nous confie un être à aimer. Alors la blessure de la séparation devient petit à petit tendresse.

Dans mon ministère d’aumônier militaire, j’ai été témoin de la fécondité de cette parole. Un accident mortel de circulation, un jeune mort tragiquement vers 11h00 du matin. Le temps que nous arrivions avec le Colonel dans la famille, il était environ 17h00. La maman n’était pas à la maison, les petits enfants sont allés la chercher. Elle est arrivée en salopette. A la nouvelle, elle s’est écroulée, perdant connaissance. A son réveil, après un silence elle nous confie sa honte : « Jean-Marie est mort depuis onze heure ce matin et moi je ramasse des fruits. J’ai autre chose à faire ! Je ne remettrai plus mes habits de travail, j’irai visiter les malades, entourer les personnes âgées. Elle l’a fait jusqu’au bout de ses forces pendant plusieurs années. Elle sentait en son cœur que Jean-Marie était heureux qu’elle donne sa vie pour entourer les plus isolés.

« Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Mt 27,46 / Mc 15,34

Ce cri de Jésus rejoint tous les désespérés. Tous ceux qui, pourtant aimés, ont perdus le contact avec leurs proches. Souvent, ils vont jusqu’à l’extrême détresse et perdent leur vie. Veillons pour que personne autour de nous ne connaisse un si grand désespoir. Soyons à l’écoute de l’autre et favorisons leur engagement au service du prochain.

« J’ai soif. » Jn 19, 28

Seigneur, donne-nous soif de ta parole ! Bannis de nos cœurs les « à quoi bon ! », l’indifférence face à la souffrance. Donne-nous l’audace de vivre des 8ème et 9ème béatitudes : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. » Mt 5, 10-12

« Tout est consommé. » Jn 19.30

Don total de sa vie, simplement qui conduit à l’ultime parole.

« Père,
je remets mon esprit entre tes mains. » Lc 23, 46

Seigneur accorde-nous la joie, la paix du cœur pour qu’au soir de la vie tes paroles soient les miennes. Que je me remette entre tes mains en toute confiance. Donne-nous la joie de bien vivre notre vie au service de tous les hommes. Faisons nôtre cette prière :

Chrétiens et païens
Les hommes vont à Dieu dans leur misère,
Ils demandent du secours, du bonheur et du pain,
demandent d’être sauvés de la maladie,
de la faute et de la mort,
Tous font cela, tous, chrétiens et païens.
Des hommes vont à Dieu dans sa misère,
le trouvent pauvre et méprisé,
sans asile et sans pain,
le voient abîmé sous le péché,
la faiblesse et la mort.
Les chrétiens sont avec Dieu dans sa Passion.
Dieu va vers tous les hommes dans leur misère,
Dieu rassasie leur corps et leur âme de son pain;
Pour les chrétiens et les païens
Dieu souffre la mort de la croix,
et son pardon est pour tous, chrétiens et païens.

Dietrich Bonhoeffer

Notes :

La parole de Dieu de la nouvelle traduction liturgique.

L’acte d’offrande de Ste-Térèse de l’Enfant Jésus,

Manuscrit autobiographiques de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Lisieux, Office central de Lisieux. 1957, p 308-309.

Dietrich Bonhoeffer, Résistance et Soumission, Lettres et notes de captivité, p 367-368, Ed Labor et Fides, 1973»

Méditation pour la cérémonie de la Passion du Vendredi-Saint,

Lectures bibliques : Isaïe 52, 13 – 53, 12; Hébreux 4, 14-16 ; 5, 7-9; Jean 18, 1 – 19, 42

Homélie du 13 avril 2014

Prédicateur : Abbé François-Xavier Amherdt
Date : 13 avril 2014
Lieu : Eglise d’Hérémence, VS
Type : radio

DES RAMEAUX TOUJOURS VERTS

I INTRODUCTION

  1. Un jour c’est la meilleure équipe du pays. Quelque temps après, c’est une bande d’incapables. Au début de la saison le FC Sion visait le titre, ou au moins une place en coupes européennes. Aujourd’hui, plusieurs entraîneurs plus tard, il lutte péniblement contre la relégation. Et ça sent le roussi pour le très bon coach actuel Raimondo Ponte !
  2. Ainsi va la « gloire » humaine. Vous pouvez être adulé, porté aux nues. Et le lendemain hué et rejeté. Même un chef de choeur, après vingt-cinq ans d’excellents services, est parfois bien vite oublié, voire même critiqué après coup.
  3. Ainsi sont les foules, de nos jours comme il y a deux mille ans à Jérusalem. Ainsi sommes-nous.

II DEUX CORTÈGES CONTRASTÉS

  1. Au jour des Rameaux, un cortège triomphal. Les acclamations jaillissent de toutes les poitrines : « Hosanna, béni soit celui qui vient ! » Les gens se sont glissés allègrement dans l’ambiance de la kermesse. Pensez-donc, le triomphe du Messie national pointait à l’horizon !
  2. Le vendredi suivant, quel contraste ! Cette fois-ci, c’est le cortège pitoyable des condamnés au gibet qui gravissent la colline de leur supplice. Au milieu des cris de haine des mêmes foules : « Crucifie-le ! », des lances meurtrières, des silences dramatiques. Car ce Messie ne correspondait décidément pas du tout à ce que l’on attendait ! Les disciples organisateurs de la fiesta du dimanche précédent, s’étaient eux-mêmes bien vite dispersés…
  3. Absurde contradiction, incroyable renversement. Ces deux événements, dans leur contraste, traduisent la complexité de notre vie humaine, jamais linéaire, toujours en tension entre les succès et les échecs, entre les heures d’exaltation et les moments d’abattement, entre les consolations et les désolations. Pourtant, ils signifient la route inéluctable de Jésus. Trop déroutant pour être accueilli par les puissants du temps. Trop dérangeant pour correspondre sans autre à la volonté populaire. Ils signifient notre propre chemin : prendre notre croix à la suite du Christ et rester son disciple jusqu’au bout. Telle est notre voie spirituelle.
  4. Le cortège de Pâques

