Le Maroc introduit des cours d’histoire et de culture juive

Homélie du 13 décembre 2020 ( Jn 1, 6-8.19-28)
Abbé Marc Donzé – Collégiale Saint-Laurent, Estavayer-le-Lac
« C’est pas la joie ». Beaucoup le disent. Et ça peut se comprendre. Pour les restaurateurs, pour les milieux de la culture et bien d’autres encore, les temps sont difficiles et pleins de rudes préoccupations. Plus encore, les malades du coronavirus et ceux qui les soignent vivent des heures tendues, dramatiques parfois. « C’est pas la joie ».
Tout à l’opposé, Charles Trenet chantait : « y a d’la joie, bonjour les hirondelles ; y a d’la joie dans le ciel par-dessus les toits ; y a d’la joie, partout y a d’la joie ».
Et aujourd’hui, nous entendons saint Paul qui nous écrit : « Soyez toujours dans la joie ». Ce n’est pas un petit mot en passant. Paul l’écrit déjà dans sa toute première lettre. Et il l’écrit bien des années plus tard, aux Philippiens, alors qu’il est en captivité. « Soyez toujours dans la joie ».
Une parole à prendre au vrai
Mais comment est-ce possible d’être toujours dans la joie ? Saint Paul est-il réaliste ? N’est-il pas en train d’écrire une exagération orientale ? Sûrement pas. C’est une parole à prendre au vrai. Donc, nous devons explorer les chemins pour vivre toujours une part de joie. J’en vois trois.
D’abord, nous pouvons simplement cultiver les occasions qui nous donnent du plaisir et de la joie. Rencontrer un ami, vivre une fête de famille, jouir de la nature, écouter de la musique, lire un polar… et la liste peut s’allonger. A chacun de trouver ce qui le met en joie. Comme on dit de façon populaire, « y a pas d’mal à s’faire du bien »… à condition toutefois que ce soit dans le respect des autres, de la nature et de soi-même.
Ensuite, dans tout ce qui se passe autour de nous et dans le monde, nous pouvons porter un regard sur ce qui est vivant, respectueux, lumineux, aimant. Ce n’est pas facile. Car les discussions – les medias aussi – portent bien plus souvent sur ce qui ne va pas, sur ce qui est dramatique ou scandaleux. Cette part d’ombre ou de boue ou de mal existe, bien évidemment. Mais n’y a-t-il pas en même temps une autre part ? La pandémie existe, c’est on ne peut plus clair ; mais les gestes de soin, de service, de solidarité, de compassion et d’amitié existent aussi. N’est-il pas important de les voir et de les souligner, parce qu’ils apportent de la lumière, de la tendresse même parfois ?
La conversion du regard
Voir la part lumineuse, s’en émerveiller même, ce n’est pas chausser des lunettes roses et faire l’impasse sur ce qui est difficile. Mais c’est aussi porter l’attention sur ce qui est beau, et qui apporte une part de joie, même dans les situations difficiles. Comme ce n’est pas spontané, j’appelle cela « la conversion du regard ». Cette attitude correspond à ce mot d’un vieux sage chinois, Confucius, qui disait : « la joie est en tout, il faut savoir l’extraire ». Comme dit un proverbe, chinois lui aussi à ce qu’il paraît, « la forêt qui pousse fait moins de bruit qu’un arbre qui tombe ». Il est clair que l’on entend l’arbre qui tombe, mais il faut aussi avoir la lucidité de voir la forêt qui pousse. C’est moins spectaculaire, mais c’est source de joie.
Cultiver la joie en s’offrant des moments de réjouissance, et vivre la conversion du regard pour porter aussi attention à la face de lumière des événements, cela suffit-il pour être toujours dans la joie ? Sûrement pas ! Il y a des moments d’épreuve, d’incompréhension, de souffrance, où il faut encore une autre source de la joie.
Le Christ source de joie et de paix
Saint Paul lui-même a vécu mille épreuves : dangers innombrables, bastonnades, naufrages, injustices, prison. Quel est donc son secret pour être toujours dans la joie ? Cette joie, il la reçoit dans sa relation avec le Christ Jésus. Non seulement, il est joyeux de partager à sa mesure ce que furent les souffrances que le Christ lui-même a endurées ; mais, plus encore, dans cette relation, la paix de Dieu lui est donnée à chaque pas, car le Dieu d’Amour est fidèle.
C’est une parole difficile à entendre, certainement. Et elle ne se comprend que dans la foi vécue à l’Amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Saint François d’Assise l’a entendue fortement. Dans un texte célèbre, il dit que la joie parfaite, c’est quand on n’est pas reconnu, pas accueilli, et même malmené et que l’on peut supporter tout cela avec égalité d’humeur, parce que le Christ lui-même n’a pas été accueilli. La joie parfaite, c’est donc faire route avec le Christ en toutes circonstances et croire qu’il fait route avec nous en toutes circonstances.
Les heures peuvent être ténébreuses, mais, au fond, il y a le chant de la relation d’amour avec le Seigneur et c’est comme une source qui coule, joyeuse, au-delà au-dedans de tout.
