Homélie du 15 décembre 2024 (Lc 3, 10-18)

Bertrand Georges, diacre – Eglise Saint-Laurent, Charmey, FR

Chers frères et sœurs paroissiens du Val-de-Charmey, chers auditeurs et auditrices de RTS Espace 2.
Gaudete in Domino semper. Soyez toujours dans la joie du Seigneur ! C’est ainsi qu’est introduite la célébration de ce 3ème dimanche de l’Avent. Alors que les deux premiers sont marqués par un caractère plus pénitentiel, le dimanche du Gaudete nous rappelle que l’attente de Noël est aussi un temps de joie et d’espérance.

Cette dimension de joie apparait très fortement dans les textes du jour :
« Pousse des cris de joie, fille de Sion ! […] Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie, fille de Jérusalem ! (So 3,14)
« Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. (Ph 4,4)
« Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut. […] Jubilez, criez de joie, habitants de Sion car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !» (Is 12,3 ;6).
Dans l’Evangile aussi la joie se répand, avec Jean-Baptiste qui annonce au peuple La Bonne Nouvelle de la révélation désormais toute proche du Messie. Même la liturgie s’y met, notamment par les ornements roses parfois utilisés pour signifier cette joie.

Alors … soyons dans la joie !
« C’est facile quand tout va bien », rétorqueront certains. « Mais pour moi, ce n’est pas vraiment la joie en ce moment. Il y mes problèmes personnels de santé, ou financiers, des soucis de famille … et en regardant la marche du monde il est difficile de voir la vie en rose ! »

Appels bibliques à la joie

À vrai dire, le contexte n’était pas non plus très rose pour ceux qui ont écrit ces appels bibliques à la joie : Sophonie s’adresse à un « petit reste » qui cherche à rester fidèle au Seigneur au milieu de peuples violents et menaçants qui bafouent continuellement les commandements de Dieu.
Le cantique d’Isaïe a été écrit alors que l’empire assyrien menaçait de s’emparer de toute la région et que tout semblait perdu.
De même, lorsque Paul insiste tant sur la joie, il ne s’adresse pas à une communauté où tout « baigne dans l’huile » : c’est depuis la prison qu’il écrit à des fidèles, les Philippiens, qui ont eu à souffrir pour le Christ (Ph 1,29). Il leur conseille de n’être inquiets de rien, de « ne pas entretenir les soucis » (Ph 4, 6) . C’est donc qu’ils en avaient.

La joie, un don de l’Esprit Saint à accueillir

Qu’est-ce que cela signifie ?
Que la joie chrétienne n’est pas seulement une émotion positive, mais un don de l’Esprit Saint à accueillir et à cultiver. On pourrait dire qu’il y a deux niveaux dans la joie :

  • Celle que l’on éprouve lorsqu’une aspiration ou un désir est satisfait, comme lors de belles rencontres, des bons moments partagés, un beau spectacle …
  • Et celle qui provient de la rencontre avec Dieu. C’est de celle-là dont parle Jésus la veille de sa passion : « Votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (Jn 16,23). Son motif, sa cause, sa source : Dieu. Non pas les réussites, les succès, les ivresses en tout genre, mais Dieu.

Ne nous méprenons pas : il ne s’agit ni d’une nouvelle méthode Coué, ni d’un déni de réalité, ni même de découvrir une nouvelle technique de pensée positive, mais d’un regard tourné vers l’essentiel, d’une rencontre avec une personne vivante, d’être joyeux de la joie de Dieu. Cette joie, disait Paul VI, est « participation spirituelle à la joie insondable de Dieu » (Paul VI Exhortation apostolique sur la joie chrétienne.)
Accueillons donc avec reconnaissance les joies naturelles et humaines, mais ne nous en contentons pas. Leur multiplication ne saurait étancher notre soif de bonheur et d’absolu.

Ce secret de la joie, les saints aussi l’ont connu, alors qu’ils ne possédaient, pour la plupart, ni les honneurs ni la fortune. Saint Théophane Venard, jeune prêtre, martyr à 31 ans en 1861 a donné un profond témoignage de joie surnaturelle (Missionnaire, martyr en 1861 au Tonkin, partie du Vietnam actuel). À ses proches, il suggérait volontiers que dans les moments difficiles, il fallait « prendre son cœur à deux mains et lui faire crier : Vive la joie quand même !»

