Homélie TV du 23 mai 2021, Pentecôte (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)

Patrick Godat, diacre – Collégiale de Saint-Ursanne, JU

Les disciples sont là, confinés dans la chambre haute, comme souvent nous l’avons été dans cette période si chahutée.
Les disciples sont las, découragés face à un avenir incertain. Mais, ils sont là ! Ils ne savent peut-être pas comment aller de l’avant, mais ils sont là. Là, ensemble, ils prient. Malgré tout, ils font confiance au Dieu de l’Alliance.
Et c’est alors que le souffle arrive comme il l’a fait aux premiers jours de la Création. Il vient, non seulement comme une réponse à leur prière, à leur attente, mais surtout comme la réalisation de la promesse que Jésus ressuscité leur a faite.
J’imagine alors combien le projet divin pour le monde leur est soudain paru clair. Mieux, ils se sont rendus compte qu’ils étaient une partie du mystère : Le Dieu de l’Alliance leur faisait confiance « pour que sa volonté soit faite ».

L’Esprit est brûlant comme l’amour

L’Esprit de Vérité et de courage les pousse alors à sortir de la tiédeur du « confortable » sécuritaire. Car L’Esprit saint n’est pas tiède ; il est brûlant comme l’amour ou l’émerveillement. Car L’Esprit saint n’est pas confortable, il est le souffle violent qui exige la vérité. L’Esprit saint est celui qui nous met debout et en mouvement. Il est dynamique. C’est dans cet élan que des chrétiennes et chrétiens se sont levés au cours des siècles. Emplis de l’Esprit,ils ont accueilli cette force dans leur vie quotidienne. Car voyez-vous, l’Esprit saint, troisième personne du Dieu unique, n’est pas essoufflé ! Il a continué d’inspirer des femmes et des hommes au long des siècles… Il y en a tellement… mais je n’en citerai que trois.

Je vous propose de ne pas d’aller bien loin pour mon premier exemple. Nous sommes ici dans la petite ville de Saint-Ursanne. Notre cité porte le nom d’un disciple de saint Colomban, moine de l’abbaye de Benghor en Irlande (que je salue au passage). Dans une Europe du VIIème siècle ravagée par les conflits, un groupe de jeunes moines courageux, dont saint Ursanne, quitte leur verte Irlande pour annoncer Jésus sur le continent.
Ils pérégrineront dans toute l’Europe occidentale en vue de semer l’Espérance évangélique. Et, si nous pouvons célébrer aujourd’hui le Seigneur dans cette si belle Collégiale, c’est grâce à la confiance que saint Ursanne avait en Dieu.

La deuxième personne est une Australienne du 19ème siècle, sainte Mary Mc Killop. Cette jeune femme courageuse n’a pas hésité à dénoncer des abus sexuels perpétrés par un prêtre sur des enfants pauvres au nord de la ville d’Adélaïde. Cette dénonciation lui a valu beaucoup d’ennuis. A son exemple, l’Église, fruit de l’Esprit de Vérité, se doit d’être courageuse afin de dénoncer ce qui est contraire à l’Esprit.

Mon dernier exemple est franco-belge en la personne de Sœur Emmanuelle. Qui ne connait pas son œuvre auprès des plus pauvres ? Là encore l’Esprit saint l’a transportée. Il lui a fait renoncer à une vie aisée, pour accompagner les chiffonniers du Caire dans un profond dénuement. Elle s’est mise au service du Christ présent dans les périphéries de la société.

Des exemples, il y a en a tellement : chez nous, ailleurs, des connus ou des inconnus. Il y a des exemples d’aujourd’hui, d’hier ou demain, mais c’est toujours le même Esprit qui insuffle cet amour contagieux.
Aujourd’hui, il a fort à faire : les difficultés du quotidien mais surtout les rumeurs, fakes news, ou manipulations en vue d’augmenter son influence, agissent souvent comme l’abat-jour de la flamme reçue.
Des études européennes parues à la suite des différents confinements liés à la Covid, font ressortir un mouvement profond qui s’est accentué. Elles soulignent la défiance grandissante ressenti non seulement envers toute autorité, mais également envers toute personne qui ne pense pas comme elle. Cette tendance mortifère pousse à construire sa pensée autour de ses seuls centres d’intérêt. Dans ce contexte, le dialogue et la confrontation à d’autres manières de penser apparaît comme une menace.
En relisant les textes bibliques et notamment celui de la Pentecôte, il est simple de comprendre que cette tendance à se construire des tours de Babel est contraire à l’Esprit saint.

