Homélie du 5 novembre 2023 (Mt 23, 1-12)

Chanoine Alexandre Ineichen – Basilique de l’Abbaye de Saint-Maurice

Lorsque je lis ce passage des Évangiles, je suis toujours un peu déconcerté, confus, voire embarrassé. D’une part, comme prêtre, on me désigne le plus souvent par le titre de père, moins souvent par celui de frère, mais on ne manque pas, dans les deux cas d’y ajouter une fonction, même honorifique, comme on le faisait à l’époque glorieuse des Soviets : on s’appelait alors tous « camarade », mais rapidement certains devinrent camarade-chef, camarade-général, et même camarade-président. D’autre part, comme enseignant, je devrais sur la matière à transmettre en savoir normalement un peu plus long que les élèves, puis du haut de ma science non seulement en imposer, mais surtout me sentir bien supérieur aux ignorants qui m’écoutent. Aussi Jésus ne se trompe pas lorsqu’il dit : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. (…) Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. »

Les faits récents révélés par les médias montrent combien certains pères abuseurs, manipulateurs, indignes, comme certains maîtres, ont agi en toute impunité dans la famille, la société, l’Église. Les victimes, de près ou de loin, ont donc raison de nous interpeller et peuvent légitiment en appeler à l’Évangile, et en particulier au passage que nous venons d’entendre. Suis-je trop sévère ? L’Évangile n’est-il qu’un prétexte ? Mais écoutez à nouveau le prophète Malachie, peu connu d’ailleurs. Rien de bien nouveau.

Dieu utilise nos réalités humaines pour nous dévoiler, nous manifester les réalités divines



« Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement. (…) Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude. »
Pourtant, Jésus, lorsqu’il nous a appris à prier, ne nous donne que le Notre Père afin que nous évitions de rabâcher des prières sans y mettre notre cœur. Pourtant, Jésus, tout au long de l’Évangile, est bien un maître qui enseigne à ses disciples et aux foules. Il y a quelques jours, à la Toussaint, assis sur une montagne, le Christ, « ouvrant la bouche, (…) les enseignait : Heureux êtes-vous. » Par ailleurs, naturellement, nous avons un père et avons ou avons eu des maîtres. Pour devenir ce que nous sommes, il est impossible de passer par un autre chemin. Notre Seigneur et notre Dieu le sait bien, c’est pourquoi il utilise nos réalités humaines pour nous dévoiler, nous manifester les réalités divines. Avec des exemples terrestres, il nous ouvre ainsi aux évidences célestes. D’ailleurs, il ne reproche pas aux scribes et aux pharisiens leur titre, mais qu’ils se les attribuent pour être remarqués des gens en élargissant leurs habits, en aimant être aux premières places dans les banquets et recevoir des gens le titre de Rabbi. Ce que Jésus leur reproche c’est de prendre la comparaison, leur titre pour la réalité. Ils se croient, non pas des images du père ou du maître, mais le Père par excellence, le maître de tout. Voilà leur folie, voilà leur orgueil. Il s’élève tout seul, sans le Christ, sans Dieu, mieux à la place de Dieu. Il ne reste alors plus qu’une issue : être des pères, des maîtres, abuseurs, manipulateurs et indignes.

L’Evangile nous rappelle à quelle humilité nous sommes appelés


Bien sûr, nous sommes tous concernés à des degrés très divers, mais l’Évangile de ce dimanche veut nous rappeler à quelle humilité nous sommes appelés, avec quelle modestie nous devons professer nos savoirs, avec quel respect nous devons avoir envers ceux qui nous sont confiés. Il y aura toujours des pères, des maîtres. Il y aura toujours des banquets avec des premières places. Il y aura toujours des titres et des responsabilités qui vont avec. Mais Jésus le rappelle, à temps et à contretemps : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. » Être chrétien, c’est simple. Il suffit d’adhérer à ce beau programme qui seul peut nous faire grandir vraiment et avec authenticité.