On le voit, cette joie n’est pas une émotion superficielle, mais une attitude intérieure qui nous permet de garder confiance en Dieu, même dans les moments les plus difficiles.

Comment cultiver cette joie ?


Les textes du jour nous indiquent plusieurs pistes : je vais en citer quatre :

  • La première est d’avoir confiance en Dieu qui nous sauve (Is 12, 2, 2).
  • La deuxième consiste à ne pas nous inquiéter plus qu’il ne faut, à bien gérer nos soucis en les présentant au Seigneur, tout en remerciant pour ce qui va bien (Ph 4,6-7).
  • « Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes » dit saint Paul (Ph 4,5). La troisième source de la joie consiste à exercer la bienveillance, c’est-à-dire à vouloir le bien des autres en étant aimable, accueillant, ouvert au partage, rempli de délicatesse et de gentillesse. Tout ceci engendre une sérénité qui agit comme un baume dans les relations humaines. Cette bienveillance est bienfaisante. Elle secrète la joie.
    Dans l’Évangile, Jean-Baptiste aussi nous ouvre des chemins de bienveillance. En réponse à la question « que devons-nous faire ? », il invite à partager nourriture et vêtement, à lutter contre l’égoïsme ; à ne pas profiter de sa situation pour s’enrichir injustement (Lc 3,10-14). Au fond, il demande à chacun d’aider, dans la mesure de ses moyens, celui qui est à côté de lui … Cela aussi fait grandir la joie. « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir », a dit Jésus (Ac 20,35).
  • Enfin, chers frères et sœurs la quatrième, ou plutôt la première source de la joie, est la proximité du Seigneur. « Le Seigneur est proche », affirme saint Paul (Ph 4,5). « Le Seigneur ton Dieu est en toi », dit le prophète Sophonie (3,15). « Il vient », assure Jean-Baptiste dans l’Évangile (Lc 3,16).

Dans sa première exhortation apostolique Evangelii Gaudium, la joie de l’Évangile (2013, no 3), le pape François invite chaque chrétien « à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ […] et à le chercher chaque jour sans cesse », car dit-il : « personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur ». C’est donc pour chacun de nous que retentit la Bonne Nouvelle annoncée par l’ange la nuit de Noël : « Voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2,10).

3e dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Sophonie 3, 14-18; Cantique : Isaïe 12, 2-6; Philippiens 4, 4-7; Luc 3, 10-18

Homélie du 8 décembre 2024 (Lc 3, 1-6)

Bertrand Georges, diacre – Eglise Saint-Laurent, Charmey, FR

Chers frères et soeurs, chers auditeurs et auditrices de RTS Espace 2. Nous voici au cœur de ce temps de l’Avent, moment favorable durant lequel nous nous préparons à accueillir le Sauveur d’un cœur nouveau. Pour cela, nous ne sommes pas seuls : trois guides nous accompagnent vers Noël.

  • Il y a tout d’abord les prophètes : Isaïe, Jérémie, Baruch, Sophonie et Michée. Leur mission consiste à mobiliser le peuple à la vigilance et à la prière, afin de reconnaître les signes annonciateurs de la venue du Messie.
  • Il y a également la Vierge Marie, qui nous aide à accueillir pleinement le dessein de Dieu. Habituellement fêtée le 8 décembre, ce deuxième dimanche de l’Avent décale la solennité de l’Immaculée Conception au 9. Mais quoi qu’il en soit du jour précis, nous sommes en communion avec tous les chrétiens qui se réjouissent de la réouverture de Notre-Dame à Paris.
  • Le 3ème guide sur l’itinéraire de la crèche est Jean-Baptiste, le Précurseur, « le plus grand des prophètes » (Lc 7, 28), « la voix qui crie dans le désert » (Jn 1,23). C’est vers lui que nous tournons nos regards en ce jour. Jean-Baptiste prépare la venue du Messie essentiellement de 3 manières :
  • En conduisant ses disciples à Jésus, dont il révèle l’identité.
  • En appelant le peuple à la conversion, notamment par le refus de l’oppression et de l’injustice sociale.
  • En appelant à restaurer les relations abîmées.