Confiance, courage, service

Alors que faire ? Soyons simplement humbles et laissons-nous bousculer par l’Esprit saint qui relève, nous guide et nous inspire quotidiennement. Par la prière, demandons à L’Esprit saint de nous conduire dans la Vérité toute entière, ou, comme nous le dirons tout à l’heure : pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Dans cette perspective, je vous propose d’écouter trois adolescents récemment confirmés qui nous parlent de la confiance, du courage et du service.
Bruna : Pour moi la confiance c’est… la base !La base de toute les relations d’amitié, en fait, de toute relation ! Que deviendrait le monde sans la confiance ?
Enzo : Pour moi le courage, c’est…se relever après une difficulté sans vouloir fuir. Je pense qu’il nous en faudra beaucoup dans le futur.
Mayleen : Pour moi être au service, c’est… aider et surtout écouter les autres pour qu’ils puissent être heureux.

PENTECÔTE
Lectures bibliques : Actes 2, 1-11; Psaume 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34; Galates 5, 16-25; Séquence; Jean 15, 26-27 ; 16, 12-15

Homélie du 23 mai 2021, Pentecôte (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)

Père Hasso Beyer – Chapelle du Salesianum, Fribourg

L’Esprit Saint nous donne une vue nouvelle :
Actes 2 : La peur – très réelle et très justifiée des disciples.
Dans les faits et dans l’annonce de Jésus avant sa mort : « S’il m’ont haï, ils vous haïront aussi. »

L’Esprit Saint ne change pas la haine, mais elle change la vue des disciples.
Au lieu de voir un danger imminent et possible … ils voient la possibilité du changement.
La première annonce est pour ceux qui voulait la mort de Jésus … et qui ont réussi à le faire disparaître. La promesse de Dieu est pour eux.

L’Esprit Saint sonde les secrets du cœur

Hans Urs von Balthasar écrit :

« MON ROYAUME MÛRIT EN CHACUN DE VOUS. Vous ne le voyez pas, ce royaume, ou vous n’en percevez que de petits éclats de loin.
Mais je suis le roi et le centre de tous les cœurs, et le secret le plus intime de tous les cœurs, et même ce qui est bien gardé, m’est révélé.
Vous voyez l’enveloppe extérieure avec laquelle les hommes se couvrent les uns les autres.
Je regarde les âmes de l’intérieur, de ce centre auquel elles sont ouvertes sans protection.
Et là, au plus profond, se trouve aussi leur vrai visage. Là brille son or, là repose la perle cachée.
Là brille l’image et la ressemblance, la marque gravée de la noblesse.
C’est là que s’ouvrent les yeux qui contemplent la face du Père. …
A ce que les hommes font extérieurement, maladroitement et souvent à tort, correspond intérieurement une chose pure, touchante et bien intentionnée. …
Tout ce qu’il y a de bon en eux, qu’ils ne reconnaissent pas eux-mêmes, que peut-être dans une sorte de honte ils ne veulent pas connaître, est tourné vers moi.
L’incompréhensible beauté des âmes, que mon Père leur a voilée pour qu’elles ne s’éprennent pas du miroir des créatures : cette beauté, qui est, à côté de Dieu, la plus touchante, se dresse dévoilée devant mes yeux. »

Le pardon du Christ sur la croix enlève le voile du péché.

En Jésus tous les hommes retrouvent leur splendeur première. Et l’Esprit Saint permet aux disciples d’avoir part à cette vue et cette espérance. Ils comprennent combien Dieu aime et espère chaque personne.

Un doux rêve … non une réalité politique qui a sauvé la vie de beaucoup des hommes.
Nelson Mandela …

Nelson Mandela – la grâce de voir l’humanité en chaque personne.

« La politique d’apartheid a laissé des blessures profondes et durables dans mon pays et dans mon peuple. Il nous faudra à tous des années, voire des générations, pour nous remettre de cette profonde douleur. Mais ces blessures ont eu pour effet, involontaire, de produire … des personnes d’un courage, d’une sagesse et d’une magnanimité si extraordinaires qu’on ne les retrouvera peut-être jamais. Peut-être faut-il une telle profondeur d’oppression pour faire naître de tels sommets de caractère. Mon pays est riche en minerais et en pierres précieuses qui se trouvent juste sous sa surface, mais j’ai toujours su que sa plus grande richesse réside dans les hommes qui sont meilleurs et plus vrais que les diamants les plus nobles.
La personne courageuse n’est pas celle qui ne ressent pas la peur, mais celle qui la surmonte.

