


Homélie du 26 janvier 2025 ( Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21)
Abbé Boniface Bucyana – Eglise St-Joseph, Lausanne (VD)
Le Jour du Seigneur
Dans la première lecture, nous avons entendu la liturgie de la parole de Dieu proclamée à l’assemblée de tout le peuple dans sa composition familiale : homme, femme, enfants. Cette parole est lue et commentée par ceux qui ont cette charge : les lévites et les scribes. La disponibilité de tout le monde est requise pour sanctifier ce jour consacré par le Seigneur.
C’est le jour du Seigneur : dies dominici, c’est ce que nous traduisons par dimanche. Bien sûr tous les jours appartiennent au Seigneur, mais le dimanche est ce rendez-vous particulier célébré dans un rite rassembleur et participatif. Nous voyons, encore aujourd’hui les traces de cette liturgie de la parole dans nos célébrations, dans nos messes.
Après avoir entendu la lecture de la loi proposée par Dieu, le peuple en disant amen, renouvelait la foi en lui, en sa parole vraie et juste, en ses hauts faits passés. Ce peuple célébrait ces bienfaits tout en promettant d’accomplir les commandements de cette loi. Cet amen, hier comme aujourd’hui constitue et traduit un acte de foi, de reconnaissance et d’engagement. Les commandements de Dieu Amour, de loin d’être des oukases, étaient et restent des balises, des voies vers Dieu, et vers les autres pour le vivre ensemble de tout le peuple, pour la solidarité surtout avec les plus faibles, à savoir les veuves et les orphelins, les étrangers et les malades.
La vraie loi ouvre les yeux sur les besoins
Est-ce ces exigences ont encore droit de cité dans notre monde, dans nos systèmes politico-économiques ? Par endroit, on va jusqu’à se demander si les faibles n’ont pas tort de l’être, pour ne pas coupables ? Est-ce que notre silence ne serait pas une complicité dans la violation de la loi de Dieu établie pour la protection de la dignité de l’homme, de tout l’homme et de tout homme ? Combien de nos lois votées avec jubilation sont orientées contre l’homme au lieu d’être pour l’homme ?
La vraie loi, intériorisée ne s’arrête pas à la célébration entre les adeptes, mais ouvre les yeux sur les besoins et les attentes légitimes des autres. Donc elle ouvre les cœurs et les mains pour le partage surtout avec ceux qui n’ont rien. Alors on peut dire avec le psaume 18 que les commandements du Seigneur sont des paroles qui donnent esprit et vie. Ce sont des préceptes droits, limpides et sûres qui refusent toutes manipulations et compromissions.
La deuxième lecture nous rappelle que ce rassemblement relève de notre appartenance au même corps du Christ où les différents membres comme des corps sociaux ont différents ministères animés par divers dons dont chaque membre est doté. Aucun membre n’est de trop ni inutile. Tous les membres sont appelés à être vivants pour eux et pour les autres.
Un besoin vital des uns et des autres
On a tous besoin les uns des autres, les parents ont besoins des enfants pour être parents et vice-versa, les noirs ont besoins des blancs pour être noirs et vice-versa, les Amériques ont eu besoin des immigrés pour être ce qu’elles sont. Ce besoin vital des uns et des autres souligne la nécessité d’être solidaire, compatissant, de chasser tout rejet, toute indifférence vis à vis de notre semblable. Qu’on le veuille ou non, chacun de nous existe grâce à l’autre. Exclure l’autre même appuyé sur une prétendue légalité signifie s’exclure soi-même, se priver de lui, s’appauvrir de sa richesse sans essayer. Saint Paul semble nous dire de faire ce que le Christ a fait, en témoignant de l’amour de Dieu et du prochain sans condition. Il attend que chaque chrétien voie en son frère, en sa sœur la présence du Christ et l’accueille comme tel. Qui accueille un ces petits c’est moi qu’il accueille nous le Christ. La loi de l’amour demande à l’église que nous sommes d’être une famille divino-humaine où il y a cet échange entre Dieu et ses créatures. C’est cet échange mystérieux que nous célébrons en chaque eucharistie où nous vivons la communion avec le Christ et entre nous.
