Saint-Maurice: la crèche qui venait du froid
Un cardinal partageant un gâteau avec le chef de la junte militaire choque en Birmanie
Le Pakistan dit vouloir lutter contre les conversions forcées

Homélie du 26 décembre 2021 (Lc 2, 41-52)
Abbé Boniface Bucyana – Église Saint-Joseph, Lausanne
La Sainte famille, ce berceau voulu par Dieu
Quand nous faisons un signe de croix, nous ravivons notre relation avec le foyer trinitaire, du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C’est le foyer d’amour de Dieu qui se communique aux hommes. Le mystère de Noël vient de se révéler comme l’incarnation de cet amour dans la naissance du Fils de Dieu chez les hommes, dans une famille humaine. Quand Dieu et l’homme font famille, alors la famille humaine devient un foyer où Dieu a sa place.
La première lecture nous désigne une famille qui prie au temple pour demander un enfant, Samuel, c’est à dire Dieu exauce. Nous voyons cette famille qui sait remercier. Ces prières de demande et de remerciement sont dites au temple, c’est-à-dire au lieu de rendez-vous avec Dieu pour offrir, même l’enfant reçu. Celui-ci demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie.
Comme le souligne le psaume 83, heureux ceux qui habitent et fréquentent la maison du Seigneur, on peut dire que la première chapelle, c’est le foyer familial, mais il doit être une chapelle ouverte, comme une sacristie qui fait partie du temple, ouverte sur l’autel. Ce foyer est appelé à se réchauffer de la présence du Seigneur, avec les autres familles.
La famille devient fruit d’alliance
Ainsi la famille humaine est sanctifiée pour ne pas être un lieu de juxtaposition des êtres, un lieu de rapports de force ou de lutte de pouvoir. Elle devient fruit d’alliance, où les différences refusent les antagonismes, et deviennent des richesses pour chacun et pour tous. Ce berceau de naissance, de croissance, d’amour est le lieu d’apprentissage à l’humanité et à l’humain.
Ce berceau a été voulu et choisi par Dieu, par le Père pour son Fils, et a été tissé par le Oui de la foi de Marie et de Joseph. A travers cette sainte famille, toutes les familles humaines ont trouvé leur sens qui fait de chaque membre un enfant de Dieu et où chaque membre doit regarder l’autre avant tout et après tout en enfant de Dieu. La relation de base et le sommet de toute relation est devenue ainsi la fraternité, grâce au Fils de Dieu qui est devenu fils de l’homme. Cette fraternité donne de la sève divine à toutes nos relations familiales, et une universalité qui dépasse le seul lien de sang.
Former la famille des enfants de Dieu
Comme vient de le souligner la première lettre de saint Jean, à travers Jésus-Christ, Dieu nous a donné l’amour vrai, grâce auquel nous sommes appelés à être des enfants de Dieu et avec lequel nous devons nous accueillir en enfants du même Père et nous aimer comme tels. Alors nous avons la mission de former la famille des enfants de Dieu qui soignent cette relation par la prière de demande confiante et d’action de grâces pour tous ses bienfaits et le louer pour sa gloire. Nous gardons ses commandements qui sont les voies vers Dieu et qui nous aident à faire sa volonté. Ces commandements se résument en un seul qui vaut plus que toutes les chartes du vivre ensemble : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Grâce à ce commandement qui est une mission, nous vivons une communion intime avec celui est né chez l’homme pour que l’homme naisse chez Dieu, une relation spirituelle vitale, qui sanctifie nos familles.
En naissant dans une famille humaine, Dieu a voulu rejoindre l’homme du début à la fin, le sanctifier dès la naissance et partager avec lui tout. Tout ce qui est de l’homme ne peut être étranger à Dieu, même si nous sommes tentés de le ternir à l’écart. Nous n’avons pas de jardin secret devant Dieu ni de vie privée à son regard.
La famille est-elle encore un berceau pour l’humanité ?
