Le choix d'Assise pour la présentation de "Tutti Fratelli" n'est pas un hasard | © Fausto Manasse/Pixabay
Vatican

Ce que révèle le titre de la future encyclique du pape François

Le titre de cette troisième encyclique, «Tutti Fratelli» (Tous frères), mais aussi le jour et le lieu choisis par le pape François pour la signer «en disent beaucoup» sur son contenu, confie Pietro Messa, doyen de l’École supérieure des études médiévales et franciscaines de l’Université pontificale Antonianum, à l’agence I.MEDIA le 9 septembre 2020. Ce spécialiste du Poverello avait révélé en amont la parution du texte.

Pour le franciscain comme pour d’autres spécialistes, l’expression «Tutti Fratelli» est à n’en point douter tirée de la sixième admonition de saint François: «Considérons, tous frères, le bon Pasteur: pour sauver ses brebis, il a souffert la Passion et la Croix. À sa suite, les brebis du Seigneur ont marché à travers les souffrances, les persécutions, les humiliations, la faim, les maladies, les tentations, et toutes sortes d’épreuves. En retour, elles ont reçu du Seigneur la vie éternelle. Nous devrions avoir honte, nous, les serviteurs de Dieu. Car les saints ont agi ; nous, nous racontons ce qu’ils ont fait, dans le but d’en retirer pour nous honneur et gloire.»

Dans l’esprit interreligieux

Dans cette exhortation, Saint François reprend ses frères qui s’enorgueillissent du martyre de cinq d’entre eux, morts au Maroc en 1220 alors qu’ils étaient partis prêcher l’Évangile, explique le franciscain. «Il rappelle ainsi ses frères à l’ordre alors qu’ils s’éloignent de l’objectif de la sainteté et s’enferment dans la mondanité spirituelle». Comme pour sa seconde encyclique Laudato si’, le pontife a choisi de puiser dans les écrits du Poverello pour la baptiser, fait remarquer le franciscain: les deux textes s’inscrivent donc dans le même sillage. François, note Pietro Messa, est à la fois le «gardien de la Création mais aussi cet homme qui a rencontré le sultan Malik El-Kamil» en 1219 à Damiette, en Egypte.

Pour délivrer ce message de fraternité au monde, relève-t-il encore, c’est à Assise, sur la tombe du saint de l’Ombrie, que se rendra le pontife argentin. Un tel lieu fait aussi selon lui référence à «l’esprit d’Assise» et donc à la rencontre interreligieuse organisée par le pape Jean Paul II, en 1986, il y a exactement 34 ans. La date choisie par l’évêque de Rome pour la signer – le 3 octobre  – n’est pas non plus anodine. «Le 3 octobre est le jour où saint François est mort près de la Portioncule [basilique située en contrebas d’Assise] et l’année de sa mort, en 1226, c’était aussi un samedi», relève le franciscain. «De plus, le samedi après-midi, nous sommes liturgiquement déjà entrés dans la fête du dimanche, le 4 octobre, solennité de saint François».

Un titre difficile à traduire en anglais

Si Tutti fratelli doit inviter à la fraternité mondiale, sa traduction révélée par le Vatican en italien donne déjà lieu à de nombreux débats pour ce qui est de la traduction en anglais, souligne par ailleurs Sœur Bernadette Reis, journaliste à Vatican News. «Le problème est que dans le monde anglophone, le mot frère ne fait référence qu’au masculin ; il n’a pas la même signification que dans les langues latines».

Étant donné que ce titre est tiré d’une traduction du Poverello, il est également difficile de le changer, relève la religieuse. D’autant que saint François s’adressait bien à ses frères – des hommes – et non à un public mixte. Pour le moment, la traduction officielle du titre de l’encyclique en anglais n’a donc pas été fournie par le Vatican, explique-t-elle. (cath.ch/imedia/cg/rz)

Le choix d'Assise pour la présentation de «Tutti Fratelli» n'est pas un hasard | © Fausto Manasse/Pixabay
10 septembre 2020 | 15:25
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 2 min.
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