Homélie du 23 janvier 2011

Prédicateur : Pasteur Philippe Genton et abbé Vincent Lafargue
Date : 23 janvier 2011
Lieu : Temple de Monthey
Type : radio

Dialogue entre le pasteur Philippe Genton et l’abbé Vincent Lafargue :

Philippe

Salut l’Abbé… Content de te voir… Ca tombe bien, je voulais te…

Vincent

Salut Pasteur, tu m’as l’air bien agité… Tu vas bien ? que puis-je pour toi ?

Philippe

Oui, je te remercie, je vais bien… mais c’est vrai, je… Merci, j’espère que tout va bien pour toi aussi… Je… je voulais te demander à toi le catholique… Tu as… enfin ton Église a une plus grande expérience que la mienne sur cette question. Heu… l’Asile… comment ton Église a-t-elle vécu l’asile ?

Vincent

Pourquoi, tu veux me demander l’asile ecclésiastique ?

Philippe

Rigole pas ! Je n’en suis pas là… quoique… certains jours…

Vincent

Moi aussi, je t’avoue que certains jours… j’irais bien frapper à la porte du Temple pour te demander asile…

…(rires)

Philippe

Non ! ma question est sérieuse, parle-moi du temps où les monastères, les cathédrales étaient des terres d’asile.

Vincent

Beau temps, Pasteur ! Jadis, c’est vrai, il suffisait de rentrer dans une cathédrale, dans un monastère, dans n’importe quelle église et de s’écrier « Asile », et l’on était protégé.

Philippe

Comment ça, protégé ?

Vincent

Protégé. C’était comme lorsque les enfants jouent au chat perché et disent « perché » ou « maison » ! Personne – pas même la police ou le juge d’instruction – ne pouvait venir déloger quelqu’un qui avait imploré « asile » dans une église.

Philippe

Jusqu’à ce qu’il sorte ?

Vincent

C’est cela. On voit cela avec Esmeralda dans « Notre Dame de Paris », notamment.

Philippe

Mais ça pouvait durer éternellement !

Vincent

Ce n’était jamais le cas. Ce temps d’asile donnait la possibilité au réfugié de faire connaître sa situation, par l’intermédiaire du prêtre. Les vrais réfugiés étaient insérés rapidement dans la ville, et on leur trouvait une situation.

Philippe

Et les tricheurs ?

Vincent

Ils étaient remis dehors. Mais ce n’est pas la police qui leur tombait dessus en premier. En général c’étaient les vrais réfugiés qui leur faisaient passer le goût de la tricherie.

Philippe

Ils avaient compris que les tricheurs prétéritent la situation de tous, y compris de ceux qui ont vraiment besoin d’aide.

Vincent

C’est cela. Mais l’important là-dedans, c’est vraiment ce temps d’asile qui permettait à chacun de connaître la situation du réfugié.

Philippe

Et sans doute à chacun de prendre conscience de sa propre situation. Oui… un asile qui ne voulait pas seulement « mettre à l’abri » mais également « mettre en retrait »… un moment privilégié pour un bilan de vie… du temps pour soi, pour reprendre élan…

Vincent

Oui, mais plus que cela… La plupart des romans ou des fresques historiques, ont tendance à montrer des personnes que l’asile soustrait à une justice injuste, à laquelle un prêtre ou un évêque s’oppose courageusement. L’asile, ou plutôt le droit d’asile est une protestation !

Philippe

Un catholique qui proteste !… ce n’est pas banal.

Vincent

L’Évangile est une protestation, ou tout au moins une force de protestation… ainsi les protestants n’ont pas de monopole en la matière

Philippe

Ne te fâche pas l’Abbé… Tu vois, le peu que tu m’en as dit de cet asile, me fait prendre conscience que loin d’être une seule situation de protection, il devait être une période de recadrage. Devant les autres… devant soi même… finalement devant Dieu !

Vincent

Attends… si je te suis bien, c’est en demandant asile à l’autre que l’on réussit ensuite à se demander asile à soi-même, puis à Dieu ?

Philippe

Exactement.

Vincent

Donc c’est en allant se réconcilier avec l’autre qu’on se réconcilie aussi avec soi-même, et donc avec Dieu ?

Philippe

Bien sûr. Tu ne peux pas être en paix avec toi-même si tu n’es pas en paix avec ton frère. A fortiori avec Dieu.

Vincent

Mais alors avec nos Eglises, c’est pareil ?

Philippe

Comment cela ?

Vincent

En cherchant à réconcilier les protestants avec les catholiques, c’est peut-être les protestants qui cherchent à se réconcilier entre eux, et les catholiques entre eux aussi. Et nous tous avec Dieu…

Philippe

Et ben voilà, tu as compris.