En ce dimanche, nous sommes tous interpellés sur la famille. Qu’avons-nous fait de la famille ? Est-elle encore un berceau pour l’humanité ? Est-elle encore capable d’accueillir les enfants et les rassurer, les élever jusqu’à la sphère divine ? Est-ce que nos enfants peuvent encore y naître, y grandir en âge et en grâce comme Jésus chez Joseph et Marie, devant Dieu et les hommes, comme l’indique l’évangile d’aujourd’hui ? N’y sont-ils pas plutôt traités en fardeau et en consommateurs ? La famille est-elle encore le berceau de la grande famille de Dieu qu’est l’Église ? N’avons-nous pas donner un coup de pied pour trouer ce berceau, ne l’avons-nous jetée et le bébé avec ? Et dire que nous arrivons à vouloir l’enfant, tout en lui refusant malheureusement le berceau, c’est-à-dire une famille vraiment humaine. Nous voulons la famille des corps sans esprit, la famille nivelée où les spécificités sont gommées, où la confusion prend l’enfant pour un adulte, un roi absolu, et les parents pour des enfants assoiffés de caprices. C’est le désordre familial annoncé et les impasses multiples dans notre société. Oui, on refuse à l’enfant la dimension spirituelle avec le risque de le prendre pour un objet. On prétend lui donner des valeurs, en lui refusant la base de ces valeurs. La famille, que l’on veuille ou non, reste le lieu privilégié où l’on découvre et cultive les valeurs spirituelles, indispensables pour fonder les valeurs humaines universelles et autres.
C’est pourquoi, Dieu nous envoie d’abord à nos familles, comme des membres vivants qui participent à la vie de toute la famille, pour en faire des lieux d’épanouissement et des havres de paix. Il nous supplie de ne pas être des sangsues qui profitent de la famille, la mettent en danger et la démolissent au lieu de la faire vivre et la préserver parce que sans ce berceau, l’homme ne sait plus d’où il vient ni où il va. Il nous invite à ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis, à reprendre notre responsabilité pour prendre soin de notre premier environnement vital, à défendre la famille par des économies et des politiques plus humaines, à la sanctifier, la consacrer et la confier à la protection de la Sainte Famille divino-humaine du Sauveur.
Prions pour que l’amour reçu et donné en Jésus Christ aide nos familles à surmonter les épreuves de violence, de division, de routine et de la durée, à vivre le pardon mutuel, comme huile d’entretien de toute vie familiale. Amen
DIMANCHE de la SAINTE FAMILLE
Lectures bibliques : 1 Samuel 1, 20-22.24-28; Psaume 83, 2-3.5-6.9-10; 1 Jean 3, 1-2.21-24; Luc 2, 41-52

Homélie TV du jour de Noël, 25 décembre 2021 (Jn 1, 1-18)
Frère Benoît Dubigeon, franciscain – Chapelle du Christ-Souverain-Prêtre – La Clarté-Dieu, Orsay (France)
Saint François d’Assise, comme diacre, décide de mettre en scène la naissance du Christ dans le petit village de Greccio. Il rassemble la population avec des animaux, du foin et un petit enfant et il chante l’évangile. C’est la crèche vivante que nous retrouvons dans nos maisons, dans le monde entier…
Dieu petit bébé : François pleure devant ce mystère.
Un petit bébé qui ne peut pas encore parler, lui, la Parole de Dieu : et François s’émerveille, chante.
Un petit être tout dépendant de ses parents et si fragile comme la vie sait l’être : des pauvres bergers, puis des mages, beaucoup viennent s’agenouiller devant lui.
Dans le métro, au milieu de l’indifférence générale, une maman porte un tout petit bébé. De leurs smartphones, de nombreux visages se lèvent, des sourires s’esquissent et ce bébé vient révéler à chacun sa belle humanité en donne aux voisins de la rame de se parler.
L’amour de Dieu est dit tout entier dès la crèche
En cet Enfant de la crèche, tout le mystère de la Vie de Dieu et celle de l’homme est présent, en germe. Le temps ne fera que déployer ce si grand mystère. C’est pourquoi, pour saint François, Noël est la fête des fêtes. Dès la crèche, l’amour de Dieu est dit tout entier : la croix et la résurrection du Christ viendront parachever ce qui est déjà totalement présent dans ce petit enfant de la crèche.
