
Homélie du 23 janvier 2022 (Mt 2, 1-12)
Pasteur Jean-Philippe Calame – Communauté de Grandchamp, Areuse, NE
Pour intensifier notre prière pour l’unité des chrétiens, nos frères et sœurs d’Egypte, de Syrie et du Liban nous rassemblent ce matin sous l’humble toit de la crèche. Nous voici invités à nous déplacer, comme les Mages qui entrèrent dans la maison et virent l’enfant avec Marie sa mère.
Ce déplacement intérieur, cette marche commune, nous rappelle que la foi n’est pas un ensemble d’affirmations au sujet de Dieu, mais la rencontre d’une Personne, Jésus, visage du Dieu de l’Univers. Et quelle surprise ! Voici que la Parole Créatrice, qui s’est faite humaine, a d’abord été sans mot…. Son premier langage, comme celui de chaque petit enfant, fut d’abord celui d’une présence vulnérable.
S’ouvrir à la forme inattendue que prend la présence de Dieu
Ainsi donc la foi commune, la confiance essentielle débute lorsque le cœur humain s’ouvre à la forme très inattendue que prend la présence de Dieu. La scène que les Mages ont découverte interpelle avec la même force aujourd’hui qu’hier. C’est la même rencontre essentielle qui unit les chrétiens de partout : la rencontre de Jésus, Fils éternel de Dieu, né de Marie, reconnu par Joseph, visité par des Mages venus de loin.
Sous le même toit ont convergé des humains aussi simples que les bergers, et des hommes aussi érudits que les mages, représentant des cultures et des traditions variées. Ces voyageurs venus de loin comprennent, au contact de l’enfant, que le Dieu Créateur visite le genre humain ; et pour notre part, en voyant les Mages et leur accueil de l’inattendu, nous comprenons qu’en Jésus Dieu s’adresse à tous, sans exception. D’ailleurs, quiconque fait l’expérience de la rencontre de Dieu fait homme retourne chez soi, regagne son pays, sa réalité, sa culture, sa vie spirituelle, par un autre chemin. Tout peut apparaître sous un jour nouveau. Jésus le dira plus tard : il n’est pas venu abolir mais accomplir.
Une passion pour la rencontre
Et voici que sous le même toit de la crèche, un partage commence, qui unit les personnes présentes : les mages et l’humble couple des parents de Jésus s’enseignent mutuellement.
La simplicité de Marie et Joseph, la condition précaire de l’enfant, ouvrent la compréhension des Mages à une surprise plus vaste que le ciel… En retour, les Mages apportent à Marie et Joseph une confirmation et des précisions sur le mystère de l’enfant.
Vous le voyez, dès le début, l’évangile enseigne l’art de la rencontre. L’unité sera toujours à ce prix : nourrir une passion pour la rencontre.
Mes sœurs, mes frères, voulons-nous être artisans d’unité ? Choisissons alors de nous déplacer comme les Mages, pour nous mettre ensemble sous le même toit de la crèche, là où nous voyons que peuvent se déployer l’échange des dons et le partage des présences.
Privilégier la rencontre, toujours à nouveau, surtout là où les différences ont tendance à se fossiliser en oppositions. Avec la persévérance et le tact de l’artisan, reprenons inlassablement les gestes et la posture favorisant la rencontre.
Diversité des traditions ecclésiales
Imaginez un instant que les Mages portant leurs trésors figurent la diversité des traditions ecclésiales. Que voyons-nous ? Ces hommes si différents par leurs histoires et leurs origines, sont captivés ensemble par une même découverte : la proximité inespérée de Dieu et sa désarmante simplicité. Les yeux fixés sur Dieu par la contemplation du visage de son Fils, ils s’étonnent du sens nouveau que prennent leurs offrandes. Celles-ci ne parlent plus de leurs propres richesses, mais du prix que Jésus va donner à toute vie humaine.
Ah ! mes sœurs, mes frères, quelle unité peut advenir lorsque des chrétiens non pas brandissent mais offrent les trésors de leur tradition ecclésiale !
Quelle communion peut s’approfondir entre les chrétiens lorsqu’en un même lieu, courbés de joie et de reconnaissance, ils contemplent l’humilité de Dieu en Jésus !
Quelle conversion peut réorienter chaque tradition ecclésiale lorsqu’en louant Jésus les chrétiens lisent sur les visages et dans les présences qui les entourent des reflets pour eux inédits de l’ Évangile !