Vincent

C’est vrai que nous, catholiques, entre les Vieux-Catholiques, les Catholiques Orientaux, les Catholiques Romains, sans parler d’Ecône, on aurait de sacrées réconciliations à opérer contrairement à vous.

Philippe

Comment ça, « contrairement à vous » ? Tu crois que c’est tout rose chez nous ? J’aime mieux te dire qu’entre Pentecôtistes, Anabaptistes, Evangéliques, Luthériens, Calvinistes, y aurait aussi du boulot côté réconciliation. Faudrait déjà apprendre à se parler…

Vincent

Ouais… chez nous aussi…

Philippe

Apprendre à faire ce que l’on fait là, en somme.

Vincent

Exactement. Et dans ce sens, on devrait tous réapprendre à demander asile. Les uns chez les autres. Les protestants chez les catholiques et vice versa.

Philippe

Pour mieux s’offrir l’asile ensuite à l’intérieur de nos propres confessions, protestants avec protestants, catholiques avec catholiques.

Vincent

Et donc ensuite pour mieux demander asile tous ensemble chez Dieu.

Philippe

Le Royaume…

Vincent

Que dis-tu ? je n’ai pas bien entendu.

Philippe

Je disais : le Royaume…. Demander asile chez Dieu… mais c’est le Royaume !

Vincent

C’est pas un peu tôt ?

Philippe

Oui… tu as raison. Quoique cela dépend de la conception du Royaume. Beaucoup le voient ici et maintenant… Mais revenons à notre asile… je crois que si nous avions parfois le courage de nous demander asile mutuellement pour un temps de…

Vincent

Un temps de retrait ? J’aime mieux cette idée de retrait, plutôt que de parler de retraite. La retraite ça fait fin de carrière, alors que retrait, donne davantage l’idée d’un temps de respiration… un temps pour prendre son élan.

Philippe

Oui, c’est ça ! Un temps de retrait. Un asile pour prendre son élan… Tu ne crois pas l’Abbé, que c’est un beau chemin de communion. Se ressourcer chez l’autre afin de mieux se recentrer… j’ai toujours été frappé quand Jésus allait se ressourcer en terre païenne, chez les autres…

Vincent

Jésus, en cela, ne faisait rien d’autre que d’aller se retrouver auprès de son Père, et de l’Esprit Saint, souffle d’amour entre eux.

Philippe

Tu crois que nos Eglises sont comparables ?

Vincent

Je le pense sincèrement. Vous les Réformés, par votre amour de la Bible, vous êtes davantage le Père, le Dieu des deux testaments.

Philippe

Dans ce sens, vous les Catholiques, avec l’Eucharistie et sa présence réelle du Christ, vous êtes davantage l’Eglise du Fils.

Vincent

Et les Orthodoxes, avec leur magnifique liturgie pleine de symboles et de mystères m’ont toujours semblé être davantage l’Eglise de l’Esprit.

Philippe

C’est vrai… c’est un beau regard sur nos réalités… Or entre Père, Fils et Esprit il y a union, communion.

Vincent

Oui, mais jamais fusion. Chacun est en pleine communion avec l’autre tout en gardant son propre visage, sa propre personnalité.

Philippe

Alors… et si… Et si la Trinité était un exemple pour nos Eglises ?

Vincent

Je pense que c’est une voie que l’on ne creuse pas assez. On cherche la fusion totale alors que nous avons sous les yeux un modèle de Dieu de communion sans confusion.

Philippe

C’est vrai… Dieu est communion, sans confusion…

Et l’asile alors ?

Vincent

La Trinité nous en donne aussi le modèle : comme nous le disions, le Fils va se ressourcer auprès du Père, avec l’Esprit. Au fond tu as raison, peut-être que nous vivons déjà le Royaume sans le savoir.

Philippe

A cette célébration par exemple ?

Vincent

En t’accueillant, oui, comme dimanche prochain lorsque tu m’accueilleras.

OU

En m’accueillant, oui, comme dimanche dernier lorsque je t’ai accueilli.

Silence…

Philippe

Tout à l’heure, nous nous sommes souvenus de l’événement de Pentecôte, promis par Jésus. Désormais, le Saint Esprit nous accompagne… A ton avis, est-ce uniquement pour nous offrir asile mutuellement lorsque nous avons besoin de nous ressourcer et de nous recentrer, est-ce uniquement pour nous permettre de vivre notre communion sans confusion ? ne manque-t-il pas une dimension plus grande encore ?…

Vincent

En effet, j’en vois une plus grande encore. Celle de la prophétie.

Philippe

Quelle prophétie ? et qui en est le prophète ?

Vincent

Nous !

Philippe

Tu veux dire : toi et moi ?

Vincent

Non. Je veux dire : nous les chrétiens. L’ensemble de ceux qui confessent Jésus comme Seigneur et Sauveur.