Une réalité divine en nous
L’évangile nous rappelle qu’aujourd’hui et maintenant s’accomplit, se réalise cette réalité divine en nous quand le Seigneur nous accueille et nous envoie porter la Bonne nouvelle aux pauvres qui désespèrent, qui paniquent, qui sont inquiets du présent et du lendemain, annoncer aux captifs de la peur, de la maladie et de toutes sortes de maux la libération de la part du Christ notre sauveur et vrai libérateur. Encore faut-il l’écouter, l’accueillir, communier avec lui ! Encore, particulièrement cette année du jubilé 2025, l’annoncer comme une année de grâce pour toute l’église, mais pour toute l’humanité, annoncer une libération intérieure et extérieure, initiée par le Sauveur, qui a mêlé son sang avec celui de l’homme depuis 2025 ans et continue à communier avec son église.
Le dimanche est le moment de cette communion et de partage du peuple de Dieu dans son ensemble et sa diversité. On partage la parole et le pain comme nourriture reçue de Dieu. C’est pour cela que même pendant le carême, le dimanche n’est pas compté comme un jour de jeûne. On célèbre la joie du Seigneur comme ses enfants bien aimés avant d’aller annoncer la Bonne nouvelle du Christ Sauveur de tous.
Le Christ nous demande d’être endimanché
On devrait donc être de nouveau et souvent endimanché. Dans le temps cela signifiait être bien habillé pour à la messe. Le Christ nous demande d’être endimanché au dedans plus qu’au dehors. C’est-à-dire être net et propre pour ce rendez-vous avec lui et avec nos frères et sœurs. Aller à ce rendez-vous en se cachant ou en en trainant les pieds est une injure à celui qui n’a jamais eu honte de nous même quand nous lui faisons honte. Le jour du Seigneur, c’est le jour où le Seigneur vient vers et dans l’homme, soigne et guéri l’homme malade, donne vie à notre vie. C’est aussi le jour de l’homme pour se refaire une santé avec les autres pour rester sur le chemin vrai vers le Christ et pour demeurer frères et sœurs en humanité avec les autres humains et y grandir ensemble.
En bref, l’invitation au jour du Seigneur reste permanente pour tous et il n’est permis de se dire que ce n’est pas pour moi, encore de croire que c’est réservé seulement pour nous. Et hiérarchiser les membres de la famille des croyants, y créer des privilégiés et des compétions dans les titres c’est oublier que le Christ est et reste Roi et serviteur ou parce que serviteur. Si nous sommes de lui, s’ll est maître, sommes plus grands que lui. Quelle prétention !
En allant à cette assemblée dominicale, nous sommes députés par tous ceux que nous portons et ceux qui nous portent, non pour voter des lois, mais pour accueillir la loi de l’amour qui renouvelle et grandir notre personne et toute la famille des enfants de Dieu. Amen
3ème dimanche du Temps ordinaire C
Lectures bibliques : Néhémie 8, 2-4a.5-6.8-10 ; Psaume 18 ; 1 Corinthiens 12, 12-14.27 ; Luc 1, 1-4 ; 4, 14-21
Quel chrétien est Donald Trump?

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Prédication du 19 janvier 2025 (Jean 11,17-27)
Pasteure Linda Sibuet, célébration œcuménique à l’église Saint-Robert de Founex
« Crois-tu cela? »
Qu’est-ce que la vie? Voilà la question pour nous ce matin. Et si nous nous la posons, il nous faut aussi explorer son corollaire: qu’est-ce que la mort? Lazare est mort, c’est le frère bien aimé de Marthe et de Marie, c’est un ami très cher à Jésus.
Il est mort depuis quatre jours. Son corps est au tombeau et déjà gentiment en début de décomposition. Marthe sa sœur est dans la peine, elle va au-devant de Jésus qui arrive un peu tard. Il aurait pu faire quelque chose s’il était arrivé à temps… S’installe alors un dialogue entre Marthe et Jésus, qui est un total malentendu, sur la question de la vie justement et de la mort. Un de ces malentendus qui nous permettent de saisir, à nous qui entendons le dialogue, qu’il y a autre chose à comprendre.
Oui, Jésus, face à la souffrance de Marthe, lui dit: «Ton frère ressuscitera». C’est une affirmation: Lazare va ressusciter. Et Marthe, qui est une femme de foi, répond du tac au tac «Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour». Eh oui, Marthe connaît son catéchisme juif: les morts qui sont morts ressusciteront un jour, et c’est là l’espérance des vivants. Elle pense que Jésus essaie de la consoler en lui rappelant que son frère ressuscitera un jour, au dernier jour. Mais le fait est que c’est maintenant qu’elle souffre de la séparation, de son absence soudaine, de son sentiment d’impuissance face à la maladie que son frère a traversée, de tout ce qu’elle aurait peut-être aimé lui dire encore, de tout ce qu’elle aurait aimé encore partager et vivre avec lui, de tous les «pourquoi lui, il était si jeune?» qui s’imposent à son esprit. Alors c’est un peu loin l’horizon du dernier jour!
