Camp de concentration nazi d'Auschwitz-Birkenau (photo Maurice Page)
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Auschwitz: signal contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme

La commémoration de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz le 27 janvier 2020, est, pour les évêques d’Europe, l’occasion d’une mise en garde contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme.

Dans un communiqué commun, la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE) et le Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE), rappellent que ce 75ème anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz  «nous oblige à lutter expressément contre tous les actes qui portent atteinte à la dignité humaine: le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme».

Et de rappeler aussi que «les expériences du passé nous apprennent combien il est important et bénéfique de construire une Europe de nations réconciliées et indulgentes».

Défense de la dignité humaine

Ce 27 janvier, à 15 heures, (l’heure à laquelle le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau a été libéré par les soldats soviétiques) des bougies seront allumées et une prière dite «pour les personnes assassinées de toutes nationalités et religions dans les camps de la mort et pour leurs proches», déclarent en chœur le cardinal Angelo Bagnasco, président du CCEE, et le cardinal Jean-Claude Hollerich, président de la COMECE.  

La «solution finale» exécutée par les nazis

Les évêques européens rappellent que si 75 ans ont déjà passé depuis la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, «ce lieu inspire toujours la terreur». C’était le plus grand camp de concentration nazi ouvert en 1940 dans les territoires polonais occupés.

Initialement destiné aux Polonais (Auschwitz), il a été considérablement étendu dans la région de la Brzezinka voisine (Auschwitz-Birkenau) et dans les années 1942-1945 – dans le cadre de la «solution finale» (Endlösung) – il est devenu un lieu d’extermination de masse du peuple juif.

Le plus grand site de génocide de masse

Les évêques européens soulignent qu’Auschwitz est devenu un symbole de tous les camps de concentration allemands, et même de tous les sites d’extermination de ce genre. Ils qualifient ce lieu de «point culminant de la haine contre l’homme».

Dans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, les nationaux-socialistes allemands ont assassiné près d’un million de juifs, des dizaines de milliers de Polonais (70-75’000) ainsi que des Roms (21’000), des Russes (15’000) et plusieurs milliers de prisonniers d’autres nationalités. En raison du nombre énorme des victimes juives, c’est le plus grand site de génocide de masse au monde.

«Piétiner la dignité de l’homme qui est l’image de Dieu»

«C’est ici que la thèse de l’inégalité fondamentale des personnes a atteint ses limites. Ici, les nazis ont pris le pouvoir de décider qui est humain et qui ne l’est pas. Ici, l’euthanasie a rencontré l’eugénisme. Auschwitz-Birkenau est le résultat du système fondé sur l’idéologie du national-socialisme, qui consistait à piétiner la dignité de l’homme qui est l’image de Dieu».

Aujourd’hui, des centaines de milliers de personnes visitent ce camp chaque année. Les trois derniers papes ont eux aussi été parmi les visiteurs. Le pape François, lors de sa visite à l’ancien camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, le 29 juillet 2016, a suivi les traces de ses deux prédécesseurs. Il n’a pas fait de discours, mais sa présence silencieuse était très éloquente. Dans le livre commémoratif, il a écrit: «Seigneur, aie pitié de ton peuple. Seigneur, nous demandons pardon pour tant de cruauté». Il a conclu sa visite par une prière au Monument au Martyre des Nations.

Appel à la réconciliation et à la paix

Le 20 janvier 2020, le pape François a lancé un appel: «Que l’anniversaire de l’indicible cruauté que l’humanité a connue il y a 75 ans soit un appel à s’arrêter, à se taire et à se souvenir. Nous en avons besoin pour ne pas devenir indifférents». Il avait fait cette déclaration en recevant au Vatican une délégation du Centre Simon Wiesenthal.

Le CCEE et la COMECE relèvent que ce 75ème anniversaire, «dans l’esprit des paroles du pape François, nous oblige à lutter expressément contre tous les actes qui portent atteinte à la dignité humaine: le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme».

Le fanatisme sévit encore

En cet anniversaire, ils lancent un appel au monde moderne pour la réconciliation et la paix, pour le respect du droit de chaque nation à exister et à la liberté, à l’indépendance, au maintien de sa propre culture.

«Des guerres cruelles, des génocides, des persécutions et différentes formes de fanatisme sévissent encore, déplorent les évêques d’Europe, bien que l’histoire nous enseigne que la violence ne mène jamais à la paix mais, au contraire, engendre plus de violence et de mort  (…) Que notre prière étende la réconciliation et la fraternité, dont l’hostilité, les conflits destructeurs et les malentendus alimentés sont le contraire. Que la puissance de l’amour du Christ l’emporte en nous». (cath.ch/be)

Journée internationale de l’ONU

Depuis 2005, les Nations-Unies ont décrété le 27 janvier «Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’holocauste». A l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau, une cérémonie solennelle se tient sur le site de l’ancien camp de la mort, mais aussi dans de très nombreux pays. JB

Camp de concentration nazi d'Auschwitz-Birkenau (photo Maurice Page)
27 janvier 2020 | 15:52
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
Antisémitisme (52), Auschwitz (27), CCEE (60), COMECE (67), Racisme (57), Xénophobie (9)
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