Fribourg: Le Conseil fédéral soutient le Centre Suisse islam et société

Dans une prise de position sur les prêcheurs de haine religieux, le Conseil fédéral a soutenu le création du Centre suisse Islam et Société (CSIS), à l’Université de Fribourg. Le Centre, qui sera inauguré le 13 juin prochain, est toujours menacé par un recours de l’UDC fribourgeoise au Tribunal fédéral.

Le Conseil fédéral a «salué et soutenu la création du Centre suisse Islam et société (CSIS)«, peut-on lire dans la réponse, donnée le 3 juin 2016, à une interpellation de la conseillère nationale Rosmarie Quadranti (PBD) concernant les «Mesures visant à contrer les activités illégales au sein de groupements religieux».

Dans la chronique de RTSReligion, le 7 juin, Michel Kocher, directeur du média protestant Médias-pro, a précisé que la politicienne zurichoise avait déposé son interpellation à partir d’une observation faite début mars concernant l’imam Youssef Ibram, prédicateur de la plus grande mosquée de Zurich. Le religieux islamique fait en effet partie du Conseil européen pour la fatwa et la recherche, un organisme visant à trouver comment la jurisprudence islamique peut être appliquée aux musulmans d’Europe.

«Des imams exerçant leurs fonctions en Suisse provoquent régulièrement des éclats par leurs déclarations, et l’on s’étonne régulièrement de voir que les imams contestés peuvent continuer à prêcher dans les mosquées», avait déploré Rosmarie Quadranti. A ses yeux, «cela nuit à une coexistence pacifique des différentes communautés dans notre pays».

Pas de «formation d’imams» au CSIS

Le Conseil fédéral estime donc «judicieuse la mise en place, sous forme institutionnalisée, de programmes de perfectionnement destinés aux personnes de confession musulmane assurant un encadrement religieux», assure la prise de position. Les ‘sept sages’ considèrent ainsi «qu’il est important de créer des possibilités de formation continue pour les imams».

A noter que le CSIS a toujours clairement expliqué que son programme n’avait rien à voir avec une «formation d’imams». Les arguments de l’UDC contre l’ouverture du Centre reposent justement sur ce point. Hansjörg Schmid, co-directeur du CSIS, avait indiqué en octobre dernier à cath.ch que l’enseignement prodigué avait pour but de donner aux participants des informations pratiques sur l’islam et proposer des méthodes pour faire face à d’éventuels conflits culturels ou religieux, «loin d’une école coranique ou d’une formation d’imams».

Les questions contemporaines du «vivre ensemble» au sein de la Suisse sont abordées lors des cours, notamment la thématique concrète de la discrimination dans le monde du travail.

Tout soutien à Daech poursuivi

En substance le Conseil fédéral estime que le droit actuel suffit pour combattre les prêches haineux. Il rappelle que l’incitation à la violence et au racisme sont punis pénalement. Dès octobre prochain la justice pourra prononcer une expulsion si la personne est étrangère. En outre tout soutien à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique (EI) est passible de poursuite, sans parler du fait que l’Office fédéral de la police peut prononcer des interdictions d’entrée à l’encontre de prédicateurs étrangers menaçant la sécurité.

Le Conseil fédéral précise finalement que la réglementation des rapports entre l’Eglise et l’Etat relève des cantons.

L’ombre d’une menace

Le Tribunal fédéral doit en outre se prononcer sur l’invalidation par le Parlement fribourgeois, en mars dernier, d’une initiative de l’UDC visant à interdire le CSIS et à empêcher toute «formation étatique d’imams». Le Parlement cantonal avait estimé qu’une formulation non discriminatoire serait forcément non conforme au contenu de l’initiative. Il ne restait donc pas d’autre solution que de l’invalider.

Pour parti de la droite conservatrice, en négligeant cette possibilité, le Grand Conseil n’aurait pas respecté la volonté populaire exprimée par les 8’734 signataires de son initiative. Selon les spécialistes, les chances du recours de l’UDC semble très minces, la jurisprudence du TF étant clairement opposée à tout forme de restriction de la liberté religieuse. (cath.ch-apic/ag/rz)

 

Hansjörg Schmid, directeur exécutif du Centre Suisse Islam et Société (CSIS) de l'Université de Fribourg Professeur | © Jacques Berset
7 juin 2016 | 15:11
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
CSIS (31), Islam (394), UDC (72)
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