Face à la mort physique, Marthe, tout comme nous, raisonne en terme de vie biologique et chronologique. Oui, la vie est ce temps dont on dispose sur terre, dans le corps qui est le nôtre pour accomplir un certain nombre de choses, pour recevoir et donner, pour transmettre, pour aimer, pour être et paraître, pour faire, etc. Et la mort c’est quoi… c’est la fin de tout cela, c’est la destruction de la personne, c’est sa pulvérisation dans l’inconnu, le néant. C’est la fin de la relation. C’est la fin.
Et puis souvent la mort est précédée de maladie ou d’une vilaine chose qu’on appelle la vieillesse! C’est fascinant de voir que la quête de la vie éternelle, qui est souvent la quête de la jeunesse éternelle (tant qu’à faire autant vivre jeune!) existe depuis la nuit des temps. Et notre temps a aussi ses héros de cette quête. Avez-vous entendu parler de ce milliardaire américain de 47 ans, vivant en Californie et qui consacre toutes ses journées et accessoirement plus de 2 millions de dollars par an pour essayer de ne pas mourir, ou du moins de vivre jusqu’à 200 ans. Hygiène de vie drastique par la nutrition et les exercices physiques, soutien des technologies de pointe en matière de santé et de longévité, il y croit. Il pense qu’on peut essayer d’échapper à la mort. Et il n’est pas le seul. Il a des milliers de clients à travers le monde, qui comme lui cherchent la vie éternelle. C’est un business bien connu aux Etats-Unis: il y a actuellement environ 800 cliniques dites «de longévité» dans tout le pays qui aident leurs patients à ralentir le vieillissement de leurs cellules.
On est là sur la compréhension de la vie comme physique, biologique, chronologique. Et la mort en est le grand ennemi, qu’il faut bannir, qu’il faut faire disparaître. Le souci c’est qu’en voulant échapper à la mort ainsi, on fait de la mort une obsession et on réduit la vie à être une lutte contre la mort. Il y a quelque chose de très morbide là-dedans.
«Je suis la résurrection et la vie»: réponse de Jésus à Marthe, dans la suite du malentendu. Je suis la résurrection et la vie. Je suis. Comme les mots de Dieu quand il s’est révélé à Moïse dans le buisson ardent en lui disant «Je suis celui qui suis». Ce n’est pas rien! Tout à coup, la vie est une personne. La vie c’est Jésus-Christ de Nazareth, celui que Dieu a envoyé pour nous. Etre en vie devient non pas être une âme et un esprit dans un corps qui fonctionne, mais croire en Jésus-Christ, recevoir ce don qu’il nous donne, dans le présent de nos vies. Pas dans un futur théorique et inconnu, pas «un jour, quand tout sera accompli». Je suis, là, maintenant. La résurrection et la vie. La résurrection c’est aujourd’hui, pas demain. La vie c’est maintenant, pas plus tard. Et il rajoute «Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais».
Frères et sœurs, le Seigneur nous dit là que notre vie, notre être, est plus que notre corps souffrant, plus que notre jeunesse perdue, plus que nos capacités physiques et cognitives qui diminuent de façon inexorable. Notre vie n’est pas définie ni déterminée par nos maladies physiques ou mentales, ni par nos réussites ou nos échecs, ni par ce que nous accomplissons de valable aux yeux des hommes. Tout cela c’est la vie selon nos critères humains. Mais le Seigneur nous dit que c’est plus que cela, que c’est au-delà de ça, que c’est même autre chose que cela. Nous sommes vivants si nous arrêtons de lutter contre tout cela, si nous guérissons de tous ces schémas et si nous recevons, comme des enfants, ce don de cette relation avec Jésus qui est lui-même la vie, la vie-résurrection que rien ne peut détruire. La vie éternelle que rien, ni la maladie, ni les calomnies, ni les échecs, ni aucune souffrance, ni aucune rupture, ni même la mort physique ne pourra nous enlever. La vie éternelle qui nous est donnée maintenant, simplement dans la foi en Jésus-Christ, le fils de Dieu.
