Appui à la campagne pour un Mondial équitable, «contre l’arrogance des seigneurs de la FIFA»

Fribourg: La Saint-Galloise Yvonne Buschor est la nouvelle présidente de «Brücke – Le pont»

Fribourg, 2 mai 2014 (Apic) La Saint-Galloise Yvonne Buschor, ancienne cheffe du Secteur Sud de l’Action de Carême (AdC), a été élue présidente de «Brücke – Le pont» lors de l’assemblée des délégués qui s’est tenue le vendredi 2 mai 2014 à Fribourg. A cette occasion, l’œuvre d’entraide, dont l’origine remonte au mouvement des travailleurs catholiques de Suisse KAB (*), a donné son appui à la «campagne pour une Coupe du monde équitable».

Invitée pour la partie thématique de l’assemblée, Eva Geel, cheffe de la communication de l’ONG Solidar Suisse, a déploré que le Mondial, qui a lieu du 12 juin au 13 juillet 2014 au Brésil, ne sera pas pour tout le monde «une grande fête du football», notamment pour les quelque 200’000 habitants qui ont été déplacés de force de leur quartier, souvent sans indemnisations. Elle a dénoncé à cette occasion «l’arrogance des seigneurs de la FIFA, qui ne pensent qu’il n’y a que Dieu au-dessus d’eux…» Elle a dit espérer que la campagne «Pour un Mondial équitable» les fera un peu redescendre sur terre… (Voir encadré)

Yvonne Buschor, la nouvelle présidente de «Brücke – Le pont», a travaillé 7 ans en Colombie dans la coopération au développement pour le compte d’»Interteam» et de la Mission Bethléem-Immensee (MBI), avant d’œuvrer durant 22 ans au sein de l’AdC, l’œuvre d’entraide des catholiques de Suisse basée à Lucerne. Elle remplace le président Armin Hürner, de St-Gall, qui exerçait cette fonction ad interim.

Programme «Travail en dignité»

Basé à la Rue St-Pierre 12, à Fribourg, «Brücke – Le pont» soutient et accompagne quelque 35 projets pour des personnes défavorisées au Togo, Bénin, Nicaragua, Salvador, Bolivie et Brésil, dans le cadre de son programme «Travail en dignité». L’organisation va développer son action dans les pays du Sud, et des négociations sont en cours pour mettre sur pied un programme au Honduras.

L’ONG dirigée par Franziska Theiler travaille sur place avec des partenaires locaux et met l’accent sur la création de revenus, la formation professionnelle et les droits du travail. En Suisse, elle soutient différentes campagnes et initiatives visant à instaurer davantage d’équité dans les rapports économiques et commerciaux (par exemple le commerce équitable ou la Campagne Clean Clothes (CCC), pour des vêtements produits de manière équitable) et à aider les personnes défavorisées à faire valoir leurs droits.

En 2013, les rentrées de «Brücke – Le pont», que ce soient des dons de privés ou d’institutions, ou encore des financements de la DDC, se sont montées à 3,5 millions de francs. Une évaluation externe, mandatée par la DDC et menée durant le dernier trimestre de l’an dernier a montré la pertinence des choix stratégiques de l’ONG. Elle a mis en avant la cohérence entre les stratégies et les actions menées sur le terrain, tout en soulignant l’utilisation «économe et équilibrée» des ressources et le professionnalisme du travail accompli en collaboration avec les organisations locales.

L’action 2014 que «Brücke – Le pont» lance en mai dans les paroisses catholiques de Suisse alémanique et romande a pour thème «La jeunesse lutte contre la violence». Elle présente le travail pour la paix que font trois organisations partenaires au Salvador auprès des jeunes. «Brücke – Le pont» soutient ce travail pour que les jeunes de ce ¨petit pays d’Amérique centrale dominé par la violence aient un avenir meilleur.

(*) «Brücke – Le pont», qui se décrit aujourd’hui comme une œuvre d’entraide privée, apolitique et neutre sur le plan religieux, a été fondée en 1956 par le mouvement des travailleurs et des travailleuses catholiques de Suisse KAB et par le groupement syndical Travail.Suisse. L’ONG bénéficie du soutien financier de la Direction du développement et de la coopération (DDC) de la Confédération pour ses projets en faveur des populations défavorisées en Afrique et en Amérique latine.

Encadré

Près de 200’000 personnes délogées par le Mondial

La prochaine Coupe du monde de football au Brésil va déloger près de 200’000 personnes, parmi les plus pauvres et souvent sans compensation, pour construire de nouvelles infrastructures sportives coûteuses, qui vont laisser au pays une dette à hauteur de près d’un milliard de francs suisses, confie Eva Geel à l’Apic. «Les contrats de la FIFA avec le gouvernement brésilien sont très durs. La FIFA ne réclame aucune garantie pour la préservation des Droits de l’Homme ou des droits du travail. Elle exige par ailleurs de priver les marchands ambulants de leur gagne-pain, car les sponsors du Mondial veulent imposer des droits de vente exclusifs. Les expulsions violentes auxquelles on assiste constituent une grave atteinte aux droits humains», lance-t-elle.

Eva Geel dénonce encore le fait que la FIFA multimilliardaire ne paie pas d’impôts dans les pays qui accueillent le Mondial. Ainsi, lors de la dernière Coupe du Monde en Afrique du Sud, la dette du pays hôte s’est élevée à 2,8 milliards de francs suisses, alors que la FIFA faisait 3 milliards de profit… Au Brésil, les contrats que le FIFA a fait passer pour son périmètre – interdiction du droit de grève, pouvoir accru pour la police – violent la législation brésilienne. Pour la population locale, qui doit subir ces empiètements, les conséquences sont beaucoup plus durables que les trois semaines de compétition. «Ce sont les pauvres qui sont chassés, envoyés dans des zones où il n’y a ni travail, ni écoles, ni hôpitaux ou dispensaires…» De plus, poursuit Eva Geel, les 18 milliards d’investissements consentis par le Brésil pour cet événement, c’est de l’argent qui va manquer pour la santé, l’éducation et le développement des transports publics. «C’est la raison pour laquelle les habitants des favelas manifestent dans la rue» (apic/be)

2 mai 2014 | 18:21
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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