Homélie du 10 octobre 2021 (Mc 10, 17-30)

Chapelle de l’école des missions du Bouveret / St-Gingolph, VS – Père André Carron

Je m’attache à Jésus-Christ – Je l’écoute – Je trouve ma joie à le suivre !


A la question « Etes-vous croyant ? » j’ai entendu à la radio quelqu’un répondre un jour :
« Je ne suis pas croyant mais je suis attaché à Jésus-Christ, il inspire ma vie ! »
Une manière de dire pour cette personne (qui s’en est expliqué ensuite plus longuement !) que le primordial pour un chrétien c’est l’attachement à la personne de Jésus avant l’adhésion à des catéchismes ou à une théologie, bien importants cependant pour inscrire cet attachement comme une foi dans l’intelligence et le cœur.


L’évangile d’aujourd’hui nous fait assister à une rencontre…
Manifestement ces deux-là se sont vus, se sont sentis, se sont attirés…
Celui qui court et se prosterne est jeune. (saint Matthieu qui raconte la même scène !)

Un Jésus qui ne laisse pas indifférent

Une fois de plus, on découvre un Jésus qui ne laisse pas indifférent, qui questionne, qui attire et ouvre les cœurs…
Le jeune homme s’adresse à Jésus en lui disant « Bon » maître !
A-t-il vu la bonté de Jésus ! Celle dont parle St Pierre qui présente Jésus comme « Cet homme qui est passé parmi nous en faisant le bien ! »
Qu’y avait-il dans l’attitude, les gestes, le regard, la « présence » de Jésus pour toucher et attirer cet homme… pour qu’il ose lui faire une aussi grave, profonde et belle demande ?
« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ?
Autrement dit « Quel est ton secret ! » « Quel est le secret dont tu rayonnes ? »
« J’ai envie qu’il soit une « source » de vie pour moi… »

Écouter, c’est la bonne attitude

La première lecture d’aujourd’hui nous a parlé de la « sagesse » comme d’une richesse incalculable. Jésus est habité, et immensément riche de cette « Sagesse », une sagesse acquise et reçue comme un don de Dieu !
Jésus a un « savoir-être » qui « parle »…
Cette « sagesse » lui a offert un jugement droit, celui donne la « vraie mesure des jours et des cœurs » comme dit le psaume…

On sent que le jeune homme est d’accord spontanément…
Il est d’accord d’ « écouter », c’est la bonne attitude, celle qui correspond à la première consigne de la Loi juive qu’il dit avoir suivie depuis sa jeunesse.…

Il croit trouver son salut dans l’observance scrupuleuse de la Loi. C’est son drame !
Il est trop encombré pour écouter !
Il n’est pas libre pour faire partie, comme il y est invité, de ceux qui vont « parler » !
Il est ligoté par ses richesses, réduit au silence… Muet, il ne peut que rester dans la tristesse de ce silence !

« Libère-toi ! Ouvre-toi !

« Une seule chose te manque ; va,vends ce que tu as et donne-le aux pauvres puis viens, suis-moi ! »
Nous l’entendons bien cette parole-invitation de Jésus qui interroge nos cœurs… elle est vraiment « énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants »…

On imagine Jésus lancer cette invitation avec une main posée sur l’épaule du jeune homme…
Avec une intense proximité, une tendresse, un vrai désir de sa joie… un regard qui encourage à dire oui ! Avec un immense souhait : « libère-toi, allège-toi ! Ouvre-toi ! »

Rappelons-nous que le baptême nous a ouvert une « oreille » du cœur, du coup capable d’écouter… que le baptême a libéré notre voix pour une parole neuve et originale…
Chacun d’entre nous a la possibilité et la mission de dire quelque chose qui n’a jamais été dit de la présence, de la tendresse, de la miséricorde de Dieu !
La belle joie de partager nos paroles neuves et originales !
« Me taire ! Impossible…» vraiment !

L’ invitation de Jésus résonne dans l’espace de notre 21ème siècle…
Elle est maintenant dans nos cœurs !
Nous connaissons les risques d’être enfermés, par peur, dans toutes sortes
d’égoïsmes…
Nous avons du mal à résister aux forces qui veulent nous « formater »…

Un rêve a commencé à la Pentecôte !
Ce jour-là, les hommes ont écouté ensemble le « souffle » de l’Esprit-Saint et ont pu se parler !
Martin Luther KING a repris ce rêve et souhaité qu’il devienne réalité !
Le pape François et bien d’autres avec lui nous disent que, malgré le chemin difficile qui nous laisse souvent décontenancés comme les premiers disciples, il est possible et conduit à la justice et à une profonde et vraie joie.