Mais surtout, ces deux événements ne se comprennent qu’à la lumière de l’aube de Pâques. Au-delà du succès éphémère de l’entrée à Jérusalem, au-delà de l’impasse du Golgotha. Jésus entre en cortège glorieux auprès de son Père, au matin de la Résurrection.

III DÉBUT DE LA SEMAINE SAINTE

  1. En ce dimanche, début de la Semaine Sainte, cette semaine à part qui nous conduit à Pâques, nous méditons le récit de la Passion, cette année, selon Matthieu. Entouré de palmes printanières, Jésus ne dit rien. Mais il est le roi monté sur un ânon,
  2. Vendredi Saint, nous entendrons la Passion selon Jean : couvert de crachats, couronné d’épines, Jésus ne dit rien. Mais il est le roi, juché sur le trône de la croix.
  3. Dimanche prochain, nous proclamerons le texte de la Résurrection : nimbé de la lumière, Jésus dit la parole définitive, le oui du Père à toute sa trajectoire. L’amour va plus loin. Plus loin que les hauts et les bas des états d’âme éphémères. Plus loin que les déceptions inévitables. Et même plus loin que la mort.

IV DES PALMES SUR UN CRUCIFIX

  1. C’est pour cela que nous plaçons les rameaux bénis sur nos crucifix, au-dessus de Jésus mort. Ces palmes sont comme les graines semées aujourd’hui pour le pain de demain. Elles sont signes d’espérance pour que la justice se transmette aux générations futures, ainsi que nous l’avons réfléchi tout au long du Carême avec l’« Action de Carême » et « Pain pour le prochain ».
  2. Ces rameaux toujours verts attestent que la vie l’emporte et que le Roi crucifié mérite nos constantes acclamations : « Hosanna au Fils de David ! » Pas pour un jour. Mais pour tout jour. Pas

Dimanche des Rameaux et de la Passion

Lectures bibliques : Procession des rameaux : Matthieu 21, 1-11

Passion : Isaïe 50, 4-7; Philippiens 2, 6-11; Matthieu 26, 14–27, 66 (ou brève : 27, 11-54)

Homélie du 06 avril 2014

Prédicateur : Abbé Pascal Desthieux
Date : 06 avril 2014
Lieu : Eglise Saint-Joseph, Genève
Type : radio

« La mort n’existe pas ! »

Chers paroissiens et chers auditeurs, vous vous souvenez peut-être de cet article paru dans le journal gratuit d’un grand distributeur, quelques jours avant la Toussaint (Magazine Coopération du 29 octobre 2013). C’était le témoignage de Jean-Paul Duc, qui a été cliniquement mort pendant près d’une heure à la suite d’une crise cardiaque.

Il décrit son expérience dans un livre (Jean-Paul Duc, Entre la vie et la mort, mon cœur balance, 2012.) : il s’est vu à côté de son corps inanimé, percevant les personnes s’agiter autour de lui. Un être très lumineux s’est approché et lui a tendu doucement la main, « une très belle main », pour l’emmener avec lui. Il n’a bien sûr pas continué ce chemin, puisqu’il est là pour nous raconter son expérience, et il est revenu à la vie quand sa femme a couru vers lui et s’est même jetée sur lui. Il a senti alors une immense chaleur.

Il ajoute : « Avant, j’avais une peur abominable de la mort. Aujourd’hui, cette peur a disparu. Complètement. Avez-vous peur d’un ciel bleu ? Si quelqu’un a peur de la mort, qu’il sache au moins que c’est inutile : il n’y a pas de mort. Quand vous la verrez, vous comprendrez. »

Lazare, lui, est resté quatre jours, mort, dans le tombeau. Grâce à l’intervention de Jésus, il revenu à la vie. Dommage, il n’a pas écrit de bouquin… Cela nous aurait beaucoup intéressés ! Car c’est la question la plus fondamentale de tout être humain : que se passe-t-il après la mort ?

La plupart du temps, les personnes qui ont vécu une expérience de mort imminente – elles sont nombreuses – témoignent d’une grande douceur, d’une profonde paix, alors qu’elles progressent vers une intense et chaude lumière. C’est très beau, et cela correspond tellement bien avec notre foi chrétienne en la résurrection.

Il est vrai aussi qu’il y a des témoignages, heureusement beaucoup moins nombreux, où ce passage a été vécu douloureusement. Peut-être dans un grand regret de tous les manques d’amour et les égoïsmes.

Saint Jean de la Croix disait : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour ». Il nous sera demandé, non pas de présenter nos diplômes, ni de déclarer tout ce que nous avons gagné, mais simplement : « As-tu aimé ? ».

Revenons à Lazare. Il est resté quatre jours dans le tombeau. Il faut donc préciser que ce qu’il a vécu dépasse largement les expériences de mort imminente. D’abord parce qu’il a été réellement mort. (Jésus le confirme : « Lazare est mort », et sa soeur Marthe le dit de manière très réaliste : « cela fait déjà quatre jours qu’il est dans le tombeau et il sent déjà »).