Le seul véritable maître, c’est le Maître intérieur



En conclusion, laissez-moi vous partager un petit fait liturgique. Pour la fête de saint Augustin, la liturgie propose comme un des Évangile de la fête le passage que nous venons de lire. Ainsi notre père, fondateur de notre ordre religieux et de bien des ordres de l’Église latine, le maître de l’Occident fut celui qui toujours rappel que les réalités d’ici-bas, nos pères, ne sont qu’une image du Dieu très-haut, que le seul véritable maître, c’est le maître intérieur. D’ailleurs, plus nous approchons de l’image, plus celle-ci est dissemblable de la réalité. Dieu est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. En d’autres termes, acceptons les titres et les responsabilités qui vont avec, asseyons-nous aux premières places dans les banquets officiels, recevons des salutations particulières, mais n’y mettions jamais notre cœur et tout ce que nous disons, faisons-le et observons-le. Cela n’est que l’image, qu’une participation à quelque chose qui nous dépasse, à un Dieu qui est amour.

31e Dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Malachie 1, 14 – 2, 10 ; Psaume 130 ; 1 Thessaloniciens 2, 7-13 ; Matthieu 23, 1-12

Homélie du 29 octobre 2023 (Mt 22, 34-40)

Abbé Aimé Munyawa – Eglise Saint-Joseph, Lausanne

Chers frères et sœurs et vous tous bien aimés du Seigneur qui êtes en communion avec nous par les ondes de la RTS,

Quelle immense joie pour nous de célébrer en ce jour cette eucharistie au cours de laquelle nous sommes nourris par cette parole de Dieu qui résonne avec un écho tout à fait particulier, quand il nous parle de l’amour.

Un docteur de la loi aborde Jésus, non pas dans le souci de se laisser instruire, mais pour lui tendre un piège, pour le confondre, pour le ridiculiser puisqu’il venait de fermer la bouche aux sadducéens sur la question de la résurrection. Et pour amener le Christ à baisser la garde, il commence par lui accorder le titre de Maître. Une flatterie, une ironie et une mesquinerie dont l’objectif principal est de démontrer que Jésus n’est pas Le vrai Maître comme l’affirme déjà l’opinion. Mais Jésus, bien avant Lafontaine, savait déjà que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Tout en connaissant leur machination, il reste lui-même, imperturbable et déjoue leur piège par amour et en les invitant à l’amour. Le fils de Dieu est le visage de l’amour du Père, et pour cela il refuse d’entrer dans une réplique de violence. D’une manière très simple, le Seigneur Jésus nous montre comment réagir aux provocations de nos adversaires qui, parfois, veulent nous humilier, ridiculiser en public pour nous faire perdre notre face.

Dieu est Amour et nous sommes à son image et ressemblance

En réalité, les pharisiens avaient l’habitude de discuter en longueur de journée pour savoir lequel, des 613 commandements qu’ils avaient, était le plus grand. Une manière de poser la hiérarchie des lois afin de répondre aux conflits des devoirs au quotidien. La réponse de leur adversaire est d’une éclatante bonté à laquelle les autres ne s’attendaient pas : « Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit et ton prochain comme toi-même ». Si par amour Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance, demander à l’homme d’aimer Dieu, revient à lui demander retrouver sa vraie identité.
Chers frères et sœurs, nous sommes l’image et la ressemblance de notre Dieu qui est AMOUR. Donc, nous sommes l’image et la ressemblance de l’AMOUR. Notre véritable identité c’est l’amour. Non pas un amour charnel ou de plaisir, ou un amour de sympathie, un amour philanthropique, mais un amour gratuit désintéressé et inconditionnel qui jaillit du cœur de Dieu et redonne la force aux humains d’aimer comme Dieu aime. Aimer Dieu tel que Jésus le dit ici revient à reconnaitre que nous appartenons totalement à Dieu et que notre force, notre intelligence, notre esprit proclament la grandeur et la bonté de Dieu.

Lorsque nous aimons nous devenons véritablement humain et chrétien

Si nous regardons le verbe utilisé par Jésus pour indiquer ce commandement, on le trouve marqué au futur (tu aimeras) afin de souligner le caractère permanent de cet amour. Il est question ici d’accueillir de manière permanente l’amour qui jaillit du cœur de Dieu et qui vient nous transformer et nous élever au-dessus de nos égoïsmes naturels en nous rendant capable d’aimer notre prochain comme nous-mêmes.  C’est lorsque nous aimons que nous devenons véritablement humain et chrétien. L’amour révèle ce que nous sommes, c’est notre identité. C’est lorsque nous aimons que nous devenons véritablement nous-mêmes.