Prenons maintenant le temps de développer ces trois dimensions et de voir en quoi elles nous concernent.

Celui que tu cherches : c’est lui, Jésus

Dans l’Évangile de Jean, Jean-Baptiste s’efface pour désigner Jésus comme : « l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » et comme celui sur qui repose l’Esprit saint. Puis, de manière saisissante, il révèle sa véritable identité : « Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » (Jn 1,29 ; 32 ; 34).
Aux personnes qui, dans la dureté de leur temps, espéraient un Messie Sauveur, il affirme : le voici ! Celui que l’on attendait depuis des siècles est ici au milieu de vous. L’entendre parler de la sorte devait être très émouvant ! Pourtant, ce témoignage n’est pas périmé. C’est à nous également que Jean-Baptiste dit : Celui que tu cherches, peut-être sans le savoir, qui peut donner un sens nouveau à ta vie, qui pardonne les péchés, redonne le goût de vivre, réactive la joie, établit la paix du cœur …. C’est Lui, Jésus de Nazareth ! C’est aussi pour toi qu’il vient à Noël. Laisse-toi prendre par la main, saisir par son amour et éclairer par sa lumière.

Appelés à un changement de vie

À certains moments, le Baptiste prend des accents plus vigoureux, nous appelant à la conversion, c’est-à-dire au changement de vie. Cela apparaîtra de manière encore plus explicite dans l’Évangile de dimanche prochain où il invitera :
Ceux qui ont de quoi se vêtir et se nourrir, à partager avec ceux qui n’ont rien.
Les collecteurs d’impôts à ne rien exiger de plus que ce qui leur est fixé.
Les soldats à ne faire violence à personne.
Actuellement, tout un chacun ressent douloureusement que le monde est traversé de multiples crises. Il n’y a malheureusement pas de solutions « clés en mains », mais la prédication de Jean-Baptiste, que l’on peut adapter à différentes situations contemporaines, nous rappelle que la violence ne fait qu’engendrer la violence et que la paix n’est pas possible sans la justice.

Enfin, et j’y vois le troisième axe du ministère de Jean-Baptiste, pour préparer la venue du Messie, il faut encore que la route soit déblayée. D’où son appel à rendre droit les chemins tortueux, à combler les ravins, abaisser les obstacles et aplanir les sentiers rocailleux.

Invités à jeter des ponts

Ne pourrait-on y voir une invitation à jeter des ponts entre ceux qui ne se comprennent plus ou qui n’arrivent plus à dialoguer ? Reconnaissons que l’harmonie, le dialogue, la communion, ne sont pas toujours au cœur de nos relations. Au contraire : l’actualité nous montre combien, trop souvent notre monde est fractionné, ou même polarisé. Et que dire de nos difficultés à écouter et respecter un point de vue différent du nôtre ? Sans parler de tous ces sujets tellement délicats, voire « explosifs » que l’on ose plus aborder en famille ou entre amis.

Cet appel à restaurer les voies de communication, mieux, de communion, éventuellement au moyen du pardon, constitue une piste inspirante pour vivre un Avent vraiment apaisant.
Pour cela, il est bon de se souvenir qu’il est difficile de bâtir une fraternité, si on se prive d’une paternité commune et que la communion entre les hommes et les femmes se nourrit d’abord de la communion avec Dieu.

En conclusion, nous pouvons retenir que ces trois aspects de la prédication de Jean-Baptiste, à savoir : l’annonce de Jésus, l’engagement pour une société plus juste, et la communion fraternelle, ne devraient jamais être séparés. Car :

  • Une annonce du Christ, qui ne serait pas accompagnée d’un souci réel pour les personnes en situation de précarité n’est certainement pas crédible ;
  • De même, pour les chrétiens, un engagement pour la justice, privé de l’annonce de la foi, finirait par s’épuiser ou risquerait de tourner en contestation peu profitable.
  • Enfin, il serait illusoire de vouloir faire advenir le Royaume de Dieu sans travailler à la communion, sans nous aimer les uns les autres.