L’autre grande différence avec les témoignages que nous pouvons lire est que le Christ n’était pas encore ressuscité. Lazare a donc probablement été dans ce lieu de l’attente de la résurrection, lieu que l’on qualifiait généralement de « sommeil ». Jésus emploie d’ailleurs ce terme quand il dit : « Lazare s’est endormi, et je vais le tirer de son sommeil ».

Cela devait être aussi un lieu rempli d’espérance avec cette promesse rapportée par le prophète Ezéchiel : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple ».

« Ton frère ressuscitera », dit Jésus. Marthe répond selon l’espérance des Juifs de son temps : « je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection ». En relevant son ami Lazare, Jésus apporte un élément totalement nouveau : celui d’une résurrection imminente : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ». Désormais, puisqu’il va vaincre la mort, il n’y aura plus besoin d’attendre le dernier jour. Il est la résurrection.

Il nous permet de participer à cette résurrection par notre baptême, ce jour où nous avons été plongés dans la mort avec lui pour ressusciter avec lui. C’est ce qui faisait dire au cardinal Danneels, ancien archevêque de Bruxelles, qu’il y a deux dates fondamentales pour tout chrétien : la première est la résurrection du Christ, car depuis ce jour-là, la mort est vaincue. La seconde est notre propre baptême, puisque depuis ce jour-là, nous y participons.

À Marthe, Jésus avait demandé : « crois-tu cela ? » Cette question s’adresse à nous, et tout spécialement à vous les catéchumènes, qui serez baptisés dans deux petites semaines : croyez-vous que le Christ est la résurrection et la vie ?

Par notre baptême, nous avons déjà part à sa Résurrection, nous vivons du Ressuscité, avec lui et en lui. Bien sûr, il nous faudra encore passer par la mort physique pour que notre résurrection soit pleinement accomplie.

Vous me direz que vous n’êtes pas forcément pressés… Je repense à un brave paysan, plein de bon sens, qui disait : « Seigneur, c’est quand tu voudras, mais pas avant ! ».

En attendant de mourir, il nous reste à « vivre » cela, à « croire » cela. Ceux qui ont vécu une expérience de mort imminente témoignent qu’ils ne vivent plus de la même manière après ce moment si décisif de leur vie. Ils n’ont en général plus aucune peur de la mort et appréhendent la vie de manière très différente, en mettant beaucoup plus de priorité sur ce qui est essentiel.

Il devrait en être de même pour nous tous qui croyons au Ressuscité, et qui nous préparons à une expérience non pas de mort mais de résurrection imminente ! Nous ne devrions logiquement plus mener une existence sans amour, sans espérance, sans joie partagée. La vie d’un croyant est pleine de résurrection, pleine de vie, pleine de joie. Et surtout, notre foi nous aide à ne pas avoir peur de la mort : elle ne sera pas le dernier chapitre de notre vie, mais l’avant-dernier avant la vie et le bonheur éternels.»

5e dimanche de Carême

Lectures bibliques : Ezéchiel 37, 12-14; Romains 8, 8-11; Jean 11, 1-45

Homélie du 30 mars 2014

Prédicateur : Abbé Pascal Desthieux
Date : 30 mars 2014
Lieu : Eglise Saint-Joseph, Genève
Type : radio

Chers paroissiens, chers choristes et chers auditeurs,

Avez-vous vu Sœur Cristina ? Elle fait le buzz sur Internet : plus de 36 millions de personnes ont vu la vidéo de son passage à la version italienne de The Voice, la recherche de la plus belle voix. L’émission commence par des auditions à l’aveugle : le candidat chante tandis que les jurés ont le dos tourné, et peuvent se retourner s’ils désirent accueillir le talent dans leur équipe. Et voilà cette sœur sicilienne de 25 ans qui commence à chanter. Et elle chante bien. Le public est enthousiaste. Les quatre jurés se retournent les uns après les autres, peut-être aussi par curiosité. Et c’est magnifique de voir leur surprise, les yeux équarquillés, la bouche bée quand ils découvrent que la chanteuse est une religieuse. Un des coaches en a même les larmes aux yeux.

Quel est le lien avec la guérison de l’aveugle né ? Il me semble que le dialogue qui va suivre l’audition ressemble un peu à l’interrogatoire de l’aveugle guéri.

Passé l’étonnement, la stupéfaction, on interroge la jeune religieuse : « Es-tu vraiment une sœur ? – Sono suora verissima : Oui, une vraie sœur ! – Mais qu’est-ce qui t’a pris de participer à The Voice ? – Eh bien, j’ai un don et je vous le donne, non ? » Tonnerre d’applaudissement. Mais l’interrogatoire continue : « Que va penser le Vatican de ta venue ici ? – Je ne sais pas, répond la sœur, mais je m’attends à un coup de fil du Pape François. Parce qu’il nous invite à sortir, à évangéliser, à dire que Dieu n’enlève rien et qu’au contraire, il nous donne encore plus ! » Vous voyez, elle ne se laisse pas démonter. Elle répond simplement, avec beaucoup de bon sens, comme l’aveugle guéri par Jésus. Et la réaction des coaches me fait penser à l’entourage de l’aveugle : ils sont étonnés, surpris, curieux. Mais est-ce que cela va aller plus loin ? Est-ce que cette rencontre inattendue va leur donner le profond désir de mieux connaître Celui qui est à l’origine de la guérison de l’aveugle et de la vocation de la religieuse ? « Si tu avais été là quand j’étais petit et que j’allais à la messe, j’aurais continué et aujourd’hui, je serais pape ! » Ce coache, qui avait les larmes aux yeux, a-t-il vraiment été touché ou s’amuse-t-il comme les autres de cette situation insolite.