Lorsque cela, oui cela, arrive, gageons qu’à notre tour, nous découvrons par quel autre chemin nous devons poursuivre….
Amen.
L’Eglise finlandaise présentera ses excuses aux Samis
Les Genevois s’écharpent sur le genre de Dieu
Des centaines de moines birmans fuient les combats

Homélie du 16 janvier 2022 (1 Co 12, 4-11)
Christel Hofer, diacre – Église Saint-Robert, Founex, VD
La diversité dans l’unité de l’Esprit
En tant que diacre protestante venant prêcher lors de la messe catholique à quelques jours de la semaine de l’Unité des chrétiens quoi de plus naturel que de se pencher sur le texte de la première épître aux Corinthiens que nous avons entendue.
Paul quand il s’adresse à la communauté de Corinthe s’adresse à une communauté qui vit dans une ville riche de pagano-chrétiens où il règne un pluralisme et un syncrétisme religieux. Au sein même de la communauté des croyants, il existe des divergences d’opinions qui amènent Paul à répondre à leurs questionnements et à réagir aux problèmes auxquels la communauté est confrontée.
Même si notre contexte actuel diffère, nous avons aussi notre lot de pluralisme, de syncrétisme religieux, sans compter les différences qui habitent nos différentes communautés, qu’elles soient protestantes, catholique, évangélique ou orthodoxe. Déjà au sein d’une même communauté, il y a à côté de la bonne entente, des différences dans nos attentes, des difficultés à communiquer sur certains points comme la Covid qui peut dans certains lieux apporter la discorde. Si au sein d’une même communauté nous pouvons vivre tout cela, quoi de plus normal que cela se vit aussi entre nos différentes communautés où nous avons déjà des différences dans la manière de vivre notre foi.
Invités à vivre quelque chose ensemble
Et pourtant, nous sommes à la veille de la semaine de l’unité des chrétiens qui débute mardi et le Conseil des Églises du Moyen-Orient va nous inviter, comme les mages, à regarder dans le ciel l’astre qui s’est levé à l’Orient, et à aller tous ensemble rendre hommage à ce roi qui vient de naître. Nous sommes invités avec nos similarités et nos différences à vivre quelque chose ensemble dans l’unité de la foi qui nous anime.
Prenons le temps de partager ensemble ce que nous vivons dans nos différentes communautés, de partager sur nos différences et sur nos similarités et rappelons-nous que nous croyons au même Dieu.
Et comme Paul le rappelle à la communauté de Corinthe, nous recevons chacun, un ou des dons de la grâce divers et variés, mais ils proviennent tous du même et seul Esprit.
Ce que je souhaite mettre en avant du message de Paul, c’est que la diversité des dons de la grâce, la diversité des ministères et la diversité des modes d’action sont offertes à chacun et chacune dans l’unité de l’Esprit et pour le bien de tous.
Diversité des dons de la grâce
1) Il y a la diversité des dons de la grâce. Donner par un même Esprit.
Les dons de la grâce sont ce que nous appelons aussi le don des charismes. Le mot charisme n’est pas de celui qui écrase, de celui qui a une personnalité plus forte que les autres. Les charismes, ce sont des dons offerts à tous par l’Esprit. Il n’y en a pas un qui domine les autres. Ils sont tous importants. Ils sont là pour le bien de tous, pour le bien commun de notre communauté, de nos communautés.
Diversité des ministères
2) Il y a la diversité des ministères. Donner par un même Seigneur.
Les ministères ne sont pas juste de l’apanage des ministres du Culte. Ils concernent aussi tous les chrétiens. Et ces ministères sont des services. Chacun d’entre nous est capable de mettre ce qu’il a reçu du Seigneur au service des autres. Nous sommes invités à suivre l’exemple du Christ lui qui s’est mis au service des autres et surtout des plus petits, tout au long de son ministère.
Diversité de modes d’action
3) Il y a la diversité de modes d’action. Donner par un même Dieu.
C’est à travers différents modes d’action que chacun et chacune d’entre nous agit avec ce que nous avons reçu de Dieu. Nous avons chacun et chacune des capacités différentes et c’est grâce à cette diversité que nous agissons pour les biens de notre communauté, de nos communautés.