En choisissant d’aimer Dieu en premier, l’amour du prochain trouve son sens plus profond. Il s’agira de reconnaitre dans le prochain la même image et la même ressemblance de Dieu qui se cache en nous deux : en lui, en elle et en moi. L’autre et moi, sommes ensemble des icônes de Dieu et par conséquent notre identité devient « AMOUR » comme Dieu est AMOUR.

Aimer le prochain ne consistera plus, pour le chrétien, à m’aimer moi-même dans l’autre en tirant parfois le bilan de ce que je fais pour lui. Aimer le prochain comme soi-même revient à souhaiter à l’autre, dire à l’autre, faire à l’autre ce que je voudrais pour moi-même. Le comparatif COMME nous amène à nous réjouir des joies du prochain, à partager ses peines et douleurs, à nous débarrasser de la jalousie et de l’hypocrisie. Un tel amour ne se construit pas sur la force chancelante de nos sentiments ou de nos ressentiments, mais plutôt sur l’amour que je puise en Dieu dont je suis l’image et la ressemblance. Parfois de manière inconsciente, notre façon d’aimer l’autre, révèle notre façon d’aimer Dieu qui est en lui et en moi. Sinon, nous interroge l’apôtre Jean, comment prétendre aimer Dieu qu’on ne voit pas alors qu’on est incapable d’aimer le prochain que l’on voit ?

Chers frères et sœurs et vous tous bien aimés de Dieu qui nous suivez à partir de vos maisons, des hôpitaux, des EMS, en voyage, je nous invite à ouvrir nos cœurs et à demander à Dieu, par la grâce de cette eucharistie, à recevoir la force et la joie d’aimer, ainsi que la grâce d’être chaque jour des icônes de l’amour inconditionnel de Dieu notre Père.
Dieu soit loué !

30e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Exode 22, 20-26 ; Psaume 17; 1 Thessaloniciens 1, 5-10 ; Matthieu 22, 34-40

Homélie du 22 octobre 2023 (Mt 22,15-21)

Mgr Rémy Berchier – Chapelle de l’Ecole des Missions, Saint-Gingolph, VS

Chers amis disciples missionnaires,
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique…. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » (Jn 3,16-17).

L’humanité tout entière est le champ, la vigne de la Mission : Allez ! De toutes les nations faites des disciples… » (Mt 28,19).
Appelés à être des disciples missionnaires pour notre prochain humain, quel qu’il soit, telle est notre Mission de baptisés ! Mais pour la vivre, la bien vivre, que faire, comment être ?

C’est Dieu qui nous choisit


Une première certitude et merveilleuse réalité : c’est Dieu qui prend l’initiative, c’est Lui qui appelle, c’est Lui qui nous choisit, c’est Lui qui sort cinq fois à toute heure pour embaucher des ouvriers à Sa vigne ! Oh, Il se propose à nous et ne s’impose jamais ! Il n’a qu’une seule question qui résonne au fond de nos cœurs : « Veux-tu de moi ? Veux-tu de mon Amour ? » Je t’ai appelé par ton nom alors que tu ne me connaissais pas. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. »
Isaïe met cette Parole dans la bouche du Seigneur à l’adresse de Cyrus. Et nous ? Est-ce que nous accueillons et choisissons le Seigneur ?
L’Evangile nous plonge dans ce choix : César ou Dieu ? Bien sûr que l’Etat doit gérer, dans le droit et la justice, la vie de la cité et l’Eglise.
Baptisés, nous devons nous soumettre de bonne grâce à la primauté de cette gérance par l’Etat. Les scandales de l’Eglise nous le rappellent avec force. Mais la vraie question pour Jésus demeure ce qui est frappé à l’image de Dieu. Et là, ce sont nos cœurs !

Le Seigneur est le compagnon de route comme sur le chemin d’Emmaüs


Lui, Jésus, est la véritable image de Dieu, vrai Dieu et vrai homme. Et nous sommes créés à l’image de Dieu : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Genèse 1,27). En posant notre regard sur Jésus et sur tout humain, nous nous abîmons dans la profondeur de Dieu ! Tel est le cadeau de Dieu pour la Mission ! Habités par le Seigneur, je deviens relation avec Lui. Comment est-ce que je mets la rencontre et la relation au Christ au centre de ma vie ? Comment est-ce que je me laisse toucher et brûler par Sa Parole ?
Le Seigneur devient alors le compagnon de route comme Il l’était sur le chemin d’Emmaüs en rappelant la Parole de Dieu. Ce récit est l’image et le signe de ce mois de la Mission universelle. Alors le Ressuscité devient l’intime de moi-même : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Ga 2,20) dit saint Paul.