Dans les commentaires des internautes, on voit aussi toutes sortes de réactions. Si la plupart sont enthousiastes et applaudissent, quelques courroucés écrivent : « Mais quelle honte ! Une religieuse ne devrait en aucun cas se rabaisser à participer à ce genre d’émission ! Sa place n’est pas là, mais au couvent… ». Dans l’Evangile aussi, il y en a qui s’indignent : « Quelle honte de faire une guérison le jour du sabbat ! Allez vous faire guérir les autres jours ! ».

Nous avons entendu cet Évangile à plusieurs voix. Je vous propose de regarder de plus près les différentes personnes ou groupes qui sont en cause.

Il y a d’abord les disciples, qui interrogent Jésus : « Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? ». S’il est comme ça, c’est qu’il l’a un peu cherché, non ? Avec une telle attitude, ils ne risquent pas de lui venir en aide.

Les disciples représentent ceux qui regardent l’autre de haut, et posent très vite un jugement sans chercher qui il est.

Après la guérison, il y a les voisins, qui ne vont pas au-delà du merveilleux. Ils sont surpris : « n’était-ce pas cet aveugle qui se tenait là pour mendier ? Comment ce fait-il qu’il voit maintenant ? Et où est-il ce Jésus ? » On ne sait pas. Et pour les voisins cela s’arrête là, ils ne vont pas chercher plus loin.

Les voisins représentent ceux qui sont étonnés, parfois même un peu curieux de ce qui provient des croyants, mais ça ne les touche pas plus que cela. La vie continue, on passe à autre chose.

Il y a ensuite les parents de l’aveugle guéri. Convoqués par les pharisiens, ils ne veulent pas se mouiller : « Effectivement c’est notre fils, il est bien né aveugle, mais comment il voit aujourd’hui, nous ne savons pas. Interrogez-le vous-même ». Ils ont peur de se faire exclure, alors que les exclusions de la synagogue sont rares à cette époque.

Les parents représentent ceux qui veulent bien croire un peu, mais à condition que cela ne leur cause aucun souci, aucun dommage. Ce sont ceux qui gardent leur foi de manière privée, sans prendre le risque de s’exposer comme chrétien.

Nous avons les pharisiens, qui vont de la discussion légaliste au refus et à l’exclusion. Ils intentent un procès. Ils interrogent l’aveugle guéri et ses parents, mais c’est bien le procès de Jésus qu’ils font. Celui-ci a transgressé une loi, celle du sabbat, en faisant même une double transgression puisqu’il a fait de la boue avec sa salive et il a guéri l’aveugle. Pour eux, c’est clair : « celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat ». L’aveugle guéri a beau leur expliquer que celui qui fait un tel acte de bienveillance ne peut pas être mauvais, rien n’y fait. Ils érigent une loi en principe absolu et condamnent tous ceux qui ne la respectent pas.

Les pharisiens représentent les plus légalistes d’entre nous, qui prenons le risque d’enfermer le pécheur dans son péché.

Nous arrivons à l’aveugle, qui fait tout un chemin de foi au cours de cet Évangile. Aveugle de naissance, il symbolise l’humanité plongée dans la nuit quand elle ne connaît pas Dieu. Il commence par obéir fidèlement au Christ, en allant se laver à la piscine de Siloé. Au moment de sa guérison, il sait juste que l’homme s’appelle Jésus. Au fil de sa confrontation avec les pharisiens, il comprend qu’il ne peut venir que de Dieu et il en conclut que c’est un prophète. Finalement, il rencontre Jésus, qui lui demande : « Crois-tu au fils de l’homme ? – Mais qui est-il ? – C’est lui qui te parle ». Il s’écrit alors : « Je crois, Seigneur ! ».

Cet aveugle guéri représente ceux qui se mettent en route, dans la foi, pour adhérer à Dieu et s’éloigner du mal. Parmi eux, nous pensons aux sept catéchumènes qui seront baptisés ici Pâques, et à tous les catéchumènes de Suisse Romande et du monde entier. Nous continuons de prier pour eux.

Jésus, enfin, est au centre de cet Évangile. Par cette guérison, il vient manifester l’action de Dieu, son œuvre de libération. Il donne dès le début la portée de ce miracle : « Je suis la lumière du monde ». Il dit être venu dans le monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. Au final, l’aveugle voit, tandis que les pharisiens sont qualifiés d’aveugles. Les coaches des « auditions à l’aveugle » ont ouvert tout grand les yeux quand ils ont découvert la religieuse qui chantait ; mais comme les proches de l’aveugle guéri, ils pourront vite redevenir aveugles s’ils ne vont pas plus loin que l’étonnement et la surprise.

Nous, ce matin, ouvrons les yeux à la lumière du Seigneur, qu’elle ne vienne pas juste nous émouvoir pour quelques instants, mais pénétrer au plus profond de nous-mêmes. Comme l’a dit saint Paul : « Vous étiez dans les ténèbres, mais à présent vous êtes devenus lumière dans le Seigneur. Conduisez-vous en enfants de lumière ».