L’année après mon ordination, un frère de ma communauté, aumônier de prison, me demande d’y venir avec lui concélébrer le jour de Noël. Quand est proclamé l’évangile de Noël, un homme, – il était là pour avoir tué -, se met à pleurer de tout son être. Car la naissance du Fils de Dieu fait homme, venu habiter avec nous, aimer en nous ce qui n’est pas aimable, m’accueillir si je suis rejeté, cette naissance l’avait bouleversé.
Eh bien, ses larmes sont devenues la source de ma vocation d’aumônier de prison. Mais seulement 24 ans plus tard, le temps de commencer à visiter, parfois dans les larmes, mes profondeurs et mes abîmes, le temps d’expérimenter la grâce de me savoir pardonné par Dieu, indépendamment de mes mérites ou de mes péchés. Les larmes de ce prisonnier, celles de saint François, les miennes, sont devenues des sources d’eaux vives puisées en la miséricorde de Dieu. Puisqu’elle est pour tous, du saint au meurtrier, du sage au fou, du pauvre au riche, « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ».
Qui plus est, cet Enfant de la crèche voit l’univers et chacun de nous à sa mesure véritable. Lui, le Fils, il nous voit comme des fils. Lui, la lumière, il éclaire les ténèbres de nos cœurs et l’univers tout entier. Les enfants que nous sommes, il les fait parvenir à leur dimension éternelle, celle de fils et de filles de Dieu.
Un amour qui nous transfigure
A qui veut bien venir s’agenouiller devant cet Enfant de la crèche avec un cœur vulnérable, dépouillé, simple, son amour le transfigure. Pour regarder toute personne, en Dieu, précieuse, sainte, lumineuse, où le mal a déjà été vaincu. Et puisqu’il est au commencement de tout, il nous donne la grâce de toujours recommencer, surtout si nous sommes englués dans des impasses : « frères, commençons », disait saint François à la fin de sa vie terrestre. Faisant parfois cruellement l’expérience de la fragilité de la vie, le Christ nous donne part à sa plénitude. Et nous qui doutons, parfois terriblement, sans voir Dieu, il nous est donné de reconnaître totalement Dieu en cet Enfant de la crèche.
Les bergers, les mages, nous-mêmes, nous allons pouvoir repartir de la crèche, autrement, pour emprunter des chemins de vie, des chemins divins. Témoins de l’amour qu’a cet Enfant pour toute personne, d’un amour qui transfigure tout, qui change notre regard, qui redonne confiance, qui permet d’être trahis sans cesser de croire aux hommes. C’est cet Enfant qui rend forts nos bras pour servir nos frères.
Seigneur, même si je sais que les tiens ne t’ont pas accueilli, viens illuminer ma crèche intérieure de ta présence. Je n’ai plus peur de mes larmes car elles disent ma joie d’accueillir en cet Enfant mon Sauveur. Je m’agenouille devant toi comme les bergers et les mages. « Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ! ».
Joyeux Noël!
Frohe Weihnachten!
Merry Christmas!
Vrolijk kerstfeest!
NATIVITÉ DU SEIGNEUR – Messe de jour
Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10; Psaume 97, 1.2-3ab, 3cd-4, 5-6; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18

Homélie du jour de Noël, 25 décembre 2021( Jn 1, 1-18)
Fr. Emmanuel Durand o.p., Couvent Saint-Haycinthe, Fribourg
« Adam, où es-tu ? »
Cela fait si longtemps que Dieu cherche à nous rencontrer. Depuis l’aube des temps, Dieu appelle l’être humain. Fais-moi entendre ta voix, lui dit-il ! Quel nom donnes-tu à toutes mes créatures ? Et après quelques temps, le temps de l’adolescence et celui de la faute : Adam, où es-tu ? Caïn, qu’as-tu fait ?
L’homme n’est pas la seule créature que Dieu appelle. Au commencement du monde, il a appelé les étoiles par leur nom et elles se sont présentées, toutes frémissantes de joie. Dieu appelle toutefois l’homme d’une façon spéciale et j’oserais dire, d’une façon amoureuse. Il l’appelle sans se lasser, alors que devant nos légèretés et nos insolences, Dieu aurait eu mille fois de bonnes raisons de renoncer.