Et nous sommes morts si nous ne sommes pas dans cette relation. Si nous sommes donc séparés de Dieu et que nous vivons dans l’illusion que notre vie ne dépend que de nous. Et si nous sommes incapables d’accueillir la mort biologique comme simplement ce qu’elle est : un passage. Alors, soyons conscients qu’il y a des vivants qui sont en fait morts spirituellement et des gens qui semblent morts qui sont vivants en Dieu.
Dans la suite du récit, Jésus va ressusciter Lazare, ou plutôt il va le réanimer car il le fait revenir à la vie, mais à la vie biologique, qui s’arrêtera encore un jour. Ce miracle est un signe que Jésus accomplit pour montrer, pour nous faire comprendre qu’Il est celui qui donne la vie, sous toutes ses formes, ici et maintenant. Qu’il peut tout, qu’il peut faire passer toute chose de la mort à la vie. Ce signe de Lazare nous est donné et devrait nous suffire, mais il n’est pas interdit de demander à Dieu d’intervenir dans des cas concrets de notre vie. Non pas pour qu’il nous prouve qu’il peut, mais parce qu’on croit qu’il le peut. Parce qu’on lui témoigne de cette foi, en lui, qui est la vie.
Car nous aussi, nous avons des Lazare, des morts dans nos tombeaux. Je veux parler de toutes ces choses qui nous paraissent perdues à jamais, tous ces «c’est foutu», toutes ces relations qui nous semblent mortes, tout ce à quoi on s’est résigné.
Et peut-être que nous croyons que l’Eglise est un peu un Lazare en devenir? Du moins sous nos latitudes ici. Il y a bien des choses auxquelles on renonce. On fusionne nos paroisses pour garder une taille acceptable et pour éviter que certaines, à bout de souffle, ne meurent. On constate, impuissants, une crise des vocations, pas seulement de prêtres, de pasteurs et de diacres, mais aussi de croyants, de chrétiens…
Frères et sœurs, c’est la question pour nous ce matin, quelles que soient nos traditions chrétiennes, nous qui récitons le symbole de Nicée dont on fête les 1700 ans, qui confessons notre foi commune en Dieu, en Christ, en l’Esprit Saint. Croyons-nous aux paroles de Jésus? Pas comme un catéchisme auquel nous adhérons par tradition ou par la partie rationnelle de notre intelligence, mais comme une vérité qui nous saisit, qui nous bouleverse, qui nous fait vivre, chaque jour. Croyons-nous que Jésus est notre vie, notre résurrection, et qu’il agit aujourd’hui et maintenant? Que cette vie et cette résurrection dont il parle ne peuvent pas être détruites par la mort, car il s’agit d’une autre vie que celle que nous voyons de nos yeux. D’une vie en plénitude, dans la paix et la joie de le connaître? Et cela, même au cœur de l’épreuve et de la souffrance?
Crois-tu cela, pour toi, pour ta famille, pour ton Eglise? Crois-tu que rien ne lui est impossible? Qu’il a toute autorité sur la vie et sur la mort? Crois-tu cela? Crois-tu qu’il peut, s’il le veut, ressusciter ce que tu crois mort? Redonner vie à des ossements desséchés, refaire pousser des forêts là où les incendies ont tout brûlé? Et t’aider à traverser, vivant et debout, ce qui ne peut pas changer?
Crois-tu cela? Crois-tu ce qu’Il nous dit dans l’Apocalypse (au premier chapitre): «Ne crains pas! Je suis le premier et le dernier, le vivant. J’étais mort, et voici, je suis vivant à tout jamais. Et j’ai les clés de la mort et du séjour des morts.»
Alors, qu’est-ce que la vie? Elle t’est donnée, aujourd’hui et maintenant: c’est lui, c’est Jésus-Christ. Lui qui est aussi le chemin et la vérité. Choisis-le, rechoisis-le, par la foi et tu vivras avec lui, à jamais. De cette vie nouvelle selon Dieu, selon son amour et sa grâce. Où Jésus, le Ressuscité marche avec toi, même dans la mort et au-delà.
Amen
(cath.ch/rz)
Cyrille et Poutine, des amis à couteaux tirés
Oliviero Toscani, artiste de la provocation religieuse

Homélie du 12 janvier 2025 (Lc 3,15-16 et 21-22)
Chanoine Olivier Roduit – abbaye de St-Maurice
Homélie pour la fête du Baptême du Seigneur.