L’impuissance que nous pouvons ressentir face aux grands défis de notre époque risque de nous faire baisser les bras. Pourtant, l’enseignement de Jean-Baptiste est applicable jusque dans nos petits cercles familiaux, professionnels ou sociétaux. C’est ainsi que notre monde pourra retrouver le chemin de l’apaisement, de la reconstruction, de la guérison.

Alors, chers frères et sœurs paroissiens et auditeurs, reprenons courage et laissons-nous encore interpeller par l’appel du prophète :
« Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours. […]. Debout, Jérusalem ! tiens-toi sur la hauteur […] vois tes enfants rassemblés du couchant au levant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient ». (Ba 5,5).

2e Dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Baruc 5, 1-9 ; Psaume 125 ; Philippiens 1, 4-11; Luc 3, 1-6

Homélie du 1er décembre 2024 ( Lc 21, 25-36)

Bertrand Georges, diacre – Eglise Saint-Laurent, Charmey, FR

Chers frères et soeurs, chers auditeurs et auditrices de RTS Espace 2, je suis très heureux d’être ici à Charmey, et … pas trop dépaysé puisque, saint Laurent, diacre, saint patron de votre paroisse, est aussi celui de la paroisse de Givisiez et Granges-Paccot, dont je suis le répondant pastoral.

Le 1er dimanche de l’Avent, un mois avant la fin de l’année civile, inaugure une nouvelle année liturgique. Ces moments forts de transition nous offrent une belle occasion de faire le point sur notre route, de nous rappeler d’où nous venons et où nous allons, de nous situer dans notre rapport au temps.

Il y a le temps qui passe, trop vite ou trop lentement, le temps que l’on gagne ou que l’on perd ; le temps que l’on prend et celui que l’on donne, celui qui fait son œuvre et qui efface les peines, ou encore, le temps qui nous manque, même si un proverbe africain dit que « quand Dieu a fait le temps il en a fait assez ».

Notre rapport au temps

On peut concevoir le temps comme un déroulement cyclique, qui épouse les rythmes de la nature, des saisons, des phases de la lune, ou la succession de nos semaines.
On peut le pressentir aussi comme un temps linéaire. Cette manière de l’envisager est assez familière à notre culture occidentale, en raison de notre héritage judéo-chrétien qui pose le principe d’un commencement du monde, décrit dans la Genèse, et d’une fin qui adviendra lors du jugement dernier évoqué dans l’Évangile que nous venons d’entendre, et qui cédera sa place à la bienheureuse éternité.

Enfin, il y a le temps liturgique qui fait défiler sur l’espace d’une année, les différentes étapes du Mystère du salut et leur actualisation dans nos propres existences. Ce cycle liturgique par une heureuse alternance de temps festifs, pénitentiels, ou plus ordinaires, nous offre une « nourriture » adaptée et bienfaisante pour l’équilibre de notre vie spirituelle.

Ce temps liturgique est à la fois cyclique et linéaire

En reprenant les notions précédemment évoquées, nous pouvons dire que notre temps liturgique est tout à la fois cyclique, car les mêmes mystères sont célébrés chaque année, et linéaire. En effet : Si Dieu est sans commencement ni fin, notre monde, lui, a jailli d’un acte d’amour créateur magnifiquement signifié par les premiers mots de la Bible : « au commencement Dieu créa le Ciel et la Terre » (Gn 1,1). Quant à l’homme et la femme, apparus bien plus tard, ils ne sont pas propulsés dans l’existence sans finalité ni but, mais au contraire appelés, au terme de leur vie terrestre, à la résurrection et à la vie éternelle. Ce cheminement est marqué par une idée de progression, de croissance, d’élévation vers la sainteté.

Après avoir réfléchi sur le temps en général et sur le temps liturgique en particulier, arrêtons-nous un bref instant sur le temps de l’Avent qui débute en ce jour et qui a une triple signification :
Tout d’abord, l’Avent est une période de préparation à Noël qui célèbre la naissance de Jésus, le premier avènement du Fils de Dieu.