Je n’ai jamais perdu l’espoir que ce grand changement se produira. Non pas à cause des grands héros que j’ai nommés, mais grâce au courage des hommes et des femmes ordinaires de mon pays. J’ai toujours su qu’au fond de chaque cœur humain, il y a la grâce et la générosité. Personne ne naît pour haïr un autre être humain en raison de la couleur de sa peau, de l’histoire de sa vie ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur apprendre à aimer, car l’amour vient beaucoup plus naturellement au cœur humain que son contraire. Même dans les pires moments en prison, lorsque mes camarades et moi étions poussés à bout, j’ai vu une lueur d’humanité chez l’un des gardiens, peut-être seulement pendant une seconde, mais c’était suffisant pour que je me sente à nouveau en sécurité et que je puisse continuer à vivre.
La bonté de l’homme est une flamme qui peut être cachée mais pas éteinte. Nous nous sommes lancés dans la bataille les yeux grands ouverts, sans l’illusion que la route serait facile. »

Voir la bonté, voir la possibilité de pardon, d’aimer en chacun.

Les disciples à la Pentecôte : Annoncer à ceux qui ont tué Jésus qu’ils sont aimés et qu’ils peuvent recevoir l’Esprit Saint.

Esprit Saint ouvre mes yeux

Alors maintenant à vous …

Esprit Saint, viens dans mes relations et ouvre mes yeux : là où se trouve la peur, là où je ne vois plus rien de bon en quelqu’un. Une relation morte.
Viens Esprit Saint : Donne-moi le courage de faire un pas, le courage de pardonner, le courage de bénir : La promesse est pour tous.

Actes 2, 36 : « Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. » 37 Les auditeurs furent touchés au cœur ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? »
38 Pierre leur répondit : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit.
39 Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. »

L’incompréhensible beauté des âmes, cette beauté, qui est, à côté de Dieu, la plus touchante, se dresse dévoilée devant mes yeux.

Esprit Saint … ouvre mes yeux.

Pentecôte
Lectures bibliques : Actes 2, 1-11; Psaume 103 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34; Galates 5, 16-25; Séquence; Jean 15, 26-27 ; 16, 12-15

Homélie du 16 mai 2021 (Jn 17, 11b-19)

Abbé Franz Mali – Chapelle du Salesianum de Fribourg

Chers frères et sœurs,

Parfois il m’arrive d’avoir envie de jeter l’éponge ! Rien ne va plus ! Des questions m’étouffent. Des craintes m’habitent. Des déceptions avec d’autres personnes ou au travail me détruisent.
J’aimerais m’en aller : je ne supporte plus les images de misère à la télé, les tensions dans ma famille ou la brouille chez les voisins; j’en ai marre des débats sur le Covid !
Tout cela peut peser lourd, peut nous attrister et enlever toute la joie de vivre. On se sent mal, incompris, perdu, abandonné, seul et inutile.
Peut-être connaissez-vous aussi de telles heures.

« Je prie pour toi »…

Et tout à coup quelqu’un s’approche et me dit :  » je prie pour toi – Je prie pour toi ». Cette petite phrase est comme une flèche en plein cœur. Je commence à pleurer. C’est un mot magique qui décrit exactement la situation où je me trouve : je n’ai pas besoin de conseils – pas maintenant; ou d’une phrase comme : « ça va s’arranger ». J’ai besoin de compréhension, de sympathie, de proximité, d’amour et de prière.

Cette phrase « je prie pour toi » me prend au sérieux, elle me cherche où j’en suis, elle crée de la proximité et elle me réconforte. Je ne peux dire que : merci, pas nécessaire d’autres mots : merci, c’est un cadeau.


Notre place est dans ce monde. Et c’est exactement ce que Jésus fait dans notre évangile d’aujourd’hui: « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. »
Jésus ne prie pas le Père au ciel pour que les disciples soient préservés de toute difficulté et pesanteur et qu’il les retire du monde, non, il prie le Père, qu’il les garde et les protège.