La parole originelle : c’est le Verbe de Dieu
Mais la parole de Dieu est éternelle. Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu qui appelle toute créature à l’existence et qui appelle l’être humain au salut. Où es-tu ? dit Dieu à Adam au jardin, juste après la faute. Qui parle alors ? C’est Dieu lui-même. Et quelle est cette parole originelle, primordiale ? C’est le Verbe de Dieu en personne. Il est l’appel créateur et l’appel sauveur, une unique parole éternelle de nouveauté et de salut.
Depuis les origines cachées de notre humanité, il est venu dans le monde, chercher et sauver ce qui était perdu. « Rien ne s’est fait sans lui »… « En lui était la vie »… « Il était la vraie lumière qui éclaire tout homme »… « Il est venu chez les siens »… Combien de fois est-il venu, depuis ce premier appel, cette première conversation ! Oui, Dieu nous cherche et nous appelle.
Et il a choisi de ne pas le faire seulement d’en haut ni de loin, pas seulement à l’intime de nos cœurs et de nos consciences, mais sur notre terrain, dans notre chair, avec une voix humaine, par des gestes bien concrets… en prenant place à nos banquets de mariage, à nos tables de publicains, à nos vies profanes et à nos activités trépidantes, à nos soifs et à nos fatigues.
Le Verbe s’est remis entre nos mains
Le Verbe s’est fait chair. L’appel s’est fait humain, en commençant par être un tout-petit, un nouveau-né. Il a choisi d’habiter parmi nous, de converser avec nous, de se mêler aux pécheurs que nous sommes. Il a choisi de naître d’une femme, hors d’une maternité, en plein champs, migrant parmi les pauvres, sous les étoiles frémissantes de joie à ce jour nouveau… attendu depuis l’aube des siècles.
Le Verbe fait chair s’est remis entre nos mains : d’abord, aux soins de Marie, à la protection de Joseph, au souffle de l’âne et du bœuf, à la parole des bergers, à l’adoration des mages. Il s’est aussi exposé, d’emblée, à la duplicité et à la folie d’Hérode. Il est passé de bras en bras, d’abord pour être réchauffé, cajolé et contemplé… puis de mains en mains, jusqu’à être un jour menotté, flagellé, battu, crucifié, descendu de la croix. Tout cela, en nous regardant droit dans les yeux pour nous dire : Adam, où es-tu ? Caïn, qu’as-tu fait ? Marie, pourquoi pleures-tu ?
Il a choisi de nous appeler encore et encore : ma créature, mon ami, ma sœur, mon frère, où es-tu ? Moi, dit-il, « je suis venu pour que le monde ait la vie, et la vie en abondance ». Moi, dit-il, « je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Et toi, que veux-tu vivre maintenant ? Moi, « je suis venu » parmi vous « pour rendre témoignage à la vérité », pour faire entendre la vérité de votre appel, le sens véritable de vos vies sous le regard du Père.
Oui, la Parole éternelle du Père est venue dans notre chair pour nous réapprendre dans le concret, sur notre terrain, avec des gestes humains, au cœur de nos défis, de nos hésitations et de nos désespoirs, à être fils et filles de Dieu. Habitons la donc, cette si belle vocation que Dieu nous offre : être frères et sœurs du Fils unique en notre chair pour apprendre de lui, au pas à pas, au jour le jour, comment être de vrais enfants de Dieu.
NATIVITÉ DU SEIGNEUR – Messe de jour
Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10; Psaume 97, 1.2-3ab, 3cd-4, 5-6; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18

Homélie TV de la messe de minuit, 25 décembre 2021 (Lc 2, 1-14)
Mgr Gerard de Korte, évêque de Bois-le-Duc, Pays-Bas
Frères et sœurs,
Nous célébrons cette veille de Noël dans une période d’incertitude. Les préoccupations de notre temps font apparaître une fois de plus notre vulnérabilité.
Le virus est toujours là. Nos gouvernements essaient de garder le virus sous contrôle avec toutes sortes de mesures. Et nous réalisons plus que jamais à quel point notre mère la terre est menacée.
La récente conférence sur le climat qui s’est tenue à Glasgow nous a une nouvelle fois forcés à nous rendre à l’évidence. L’humanité doit relever un formidable défi pour que la Terre reste habitable dans les décennies à venir.