L’Avent est aussi un temps d’attente, non pas passive, mais habitée de l’ardent désir du second avènement du Christ, de sa venue dans la gloire. Et c’est précisément cela qui est surprenant dans l’Évangile de ce dimanche. Ne sommes-nous pas au premier jour d’une nouvelle année liturgique, au seuil d’un nouveau commencement ? Pourquoi alors l’Évangile attire notre attention vers la fin des temps ?

L’attente de la seconde venue du Christ est au cœur de notre foi

Ces textes en faisant usage du genre littéraire apocalyptique (du grec Apokaluptein qui signifie lever le voile, révéler) sont destinés à dévoiler le fil rouge, à révéler le sens profond du déroulement de l’histoire. Ils nous rendent également attentifs à une vérité de foi, celle du retour de Jésus, que nous avons tendance à oublier alors qu’elle est très présente dans nos liturgies.
Dans le Crédo de Nicée Constantinople, nous affirmons que « Il (Jésus) reviendra dans la Gloire pour juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin ».
Lors de l’Anamnèse (juste après la consécration), nous faisons mémoire de ce qui était : la mort de Jésus, de ce qui est : sa résurrection, et de ce qui sera : sa venue. C’est pourquoi, lorsque le célébrant nous invite à l’émerveillement devant la grandeur du mystère de la foi, nous répondons : « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. La seconde venue du Christ, dont nous ravivons le désir durant l’Avent, est donc bien au cœur de notre foi chrétienne.

Notons encore que, même si le contexte semble redoutable et terrorisant, comme il l’est parfois dans notre monde actuel, cet Évangile est avant tout une source d’espérance. L’appel de Jésus à redresser la tête en raison de notre Rédemption toute proche souligne bien que la venue du Fils de l’homme réalisera pleinement le Royaume tant espéré par les hommes et femmes de bonne volonté.

Nous recentrer sur l’essentiel

Enfin, l’Avent est aussi un temps pour nous recentrer sur l’essentiel. En regardant autour de nous, on constate que tout le monde se prépare à Noël. Reste à savoir comment ? Pour répondre à cette question, les textes que la Liturgie nous propose en ce dimanche sont d’une grande aide :
Dans la deuxième lecture, saint Paul nous oriente vers le cœur : Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant […] Et qu’ainsi il affermisse vos cœurs, pour la venue de notre Seigneur Jésus. (1 Thes 3,12-13).

Dans l’Évangile, Jésus nous avertit, tout en nous invitant à mobiliser notre cœur : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste. […] Restez éveillés et priez en tout temps » (Lc 21,34 ;36).

Frères et sœurs, chers paroissiens et auditeurs, l’amour fraternel, une certaine sobriété, la vigilance et la prière sont donc les moyens de faire de cet Avent un temps vraiment favorable de grâces et de bénédictions pour nous préparer à accueillir Celui qui nous a dit « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20). C’est encore Lui qui accomplira la promesse de bonheur qu’Il nous a adressée (cf. Jr 33,14).

Bon temps de l’Avent à toutes et à tous !

1er dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Jérémie 33, 14-16; Psaume 24; 1 Thessaloniciens 3, 12 – 4,2; Luc 21, 25-36

Homélie du 24 novembre 2024 ( Jn 18, 33-37)

Abbé Maurice Queloz – Eglise Saints-Pierre-et-Saint-Paul, Fontenais, JU

Prédication en patois :

Dali t’ès ïn Roi ? demainde Pilate en Djésus. « Ç’ât toi que l’dit ! » répond Djésus prudein’ment, poueche qu’è muse qu’an l’veut aittraipaie. Ç’ât dïnche, l’imaidge que nôs ains dés Rois, èt des dgens, que détenant lai foûeche tchu lai tiere, n’ât bïn s’vent pe glôriouse. Ès aint dés diaidges, dés airmèes qu’utilijant lai foûeche, que se baittant po s’défendre.
Nian, mai roiyatè, dit Djésus, n’ât’pe de ci monde. Dâli, po bïn compare lai roiyatè de Djésus, è fât raivoétie lai crou, lo trône laivoù èl ât aivu éyevè dains lai Gloûere de l’Aimoué de Dûe.