Philippe

Bon ! voilà pour les prophètes. Et la prophétie ?

Vincent

Nous sommes prophétiques quand, Églises différentes, défendant des valeurs différentes, des visions différentes, des manières de croire et de vivre notre foi différentes, nous affirmons et vivons paradoxalement une communion d’amour réel.

Philippe

Mais… pour qu’une prophétie soit compréhensible, il faut au moins un signe. Notre communion n’est guère visible… nos réconciliations ne sont guère spectaculaires… J’en reviens à ma question initiale : comment faire de cet asile que nous pourrions nous offrir, une vraie prophétie ?

Vincent

Un signe pour ce dimanche, ce sera le Credo que nous proclamerons dans un instant, tu verras. Et un signe pour les temps à venir, c’est peut-être justement d’accepter que le Royaume se trouve dans du non-spectaculaire.

Philippe

Nous vivons dans un monde où les médias, la télé font du spectaculaire ! Les gens en ont besoin.

Vincent

Jésus, me semble-t-il, n’a jamais vraiment suivi ce que le monde de son époque, les médias de son époque, les gens de son époque semblaient réclamer. Il était souvent un contre-signe.

Philippe

C’est vrai… Cela me fait penser à cet homme qui se jette aux pieds de Jésus pour lui demander : Que faut-il que je fasse pour recevoir la vie en partage ?… Une vraie demande d’asile…

Vincent

Que Jésus va recadrer et porter encore plus loin. Alors que cet homme attend une réponse, Jésus reste muet. Souviens-toi comment Marc l’Évangéliste nous raconte la scène… Il nous dit : Jésus le regarda et l’aima.

Philippe

Cet homme demandait asile dans le Royaume du Père, Jésus le lui offre dans la profondeur de son amour.

Vincent

Voilà notre signe. Le signe de l’Église, au moment où le monde supprime les frontières politiques et commerciales, et les renforce entre les hommes. N’est-ce pas Tertullien qui disait devant la liberté des chrétiens à s’aimer les uns les autres : « voyez comme ils s’aiment » ?

Philippe

En effet.

Vincent

L’amour qui nait d’un regard, l’asile qui se fonde sur l’amour, ce n’est pas spectaculaire. Et pourtant ! Quel signe !

Philippe

En effet…. MERCI pour ce partage, cher Abbé.

Vincent

MERCI pour cette communion, cher Pasteur.»

Homélie du 23 janvier 2011

Prédicateur : Markus Kissner, assistant pastoral et Maria Schneebeli, pasteure
Date : 23 janvier 2011
Lieu : Eglise Saints Pierre et Paul, Winterthur
Type : tv

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

Markus Kissner, assistant pastoral de la paroisse catholique SS Pierre et Paul.

Chère communauté,

Peut-être avez-vous déjà entendu cette cruelle formule relative aux partages familiaux : « Est-ce que vous êtes ensemble ou est-ce que vous avez déjà fait le partage ? » Une expérience amère pour des familles en conflit à propos de l’héritage.

Dans la lecture biblique que nous venons d’entendre, il est question d’héritage. Non pas au sujet de biens importants des parents, de bijoux ou d’un grand stock d’actions, mais de la souveraineté sur tout le peuple d’Israël. Une dramatique saga nous rapporte que les frères jumeaux Jacob et Esaü, après de longues années d’éloignement, de haine et d’inimité, se réconcilient l’un et l’autre et finalement peuvent vivre en paix leur propre chemin séparé.

Dès le sein maternel, d’après ce qui est relaté, les deux jumeaux se querellaient et se faisaient concurrence. Jacob est le favori de sa mère Rebecca, Esaü le favori de son père Isaac. Aux parents, le choix de la femme d’Esaü ne plaît pas. La Bible n’est pas étrangère aux conflits et aux sentiments très humains. Querelles et contradictions, envie et jalousies font inévitablement partie de la vie. L’enjeu est celui des biens familiaux, y compris la possession de la maison familiale. Qui sera le premier, le plus capable, l’élu ?

Esaü, fils aîné, normal héritier de droit d’Isaac, par une habile rouerie de son jeune frère perd tout d’abord son droit d’aînesse. Il a fourni un travail épuisant, il est affamé, et dès lors abandonne trop facilement son précieux avantage. Son besoin immédiat de nourriture – manger un plat de lentilles – est pour lui sur le moment plus important que tout le reste au monde.