En cette nuit, nous célébrons la naissance de Jésus. Il est venu comme un enfant humain vulnérable. La naissance d’un enfant nous attendrit toujours, car chaque bébé suscite des sentiments d’émerveillement. Et à juste titre, car une nouvelle vie humaine est un grand miracle.
Dieu partage notre vulnérabilité
Pour les chrétiens, il y a une raison supplémentaire de s’émerveiller lorsqu’il s’agit de la naissance de Jésus. Après tout, nous croyons qu’en cet enfant humain, Dieu lui-même est venu à nous. Dieu est le créateur d’un univers d’une taille inimaginable. Mais ce Dieu créateur nous a cherché en tant qu’êtres humains.
Par l’incarnation dans le Christ, Dieu veut partager notre vulnérabilité. Il vient à nous, petit et plein de compassion.
Le célèbre astronome néerlandais, Heino Falcke, a récemment déclaré avec beaucoup de justesse que l’univers et une étable sont les deux palais de notre Dieu.
Dieu se révèle comme un réfugié sans abri
Vous le savez: la naissance du Christ n’est pas très romantique. Bien au contraire, je dirais. Quand il est né, il n’y avait pas de place pour lui dans l’auberge. Et peu après sa naissance, il a dû fuir avec Joseph et Marie en Égypte pour échapper à la violence d’Hérode, le meurtrier d’enfants de Bethléem. Jésus est comme un réfugié sans abri. En cette nuit, nous nous souvenons que Dieu se révèle dans un réfugié sans abri.
Le pape François nous a invité à maintes reprises à nous pencher sur le sort des réfugiés sur cette terre. Plus de 80 millions de personnes. Des personnes qui ont été chassées de chez elles par la guerre et la violence. Dans leurs visages souvent sales et craintifs, nous pouvons découvrir le visage du Christ. Un visage qui appelle à la solidarité.
Cette fête de Noël nous invite tout particulièrement à nous sentir liés aux réfugiés et aux personnes dans le besoin, proches ou lointaines.
Frères et sœurs,
Reliés à Dieu et les uns aux autres
Chaque année, une belle crèche est construite dans cette cathédrale. Vous y trouverez plus d’une centaine d’animaux empaillés. Plusieurs milliers de personnes, principalement des jeunes familles avec enfants, viennent visiter cette crèche chaque année. Une merveilleuse forme d’éducation visuelle. Après tout, l’histoire de la naissance du Christ y est représentée. Chaque année, la crèche se voit également attribuer un thème. Cette année, c’est « l’enfant qui relie les gens » Nous touchons ainsi à un élément important de Noël. Dans le Christ, Dieu nous cherche pour nous relier à Lui et les uns aux autres.
Le Christ est venu tout d’abord pour son propre peuple, Israël. Le peuple du premier amour de Dieu. Mais l’amour de Dieu est universel. Tous les peuples sont appelés à devenir des disciples du Christ. Il est vrai qu’il existe de nombreux peuples. Mais il n’y a qu’une seule humanité.
Après la Seconde Guerre mondiale, le projet européen a pris de l’ampleur. Des peuples qui se sont combattus à de nombreuses reprises ont commencé à coopérer et cela a conduit à une prospérité croissante.Mais l’Europe doit aussi être une communauté de valeurs. Une communauté où la dignité humaine est défendue. Une communauté où la solidarité et le bien commun sont primordiaux.
Frères et sœurs,
Le Christ est l’Emmanuel : Dieu avec nous. Avec un peu de chance, il est le bienvenu dans votre propre vie.
Il veut être notre paix. Source de joie de Dieu.
Avec une telle foi, je vous souhaite, ainsi qu’à tous ceux qui vous sont chers, un joyeux Noël. Dans la foi, l’espoir et l’amour, nous poursuivons notre route, car Dieu est à venir.
NATIVITÉ DU SEIGNEUR – Messe de la nuit :
Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Psaume 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc; Tite 2, 11-14; Luc 2, 1-14

Homélie de la Messe de Minuit, 25 décembre 2021 (Lc 2, 1-14)
Chanoine Philippe Blanc – Cathédrale Saint-Nicolas, Fribourg
Dans la nuit de Bethléem, comme dans la nôtre en cet instant, le message retentit : je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple. Après la longue attente à travers les siècles, voici que Dieu accomplit sa promesse : un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Et notre regard n’est pas seulement tourné vers l’évènement du passé car avec Dieu, nous sommes dans l’aujourd’hui : aujourd’hui, un Sauveur nous est né.