4e dimanche de Carême

Lectures bibliques : 1 Samuel 16, 1b.6-7.10-13a; Ephésiens 5, 8-14; Jean 9, 1-41

Homélie du 23 mars 2014

Prédicateur : Abbé Pascal Desthieux
Date : 23 mars 2014
Lieu : Eglise Saint-Joseph, Genève
Type : radio

Chers enfants, chers paroissiens et chers auditeurs, cette réponse de Jésus à ses disciples qui ramènent le casse-croûte de midi m’a intrigué. Les disciples aussi sont très étonnés. Ils avaient laissé Jésus à l’ombre du puits le temps qu’ils aillent au village acheter de quoi manger. À leur retour, ils le voient discuter avec une femme ; ils en sont déjà très surpris. Celle-ci laisse sa cruche et court vers le village. Les disciples appellent Jésus : « Rabbi, viens manger », et voilà qu’il répond : « pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas ». Comme nous, les disciples se demandent : quelle est cette nourriture ? Est-ce que quelqu’un lui aurait apporté à manger ?

Réponse de Jésus : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre ». C’est clair, il parle d’une autre nourriture, qui rassasie plus que celle qui ne nourrit que pour un temps. De même, il venait de parler à la Samaritaine d’une autre boisson qui étanche vraiment la soif et peut devenir en elle « source jaillissante pour la vie éternelle ».

Mais alors, quelle est cette nourriture que les disciples ne connaissent pas et cette eau que Jésus donne pour qu’elle devienne source jaillissante de vie ?

Cette nourriture, dit Jésus, c’est de faire la volonté du Père qui l’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Jésus reconnaît que ce jour-là, la volonté du Père et son œuvre de salut passe par cette rencontre avec une femme, une étrangère, une non-juive. L’œuvre du Père s’accomplit par ce dialogue, parce que la Samaritaine va accomplir en quelques minutes un véritable chemin de conversion : cet étranger, qui n’était au départ qu’un juif, elle va d’abord le reconnaître comme un prophète, avant que Jésus lui révèle qu’il est lui-même le Messie.

Au final, c’est comme si Jésus disait : cette rencontre, elle m’a vraiment nourri. Nous aussi pouvons en faire l’expérience quand nous vivons une belle rencontre, profonde, nourrissante : la nourriture devient secondaire, parce que nous sommes nourris autrement.

Pour cette Samaritaine, cette rencontre va transformer sa vie. Cette femme reste une Samaritaine, avec son histoire, mais avec cette rencontre, elle devient quelqu’un de beaucoup plus grand. C’est elle qui va amener des gens de son village à découvrir aussi cette nouvelle source. Avez-vous remarqué qu’elle repart sans sa cruche ? Pourtant, elle avait marché, aux heures les plus chaudes du jour, jusqu’à ce puits dans un seul but : ramener de l’eau au village. Et voilà que cette eau devient totalement secondaire. Elle a découvert une autre eau qui étanche vraiment la soif.

Cet Évangile nous offre ce matin une belle occasion de nous demander : qu’est-ce qui nous nourrit vraiment ? Qu’est-ce qui étanche vraiment notre soif ? Quelles sont ces rencontres qui sont vraiment nourrissantes ? Ces temps de prière, de méditation qui apaisent notre soif. Ces lectures spirituelles qui nous nourrissent. Et une fois que nous avons commencé à les nommer, c’est important de leur donner la priorité. Car nous perdons tellement de temps à plein d’autres choses beaucoup plus futiles.

Cela me fait penser à cette histoire que vous connaissez peut-être.

Un jour un vieux professeur fut engagé pour donner une formation sur : «la planification efficace de son temps ». Le vieux prof dit aux élèves : « nous allons réaliser une expérience ».

Il prit un grand pot, qu’il posa délicatement en face de lui. Ensuite il prit une douzaine de cailloux qu’il plaça dans le grand pot.

Lorsque le pot fut rempli jusqu’au bord , il demanda : « est-ce que le pot est plein ? »

Tous répondirent : « oui ». « Vraiment ? ».

Alors il prit un récipient rempli de graviers, et versa ce gravier sur les gros cailloux puis remua le pot. Les graviers s’infiltrèrent entre les gros cailloux jusqu’au fond du pot.

Le vieux prof demanda encore : « est-ce que le pot est plein ? » .

L’un des élèves répondit : « probablement pas ! »

« Bien » dit le vieux prof.

Il prit alors un sac de sable qu’il versa dans le pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier.

Encore une fois il demanda : « est-ce que le pot est plein ? »

Cette fois, sans hésiter, les élèves répondirent « Non ! ».

« Très juste ! » dit le vieux prof.

Il prit alors un pichet d’eau et remplit le pot jusqu’à ras bord.

Le vieux prof demanda finalement :

« Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ? »

Un des élèves, songeant au sujet du cours, répondit : « cela démontre que, même lorsqu’on croit que notre agenda est complètement rempli, si on veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de chose à faire ».

« Non, dit le vieux prof, ce n’est pas du tout cela ! La grande vérité que nous montre cette expérience est la suivante : si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire entrer tous. » « Quels sont les gros cailloux de votre vie ? : C’est à vous de voir!»

Ainsi, quand nous organisons notre journée, notre semaine, notre année, il faut d’abord mettre les gros cailloux, le plus important, le plus nourrissant. Tout le reste trouvera sa place. Mais si nous commençons par le gravier ou le sable, il n’y aura plus de place pour les gros cailloux, pour ce qui est vraiment important.