Le chant d’une petite source
La joie parfaite, quel paradoxe ! Est-ce une parole impossible ? Pas vraiment. Il se peut même que nous en ayons une petite expérience, pour la comprendre et l’accueillir. Si l’on accompagne quelqu’un dans la souffrance, et même dans le passage de la mort vers la vie, si on le fait avec amour et tendresse, ne ressent-on pas, en même temps que la compassion, une joie discrète, ténue même, comme le chant d’une petite source ?
Avec cette simple expérience, je commence à croire que saint Paul n’exagère pas, quand il dit : Soyez toujours dans la joie.
Nous voilà donc invités à cultiver la joie et à convertir notre regard, comme nous le suggèrent les sages : il faut savoir extraire la joie. Mais, plus encore, nous voilà invités à faire route avec le Seigneur, en recevant de lui la source de joie et de paix.
Car finalement, la joie se reçoit. Elle est une grâce. Amen.
3e DIMANCHE DE L’AVENT DE GAUDETE
Lectures bibliques : Isaïe 61, 1-2a.10-11; Cantique : Luc 1, 46b-48, 49-50, 53-54; 1 Thessaloniciens 5, 16-24; Jean 1, 6-8.19-28
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Homélie du 6 décembre 2020 (Mc 1, 1-8)
Fr. Emmanuel Durand O.P. – Collégiale Saint-Laurent, Estavayer-le-lac, FR
Consolez, consolez mon peuple ! Qui peut dire cela au temps de l’épreuve, tandis que celle-ci n’est pas encore passée ? Qui peut dire cela, aujourd’hui même, à celles et ceux qui portent le deuil, ceux qui vivent en exil, ceux qui affrontent la maladie ou la précarité, les persécutions ou les conflits armés ? Il n’y a que deux hypothèses : soit une telle injonction émane des faux prophètes à la parole facile et alors elle n’a aucun intérêt ; soit c’est Dieu lui-même qui parle.
Dieu vient en personne
Eh bien aujourd’hui, alors que la pandémie n’est pas finie et que notre monde vacille de toutes parts, Dieu ose proclamer à nouveau : Consolez, consolez mon peuple ! Tout être de chair, dans sa vulnérabilité et sa fragilité, verra dans les faits que la bouche du Seigneur a parlé. Dieu nous commande – et lui seul peut le faire – d’être consolés et de consoler à notre tour en vertu d’une espérance certaine : Dieu vient en personne.
Il vient non seulement avec puissance mais aussi avec tendresse : il porte les agneaux sur son cœur, il mène à un rythme adapté les brebis mères qui allaitent. Dieu ne renonce jamais à rassembler, à sauver et à consoler. Les consolations humaines sont importantes dans nos vies : l’affection, l’attention, l’amitié, la compréhension et la compassion… mais elles ne tiennent que si elles sont le relais de la consolation que Dieu seul peut donner ; à savoir lui-même présent, au creux de tous nos manques, à la portée de notre foi et au contact de nos mains.
C’est précisément pour être au contact de nos mains que Dieu s’est fait chair en la personne de Jésus. Il a osé entrer dans notre condition, parler notre langue, partager nos repas et nos deuils, afin que la consolation annoncée ne soit pas seulement divine et spirituelle, mais aussi concrète, humaine, fraternelle et amicale.
Le regard de foi de Jean
Le prophète Jean-Baptiste a compris que celui qui venait juste après lui rendait présent un salut d’un tout autre ordre que le sien. Pas simplement un baptême de conversion et le pardon des péchés, pourtant bien nécessaires, mais la consolation ultime de Dieu, le baptême dans l’Esprit Saint… consolation qui s’accomplit au jour de la Pentecôte, par une effusion inédite de joie et une conversion radicale des cœurs.
Au sujet de Jésus, Jean le Baptiste affirme : « je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales ». Se courber pour défaire les sandales d’un hôte revenait aux serviteurs et aux esclaves. Jean ne se reconnaît même pas digne de cela. Cela nous donne une idée de la hauteur de Jésus sous le regard de foi de Jean… En Jésus, c’est Dieu lui-même qui vient après que Jean ait ouvert le chemin.
L’exemple du service ultime
Et pourtant, vous le savez, lors du dernier repas, Jésus s’est abaissé devant chacun de ses disciples pour leur laver les pieds. Jésus a lavé leur péché et leur a donné en acte l’exemple du service ultime.
En Jésus, Dieu ne recule devant rien pour prendre soin de ses enfants. De toute sa hauteur, qui donnait le vertige à Jean Baptiste, Dieu s’abaisse devant chacun de ces êtres de chair et leur manifeste, par un geste plein de compassion et de tendresse, l’intime proximité du salut de Dieu.
Ce qu’il a fait là, nous sommes invités à le reproduire à notre tour : traduire en gestes, les uns pour les autres, le salut et la consolation de Dieu.
2e DIMANCHE DE L’AVENT
Lectures bibliques : Isaïe 40, 1-5.9-11; Psaume 84, 9ab-10, 11-12, 13-14; 2 Pierre 3, 8-14; Marc 1, 1-8