Etre habité par le Seigneur pour devenir missionnaire


« Je est un Autre » écrivait Maurice Zundel. Le Christ devient ma manière d’être et de vivre. Être habité par le Seigneur pour devenir missionnaire. Tel est le fondement de la Mission !
Mais le soir de Pâques, les deux disciples fuient Jérusalem. Ils sont découragés et bouleversés comme peuvent l’être les disciples missionnaires que nous sommes. Et là, saint Paul a des paroles de feu à l’endroit des Thessaloniciens et de nous. Il conforte, encourage, rassure, valorise. Il est le premier témoin de l’Amour de Dieu ! A sa suite, le pape, nos évêques, nos responsables le font aussi !
Tout d’abord « Nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous » ! Quelle beauté ! Savons-nous rendre grâce à Dieu au sujet des uns et des autres ? Et il va bien plus loin, il prie pour eux ! On comprend le pape François qui ne manque jamais une intervention pour conclure en disant : « Je prie pour vous, priez, svp, pour moi ! » Et cela, à la suite du Christ : « Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. » (Luc 22,32)
Saint Paul poursuit en relevant les qualités du disciple missionnaire : « Que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père ! » Il conclut en parlant de l’action de l’Esprit-Saint qui fut puissance dans l’annonce de l’Evangile pour lui. Cet Esprit nous précède dans le cœur de ceux et celles que nous allons rencontrer. Et voilà que le disciple missionnaire est investi de la Trinité Sainte pour aller porter la Bonne Nouvelle à l’humanité.
Tels sont les « accompagnants » du disciple missionnaire pour sa Mission !

Dire la beauté, la lumière, l’amour de Dieu


Mais venons-en au cœur de la Mission, le contenu. Le Psaume de ce jour nous le donne : « Raconter la gloire de Dieu et ses merveilles à tous les peuples. » Dès lors, notre Mission est d’appuyer l’œuvre de Dieu pour son Amour pour le monde ! Dire la beauté, la lumière, l’amour de Dieu. Quelle Mission ! Choisis, appelés, embauchés, reliés, habités, accompagnés, envoyés, voilà ce que nous sommes ! « Le cœur brûlant, se mettre en chemin » est le thème de ce mois de la Mission universelle 2023.

« Synode et synodalité », ces mots veulent justement dire « Se mettre en chemin ». Et nous retrouvons le grand chantier mondial que le pape François a ouvert et qui se concrétise un peu plus, justement, en ce mois de la Mission par le Synode des Evêques, à Rome.

A cause de Jésus et de l’Evangile, comme l’écrivait Charles de Foucauld, je nous invite à devenir toujours davantage de vrais témoins de l’Amour fou de Dieu pour nous et d’être disciples missionnaires pour nos frères et sœurs du monde.
Frères et sœurs disciples missionnaires, Bonne Mission !

Amen.

29e Dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Isaïe 45, 1-6 ; Psaume 95 ; 1 Thessaloniciens 1, 1-5 ; Matthieu 22, 15-21

Homélie du 15 octobre 2023 (Mt 22, 1-14)

Père Jean-Louis Rey – Chapelle de l’Ecole des Missions, Le Bouveret

Au début de l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus se met à nouveau à parler avec les responsables du peuple juif et il se fâche même avec eux parce qu’ils ne l’écoutent pas bien.
Alors, pour mieux faire passer son message, Jésus leur raconte la parabole des invités à la noce du mariage de son fils.
Deux parties dans cet Evangile : En premier, il y a l’histoire des invités. En deuxième, il y a l’histoire de cet habit de fête.

La parabole commence par la volonté du roi d’inviter tous ses proches à l’occasion des noces de son fils. Mais voilà, ces invités-là trouvent toutes sortes d’excuses pour refuser, ils vont même jusqu’à tuer les envoyés du roi…
Alors le roi se fâche, il les élimine, puis il envoie ses serviteurs aux carrefours inviter tous les passants, sans distinction…
Et la salle de noce est finalement remplie par tous les convives.
De qui s’agit-il ? ou de quoi s’agit il ?

