Hansjörg Schmid, co-directeur du Centre suisse islam et société (photo: Grégory Roth)
Suisse

Centre suisse Islam et Société: les cours ont débuté dans la sérénité

Fribourg, 22.10.2015 (cath.ch-apic) Alors que l’Union démocratique du centre (UDC) s’oppose à la mise en place d’un Centre suisse Islam et Société à l’Université de Fribourg, les cours ont débuté dans la sérénité. Un enseignement qui se situe bien loin d’une école coranique ou d’une formation d’imams.

Malgré tout, l’UDC, qui a déposé son initiative populaire cantonale en juillet dernier, avec plus de 9’000 signatures, reste méfiante. Elle n’a pas l’intention de retirer son initiative, a déclaré le 22 octobre à cath.ch sa secrétaire cantonale Claire Peiry-Kolly.

Co-directeur du Centre suisse Islam et Société (CSIS), le théologien catholique Hansjörg Schmid se réjouit du début des activités. Bien que l’inauguration du CSIS soit prévue en 2016, des cours sont dispensés depuis septembre 2015, intégrés à la Faculté de théologie, aux Sciences des religions et la Formation continue de l’Université de Fribourg. La machine est lancée: l’occasion pour le co-directeur de revenir sur la «nécessité» d’un tel Centre pour le paysage suisse.

Renforcer le travail social

Loin d’une école coranique ou d’une formation d’imams, le CSIS s’adresse à un public varié. C’est le cas d’un séminaire de formation continue, tenu à la mi-octobre. «De nombreuses personnes travaillant dans l’administration ou dans le social étaient présentes, souligne Hansjörg Schmid. Le Centre souhaite leur être utile pour leur contact avec tout musulman. Il donne aux participants des informations pratiques sur l’islam et propose des méthodes pour faire face à d’éventuels conflits culturels ou religieux».

Les questions contemporaines du «vivre ensemble» au sein de la Suisse y sont abordées, notamment la thématique concrète de la discrimination dans le monde du travail.

Permettre aux musulmans de débattre sur leur religion

Pour les étudiants de l’Université, le programme des cours du CSIS s’adresse à toutes les facultés. Parmi les inscrits, on trouve pour l’instant une majorité d’étudiants en lettres (sciences des religions) et en théologie. «Ces cours offrent une qualification supplémentaire pour les étudiants en théologie : une pédagogie de dialogue avec les autres religions, et en particulier l’islam», précise le co-directeur, qui souhaite toucher aussi des étudiants musulmans. «Nous voulons permettre aux musulmans de débattre et de réfléchir sur leur propre religion, comme cela existe pour la théologie catholique ou réformée».

«La Suisse doit former davantage d’experts sur l’islam»

Un programme doctoral est en préparation. «La Suisse doit former davantage d’experts sur l’islam, des spécialistes pour le terrain et pour la recherche», précise le docteur d’origine allemande. La recherche dans le domaine islamo-théologique en Suisse en est à ses début. Le CSIS permettra à des doctorants de réaliser leur thèse en relation entre étude islamo-théologique et facteurs sociétaux. Une thématique que le Centre appelle «auto-interprétation islamique».

«Notre Centre est nécessaire»

Pour ouvrir le débat public, un congrès se tiendra en novembre à l’Université de Fribourg, à Pérolles. Ce sera l’occasion pour le CSIS de montrer la transparence de ses projets, suite aux initiatives des opposants. «Je comprends que notre projet soit questionné, voire critiqué, déclare le théologien catholique. C’est le cas de toute nouveauté. Notre Centre est pourtant nécessaire, dans une société qui comporte 5% de musulmans». Sans compter que, pour le co-directeur, le Centre devient une véritable plateforme de dialogue et d’information, pour les institutions politiques suisses, comme pour les institutions musulmanes suisses.


Encadré

L’islam dans l’action sociale

Le semestre universitaire a commencé. Cath.ch s’est rendu le jeudi 15 octobre 2015 dans un cours dispensé par Hansjörg Schmid. Treize étudiants bilingues occupaient la salle de ce séminaire intitulé «L’islam dans l’action sociale». Inscrits en sciences des religions et en théologie, six jeunes hommes et sept jeunes femmes se passaient équitablement la parole.

Après avoir donné leur définition de l’école, les étudiants ont formé deux groupes distincts. Invités par le professeur à mener un débat fictif, les deux parties opposées ont argumenté successivement pour et contre du port du voile à l’école. Un moment insolite pour le seul étudiant musulman de la classe: il s’est retrouvé dans le groupe chargé de fournir les arguments opposés au port du voile.

Alignés sur le tapis, les éléments principaux ont tourné autour du rôle de l’Etat, de l’influence des parents et de la liberté religieuse. L’exercice a été enrichi par le débriefing que le modérateur a proposé à l’issu du débat.

Après une courte pause, une étudiante a présenté son travail de recherches devant la classe. En comparant plusieurs cantons suisses, elle a analysé les différences de loi concernant le foulard. Quel rôle pour l’Etat vis-à-vis d’une pluralité religieuse toujours plus complexe? Comment les musulmans réagissent à ces lois selon les différents cantons? Les questions seront reprises au prochain cours.

RadioFribourg a aussi suivi le cours: écoutez le reportage

 

Hansjörg Schmid, co-directeur du Centre suisse islam et société (photo: Grégory Roth)
22 octobre 2015 | 16:45
par Grégory Roth
Temps de lecture: env. 3 min.
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