La foi nous fait résister

La foi n’est pas une fuite pieuse où nous abandonnons ce monde dur parce que nous rêvons d’un autre monde fantastique. C’est ici notre lieu d’amour. C’est ici notre lieu de mission. C’est ici où on a besoin de nous.

Nous ne pouvons pas choisir notre époque. C’est maintenant notre temps, c’est maintenant l’heure de notre vie. Nous ne pouvons pas trier les problèmes qui se présentent. Nous créons nous-mêmes certains problèmes, nous sommes confrontés à d’autres.

La foi ne veut pas détourner les chrétiens de ce monde et de ses problèmes. Elle ne veut pas non plus nous débarrasser de toutes questions et soucis. Elle veut nous faire résister et demeurer au milieu de ce monde.

L’épreuve n’existe pas en passant à côté de ce monde, mais seulement au milieu de lui. Nous sommes appelés à rester au milieu de ce monde, non seulement en supportant les questions et les problèmes, mais en contribuant à changer ce monde pour nous-mêmes et pour les autres: avec patience, persévérance et puissance. Il s’agit d’accepter des déceptions sans se désespérer; poursuivre avec une espérance inébranlable, c’est ça qui compte.
En sachant que je ne suis pas seul, parce que d’autres prient pour moi. Par la prière des autres je ne suis plus dominé par les problèmes parce que je sais que Dieu me protège et m’accompagne; cela me donne de l’espace pour trouver de nouvelles solutions là où je n’en voyais plus.

Prier pour quelqu’un est plus que penser seulement à lui. Parfois j’entends : «Je pense à toi. » – Et je suis reconnaissant pour cette solidarité, cette sympathie qui s’y exprime. « Je prie pour toi » : c’est encore plus car on ne me dit pas seulement: « je pense à toi, je me déclare solidaire de toi; je t’accompagne dans ma pensée » mais bien plus : je prie Dieu pour toi, qu’il te garde, lui, qu’il réponde à ta demande, à ton souhait, qu’il te bénisse – parce que ses capacités sont beaucoup plus grandes que les miennes – et j’ai confiance en Dieu, qui a le
pouvoir de te sauver, qui peut réparer ta situation et te protéger. Jésus prie son Père et il lui confie tous ses disciples, mais aussi tous ceux qui croient en lui. Par cette prière Jésus exprime sa confiance en son Père et son amour envers nous.

La prière est une forme d’amour

Et si nous nous adressons à Dieu, c’est la même chose: nous avons confiance en lui. Et cette confiance est une forme d’amour envers lui. Dieu nous a confié le monde entier, toute la création parce qu’il nous aime. Nous pouvons exprimer notre amour envers lui par la prière que nous lui adressons en lui confiant tous nos besoins, nos souffrances, nos joies et difficultés.

Prier pour quelqu’un est une forme d’amour à la fois envers cette personne et envers Dieu. Grâce à la prière Dieu nous donne sa force : à moi qui prie et à celui pour qui je prie. Ayons le courage de prier pour les autres, mais ayons aussi le courage de demander à d’autres leur prière pour nous. Cette demande peut aussi être une forme d’amour envers lui, parce que nous sommes convaincus que l’autre est capable de prier pour nous.

Le testament de Jésus : sa prière pour les siens

Cette prière de Jésus pour ses disciples et nous tous est la dernière action avant ses journées de passion; c’est comme un testament qu’il nous laisse : sa prière pour les siens, parce qu’il nous aime.

Parfois j’entends la plainte : je suis déjà âgé, je suis malade, je ne peux plus travailler, je ne sers plus à rien, je suis inutile : quel est encore le sens de ma vie ?
Je peux répondre : Fais comme Jésus : la dernière chose avant sa passion c’est sa prière pour ses disciples et pour nous tous qu’il aime et nous qui l’aimons. De la même façon un homme, une femme âgée, peut-être à la maison, peut-être dans un home, à l’hospice, peut prier Dieu pour les autres : pour sa famille, pour ses enfants, pour les jeunes en crise, pour les voisins, pour les gens en détresse, pour les pays en guerre, pour les réfugiés, pour les malades, pour les chômeurs, pour toutes et tous : Jésus prie pour que Dieu les garde, qu’ils s’aiment les uns les autres, il prie pour la réconciliation dans les familles, pour la paix entre les peuples, entre les humains, mais aussi pour la réconciliation de l’homme avec lui-même.

