

Religieux et laïcs ont fêté Pourim en Israël en dépit de la pandémie

Homélie du 28 février 2021 (Mc 9, 2-10)
Abbé Laurent Ndambi – Eglise St-Nicolas de Myre, Hérémence, VS
En route vers Pâques – Quarante jours pour nous transfigurer
En route vers Pâques, nous lisons chaque 2ème dimanche de carême, un passage de l’évangile qui nous décrit la transfiguration de Jésus sur la montagne du Thabor. Il est donc important de comprendre le sens de la transfiguration dans le contexte de cette période de carême.
La transfiguration : un entraînement à la foi
Pour Pierre, Jacques et Jean, Jésus ne s’est pas manifesté pour se donner en spectacle, mais pour imprimer dans l’esprit et dans le cœur des disciples une vraie image de lui-même, une image si glorieuse et si puissante qu’elle aurait été capable de montrer qu’il est le Fils unique et immensément aimé de Dieu, le réalisateur de son projet de salut, même et surtout dans la pauvreté, dans la souffrance, dans la passion et la mort sur la croix. Il fallait préparer un groupe choisi de témoins qui résistent, de manière efficace, aux épreuves imminentes de sa passion et au scandale de sa crucifixion et de sa mort. La Transfiguration n’a donc pas été un spectacle, mais un entraînement à la foi, en vue des épreuves prochaines.
Il nous faut donc garder à l’esprit que le Carême est temps où le Christ veut revivre en nous le mystère de sa transfiguration, autrement dit, nous transfigurer à son image et ressemblance.
Gravir la montagne pour nous transfigurer
Au début de la vie publique de Jésus il y eut le baptême ; à l’approche de sa Passion et de sa Résurrection il y eut la transfiguration.
Et celle-ci, nous offre un avant-goût de ce que sera la venue glorieuse de Dieu, « lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Phil 3,21). Mais il nous rappelle aussi qu’« il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu » (Ac 14,22): « C’est ce que Pierre ne comprenait pas encore lorsqu’il désirait rester avec le Christ sur la montagne » (Lc 9,33).
Sur cette montagne, en présence de trois de ses proches auxquels il venait d’annoncer sa Passion prochaine, Jésus s’est offert intentionnellement au Père pour le salut du monde ; il a fait son choix : il ira jusqu’au bout.
La lumière resplendissante que contemplent les apôtres n’éclaire pas leur Maître de l’extérieur, mais de l’intérieur : elle jaillit du plus profond de sa divinité, d’où elle illumine son humanité. La voix dans la nuée confirme l’option que Jésus vient de faire : il est le Fils bien-aimé, celui qui accomplit la promesse annoncée par la Loi et confirmée par les prophètes. Il est la Parole vivante qui donne la vie ; c’est lui désormais qu’il nous faut écouter. Moïse et Elie peuvent disparaître : tout est dit en Jésus-Christ.
Nous sommes associés désormais, à participer nous aussi à la révélation qui fut faite aux trois disciples, découvrir nous aussi la gloire de Jésus. Découvrir, à la parole même du Père, sa gloire de Fils éternel de Dieu : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le » ! Cette révélation du Père est faite dans la foi et non dans une certitude fulgurante : c’est ce que symbolise la nuée qui enveloppe les disciples. Découvrir aussi, toujours par la parole du Père, mais aussi par l’évocation de Moïse et d’Elie, que le Jésus est le messager par excellence de Dieu : c’est à cause de cela qu’il faut l’écouter. Il est un messager plus grand que tous les prophètes résumés pour ainsi dire ici dans le personnage d’Elie.
Désormais c’est lui le guide du nouveau peuple de Dieu, bien plus grand que n’était Moïse, leader du peuple de l’exode au désert. Dès lors, nous pouvons comprendre la demande impérative du Père : « Ecoutez-le ».