È n’y é’pe de pus graint Aimoué que de bayie sai vie po cés qu’an ainme.
Sai coranne d’épainnes, n’ainnonche pe lés ïmpoétchainnes, corannes de l’airdgent, èt de l’oûe, qu’écraisant lo monde. Lo Saing que pai feu de son Coûe, nos fai compare l’aimoué di tiuere de D’Jésus Chricht Roi.
Djésus ât v’ni dains l’monde po témoignie de lai Voirtè. 

« I seus lai voirtè » dit Djésus.

Ç’ât ènne dôberie de botaie sai fei dains ïn tâ Roi, çhailaince és eûyes des hannes, mains foûeche de l’Aimoué de Dûe.

Po ôjaie çte dôberie, çoli ne cheufit’pe de coégnâtre lai voirtè, o lés voirtès de note fei, è fât étre verai.

Âtrement dit, è fât ojaie léchie lo graint Aimoué de Dûe vivre en nos tiuere.

È fât saivoi que nyèpe d’airmé que pe détrure l’Aimoué. Ç’tu-ci réchuchite aidé dains lai Voirtè.

Ç’ât dains ç’te Voirtè que se piondgeant lés martyrs, dains lai mèe de l’Aimoué di baptème.
« Çe n’ât pu moi que vit, ça lo Chricht que vit en moi. » ai dit sint Paul.

C’ment nôs l’raipelle Moieri Zundel, veyes tieurie de Neutchété « Brâment d’aîmes se sont bayie de sôlainnes malaidgies l’aiffaires en preniant lo crédo c’ment ènne lichte de proposichions malaîjies è compare, en lai piaice de l’pare c’ment ïn chrèt d’aimouè.»

Lai Voirtè ça D’Jésus, pe des pairôles po ne ran dire.

                            Quel en feûche, dinche !

En français :

Alors tu es Roi ? demande Pilate à Jésus. « C’est toi qui le dis ! » répond Jésus de façon très prudente, car il sait que ce titre est piégé. En effet, l’image que nous avons des rois et des puissants de la terre, n’est généralement pas très glorieuse. Ces derniers ont des gardes, des armées qui utilisent la force, qui se battent pour se défendre.
Non, ma royauté, dit Jésus, n’est pas de ce monde. Ainsi, pour bien comprendre la royauté de Jésus, il faut regarder la croix, le trône sur lequel il a été élevé dans la Gloire de l’Amour de Dieu.

En effet, il n’y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Sa couronne d’épines ne révèle pas les couronnes puissantes de l’argent et de l’or qui écrasent le monde. Le sang qui sort de son corps nous fait comprendre l’amour du Cœur de Jésus Christ-Roi.

Jésus est venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité.

« Je suis la Vérité » dit Jésus.

C’est une folie de mettre sa foi dans un tel Roi, faiblesse aux yeux des hommes, mais Puissance de l’Amour de Dieu.

Pour oser cette folie, il ne suffit pas de connaître la vérité ou les vérités de notre foi, il faut être vrai. Autrement dit, il faut oser laisser l’Amour fou de Dieu vivre en nos cœurs.

En effet, aucune armée ne peut détruire l’amour. Ce dernier ressuscite toujours dans la Vérité. C’est dans cette Vérité que les martyrs s’immergent, dans la mer de l’Amour du baptême.

« Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ en moi. » a dit saint Paul

Comme nous le rappelle Maurice Zundel, ancien curé de Neuchâtel, « Beaucoup d’âmes se sont créé à elles-mêmes des difficultés insurmontables en considérant le credo comme un système de propositions abstraites, au lieu de l’entendre comme un secret d’amour. »

La Vérité c’est Jésus et non pas des paroles pour ne rien dire.
Amen

Fête du Christ Roi de l’univers
Lectures bibliques : Daniel 7, 13-14; Psaume 8 ; Apocalypse 1, 5-8; Jean 18, 33-37)