Plus tard, Jacob, obtient par ruse la bénédiction de fils aîné, si importante pour Israël, en trompant son père aveugle et en se faisant passer pour son frère Esaü. Sa mère l’aide même en cela. L’énorme scandale, l’injustice sont évidents. Mais, tandis qu’Esaü se trouve doublement trompé, Jacob reçoit par contre la bénédiction unique, irrévocable et non renouvelable. C’est finalement le cadet Jacob à qui est donnée la promesse paternelle d’une nombreuse descendance et la garantie du pouvoir et de la possession. Le prix en est élevé : Jacob doit quitter la maison de son père et partir à l’étranger. Il est désormais en fuite et il a peur de son frère qui jure de se venger, de Dieu et de lui-même. Mais tout repose dans la bénédiction de Dieu et celle-ci accompagne toujours le chemin de Jacob.

Divers sentiments montent inévitablement en nous : l’incompréhension ? le scepticisme ? peut-être même la colère ? Ce drame familial appelle bien des supputations. Selon les appréciations, on s’interroge sur les personnalités d’un Ésaü trompé et d’un Jacob trompeur. Il nous faut une certaine prudence dans le jugement. Car je crois qu’en chacun de nous, au fond de notre humanité, se cachent un petit Jacob et un petit Esaü.

L’histoire entre nous, les hommes, et Dieu, est complexe et la bénédiction de Dieu n’est finalement pas à la portée de notre compréhension et en aucun cas magique. Elle est un don de Dieu : cela s’est vérifié dans le combat de Jacob et ses rencontres avec Dieu, une fois en rêve avec l’échelle céleste ou encore au fleuve du Yabbok lorsqu’il a la hanche déboitée ; il développe sa relation avec Dieu, il l’approfondit et se réconcilie avec Esaü. Alors la bénédiction de Dieu se réalise. Alors seulement est béni l’héritage commun aux deux frères.

La situation n’est pas aussi dramatique pour nous. Certes, là aussi ne règne pas toujours un soleil radieux. Nos familles sont aussi naturellement un lieu de conflits et de désaccords. Parfois c’est seulement après une longue période et par des chemins très détournés que la réconciliation peut se produire. Dans la grande famille chrétienne interconfessionnelle – l’œcuménisme – il y a aussi des moments de lutte pour la vérité, la paix, la véritable identité, le vrai chemin. Mais il y a aussi des périodes de « diversité réunie » et d’héritage béni dans la maison de Dieu habitée ensemble.

Cet héritage chrétien commun, fondement commun de toutes les confessions, il s’agit de le conserver et de le transmettre à la génération suivante : la foi selon laquelle Dieu vient toute proche de nous en son Fils Jésus, qui devient l’un de nous par amour ; la foi dans l’accueil inconditionnel et illimité de chaque homme ; le respect de tout homme en tout cas image de Dieu : pauvre ou riche, malade ou bien portant, libre ou prisonnier ; ajoutons encore la foi dans le cadeau de la création, la foi en une vie après la mort dans la Jérusalem céleste, la foi au pardon et à la libération par la rédemption du Christ. Cet héritage chrétien, commun qui nous unit tous, qui nous entraîne et nous appelle, recevons-le dans la foi commune, dans la joie et dans la prière.

Maria Schneebeli, pasteure à Winterthur

Deux frères sont fâchés et ne peuvent absolument pas s’entendre. Ils vont chez le même rabbin et se plaignent l’un de l’autre. Le rabbin dit à l’un des frères : « Oui, tu as raison en ce que tu dis ». A l’autre frère, il dit, après ses déclarations : « Tu as raison ». Les frères apprennent l’un de l’autre que le rabbin a donné raison à chacun. Furieux, ils accourent tous deux chez le rabbin et lui disent : « Tu ne peux pas donner raison à chacune des propositions car elles se contredisent. Alors le rabbin dit : « Oui, vous avez raison ».

Une plaisanterie habile et typique du judaïsme, mais le rire vous reste dans la gorge parce qu’elle décrit avec précision la situation des peuples et des religions séparées à Jérusalem. Chaque parti veut avoir raison, mais d’un côté et de l’autre, cela est impossible, c’est tout autre chose. Cette histoire de rabbin décrit bien la situation en Palestine et en Israël, avec la ville commune de Jérusalem : avoir raison ne mène pas à la solution du conflit, mais au contraire l’attachement à ses propres droits, dussent-ils rejoindre notre profonde conviction, cela aboutit de plus en plus à l’impasse, à l’impossibilité d’où l’on ne sort plus.

Les chrétiens et chrétiennes de Jérusalem ont choisi comme textes bibliques pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens célébrée dans le monde entier le passage du sermon sur la montagne que vous avez entendu. Dans son discours Jésus indique que la colère et le mépris envers quelqu’un d’autre est en soi la même chose que tuer. Que ce soit une colère à chaud ou un mépris à froid, tous deux sont équivalents, ils disent quelque chose sur nous-mêmes plus que sur autrui, ils expriment notre capacité à viser la destruction d’autrui.