Puissance de la prière

Oui, notre place est ici-bas sur notre terre ! Ayons confiance en Dieu – croyons-le capable de nous aider et nous soutenir !
Ayons aussi le courage pour demander à d’autres qu’ils prient pour nous. Soyons prêts à prier pour les autres. La prière est une grande puissance et elle donne la force ! La prière est un service d’amour envers Dieu et les autres. Par la prière nous sommes des disciples de Jésus en suivant son exemple.

7e DIMANCHE DE PÂQUES – Journée mondiale de la COMMUNICATION
Lectures bibliques : Actes 1, 15-17.20a.20c-26; Psaume 102, 1-2, 11-12, 19-20ab; 1 Jean 4, 11-16; Jean 17, 11b-19

Homélie du 13 mai 2021 – Ascension (Mc 16, 15-20)

Abbé Alexandre Mayomona – Eglise Notre-Dame de Grâce, Orbe, VD


Chers frères et sœurs,

L’Eglise célèbre aujourd’hui la fête de l’Ascension. Oui, la fête de l’Ascension, c’est la fête de l’Espérance. Avec l’Ascension de Jésus, quelque chose de notre humanité a déjà pénétré pour toujours dans le monde de la vie divine. En cette fête de notre espérance, Jésus nous trace le chemin. Jésus nous entraîne à sa suite jusqu’à Lui, par Lui et en Lui. Il nous introduit dans la joie et l’éternité, du mystère de Dieu. Alors, forts de cette espérance, levons les yeux vers cet horizon, et demandons au Seigneur de nous délivrer déjà de tout ce qui resserre notre cœur et rétrécit le champ de notre regard pour répondre à son invitation, pour être à son service.
En effet pour beaucoup, l’Ascension paraît comme un départ, un éloignement du Christ, comme si la lumière du Christ ne brillait plus parmi nous, comme s’il nous laissait orphelins, comme si Jésus était absent, alors qu’il a dit et a promis d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Nous pouvons retrouver partout la présence spirituelle du Christ

Oui, chers amis, l’Ascension n’est pas un départ mais, une intensification de la présence du Christ parmi nous. Il disparaît physiquement d’un endroit bien limité et bien déterminé pour que nous puissions retrouver partout sa présence spirituelle. Et voilà qu’aujourd’hui il ordonne à ses apôtres d’aller dans le monde entier, de proclamer l’Évangile à toute la création. Dans cet évangile, le ressuscité bouscule ses apôtres ; sans tenir compte de leur incrédulité, il prend l’initiative de leur faire confiance, si imparfait soient-ils encore.


Aujourd’hui, c’est chacun de nous qui est invité à aller dans le monde entier pour annoncer la bonne nouvelle. N’attendons donc pas que nous soyons d’abord des hommes et des femmes parfaits pour que nous allions en mission, en commençant par les périphéries de nos villes et villages. Aujourd’hui, ce n’est plus Simon-pierre, Paul, Jean ou jacques que le Christ envoie en mission. C’est chacun de nous que Jésus invite à partir en mission. Il nous invite à quitter nos habitudes pour aller à la rencontre des hommes et des femmes de notre temps. Ils ont besoin d’écouter la parole du ressuscité.

La mission : un départ, une sortie

Comme vous pouvez le comprendre, la mission suppose un départ, sortir de chez soi, de son petit univers. Si pour les apôtres, la mission consistait à aller vers le peuple païen, aujourd’hui, vous et moi, nous sommes appelés à partir dans les périphéries. Et dans ces périphéries, le Christ y est aussi, au milieu des hommes et femmes les plus démunies, les plus vulnérables. Ils ont besoin de toi qui porte l’image et la ressemblance de Dieu. N’oublions pas chers amis, que, l’évangile c’est d’abord un kérygme, un cri, une bonne nouvelle qui doit être annoncée dans la joie du cœur. Aujourd’hui, nous sommes invités à retrouver cet élan de nos premiers frères dans la foi. Dans notre monde d’aujourd’hui, le Christ ne nous demande pas forcément de convaincre, de prouver comme les scientifiques, mais simplement de témoigner avec joie et force de notre foi. Voilà le message d’espérance que nous avons à transmettre à notre monde. Beaucoup vivent dans l’indifférence. D’autres sont hostiles à la foi chrétienne. Ils sont également nombreux ceux et celles qui sont douloureusement marqués par la souffrance, la maladie, et le découragement. Devant ces situations qui nous dépassent nous devons apporter l’espérance comme le Christ, après sa résurrection. Quand il apparaît aux apôtres, son premier mot est un message d’espérance : La paix soit avec vous.
Voilà frères et sœurs, à la suite des apôtres, le Seigneur envoie aujourd’hui des hommes et des femmes de notre temps pour proclamer la bonne nouvelle. Le Seigneur nous délègue pour œuvrer en son nom et à sa place, pour évangéliser toute créature.