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le »
Cette expression retentit aux oreilles des apôtres comme un écho de cette profession de foi qu’ils récitent tous les jours, puisqu’ils sont Juifs « Écoute-Israël ». C’est un appel à la confiance quoi qu’il arrive. Confiance qui sera durement éprouvée dans les mois qui viennent : car la Transfiguration a lieu au moment-charnière du ministère de Jésus : le ministère en Galilée se termine, Jésus va maintenant prendre le chemin de Jérusalem et de la croix. Le titre de « Bien-Aimé » va dans le même sens : car c’était l’un des noms que le prophète Isaïe donnait à celui qu’il appelait le Serviteur de Dieu ; il disait que ce Messie connaîtrait la souffrance et la persécution pour sauver son peuple.
Mais Jésus estime que tout cela doit encore demeurer secret : précisément parce que les disciples ne sont pas encore prêts à comprendre (et les foules encore moins) le mystère de la Personne du Christ : cette lueur de gloire de la Transfiguration ne doit pas tromper ceux qui en ont été spectateurs : ce n’est pas la marque du succès et de la gloire à la manière humaine, c’est le rayonnement de l’amour ; on est loin des rêves de triomphe politique et de puissance magique qui habitent encore les apôtres et qui les habiteront jusqu’à la fin. En leur donnant cette consigne de silence, Jésus leur fait entrevoir que seule la Résurrection éclairera son mystère.
Quel visage du Christ, donnons-nous à voir ?
Pour l’instant, il faut redescendre de la montagne, résister à la tentation de s’installer ici à l’écart, sous la tente, mais au contraire affronter l’hostilité, la persécution, la mort. La vision s’est effacée : « Ils ne virent plus désormais que Jésus seul ». Sa gloire passera par le chemin de la croix. Là, ils ne verront que le visage humain du Seigneur, un visage qui voile sa qualité de Fils tout en la révélant. En route vers Pâques, les disciples verront au calvaire que le visage humilié et meurtri du Seigneur. Cela ne peut que nous indiquer où se révèle encore aujourd’hui « le visage du Seigneur ». Il ne s’exprime nulle part de meilleure façon qu’en Jésus crucifié et ressuscité.
En redescendant de la montagne, quel visage du Christ, donnons-nous à voir dans le quotidien et dans l’ordinaire de notre Vie ? Seigneur, donne-nous ta grâce de ne pas brouiller l’empreinte de ton image dans notre vocation des fils et des filles bien aimés du Père. Amen.
2e DIMANCHE DU CARÊME
Lectures bibliques : Genèse 22, 1-2.9-13.15-18; Psaume 115 (116 B), 10.15, 16ac-17, 18-19; Romains 8, 31b-34; Marc 9, 2-10
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Homélie du 21 février 2021 (Mc 1, 12-15)
Abbé Laurent Ndambi – Eglise St-Nicolas de Myre, Hérémence, VS
En route vers Pâques
Depuis le mercredi des cendres, nous sommes en carême. Ce mot carême, vient du latin « quadragesima » qui veut dire « 40ème » parce qu’il commence le quarantième jour avant Pâques. Dans la Bible, le chiffre 40 a une valeur symbolique : 40 jours de Jésus au désert comme un temps d’épreuve et de ressourcement (Mt 4,2) avant de commencer son ministère public. Il symbolise aussi les 40 ans du séjour des Hébreux au désert durant l’Exode. Quarante, est donc un chiffre symbolique du temps donné aux hommes de la Bible pour marcher à la rencontre de leur Dieu, pour ajuster leur volonté à la sienne et entrer dans son Alliance.
La Bible nous en évoque quelques exemples remarquables, à savoir les 40 jours de Moïse sur la montagne en présence de Dieu (Exode 24,18), les 40 jours de la marche d’Elie vers la montagne de Dieu (1 R 19,8), les 40 jours de déluge où la terre est recouverte par les eaux (Genèse 7,4), les 40 jours de pénitence de Ninive sur les injonctions de Jonas (Jonas 3,4), les 40 ans de l’Exil des juifs à Babylone. 40 ans c’est donc le temps (à l’époque biblique) d’une vie humaine, d’une génération.
Le Christ en réitère l’expérience en passant 40 jours au désert comme un symbole de toute une vie. A cet effet, si les Évangélistes ont choisi de nous raconter son séjour de 40 jours au désert où il fut tenté, c’est pour signifier qu’il a été assailli toute sa vie par toute sorte de tentations : tentation d’imposer sa force par des miracles, tentation de prendre ou d’accepter le pouvoir politique, tentation d’échapper à sa passion, ou encore par la tentation de montrer qu’il était Dieu en refusant d’être un homme.