Y a-t-il un chemin en dehors de ce désastre ? Oui, Jésus l’indique : nous devons dire non à la colère et à la justification de soi, car elles se situent précisément entre nous et autrui, et pour le dire théologiquement, également entre nous et Dieu, que nous ne pouvons plus voir puisque nous ne voyons que nous-mêmes et notre droit. Ainsi, n’entendons-nous pas et ne voyons-nous pas quelle est la véritable offrande que nous devons apporter, et quel est le vrai culte que nous devons rendre. Te tourner vers Dieu, dit Jésus, tu ne peux le faire que si, auparavant, tu t’es réconcilié avec ton frère.

Ne dispute pas tes droits avec lui, fais la première démarche vers la paix, peu importe qui a commencé la querelle. Par « frère », on entend vraiment celui qui est notre « prochain », et comme chacun est notre prochain, il peut également être notre ennemi. Ce sont de grandes exigences que Jésus propose, elles dépassent toute mesure. Se réconcilier avec le frère, la sœur de sa propre famille peut être plus facile, car même si en famille nous parlons des langues différentes, l’Esprit de Pentecôte rend possible que nous comprenions l’autre frère chrétien.

Mais comment s’entendre avec l’ennemi, avec qui rien ne nous lie ? Rien ? De notre côté, il n’y a rien ; mais du côté de Dieu survient l’Esprit qui nous révèle sa volonté, sa justice. Et cela permet que tous les hommes soient respectés et justifiés : tous doivent l’être. Car tous il les regarde.

Ainsi l’Esprit de Dieu veut la réconciliation et la paix pour tous les hommes de bonne volonté. Le véritable sacrifice consiste en ce que nous abandonnions ce qui fait notre propre droit, afin de voir qu’il y a encore d’autres hommes et que je dois les reconnaître parce qu’ils sont fils et filles de Dieu, sœurs et frères de nous-mêmes. Cela nous relie les uns aux autres et c’est infiniment plus que ce qui nous sépare.

On pourrait dire : oui, tout cela est bien en principe, mais nous sommes, il est vrai, des humains ; en tant qu’humains nous vivons toujours dans le péché et dans l’habitude de toujours vouloir avoir raison ; et le monde est ce qu’il est et il a toujours été ainsi. Le Sermon sur la montagne est une belle utopie. Oui, c’est toujours la même chose, aujourd’hui comme autrefois.

Je pense au contraire que le Sermon sur la montagne, avec son invitation inconditionnelle à pardonner, est la seule voie à suivre pour sortir de notre chaos et trouver la paix. Il y faut du courage. Mais nous ne sommes pas seuls. Les chrétiens et chrétiennes de Jérusalem se sont unis pour suivre ensemble le chemin de la réconciliation, avant tout dogmatisme, dans l’esprit du Sermon sur la montagne. Eux n’ont pas du tout là un chemin plus facile, pas plus que nous. Et le rabbin sûrement a raison dans tous les cas. Amen.

Lectures bibliques : Genèse 33, 1-4 ; Matthieu 5, 21-24

Homélie du 16 janvier 2011

Prédicateur : Chanoine François Roten
Date : 16 janvier 2011
Lieu : Abbaye de Saint-Maurice
Type : radio

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean-Baptiste.

C’est le titre que l’on pourrait donner à ce passage de l’Ecriture que nous venons d’entendre : l’annonce de la bonne nouvelle du salut selon le témoignage de Jean le Précurseur.

Car c’est un abrégé de la bonne nouvelle que nous donne Jean en disant : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » et il complète : «avant moi il était » et « j’ai vu l’Esprit descendre du ciel et demeurer sur lui. Oui, j’ai vu et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

Ce sont des affirmations fortes dont Jean Baptiste lui-même ne devait pas et même ne pouvait pas mesurer la portée. Comme tous les prophètes, il est d’une certaine manière dépassé par le sens plénier de ce qu’il proclame, il ne le comprend pas totalement.

Le prophète n’est pas un homme qui sait tout, comprend tout ; nous en voyons une preuve dans l’évangile de ce jour : par deux fois Jean-Baptiste s’exclame au sujet de Jésus : « Je ne le connaissais pas »…. Car la connaissance que Jean le prophète a de son cousin Jésus n’a pas été soudaine et totale. Elle s’est développée peu à peu, l’esprit humain de Jean étant à l’écoute de l’Esprit Saint qui l’inspirait… Voilà ce qui fait le prophète : se mettre à l’écoute de Dieu, se mettre à sa disposition, prendre du temps pour lui, se laisser modeler par lui, pour entendre sa Parole…

Et donc être prophète, c’est la vocation de tout chrétien, appelé à vivre sous le regard de Dieu, en prenant du temps, dans la prière, pour se laisser inspirer par lui…

« Voici Jésus, l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ».