Produire les signes et les fruits du Royaume : paix, justice, liberté, charité, joie.


Le jour de l’Ascension, c’est le temps de l’Eglise qui commence. Cela marque un tournant très déterminant dans l’histoire du monde, et dans notre histoire de chacune et chacun d’entre nous.
Désormais c’est le temps de l’Église, de l’engagement et du service. Le temps de la confiance et des responsabilités.
Pour cette tâche, le Christ ne nous laisse pas seuls. Il reste avec nous. C’est lui qui fait le principal travail dans le cœur des hommes et des femmes de notre temps.
Participant à la gloire du Fils, sanctifiés dans les eaux du baptême, nous pouvons produire les signes et les fruits du Royaume : paix, justice, liberté, charité, joie.

Oui, le Royaume adviendra par nos mains, par nos soins et avec Lui. Et le tout se joue maintenant et ici. Le Seigneur compte sur nous, il veut travailler avec nous. Alors soyons tous des évangélisateurs là où nous sommes aujourd’hui et pour toujours ! Amen

ASCENSION DU SEIGNEUR
Lectures bibliques : Actes 1, 1-11; Psaume 46, 2-3, 6-7, 8-9; Éphésiens 4, 1-13; Marc 16, 15-20

Homélie TV du 13 mai 2021 – Ascension (Mc 16, 15-20)

Mgr Lode Aerts, Evêque de Bruges, Belgique

Chers frères et sœurs, ici présents dans la cathédrale de Bruges ou qui nous suivez depuis votre écran, je vous salue de tout cœur.
La relique du Saint-Sang se trouve près de moi, le long de l’autel. Ce n’est pas par hasard que cette relique, fidèlement vénérée depuis des siècles, est proche de l’autel. C’est là en effet, que nous célébrons dans l’eucharistie, le don que le Christ nous fit par amour, de son corps et de son sang. Cet amour l’emporte sur la mort. Il vient de Dieu, il établit donc un pont entre la terre et le ciel. Il n’attire pas seulement le Christ au ciel. Si nous suivons ses pas, il nous y mène aussi, nous ses frères et sœurs bien-aimés. Le ciel, sœurs et frères, n’est pas un mirage. C’est là que Dieu vit et où nous pouvons dès maintenant, dans cette vie, être chez nous avec Lui. Soyons donc reconnaissants et emplis d’espérance en ce jour de l’Ascension.

Le Christ nous accompagne sur nos routes

Chers frères et sœurs, aujourd’hui la procession du Saint-Sang ne sortira pas dans notre ville : sa splendeur toute en sobriété, ses centaines de figurants qui donnent vie à l’histoire biblique.
Une fois encore, elle n’aura pas lieu. Et pourtant, nous pouvons processionner de manière très spéciale. En effet, nous participons tous à la procession de l’amour de Dieu à travers le temps ! Nous qui comme chrétiens, portons son nom, le Christ nous accompagne incognito sur nos chemins de vie. Même si nous ne pouvons processionner le Christ dans les rues de Bruges aujourd’hui, il nous accompagne sur nos routes. Il accompagne les médecins et les infirmières qui se rendent auprès des malades, les scientifiques et les politiciens qui prennent des responsabilités, les parents et les enseignants qui aident patiemment les enfants, les jeunes et les étudiants qui poursuivent courageusement, les pauvres et les étrangers qui gardent le cœur ouvert, tous ceux qui font confiance au ciel de Dieu dans leurs prières.

La procession de l’amour de Dieu à travers le temps.

Participons à la procession de l’amour de Dieu à travers le temps. Animés par l’Esprit de Jésus, nous formons ensemble le peuple de Dieu et le corps du Christ. Dans notre amour au service des autres, Jésus se rend visible dans son Église, comme dans sa relique la plus authentique.

ASCENSION DU SEIGNEUR
Lectures bibliques : Actes 1, 1-11; Psaume 46, 2-3, 6-7, 8-9; Éphésiens 4, 1-13; Marc 16, 15-20