«J’attendrai le jour et la nuit. J’attendrai toujours ton retour. J’attendrai car l’oiseau qui s’enfuit vient chercher l’oubli dans son nid.»
Pourquoi donc citer ces paroles de la belle chanson de Dalida créée en 1976 déjà? L’Évangile nous dit que le peuple venu près de Jean-Baptiste était en attente. Si Dalida attendait le retour de son bien-aimé, nous ne savons ce qu’attendaient les gens rassemblés, autour de Jean, au bord du Jourdain.
Attendre est difficile et pénible, surtout lorsque l’on ne connaît pas la durée de cette attente. Pensez à l’attente du résultat d’une épreuve ou d’un examen, à la venue des prochaines vacances, à la fin d’une période de vie difficile. Même si elle est parfois emplie de joie, comme lorsqu’un enfant est en espérance, l’attente est toujours une sourde inquiétude… Comment cela va-t-il se passer en réalité? Et l’on s’aperçoit que la réalisation est toujours différente de ce que nous avions imaginé. Attendre est parfois paralysant, car on ne sait quoi faire…
Dalida le chantait si bien: «Le temps passe et court en battant tristement dans mon cœur si lourd.» Mais elle ajoute: «Et pourtant j’attendrai ton retour.» La vie nous apprend qu’il ne faut pas rester sans rien faire, qu’il nous faut vivre le temps présent, ouvert à l’inconnu.
Dans cette page d’Évangile, le peuple pressent bien que la prédication de Jean le Baptiste n’atteint pas la plénitude. Les gens se demandent en eux-mêmes si Jean n’est pas le Christ.
Et résonnent à nos oreilles les paroles du livre d’Isaïe, dans la première lecture. «Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur… Tracez une route pour notre Dieu… Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé.»
Jean se situe bien dans cette ligne prophétique lorsqu’il dit qu’il «baptise avec de l’eau; mais il vient, celui qui est plus fort que moi.» Va venir celui qui apporte la plénitude, tout en bouleversant nos certitudes, nos rêves et nos imaginations.
Faut-il craindre, faut-il faire confiance? Pourquoi douter de notre Dieu? Il ne veut que notre bien. Lorsque j’entends: «Il vient, celui qui est plus fort que moi», je pense à la publicité. Vous savez: «Omo lave plus blanc!» Il vient celui qui baptise non pas seulement avec de l’eau, mais dans l’Esprit saint et le feu. Jean fait du marketing pour Dieu.
Et je pense aussi aux mises à jour qu’il faut installer sur nos ordinateurs et autres appareils électroniques. Jésus serait-il le prophète 2.0?
Le Seigneur nous invite à franchir une étape dans la foi, à passer de la prédication du Baptiste à celle de Dieu, à nous laisser toucher par la divinité! Ou encore, à passer de l’espoir, très humain, à l’espérance, très divine. Le philosophe peut écrire: «L’espérance n’est pas la conviction que quelque chose ira bien, mais la certitude que quelque chose a un sens indépendamment de son résultat» (Byung-Chul Han, El espíritu de la esperanza [L’esprit de l’espérance], Herder, Barcelona 2024, p. 18).
» Le Seigneur nous invite à passer de l’espoir, très humain, à l’espérance, très divine »
Par son baptême, Jésus a voulu vivre ce rite ancien de purification et de conversion, se montrant solidaire de notre humanité, permettant au Père et à l’Esprit Saint d’attester publiquement, devant tout le peuple rassemblé au bord du Jourdain, qu’il est bien le Fils de Dieu, Dieu né de Dieu, fait homme et envoyé comme Sauveur du monde. C’est une nouvelle épiphanie.
Au début de la messe, nous avons demandé au Seigneur — nous qui avons reçu par le baptême la nouvelle naissance de l’eau et de l’Esprit —, de pouvoir être toujours fidèles à ce qui lui plaît.
Faire ce qui plaît au Seigneur. Voilà donc un beau programme pour ce début d’année, période où beaucoup prennent de bonnes résolutions… très humaines. Nous sommes invités à cheminer en confiance et en espérance, à faire un saut dans la foi, à vivre un nouveau baptême, à entrer pleinement dans l’année jubilaire de l’Espérance.
Si nous ne pourrons pas tous aller en pèlerinage à Rome pour faire le passage symbolique d’une porte sainte du jubilé, nous pouvons tous transformer notre attente en une vie nouvelle et divine. (cath.ch/lb)