Pour les Juifs qui écoutent Jean, le message est clair : dans la Bible, l’agneau c’est l’animal du sacrifice, c’est l’agneau pascal que l’on égorge et dont le sang devient signe salvateur du peuple sauvé.

Et pour nous qui avons accès à la totalité de la révélation au travers des Evangiles et de la tradition de l’Eglise, cette affirmation prend un sens nouveau, plus fort encore que Jean Baptiste lui-même ne pouvait le penser : en désignant Jésus comme l’Agneau de Dieu, Jean annonce prophétiquement le destin tragique mais librement choisi de Jésus, qui, semblable à l’agneau que l’on mène à l’abattoir, offre sa vie, sa passion et sa croix pour le salut de l’humanité.

Cela Jean l’ignore, mais au-delà d’un acte conscient de sa part, prophétiquement, il annonce, dans son témoignage, le mystère de la Passion.

« Avant moi, il était ».

Toujours prophétiquement, Jean affirme l’existence éternelle de Jésus, le Verbe de Dieu, celui qui était auprès de Dieu déjà lors de la Création, le même qui s’est fait homme et vécu parmi les hommes, Dieu parmi nous.

Et, dans la suite de son témoignage, Jean affirme encore plus nettement cette intimité de Dieu avec Jésus : « j’ai vu l’Esprit descendre du ciel et demeurer sur lui ; c’est lui le fils de Dieu ».

Or dans la Bible, le titre de Fils de Dieu est souvent attribué au Messie de Dieu, à celui que l’on attendait et qui devait restaurer la royauté d’Israël. Et c’est Jésus que Jean Baptiste désigne comme le messie tant attendu.

Fort de la foi qui nous a été donnée, nous pouvons comprendre plus profondément les paroles et l’enseignement de Jean : Jésus est certes le Fils de Dieu, mais encore plus, il est le fils unique du Père, engendré non pas créé, de même nature que le Père.

Jean le prophète annonce donc le mystère de la sainte Trinité, de Dieu, Père, Fils et Esprit saint.

Et nous pouvons comprendre pourquoi Jésus lui-même définit Jean Baptiste comme le plus grand des enfants des hommes : sa vie d’intimité avec Dieu lui a permis de recevoir révélation de tous ces mystères, alors même qu’il ne pouvait pas les comprendre.

A première vue, cela peut paraître contradictoire, mais c’est bien ce qui s’est passé.

Pour preuve. Quelques mois après l’évènement relaté dans cet évangile, de la prison où il attend le bon vouloir d’un prince et d’une courtisane qui exigera sa tête, Jean est perplexe et ne comprend pas : celui dont la puissance lui a été révélée lors du baptême au Jourdain, celui sur qui il a vu descendre l’Esprit, pourquoi ne se manifeste-t-il pas pour libérer le peuple en rétablissant le royaume d’Israël ?

Alors Jean envoie ses disciples vers Jésus, lui demander : « es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?

Jean, le plus grand des enfants des hommes, a douté ; il n’avait pas compris le message de grâce qui sortait de ses propres lèvres ; par révélation il savait qui était le Messie, mais il ignorait le projet de Dieu sur son Messie. Jean chemine – comme nous – dans la foi.

Ce n’est pas pour rien que nos liturgies eucharistiques ont retenu le témoignage de Jean Baptiste : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

Ces paroles nous invitent à approfondir lors de chacune de nos communions, ce mystère de la présence de Dieu dans le pain consacré. Et cela malgré nos doutes, même si nous ne comprenons pas.

Et la liturgie nous invite à répondre : Seigneur, je ne suis pas digne, je ne serai jamais digne de te recevoir, mais j’ai confiance et je viens te recevoir, car tu m’invites à venir vers toi, malgré mon péché, malgré mes pauvretés, malgré mes manques de foi ; c’est de toi que je reçois la vie et le pardon ; dis seulement une parole, et je serai guéri.

A la suite de Jean-Baptiste, nous sommes invités à être d’humbles serviteurs d’une présence à nous offerte, mais qui nous dépasse infiniment. Nous sommes invités à faire le pas de la foi, dans la confiance, toujours renouvelée.

Car la parole de guérison que nous demandons à Dieu avant la communion, il nous l’a déjà adressée : c’est son Fils, Parole faite chair sur notre terre, l’agneau de Dieu qui efface nos péchés, celui-là même auquel Jean Baptiste rend témoignage.

Aussi nous osons dire : Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais tu as dit une parole et je suis guéri.»

Lectures bibliques : Isaïe 49, 3-6; 1 Corinthiens 1, 1-3; Jean 1, 29-34

Homélie du 09 janvier 2011

Prédicateur : Père Pierre Pochon
Date : 09 janvier 2011
Lieu : Chapelle de l’Hôpital du Chablais, Monthey
Type : radio

Dimanche passé, nous avons fêté l’Epiphanie, la manifestation du Seigneur aux nations. Jésus était âgé de quelques semaines. Aujourd’hui, à son baptême par Jean-Baptiste, il a une trentaine d’année !