Allons !

28e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Sagesse 7, 7-11; Psaume 89, 12-13, 14-15, 16-17; Hébreux 4, 12-13; Marc 10, 17-30

Homélie du 3 octobre 2021 (Mc 10, 2-16 )

Chanoine Olivier Roduit – Basilique de St-Maurice, VS

Dimanche après dimanche, les lectures bibliques du jour mettent le prédicateur au défi. Que nous disent, à nous et à nos contemporains, ces textes très anciens, souvent très étrangers à notre culture ? Pour ma part, pendant ma méditation, j’essaye de me laisser toucher par un mot ou une phrase que je laisse résonner dans mon cœur. Ce dimanche mon attention a été portée sur ces mots très forts :  « la dureté de vos cœurs ». « C’est en raison de la dureté de vos cœurs que Moïse a formulé cette règle ».

A côté de cette dureté, heureusement, il y a aussi ces mots du livre de la Genèse : « ce qui est bon pour l’homme ».

Deux questions m’ont alors interpellé.
Ai-je donc le cœur dur ? et
Qu’est-ce donc qui est bon pour l’homme ?

Ces interrogations me sont peut-être arrivées parce que j’ai été frappé cette semaine par certains propos très durs à propos d’un thème actuel très clivant en lien avec la pandémie qui nous frappe. Pourquoi ce durcissement d’un discours qui en arrive à devenir irrationnel ? Je sais que je m’avance ici sur un terrain glissant et ne vais donc pas aller plus loin.

Comment est mon coeur ?

Je me contenterais de me poser une seule question. Comment est donc mon cœur ? Est-il ouvert et généreux, ou bien se ferme-t-il douloureusement ?

Nous savons bien qu’au fond de nous-mêmes notre cœur a tellement tendance à se fermer, à se durcir, et à porter des jugements sévères sur notre prochain.

Nous sommes hélas marqués par le péché et l’égoïsme.

Mais voici que la Parole de Dieu vient nous interpeller. M’est venu en tête ce verset du psaume 94 que nous chantons surtout au Carême : « Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur ».

Oui, écoutons la voix du Seigneur. Il veut notre bien. Il nous propose ce qui est bon pour l’homme. C’est au fond du cœur que se trouve le meilleur, car Dieu est présent au plus intime de nous-mêmes. Et pour y pénétrer, c’est difficile. Il faut briser une couche d’égoïsme pour trouver le meilleur.

Autrefois, lorsqu’elle faisait sa confiture aux abricots, ma maman utilisait pour la conserver et la protéger une couche de paraffine. Ainsi lorsque le temps était venu de la consommer, il fallait briser cette couche rigide de paraffine pour atteindre cette excellente confiture. Le meilleur est à l’intérieur et, pour l’atteindre, il faut très souvent briser une carapace isolante et très sécurisante.

Laissons-nous rejoindre par le Seigneur

Au moment de faire nos choix, si nous ne savons pas trop bien que décider, laissons-nous rejoindre par le Seigneur. La Lettre aux Hébreux nous le rappelle aujourd’hui : le Seigneur Jésus… « voulait conduire une multitude de fils jusqu’à la gloire ». C’est lui le guide de notre existence où souvent tout est très compliqué pour nous.

Si donc nous nous laissons « aspirer » vers en haut par Jésus, si donc nous acceptons de cheminer vers cette gloire promise, bien des questions, des soucis et des préoccupations vont disparaître.

Un père qui nous prend par la main

Jésus lui-même, dans cet évangile, nous donne le guide du pèlerinage de notre vie. Il s’agit d’accueillir le royaume de Dieu à la manière d’un enfant, car « le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ».

Un enfant sait qu’il n’est pas tout-puissant, qu’il a plein de choses à apprendre, mais aussi qu’il peut compter sur l’amour inconditionnel de ses parents. Dieu est pour nous un père – nous le proclamons si souvent -, un père qui nous guide en nous prenant par la main. Laissons-nous donc conduire en toute confiance.

Pour en revenir à mon interrogation du début de cette méditation, je crois que le message fondamental des lectures de cette messe, est une invitation à la confiance. Comme un enfant fait confiance à ses parents, osons accueillir le royaume de Dieu à la manière d’un enfant. Cela fait tant de bien de vivre comme un enfant. Alors la dureté de notre cœur va fondre, le choix des bonnes solutions va s’imposer naturellement et nous parviendrons à la gloire promise par Jésus.

27e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Genèse 2, 18-24; Psaume 127, 1-2, 3, 4-6: Hébreux 2, 9-11; Marc 10, 2-16