La Laure de la Dormition, à Sviatogorsk (Ukraine), a subi des bombardements | © Alex Shly/Flickr/CC BY-NC 2.0
International

Cyrille de Moscou a définitivement perdu l’Eglise orthodoxe en Ukraine

Le patriarche de Moscou Cyrille a d’ores et déjà perdu l’Eglise orthodoxe en Ukraine. Il a ainsi obtenu le contraire de ce qu’il voulait en soutenant la guerre d’agression, estime le professeur Dietmar Winkler, spécialiste de l’Eglise orientale et président de la section Pro Oriente de Salzbourg.  

Dans un article de l’hebdomadaire Die Furche, Dietmar Winkler relève qu’ Il est «difficilement imaginable que des orthodoxes se reconnaissent encore dans l’Eglise russe sur le territoire de l’Ukraine – à l’exception des parties occupées par la Russie – et qu’ils se voient appartenir à un chef qui alimente la propagande d’une guerre d’agression contre leur pays et qui, en tant qu’Eglise, a des prétentions impériales».

Les fidèles orthodoxes russes sont traumatisés

Pour le professeur, l’Eglise orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou (UOC-MP) fait partie des grandes victimes de la guerre: «La plupart des églises détruites jusqu’à présent par l’artillerie et les bombes appartiennent à l’UOC-MP. Les fidèles sont traumatisés. Leurs ecclésiastiques leur assurent une protection dans les caves des bâtiments religieux, tandis que leur patriarche (Cyrille de Moscou NDLR) soutient activement la guerre d’agression sur le plan idéologique».

Dès lors, l’UOC-MP se trouve dans une situation intenable. «Elle condamne la guerre, mais est victime de l’agression russe. Bien qu’abandonnée par son propre patriarche Cyrille, elle est perçue en Ukraine comme appartenant à Moscou.

Lors d’un récent concile national, l’UOC-MP s’était déclarée totalement indépendante du patriarcat de Moscou. Mais quelques jours plus tard, l’Eglise orthodoxe russe a annexé les trois diocèses de l’UOC-MP en Crimée. Pour le professeur Winkler, il en ira de même dans les territoires occupés du Donbass où le patriarcat de Moscou a désormais un accès direct.

Le métropolite Hilarion n’est pas un belliciste

Au sein de l’Eglise orthodoxe russe, les événements se sont aussi récemment précipités. Dietmar Winkler évoque notamment la destitution du métropolite Hilarion de son poste de directeur du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou. «On peut partir du principe que seule la pointe de l’iceberg des turbulences orthodoxes russes est visible. Les tensions en arrière-plan doivent être énormes».

Le transfert du métropolite Hilarion à Budapest, où il n’y a que peu de paroisses orthodoxes russes, ressemble sans aucun doute à une rétrogradation. Mais il est bien possible qu’Hilarion ait voulu aller à Budapest de sa propre initiative, parce qu’il ne pouvait pas soutenir la politique ukrainienne de son patriarche, suppose Winkler. Dans une phase d’érosion de son Eglise, Cyrille resserre les rangs. Il s’entoure de plus en plus de partisans de la ligne dure et se débarrasse de ceux qui ne le soutiennent pas assez.  (cath.ch/kap/mp)

La Laure de la Dormition, à Sviatogorsk (Ukraine), a subi des bombardements | © Alex Shly/Flickr/CC BY-NC 2.0
17 juin 2022 | 16:09
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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