Recherchons donc la vraie nourriture, et la vraie boisson.

Et pour nous, très concrètement aujourd’hui, la vraie nourriture c’est ce pain que Jésus donne. « Si tu savais le don de Dieu ». « Heureux les invités au repas du Seigneur ». Ce pain de vie, c’est Jésus lui-même. Nous allons le recevoir ici dans cette église Saint-Joseph. Et vous tous qui nous écoutez, j’espère que vous avez aussi l’occasion de recevoir le pain de la vie, le corps du Christ. S’il ne vous est pas possible de vous rendre dans une église, n’hésitez pas : téléphonez à votre paroisse. Dans chaque paroisse, il y a des personnes qui viennent très volontiers vous apporter la communion.

Et cette source jaillissante en vie éternelle, pour nous, c’est l’eau du baptême. Par notre baptême, nous sommes déjà passés de la mort à la vie, nous avons été plongés avec le Christ dans la mort pour ressusciter avec lui. Rendons grâce pour notre baptême. Et prions pour tous les catéchumènes qui vont être baptisés à Pâques. Ici, à la paroisse Saint-Joseph, nous aurons la joie de baptiser sept adultes à Pâques. En Suisse romande, plus de 80 adultes se préparent à recevoir le baptême dans quelques jours. Les troisième, quatrième et cinquième dimanches de Carême sont traditionnellement des occasions de prier pour les catéchumènes afin que leur libre décision de suivre le Christ soit affermie ; c’est ce que l’on appelle les scrutins. Tout à l’heure, nous prierons pour eux.

Je vous invite à rechercher pleinement ce qui vous nourrit vraiment et cette eau jaillissante en vie éternelle.

Et puisque nous sommes ici à Genève dans le quartier des Eaux-Vives, nous vous souhaitons de découvrir pleinement cette eau vive, source de vie !

3e dimanche de Carême

Lectures bibliques : Exode 17,3-7 ; Psaume 94 ; Romains 5,1-8 ; Jean 4, 5-42.

Homélie du 16 mars 2014

Prédicateur : Abbé Pascal Desthieux
Date : 16 mars 2014
Lieu : Eglise Saint-Joseph, Genève
Type : radio

« Le meilleur moyen d’avoir les pieds sur terre, c’est d’avoir la tête en haut ! »

Chers paroissiens et chers auditeurs, cette sentence n’est que bon sens. Et pourtant, il faut bien le reconnaître, nous avons trop souvent la tête au ras du sol, dans toutes sortes de préoccupations très « terre à terre ». Pour garder cette image, si nous avons la tête trop proche du sol, nous aurons du mal à marcher bien droit et à choisir la bonne direction… « Le meilleur moyen d’avoir les pieds sur terre, c’est [donc bien] d’avoir la tête en haut ! »

Les commentaires de ce beau récit de la Transfiguration insistent souvent sur le retour en plaine, sur la nécessité de revenir dans le quotidien après cette rencontre merveilleuse avec le Seigneur. Aujourd’hui, je n’irai pas dans ce sens. Car les soucis du quotidien, le repas à faire tout à l’heure, la douleur à la hanche, la solitude peut-être, tout cela va revenir tout seul et bien assez vite. Restons un peu au sommet, avec le Seigneur, en compagnie de nos frères chrétiens, en grande union avec tous ceux et toutes celles qui nous écoutent, et avec cette magnifique musique de Mozart. Je comprends tellement bien Pierre qui ne voulait pas redescendre et qui disait : « Dressons ici trois tentes ».

Nous aussi, efforçons-nous de garder la tête en haut.

Élevons notre coeur

A chaque messe, dans le grand dialogue qui nous introduit dans la prière eucharistique, le célébrant invite justement les fidèles à prendre de la hauteur : « Elevons notre coeur », « Nous le tournons vers le Seigneur ». Sursum corda ! Littéralement : en haut les cœurs ! Quand j’étais petit, je pensais que cette invitation était une manière polie de dire « levez-vous »…

Il s’agit d’un mouvement de conversion : les croyants sont invités à se détacher de leurs soucis, préoccupations et attachements pour se mettre en quelque sorte, « à la bonne hauteur », suivant la parole de saint Paul : « Songez aux choses d’en haut, non à celles de la terre » (Col 3, 2) et l’invitation du prophète Jérémie : « Élevons notre cœur et nos mains vers le Dieu qui est au ciel » (Lam 3, 41).

Par sa réponse, l’assemblée manifeste qu’elle adhère à cet appel du célébrant et qu’elle veut tourner son cœur vers le Seigneur.

Prendre de la hauteur

C’est bien ce que fait Jésus, en emmenant Pierre, Jacques et Jean, pour un temps de grâce extraordinaire, dans le but de les affermir et préparer à la passion qui vient en leur indiquant déjà sa Résurrection. Il leur fait prendre de la hauteur. Nous le vivons à chaque fois que nous partons en montagne où nos efforts sont récompensés par une vue magnifique qui nous invite à louer le Seigneur.

Comment avoir la tête en haut ?

Mais nul besoin de gravir une montagne pour avoir la tête en haut. Si l’on en croit les lectures de ce jour, avoir la tête en haut, c’est d’abord accueillir l’invitation du Père d’écouter son fils bien-aimé. Prendre du temps pour nous mettre l’écoute de sa parole, comme nous le faisons à chaque messe. Mais aussi prendre du temps en dehors de la messe pour lire sa Parole. Chers amis, dites-moi très franchement, c’était quand la dernière fois que vous avez ouvert votre Bible ?