Le salut n’est pas réservé à une élitre


Les premiers invités de Dieu notre Père, c’est le peuple juif, mais ses responsables refusent d’écouter Jésus-Christ ou du moins ils l’écoutent mal.
Par contre, le petit peuple, les pauvres, les rejetés, sont beaucoup plus accueillants, et ce sont eux qui viennent remplir la salle de fête.
Jésus l’avait déjà dit : ‘ Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux touts petits … Béni sois-tu.’
C’est le premier enseignement donné par Jésus dans cet Evangile : le salut de Jésus-Christ n’est pas réservé à une élite de gens parfaits, de gens savants. L’amour de Dieu en Jésus-Christ dépasse toutes les frontières de nos églises, dépasse toutes nos frontières, sociales, politiques, culturelles ou religieuses.
Tous, nous sommes pareillement appelés, d’abord à connaître la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
Mais surtout, nous sommes tous pareillement appelés aussi à rejoindre nos frères et sœurs en Eglise pour construire ensemble le monde nouveau selon son cœur, où il y aura seulement l’amour, plus de gens pauvres, plus de gens malades, plus de gens tristes.
Le moment est donc venu de nous réveiller et d’appeler nos frères et sœurs à venir sans peur et sans complexe, pour participer à cette fête, à ce renouveau de l’Eglise et du monde, malgré tous les événements contraires que nous connaissons et que nous regrettons, aussi bien dans l’Eglise que dans le monde.

Nous ouvrir davantage aux appels de l’Esprit Saint


Dans la deuxième partie, il est question d’un habit de fête que doivent porter tous les invités ramassés aux carrefours. L’histoire se termine mal pour celui qui n’a pas pris le temps de se changer. C’est le deuxième enseignement de Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui :
Répondre à l’invitation du Seigneur, c’est bien… mais cela ne suffit pas. Il nous faut encore nous changer et porter l’habit de fête.
C’est-à-dire, il ne suffit pas d’être baptisé et de venir à la messe, il nous faut encore adopter des comportements nouveaux.
Le moment est donc venu de nous ouvrir davantage aux Paroles de Dieu et aux appels de l’Esprit Saint. Pour mieux faire ensemble ce que le Christ et les autres attendent de nous, dans la société, en famille et en Eglise.

L’Eglise elle-même continue de s’ouvrir davantage aux Paroles de Dieu et aux appels de l’Esprit-Saint dans le monde d’aujourd’hui. C’est justement le sens de ce Synode, ouvert dernièrement à Rome. En plus des cardinaux et des évêques, participent également des laïcs chrétiens, hommes et femmes engagés du monde entier, afin d’apprendre à marcher davantage ensemble à l’écoute de l’Esprit-Saint à l’action dans le monde d’aujourd’hui.
A ce propos, je me rappelle ce que le Pape François disait il y a quelques années déjà et qui est toujours valable :
‘L’Eglise est comme un hôpital de campagne après une bataille. L’important aujourd’hui, c’est qu’elle réchauffe le cœur des fidèles
et qu’elle soigne les blessures. Ensuite, nous pourrons nous occuper du reste, même si le reste est également important.’
Portons avec notre Pape François son projet d’une Eglise, plus proche des gens et plus accueillante à toutes leurs situations, une Eglise prête à adopter, elle aussi, des comportements nouveaux.
Seigneur Jésus-Christ., tu nous appelles, aujourd’hui encore, à adopter des comportements nouveaux our mieux participer à la fête autour de toi. Merci.
Que tes Paroles nous rendent plus vaillants pour changer nos cœurs et nos vies.
Que ton Esprit-Saint nous remplisse de paix, de joie et d’espérance, pour continuer de construire ensemble l’Eglise et ce monde, que tu nous confies. Alors, sur les chemins de la vie, et malgré nos problèmes, nous pourrons, à notre tour, inviter tous nos frères et sœurs, à nous rejoindre en Eglise. AMEN

28e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Isaïe 25, 6-10; Psaume 22; Philippiens 4, 12-20; Matthieu 22, 1-14