Diversité en vue du bien de tous
4) La diversité donnée en vue du bien de tous
Cette diversité nous est offerte, non pas, pour notre bien être personnel, mais pour le bien être collectif. Même si la vie communautaire n’est pas toujours simple, nous sommes amenés à nous rappeler que nous avons chacun reçu des dons différents et qu’aucun n’est plus important qu’un autre, car tous sont nécessaires pour la communauté. D’ailleurs, Paul après le passage que nous avons entendu compare la communauté des chrétiens au corps humain avec à la tête le Christ et il rappelle que chaque partie est essentielle et qu’aucune n’est moins bien qu’une autre.
Donc, il y a la diversité des dons de la grâce, mais un même Esprit. Il y a la diversité des ministères, mais un même Seigneur Jésus-Christ. Il y a la diversité de modes d’action, mais un même Dieu.
Dieu exemple de la diversité
Que ce soit les dons, les ministères ou les modes d’action, tout cela nous est donné par le père, le fils et le Saint-Esprit. La trinité est pour nous un exemple de la diversité dans l’unité de Dieu, lui qui est à la fois ce Père, ce Fils et ce Saint-Esprit. Et c’est à l’exemple de leur modèle de relation que nous pouvons nous Chrétien trouver la juste articulation entre la diversité et l’unité. Rappelons-nous que Dieu sous sa forme trinitaire est l’exemple de la diversité. Chacune des représentations de la trinité à ses propres dons, ses propres ministères et ses propres modes d’action différents les uns des autres, mais Ils restent toujours un dans la communion d’amour.
Telle est la merveille de nos diversités : elles nous rendent capables, chacun à sa façon, de manifester l’Amour de Dieu.
Et c’est cette unité dans la diversité que nous sommes nous aussi invités à vivre et rappelons-nous que notre diversité nous est donnée en vue du bien de tous. Et dans cette semaine de l’unité des chrétiens allons à la suite des mages, allons rencontrer différentes communautés et découvrons les différences et les similarités de l’autre, et rappelons-nous encore que sommes tous unis au même Dieu trinitaire dans sa communion d’amour.
Amen
Christel Hofer, diacre de la paroisse de Terre Sainte – Céligny, EERV
Référence :
Antoine Nouis, Le Nouveau Testament, Commentaire intégral verset par verset, Olivetan Salvator, 2018
Semaine de prière pour l’Unité des Chrétien :
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens | World Council of Churches (oikoumene.org)
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À l’abbaye de Fahr, les sœurs bénédictines sont parmi les dernières à tisser des vêtements liturgiques.
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Homélie du 9 janvier 2022 (Lc 3, 15-16.21-22)
Chanoine Roland Jaquenoud – Basilique de Saint-Maurice
Le baptême du Christ
Aujourd’hui Jésus se fait baptiser. L’Évangile de Luc met le point focal sur ce qui se passe à la suite du baptême. Jésus prie, le ciel s’ouvre, l’Esprit Saint descend sur Jésus, soulignant ainsi sa qualité de Messie, de Christ, – mots qui signifient « oint » – : Jésus est l’Oint du Seigneur. Il est le Messie tant attendu. Le baptême de Jésus est un moment de révélation – d’Épiphanie. Et la voix venant du ciel ajoute que ce Messie est Fils de Dieu : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé. En toi je trouve ma joie ».
Jésus donne au rite du baptême sa force
Le baptême de Jésus est à l’origine de notre propre baptême. Les Pères de l’Église, constatant que Jésus lui-même n’aurait pas besoin d’être baptisé – il est sans péché – enseignent unanimement que Jésus se fait baptiser non pour lui-même, mais pour nous. En se faisant baptiser, il donne au rite du baptême sa force. De manière imagée, les Pères nous disent qu’en ce jour, Jésus sanctifie les eaux du Jourdain, et à travers elles toute eau, afin qu’elles transmettent la grâce qui sera issue de la puissance de sa mort et de sa résurrection. « Lui, il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu », disant Jean le Baptiste.
De fait, ce que la voix révèle de Jésus peut être dit ensuite de tout baptisé. « Toi, tu es mon fils bien-aimé, toi tu es ma fille bien aimée ». Le baptême nous constitue enfants de Dieu. A ces mots, elle rajoute : « En toi, je trouve ma joie ». Le Père trouve sa joie en Jésus, Dieu fait homme, et en lui, il trouve sa joie en chaque être humain, constitué par le baptême enfant de Dieu.
Quelle joie Dieu trouve-t-il en nous ?