Avoir la tête en haut, c’est partir, comme Abraham qui n’hésite pas à tout quitter, tout ce qui faisait sa sécurité, pour aller vers l’inconnu, et faire confiance à l’impossible, à cette promesse d’une grande descendance alors qu’il a déjà 75 ans. Pour nous, il ne s’agit pas forcément de tout quitter, mais peut-être de partir quelques jours pour un temps de retraite. Ou tout simplement de nous déconnecter complètement, pour une fois. Le calendrier de l’Action de Carême nous apprend qu’en moyenne, en Suisse, on passe 1h45 devant l’ordinateur, 30 mn à lire des journaux ou magazines, 2h30 devant la télé et 1h40 à écouter la musique ou la radio (en l’occurrence, vous faites bien d’écouter la radio actuellement). Mais quand même, nous consacrons en moyenne 6h30 de notre journée en consommation médiatique.

Le calendrier de carême nous apporte le témoignage des membres de la famille Frei qui s’engagent, pendant le Carême, à renoncer pendant une semaine à toute consommation médiatique. Les téléphones portables sont dans les tiroirs, éteints ; la connexion internet n’est pas enclenchée ; l’abonnement au journal suspendu ; la télévision aussi est en pause. Les Frei reconnaissent que les deux premiers jours sont difficiles, mais rapidement d’autres choses réapparaissent : on ressort la veille boîte de jeux de société, les conversations à table se prolongent et s’approfondissent, et on aborde des sujets importants, parce qu’on a justement plus de temps à disposition. Ce jeûne de médias permet de prendre le temps de se rencontrer. Maître Eckhart disait : « La personne la plus importante est toujours celle qui est à l’instant en face de moi ».

Avoir la tête en haut, c’est prier avec confiance comme le psalmiste : « Nous attendons notre vie du Seigneur, il est pour nous un appui, un bouclier, il veille sur ceux qui le craignent ».

Avoir la tête en haut, c’est enfin accueillir les responsabilités qui nous sont données, comme Saint Paul recommande son disciple Timothée à se montrer courageux de sa vocation de messager de l’Évangile, en n’oubliant jamais de se fonder sur la grâce de Dieu. « Dieu nous a donné une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce ». Autrement dit, va de l’avant, sois un témoin rayonnant et courageux, mais n’oublie pas aussi de t’arrêter et de lever la tête pour tout recevoir du Seigneur qui est ton appui et qui veille sur toi.

Chers paroissiens et chers auditeurs, nous aussi, allons de l’avant, et pour aller dans la bonne direction, gardons la tête en haut !»

2e dimanche de Carême

Lectures bibliques : Genèse 12, 1-4a ; 2 Timothée 1, 8b-10 ;Matthieu 17, 1-9

Homélie du 09 mars 2014

Prédicateur : Abbé Pascal Desthieux
Date : 09 mars 2014
Lieu : Eglise Saint-Joseph, Genève
Type : radio

Introduction : beaucoup de pépins…

Chers jeunes, chers paroissiens et chers auditeurs,

Trois personnes sont terriblement tentées : d’un côté, Adam et Eve, de l’autre Jésus.

Adam et Eve se laissent complètement avoir. Pour résumer, on peut dire qu’avec Adam et Eve, nous avons : deux bonnes poires, une pomme et beaucoup de pépins !… Jésus, le nouvel Adam comme dit St Paul, lui aussi est tenté, mais il ne succombe pas. Alors, où est la différence ?

Ne pas discuter avec le tentateur

La principale différence est que Adam et Eve discutent, entrent en matière, argumentent avec le tentateur, et finalement ils se laissent convaincre.

Jésus, lui, ne discute pas avec le tentateur, n’entre pas en matière : il répond par la Parole de Dieu : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui vient de Dieu. Il est écrit : tu aimeras le Seigneur ton Dieu et lui seul ».

Pour illustrer cette différence, j’aimerais vous raconter ce qui est arrivé à un homme, au sud de la France. Il avait une vie sexuelle très désordonnée, il en souffrait beaucoup. Il passait quelques jours dans une communauté religieuse pour essayer de s’en défaire. Et voilà qu’un après-midi, une petite voix dit en lui : « Ce serait bien d’aller prendre l’air, de sortir un peu de cette maison. Vas-y, prend ta voiture, et pars ». Mais il se dit : « Non, si je prends la voiture, je risque trop d’aller dans ce quartier de Toulouse où l’on fait des rencontres si faciles… » Mais la voix reprend : « Mais non, pars tranquille, tu n’iras pas à Toulouse ». Il prend donc sa voiture et démarre. La petite voix lui dit : « Tiens, tu devrais aller dans la librairie catholique de Toulouse, acheter un livre qui te fera du bien ». Il se dit : « Cette librairie se trouve justement à côté de la zone des rencontres faciles… C’est trop dangereux pour moi » « Mais non, lui répondit cette voix intérieure, tu iras juste acheter ton livre et tu partiras immédiatement après ». Le voici au centre-ville et que s’est-il passé ? Il n’est pas entré dans la librairie catholique, mais il est allé là où il ne devait pas… En fait, quand il est arrivé dans ce quartier, c’était pratiquement déjà trop tard. C’était avant qu’il ne fallait pas discuter avec cette voix de tentation. Au final, qu’a fait cet homme ? Il a pris un moyen radical : il a vendu sa voiture ! Pour ne plus être tenté.

