L'église catholique de la Sainte-Famille, à Gaza | © Vatican Media/DR
Suisse

Collecte de la Semaine Sainte: solidarité urgente avec la Terre Sainte

Alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) annonce le 1er mars qu’un dixième enfant est mort de faim à Gaza et que l’ONU estime à 2,2 millions les personnes menacées de famine dans l’enclave palestinienne dévastée par les bombardements israéliens, «La solidarité reste de mise!» tel est le titre que les évêques suisses ont choisi cette année pour la Quête de la Semaine Sainte.

Le christianisme s’est implanté dès sa naissance dans la bande de Gaza, qui abrite certains des sites chrétiens les plus anciens au monde, aujourd’hui menacés de destruction totale. L’église Saint-Porphyre, qui doit son nom à un évêque du Ve siècle, est l’un des lieux de culte les plus anciens de la région et l’une des plus anciennes églises au monde.

La petite communauté chrétienne risque la famine

Frappée par la famine et les épidémies comme le reste du nord de l’enclave de Gaza, la petite communauté chrétienne survit comme elle peut, écrit le quotidien français La Croix le 27 février. Près de 600 personnes vivent dans l’enceinte de la paroisse latine, et quelque 300 autres dans les locaux de la paroisse grecque-orthodoxe. Si une livraison organisée par la Jordanie le 25 décembre dernier a permis, un temps, de soulager la communauté, aucun camion n’a atteint le nord de l’enclave depuis le 23 janvier, explique le quotidien catholique.

La paroisse latine a pu encore cuisiner un repas chaud le 25 février dernier | © Père Gabriel Romanelli

Les sorties à l’extérieur du complexe paroissial sont difficiles, les bâtiments d’église ont été bombardés, des chrétiens réfugiés ciblés par des snipers israéliens, comme ce fut le cas de Nahida Khalil Anton et de sa fille Samar Kamal Anton, abattues dans l’enceinte de l’église de la Sainte-Famille, où la majorité des familles chrétiennes de Gaza ont trouvé refuge depuis le début de la guerre.

«On manque de tout. Le marché est vide. Aucune aide humanitaire n’arrive dans le Nord», communique sœur Nabila, directrice de l’école du Rosaire de Gaza réfugiée à la paroisse latine de l’enclave palestinienne, dans le quartier de Zeitoun. «Quand il reste des choses, tout est plus cher. Par exemple, un kilo de tomate coûtait 1 euro avant la guerre. C’est presque 10 euros aujourd’hui», cite La Croix.

«Solidarité globale avec les habitants d’une région qui souffre»

La Quête de la Semaine Sainte, qui est collectée dans les paroisses catholiques de tous les pays durant la Semaine Sainte, est l’expression de la solidarité globale avec les habitants d’une région qui souffre, écrit Andreas Baumeister, président de l’Association suisse de Terre Sainte. Les chrétiennes et chrétiens arabes des pays du Proche-Orient ont plus que jamais besoin de notre soutien. «Pour qu’ils puissent continuer à vivre dans leur patrie. Là où se trouvent leurs racines et les nôtres dans la foi».

«Le conflit entre la Palestine et Israël semble insoluble et la haine s’est encore amplifiée avec les événements d’octobre dernier. L’Association suisse de Terre Sainte et la Custodie franciscaine à Jérusalem [chargée notamment de la garde des Lieux saints de Jérusalem depuis le XIIIe siècle, ndlr] vous invitent une fois encore à soutenir nos frères et sœurs chrétiens du Proche-Orient par la prière et les dons», écrivent les évêques suisses.

«Les chrétiens du Proche-Orient continuent d’avoir besoin de nous»

Ils soulignent certes que le Covid a fragilisé une partie de la population en Suisse et que «l’inflation rend la situation inconfortable voire précaire pour les personnes qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts», mais «les chrétiens du Proche-Orient continuent cependant d’avoir besoin de nous. La pauvreté s’amplifie et les familles peinent à payer les frais de scolarité, notamment au Liban. En Égypte, le blé vient de l’étranger et les prix avec la guerre en Ukraine ont passablement augmenté, ce qui prétérite les familles les plus pauvres. En Syrie, dans certaines régions, le tremblement de terre a détruit les maisons et laisse moralement des traces». Le montant n’est pas ce qui importe, soulignent les évêques, en citant l’Évangile de Marc: «Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara:  Amen, je vous le dis: cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres». (Mc 12,42-43)

Mandatée par la Conférence des évêques suisses, l’Association suisse de Terre Sainte organise chaque année la «Collecte de la Semaine sainte» au profit des chrétiens de Terre Sainte dans les paroisses et communautés catholiques-romaines. Les collectes récoltées sont entièrement reversées à des paroisses locales ou à des institutions de différents rites, dans les pays à l’origine du christianisme. «Quiconque connaît la situation dans ces pays sait à quel point les chrétiens qui y vivent dépendent de notre solidarité !», écrit l’Association suisse de Terre Sainte qui finance différents projets en Israël, en Palestine, au Liban, en Syrie, en Égypte et en Irak. (cath.ch/be)

L'église catholique de la Sainte-Famille, à Gaza | © Vatican Media/DR
3 mars 2024 | 11:00
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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