La crèche : une mission à accomplir
C’est dans l’intimité de chacune de nos vies personnelles et de nos familles, que le Seigneur souhaite trouver une demeure. Dans la simplicité de la mangeoire se manifeste à nous la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. En contemplant l’Enfant de la crèche, nous relisons avec émerveillement toutes les annonces des promesses et le témoignage des apôtres. Nous comprenons aussi que c’est désormais au cœur de notre vie que le Seigneur est présent. La crèche n’est plus seulement un lieu à visiter, c’est une mission à accomplir. Et c’est à nous qu’elle est confiée.
Cela peut nous paraître surprenant, mais nous sommes appelés à devenir une crèche pour que le Seigneur donne à notre humanité une nouvelle naissance. L’homme ne naît vraiment à lui-même qu’en faisant une place à Dieu dans sa vie. Comme la Vierge Marie, nous nous rendons dociles à l’accomplissement de la volonté du Seigneur et nous nous mettons ainsi au service des temps nouveaux de l’Évangile. Comme Joseph, nous accueillons l’inouï du projet de Dieu qui vient nous surprendre, et nous prenons la décision de mettre en pratique ce qui nous est dit par la Parole vivante du Verbe fait chair. Comme les bergers, nous acceptons de nous déplacer, de sortir de nos habitudes, pour découvrir la nouveauté toujours nouvelle de Dieu-avec-nous, et nous n’oublions pas de témoigner de ce que nous avons vu et entendu. Comme les anges, nous sommes saisis par la joie de la rencontre avec Jésus, le Don du Père, et nous proclamons sa louange par toute notre vie afin que d’autres se réjouissent avec nous.
Porteurs de la lumière du Verbe fait chair
Alors, le récit des évènements de la nuit de Bethléem, lorsque les temps furent accomplis, devient comme la feuille de route de notre mission pour aujourd’hui. Nous avons reçu des témoins d’alors une bonne nouvelle qui est aussi une grande joie. Bonne nouvelle et grande joie que nous ne pouvons pas garder pour nous, seulement pour un cercle restreint d’initiés ou de spécialistes. La présence de Dieu-avec-nous n’est pas réservée à quelques-uns. La lumière du Verbe fait chair est offerte à toutes et tous, et nous en sommes les porteurs. La paix du Fils de Dieu est un don pour toutes les nations, et nous en sommes les artisans.
En retenant tous les évènements de cette nuit, en les méditant dans notre cœur, nous découvrons qu’aller à Bethléem c’est accepter un engagement. Nous avons vu, il nous faut maintenant vivre. Nous avons entendu, il nous appartient maintenant de dire. Au cœur de la vie de Marie, de Joseph et des bergers quelque chose a changé parce qu’ils ont fait confiance à la parole qui leur était dite de la part du Seigneur. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour nous ?
Nous sommes un peu Marie, Joseph, les bergers
Il suffit que nous offrions la terre de notre humanité au Seigneur pour qu’il puisse prendre vie en nous. N’ayons pas peur de nous approcher de lui et nous serons émerveillés par son regard d’amour qui dit déjà toute la confiance que Dieu a en nous, en chacune et chacun de nous, quel que puisse être notre parcours de vie. Pour le monde de ce temps, nous sommes un peu Marie qui avance dans la foi et donne au monde l’unique Sauveur ; nous sommes un peu Joseph qui accompagne le projet de Dieu et veille sur sa réalisation ; nous sommes un peu les bergers qui sortent de leur nuit et sont émerveillés par la Lumière qu’est cet Enfant.
En cette nuit, le Verbe prend sur lui la fragilité humaine, et notre condition mortelle en reçoit une infinie noblesse ; il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels. Quelle joie de vivre un tel mystère et d’en être les témoins dans le monde ! Joyeux et saint Noël !
NATIVITÉ DU SEIGNEUR – Messe de la nuit :
Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Psaume 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc; Tite 2, 11-14; Luc 2, 1-14