Quelles sont ces tentations ?

Revenons à nos lectures bibliques. Quelles sont ces tentations ? Du côté d’Adam et Eve, le serpent les embobine par une insinuation mensongère : « Alors, comme ça, Dieu vous a dit que vous ne pouvez manger le fruit d’aucun arbre du jardin ? ». Et voilà qu’Eve entre dans cette discussion et lui répond : « Non, on peut manger tous les fruits qu’on veut, sauf de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Tout à coup ce fruit défendu devient hautement désirable, et que toute l’attention est focalisée sur cet arbre, qui n’était pas au centre du jardin contrairement à l’arbre de vie, en oubliant tous les autres.

Jésus aussi est tenté, et ses tentations sont terriblement d’actualité. Ce sont les tentations du plaisir immédiat, de la foi qui ne coûte rien, de l’avoir et du pouvoir faciles :

« Ordonne que ces pierres deviennent du pain ». C’est la tentation du plaisir facile. Aujourd’hui, ces sont les pubs qui nous susurrent : « Regarde comme cet objet est agréable ! Tu serais vraiment heureux si tu le possédais. Vas-y, qu’est-ce que tu attends, achète-le ». L’affiche de la campagne œcuménique de Carême, qui passe une paire de jeans à la loupe, nous rappelle que notre envie d’acheter des vêtements bon marché peut favoriser l’exploitation honteuse de travailleurs trop mal payés et même la pollution de la terre.

Jésus répond que le matériel ne peut pas nous combler entièrement, qu’il y a une autre nourriture, spirituelle, que nous devons rechercher.

« Jette-toi en bas, et les anges te récupèreront ». C’est la tentation de la foi facile : « Si Dieu existe, il faut que tu puisses sentir sa présence ; et surtout qu’il t’exauce rapidement, qu’il t’accorde tout ce que tu lui demandes, sans effort de ta part. Et qu’il n’y ait plus de guerre ni de famines ».

Jésus répond : Ce n’est pas à toi de commander à Dieu et de lui dire ce qu’il doit faire.

« Tout cela, je te le donnerai si tu m’adores ». C’est la tentation de l’avoir et du pouvoir facile. C’est la course à l’argent : « Il faut que tu aies davantage, et tant pis pour les pauvres qui deviennent encore plus pauvres. Et veiller surtout à garder ton petit pouvoir ; ne le lâche surtout pas ». Jésus répond qu’on ne doit pas se prosterner devant les faux dieux de l’argent et du pouvoir.

La tentation n’est pas un traquenard mais une épreuve

Dans la Bible, la tentation est une mise à l’épreuve. Une épreuve qui peut certes nous faire chuter, ou au contraire nous affermir si nous parvenons à la surmonter.

Jésus sait que nous sommes tous tentés. Dans le Notre Père, il nous invite à demander à Dieu de nous aider à ne pas entrer en tentation. C’est d’ailleurs une phrase qui pose problème, car quand nous prions le Notre Père, nous disons : « Ne nous soumets pas à la tentation ». Cela est certes conforme au texte original grec qui dit littéralement : ne nous met pas dans la tentation. Mais est-ce que Jésus a vraiment voulu dire que c’est Dieu qui nous pousse dans la tentation et qu’il faut lui demander de ne pas le faire ?… Cela ne semble pas compatible avec son enseignement. La tentation ne peut pas être un traquenard que Dieu nous tend, pire dans lequel il nous ferait tomber.

Voilà pourquoi la nouvelle traduction de la Bible de la liturgie propose cette formulation différente : « Ne nous laisse pas entrer en tentation », et nous serons bientôt invités à le prier ainsi dans le Notre Père. Plutôt que : « Ne nous fais pas entrer dans la tentation », il est plus juste de dire : « Fais que nous n’entrions pas en tentation ». A Gethsémani, Jésus dira : « Priez pour ne pas entrer en tentation » (Mt 26,41). Saint Jacques ajoutera : « Que nul, quand il est tenté, ne dise « ma tentation vient de Dieu ». Car Dieu ne peut être tenté de faire le mal et ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit. » (Jc 1, 13-14) Nous demandons au Père de nous aider pour que nous n’entrions pas en tentation.

Conclusion : évitons les pépins…

En conclusion : les textes de ce premier dimanche de carême nous disent que nous aussi, nous sommes tentés ; nous n’y échappons pas. Il peut être bon ce matin de bien regarder où est-ce que nous sommes le plus fragile, le plus tenté, afin de trouver des moyens concrets, et s’il le faut radicaux comme cet homme qui a vendu sa voiture, pour éloigner cette tentation. Il nous faut agir en amont, avant de nous retrouver trop proche de la tentation. Peut-être nous faut-il renoncer à notre tablette, ou faire bloquer le wifi pendant la nuit, ou encore nous faire interdire de casino, ou veiller à ne pas avoir une goutte d’alcool à la maison.

Jésus a été tenté, mais il n’est pas entré dans cette tentation. Et donc l’important c’est de ne pas entrer en matière, de ne pas discuter avec cette tentation.

Nous pouvons demander l’aide du Seigneur : « Ne nous laisse pas entrer en tentation », selon la nouvelle traduction liturgique. N’entrons pas en discussion avec la tentation, cela nous évitera bien des pépins…»

1er dimanche de Carême

Lectures bibliques : Genèse 2, 7-9 ; 3, 1-7; Psaume : 50; Romains 5, 12-19; Matthieu 4, 1-11