En acceptant en toute humilité le baptême de Jean-Baptiste, Jésus se montre solidaire des hommes, de leurs destinées plus ou moins heureuses. Jésus n’a pas péché mais il va être plongé dans le péché. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a, pour nous, identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu. (2 Cor 5,21)

C’est déjà le mystère pascal qui s’annonce. D’ailleurs, Jésus parlera d’un autre baptême qu’il doit recevoir, c’est celui de sa Passion-Résurrection. Ces deux baptêmes encadrent la vie de Jésus. Au Jourdain, Jésus se voit consacré par l’onction de l’Esprit-Saint, il se voit approuvé par le Père et reconnu comme Fils bien-aimé du Père. C’est pour lui un nouveau départ, une sorte d’ordination à être Messie-Serviteur pour proclamer la bonne nouvelle du salut et sauver tous les hommes. Mais cela va se réaliser pendant les trois années de son ministère jusqu’à ce deuxième baptême dans sa mort et sa résurrection. C’est là qu’il nous invite à le rejoindre: « allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les… »

Le baptême du Christ nous rappelle ainsi le sens de notre propre baptême. Nous croyons que le baptême est une nouvelle naissance, une nouvelle vie en Dieu. Mais renaître ne suffit pas, il faut vivre chaque jour ce baptême reçu. Le baptême, comme les autres sacrements, est un sacrement du moment présent, parce que je suis chrétien à chaque instant de ma vie.

Les chrétiens sont en contact incessant avec ceux qui ne croient pas ou qui croient autrement, c’est là qu’ils ont à vivre leur foi, à dire leur conviction, à rendre compte de l’Espérance qui est en eux. Aussi, un des signes visibles du témoignage des chrétiens vivant leur foi, est-il la présence de catéchumènes : ces personnes en formation voulant être baptisées car ils ont rencontré le Seigneur à travers des chrétiens qu’ils connaissent.

Cela, je l’ai vécu à Madagascar où j’ai baptisé beaucoup d’adultes et d’adolescents, permettez-moi un petit témoignage.

A ces nouveaux chrétiens, souvent je leur posais la question : « Qu’est-ce qui t’a amené à changer de religion ? » Et presque toujours, ils me répondaient :  » J’ai des copains qui sont sympas, je veux être comme eux ». Ou bien :  » Les chrétiens ne vivent pas dans la peur, leur Dieu ne fait pas peur : un Dieu d’amour, de paix, de justice, un Dieu qui est le « petit Jésus de la crèche »… il y a beaucoup de joie dans les assemblées chrétiennes ». Ces réactions nous indiquent que la plupart du temps, ce sont les autres, leur exemple de vie, les services rendus, les solidarités qui ont conduit ces jeunes et ces adultes à foi.

A Madagascar, les prisonniers ont été marqués par des gestes fraternels simples : des visites, avec quelques journaux, des médicaments, des cigarettes ou des friandises et aussi quelques prières ensemble…des messes célébrées avec eux en prison.

Combien de marins avons-nous dépannés. Des marins qui avaient été débarqués injustement pour une maladie, un accident, ou une bagarre… Ils étaient étrangers, sans ressources… Nous les avons aidés : des soins, un téléphone, un peu d’argent, ou un peu de travail rémunéré, pour leur permettre de rentrer chez eux.

Les étudiants sont souvent pauvres. Nous avons participé à l’achat de livres, de fournitures scolaires pour les cours, aider leurs familles qui ne pouvaient payer les études, créer des liens, des entraides pour les études – des gestes concrets en plus des célébrations religieuses.

Les hôpitaux de campagne à Madagascar ne sont pas équipés comme ici : il faut apporter son matelas, la moustiquaire, les repas, les médicaments. Il faut souvent acheter le pharmacien pour avoir des remèdes, ou l’infirmier pour être soigné… Aider mais aussi dénoncer la corruption, ou le chantage à la maladie. Je pourrais parler du monde agricole, des ouvriers, des fonctionnaires dans l’administration, de l’armée…

C’est en ce sens-là que j’ai voulu vivre mon baptême en Eglise avec les sœurs et les chrétiens dont j’étais le curé. La bonne nouvelle doit se vivre partout et à chaque instant dans notre vie, c’est cela notre vocation de baptisés.

Oui, Dieu est invisible mais le prochain, en qui Dieu habite, est à côté de nous en chair et en os !

Aujourd’hui encore, le Père redit à chacun(e) d’entre nous: « tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour. » Mais cet amour nous invitera à devenir toujours davantage des fils-filles bien-aimés du Père.