Temps d’évaluation de notre vie chrétienne
Mais, pour nous chrétiens, quel est le sens que le carême évoque pour nous ? Si pour tous, le carême peut évoquer un temps de jeûne, de prière et de partage en préparation de la fête pascale, ce temps est surtout celui de ressourcement et de « révision » des bases de notre foi, un temps de bilan, un temps d’évaluation de notre vie chrétienne, je dirai de notre relation avec le Christ pour qu’avec lui nous puissions mourir en nous-mêmes afin de redécouvrir ce qu’Il a fait au désert, c’est-à-dire, résister comme lui, aux tentations en reprenant en mains le contrôle de sa vie et en conséquence de notre vie chrétienne.
Contrairement aux évangélistes Matthieu et Luc, Marc que nous venons d’entendre ne raconte pas en détail les tentations que le Christ a connu du désert. Il s’en tient à l’événement, faisant surtout jaillir de son récit très bref, l’idée d’une nouvelle création, d’un paradis retrouvé où le nouvel Adam se meut au milieu des bêtes sauvages et en compagnie des anges. Après avoir passé 40 jours dans le désert et après avoir résister aux tentations du diable, le Christ se retrouve en Galilée considérée comme carrefour des nations, comme une terre des ténèbres. C’est là, comme par un défi, qu’il va en priorité proclamer la Bonne Nouvelle, guérir les malades, annonçant que les temps sont accomplis et que le Règne de Dieu est tout proche. Nouveauté à laquelle il faut se convertir, pour la redécouvrir et l’accueillir. Comment allons-nous ajuster notre vie pendant ces quarante jours ?
Faire alliance avec le Seigneur et les frères
En référence à la première lecture, accueillons ces quarante jours du carême comme temps qui nous est donné pour faire ou refaire alliance avec le Seigneur et nos frères humains. Ce temps de carême, c’est un temps de discernement entre ce qui, dans notre vie actuellement est voué au naufrage et qui nous fait couler, et ce qui est porteur d’espérance, d’amour et de vie. Là où le péché nous submerge, le Christ nous tend aujourd’hui la main pour nous en sortir.
En route vers Pâques, trois recommandations nous sont proposées à chaque entrée de carême le mercredi des cendres, à savoir : le jeûne, le partage et la prière (voir Mt 6, 1-18).
1) Le jeûne, consiste en une sorte de privation, de ce par quoi nous pouvons montrer que nous sommes libres par rapport aux dépendances matérielles de la vie. Dans toutes les religions, il s’agit d’un exercice qui favorise l’intériorité.
2) Le partage, ou l’aumône. Si le jeûne nous permet de vivre en hommes libres, le partage nous invite à vivre en frères. Lié au jeûne, le partage indique le sens de nos privations. Il ne s’agit pas de se priver pour le plaisir (ou plutôt pour la douleur), mais bien pour s’ouvrir aux autres. Le partage autour d’une soupe de carême nous permettra d’être attentifs et solidaires envers les pauvres comme le Pape François nous y invite.
3) La prière est la troisième recommandation de la pratique du Carême. Si par le jeûne, on se « désencombre » de soi, si par le partage on comble l’autre de notre richesse, par la prière on se remplit de la présence de Dieu, ou plutôt on laisse Dieu nous remplir de sa présence.
Puisse ce temps de carême, à travers la qualité de notre prière, de notre solidarité et de nos partages, être à la fois un chemin d’accueil de la bonté de Dieu, mais aussi un chemin d’ajustement, de victoire et d’amour à l’exemple de celui qui a « livré son corps pour nous » et qui a aussi « versé son sang pour une l’alliance nouvelle et éternelle ». Allons-nous faire cela en prenant un tel chemin, et en rendre témoignage en « mémoire de lui » ? Amen.
1er DIMANCHE DE CARÊME
Lectures bibliques : Genèse 9, 8-15; Psaume 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9; 1 Pierre 3, 18-22; Marc 1, 12-15