Homélie du 8 octobre 2023

Chanoine Olivier Roduit – Abbaye de Saint-Maurice, VS

Célestin… quel beau nom ! Célestin est un jeune étudiant passionné d’ornithologie. Il y a trois ans, il a pris contact avec l’Abbaye pour un projet qui lui tenait à cœur. Il nous demandait de pouvoir planter des arbres fruitiers et des arbustes indigènes sur les terrains qui entourent nos vignes sur la colline de Cries pour favoriser certaines espèces d’oiseau menacées. Le but principal de son association étant la promotion de la biodiversité sur ces parcelles, avec une attention particulière donnée aux oiseaux, comme la Pie-grièche écorcheur, le Torcol fourmilier et le Bruant zizi.
Par leur travail, Célestin et son association ont donc contribué à enrichir l’environnement et donc la qualité de nos vignes, comme l’avaient déjà commencé à faire nos vignerons.

Et en ces jours de vendanges, notre vigneron Damien me disait être très satisfait de la belle récolte — une récolte céleste — dans ce beau vignoble.

Pourquoi ma vie est-elle marquée par le péché et le mal ?

L’ami du prophète Isaïe, dans la première lecture, n’a pas eu le même succès avec sa vigne. Malgré tous les soins qu’il lui a accordés, il n’en récolta que de mauvais raisins.
Pourquoi donc cette vigne a-t-elle déçu ?
Pourquoi est-ce que je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas (Rm 7,19) ?
Pourquoi ma vie est-elle marquée par le péché et le mal ?
On a entendu le sort peu enviable que le maître de cette vigne réserva à sa propriété.
Et le prophète Isaïe s’empresse de donner la clef de cette parabole : « La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda ».
Nous sommes la vigne du Seigneur, c’est nous qu’il chérissait. Il attendait de nous le droit et voici le crime, il attendait la justice et voici les cris…
Ces paroles ne résonnent-elles pas avec une grande violence au moment où notre Église de Suisse est confrontée à une profonde crise suite aux scandales récemment révélés ? Que de blessures ! — Mais faut-il désespérer ?

Dans l’Évangile, Jésus reprend la belle image viticole. Cependant cette fois la vendange est magnifique.
Elle est si belle qu’elle en pervertit le cœur des vignerons qui deviennent des assassins cupides que le maître devra faire périr.
Quel curieux raisonnement de la part de ces viticulteurs : comment pouvaient-ils réellement croire qu’en assassinant le fils du maître ils pourraient en recevoir l’héritage ? Faut-il que leur raisonnement soit à ce point faussé pour ne pas voir le manque de logique ?
Voilà un des plus grands drames du péché : il fausse notre vie, nos raisonnements, notre vision du monde ; il obscurcit notre vue, notre justice et notre conscience. De même qu’il trompa Ève au paradis terrestre, de même le diviseur, le diable, se plaît à nous fourvoyer en ce monde.
La venue du Fils de Dieu parmi nous est le remède, car lui seul peut nous donner de devenir fils du Père. Même si nous l’avons livré à la mort à cause de nos fautes, comme les vignerons homicides, il nous a fait passer du statut d’« employés » à celui de « frères du Christ » et de « fils de Dieu ». Cette grâce du salut nous a été donnée pour que nous vivions des vies transformées, différentes, libérées.
Et le maître de la vigne confia sa vigne à d’autres vignerons qui lui remirent le produit en temps voulu.

Vivre selon la grâce du Fils ressuscité

Alors, qu’allons-nous en faire à présent ? Nous résignerons-nous à nous laisser dominer par le péché, ou vivrons-nous selon la grâce du Fils ressuscité ?
Que le Seigneur nous donne de vivre selon sa parole pour être les vrais témoins de son salut dans le monde, afin que cette vigne s’étende aux extrémités de la terre et que tous les hommes reçoivent le salut de Dieu !

Ainsi donc, si nous pouvons parfois désespérer de notre pauvre condition de pécheur ou douter d’un avenir serein pour les générations qui nous suivent, mettons notre espoir en Dieu. Son visage va s’éclaircir et nous serons sauvés…
La pierre rejetée des bâtisseurs va devenir la pierre d’angle, et la vigne va produire un fruit magnifique.

Saint Paul nous le dit dans la 2e lecture : « Ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce… Et le Dieu de la paix sera avec vous. » Amen.

27e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Isaïe 5, 1-7 ; Psaume 79 ; Philippiens 4, 6-9 ; Matthieu 21, 33-43