Lectures bibliques : Isaïe 42, 1-7; Actes 10, 34-38; Matthieu 3, 13-17

Homélie du 02 janvier 2011

Prédicateur : Père Pierre Pochon
Date : 02 janvier 2011
Lieu : Chapelle de l’Hôpital du Chablais, Monthey
Type : radio

Epiphanie: C’est la manifestation du Seigneur aux nations.

Isaïe voyait Jérusalem comme un pôle d’attraction pour toutes les nations.

Paul disait aussi que tous les hommes sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus par l’annonce de l’Evangile.

L’épisode des mages manifeste un début de réalisation de cette promesse. L’Apocalypse décrira la réalisation finale de cette promesse, c’est la nouvelle Jérusalem: Apocalypse 21,22.

L’histoire des mages est une annonce de ce que vivra Jésus adulte. Les mages sont des astrologues : une étoile les guide, des chercheurs, d’une autre culture, ils ne sont pas de religion juive, et pourtant ils ont décidé de se déplacer, de se déranger pour se mettre à la recherche du roi des juifs…

Ils vont à Jérusalem, c’est le centre religieux d’Israël, la ville des autorités, des spécialistes de la loi. Le roi Hérode, jaloux de son pouvoir, est inquiet. Les Docteurs de la loi trouvent dans les Ecritures la prophétie de Michée : de Bethléem naîtra un roi, le berger d’Israël (Mi 5,1.) Mais ils refusent de se déplacer.

Orientés par la prophétie, envoyés par Hérode, les mages s’en vont à Bethléem, ils retrouvent l’étoile qui les éclaire, ils sont dans la joie. Ils trouvent le vrai roi des juifs. Ils le reconnaissent pour roi (or) pour Dieu (encens) et pour un être immortel (myrrhe).

Que veut dire Matthieu ? Les autorités de Jérusalem qui auraient dû accueillir le Messie ne le reconnaissent pas. Leur science des Ecritures ne leur sert à rien. Ce sont les pauvres les petits de Bethléem, les païens (non-juifs) qui accueilleront le Christ. L’Epiphanie est la manifestation du Christ aux Nations car celles-ci recevront son message.

Nous aussi nous sommes invités à entrer dans la caravane des chercheurs de Dieu…

L’Epiphanie est une fête qui nous met en route :

Quels signes, quelle étoile le Seigneur nous donne-t-il pour le suivre avec joie comme les mages ?

Nous sommes ici à l’hôpital : C’est un lieu qui nous dérange même si nous ne pouvons bouger dans notre lit. La souffrance, la dépendance, l’incertitude l’avenir de notre santé, des organes blessés ou enlevés, tout cela nous déstabilisent, et mille « Pourquoi » se posent : Où se trouve l’étoile qui nous guidera ? Trouvera-t-on un sauveur ou une lueur d’espoir, une petite consolation ?

Le temps de maladie joue souvent le rôle d’un révélateur de ce qui est essentiel et de ce qui ne l’est pas, dans notre vie. Nous voyons peut-être là, plus qu’ailleurs ce qui est absolu et ce qui est relatif… l’être humain est un être de désir, dit-on, il est rempli d’aspirations, il a besoin d’être aimé et d’aimer, il y a en nous cette présence d’amour à laquelle nous comparons tout le reste. Il y a en nous plus que nous-mêmes, nos aspirations vers le bonheur, vers plus de justice, de paix, vers un amour plus grand, plus parfait. Tout cela nous met en présence de Quelqu’un qui est déjà là et qui nous attend, qui frappe à notre porte et qui espère notre accueil.

Cette Présence, nous l’appelons Dieu. Rencontrer cette présence de Dieu en nous et dans les autres, est la grande transformation de notre vie. Il est bien plus qu’une étoile, il est notre Lumière qui pénètre toute notre vie.

Des étoiles pour guider les patients dans cet hôpital?

Il y en a : La parole de Dieu, la prière, les sacrements mais aussi

des visiteurs et des bénévoles, par leur dévouement constant…

le personnel soignant, par sa gentillesse, sa prévenance et son service auprès des malades…

des accompagnants qui se mettent à l’écoute des uns et des autres…

Ne seraient-ils pas un peu comme une lumière qui indiquerait une direction, un chemin qui nous mène à cette Présence ?

Il s’agit pour nous d’accueillir en nous cette Lumière qui est Dieu lui-même. Alors nous serons comme une lampe allumée, alors Dieu pourra transparaître, se manifester par nous aux autres. Devenir épiphanie, manifestation de Dieu aux autres, il s’agit de le laisser transparaître.

Accueillons le Seigneur en nous dans cette Eucharistie, c’est un moment, un lieu privilégié pour l’accueillir.»

Lectures bibliques : Isaïe 60, 1-6; Ephésiens 3, 2-6; Matthieu 2, 1-12