Dieu trouve sa joie en nous. N’est-ce pas étrange ? Quelle joie peut-il trouver en nous ? Cela fait résonance avec une prophétie que nous avons entendue à la Messe le 3e dimanche de l’Avent. Il s’agissait du livre de Sophonie, au chapitre 3 :
« Ne crains pas, Sion !
Ne laisse pas tes mains défaillir !
Le Seigneur ton Dieu est en toi,
c’est lui, le héros qui apporte le salut.
Il aura en toi sa joie et son allégresse,
il te renouvellera par son amour ;
Il y a une joie du salut
Cette prophétie nous dit que Dieu se réjouit d’être en son peuple, de lui apporter le salut, de le renouveler par son amour. Or Jésus, Dieu fait homme, c’est tout cela. C’est Dieu au milieu de nous, Dieu en nous, Dieu qui nous sauve, qui nous renouvelle par son amour. Il y a une joie du salut qui se trouve d’abord en Dieu lui-même, et à laquelle nous sommes appelés à participer, d’autant plus que nous en sommes les bénéficiaires. Nous sommes la joie de Dieu, parce que Dieu a la joie de nous apporter le salut, de nous renouveler, d’être en nous par la médiation de son Fils.
Rappelons-nous que c’est avec action de grâce – eucharistie – que Jésus offrira son Corps et son Sang le soir du jeudi saint. La Messe – l’Eucharistie – c’est d’abord l’action de grâce – l’Eucharistie – de Jésus lui-même qui s’offre à nous. Et c’est cette action de grâce – cette eucharistie – qui devint notre action de grâce – notre eucharistie, puisque nous sommes invités à recevoir un si grand don.
Tout cela nous aidera à comprendre un petit détail – souligné par saint Luc, – que nous trouvons dans l’Évangile de ce jour. Il nous est dit que l’Esprit Saint descendant sur Jésus en ce jour avait « une apparence corporelle, comme une colombe ». La colombe, c’est un symbole fort. Lors du déluge, symbole du naufrage de notre monde, Noé envoya une colombe, pour savoir s’il y avait quelque part une terre qui commençait à émerger du déluge. Et c’est lorsque la colombe ramena un rameau d’olivier frais que l’on sut que le déluge arrivait à sa fin, malgré la présence de l’eau encore partout autour de l’arche.
Témoins de l’espérance
Chers frères et sœur, le baptême du Christ est l’annonce de la fin du déluge. Du coup, il en va de même pour notre baptême. Le baptême n’est pas la fin du déluge, mais l’annonce – l’espérance – que le déluge aura un jour une fin. Du coup, nous, les baptisés, nous sommes constitués témoins – non de la fin du déluge – mais de l’espérance : Jésus a vaincu la mal. Cela ne se voit pas encore, mais la foi de notre baptême met en nous cette espérance – et il serait grandement souhaitable que nous en témoignions. Nous ne voyons encore rien – Noé non plus ne voyait encore rien, mais il n’a cessé de guetter, et il a pu se réjouir au premier signe. Combien d’hommes et de femmes, souvent chrétiens, sont des oiseaux de malheur. Alors que le baptême devrait être pour nous le premier rameau d’olivier – le premier signe d’espérance.
Dans la première lecture de ce jour, la prophétie d’Isaïe nous a constitués « guetteurs d’espérance ». Ecoutons-la une nouvelle fois.
Monte sur une haute montagne,
toi qui portes la bonne nouvelle à Sion.
Élève la voix avec force,
toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem.
Élève la voix, ne crains pas.
Dis aux villes de Juda :
« Voici votre Dieu ! »
Voici le Seigneur Dieu !
Monte sur la montagne pour guetter la venue de Dieu – la venue de l’Amour – la venue de la joie.
Chers frères et sœurs, si les baptisés devenaient enfin guetteurs d’espérance, quelle joie, quelle consolation pour notre monde. C’est la mission que nous recevons aujourd’hui par les paroles du prophète. Ecoutons-le encore et prenons en de la graine :
Consolez, consolez mon peuple,
– dit votre Dieu –
parlez au cœur de Jérusalem.
Le baptême du Seigneur
Lectures bibliques : Isaïe 40, 1-5.9-11; Psaume 103, 1c-3a, 3bc-4, 24-25, 27-28, 29-30; Tite 2, 11-14 ; 3, 4-7; Luc 3, 15-16.21-22