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International

Gabon: les évêques appellent à rejeter les tares de la société

Dans une déclaration finale, à l’issue d’une session extraordinaire à Oyem, au nord, le 4 octobre 2020, la Conférence épiscopales du Gabon (CEG) a appelé les fidèles à rejeter «le concubinage, l’adultère, l’inceste, l’avortement, l’homosexualité, la pédophilie, la sorcellerie et les crimes rituels» et à «entrer dans une démarche de reconversion radicale, en cherchant sans cesse la volonté de Dieu».

Au Gabon, pays de l’Afrique centrale d’environ 3 millions d’habitants, à plus de 54% catholiques, l’Eglise a appelé les Gabonais à une «reconversion radicale», notamment dans les comportements dans les structures familiales alors que la législation a évolué dans différents domaines de la société.

Le concubinage ou union libre (selon la loi) est une pratique courante dans le pays. Il est fréquent de voir un homme et une femme vivre ensemble sans être mariés, conformément aux recommandations religieuses, c’est même devenu une pratique courante au Gabon.

L’adultère dépénalisé

L’adultère a été dépénalisé par une loi votée en janvier dernier par le parlement. Cette nouvelle disposition retire les relations extra-conjugales de la liste des délits pouvant entrainer l’emprisonnement. Cela devient «juste une faute» causant le divorce, a relayé Gabon Review.

L’inceste est puni depuis juin 2020, par une nouvelle loi. Deuxième cas de violences faites aux enfants, après le viol, il demeurait un sujet tabou dans les familles et banalisé par la société. Le quotidien L’Union, cité par un rapport du gouvernement de 2010, rapportait souvent des cas de filles enceintes de leurs père, beaux-pères ou oncles.

«Les familles et les témoins oculaires restent muets devant ces abus et préfèrent camoufler ou cacher le père ou l’oncle auteur des faits, du viol». Dans certaines familles aussi, des mères demandent à leurs filles de se taire devant des cas d’inceste pour sauver leur foyer ou pour l’honneur de la famille, ajoutait le document, intitulé: «Rapport d’étude sur les violences faites aux enfants au Gabon: Quelles implications pour la protection de l’enfant?».

L’avortement, deuxième cause de mortalité maternelle

L’avortement est la deuxième cause de mortalité maternelle, avec un taux de 4% des grossesses, dont 2,7% d’avortements clandestins et 1,3% d’avortements spontanés, selon le quotidien L’Union.

L’homosexualité a été légalisée depuis juin dernier, à la faveur d’une loi votée par les parlementaires, a rapporté la BBC. Le Gabon est devenu, en juillet 2019, le 70e pays au monde à dépénaliser les relations sexuelles entre personnes de mêmes sexes. «Au nom de la sagesse de nos ancêtres contenue dans nos diverses cultures qui célèbrent la Vie, l’Amour, la Famille, nous disons non à la dépénalisation de l’homosexualité», s’était insurgé l’archevêque de Libreville Mgr Jean-Patrick Iba-Ba.

En revanche, la pédophilie est toujours réprimée, conformément à l’adhésion du pays à la Convention relative aux Droits de l’Enfant de 1994. Il a maintenu son dispositif juridique dans ce domaine. En ses articles 256 et 279, le code pénal prévoit à ce sujet, que «tout acte sexuel avec un mineur de moins de 15 ans est sanctionné par la loi» et «tout détournement de mineur de moins de 16 ans est passible de peines d’emprisonnement avec amende».

Cette loi nationale s’ajoute à la Convention internationale qui protège les enfants contre toute forme de maltraitance, particulièrement la violence et l’exploitation sexuelle, la prostitution et la participation à toute production pornographique.

Les crimes rituels en augmentation

Par ailleurs, l’Eglise catholique du Gabon est en pointe dans la lutte contre la sorcellerie et les crimes rituels, qu’elle a toujours dénoncés et condamnés, aux côtés de l’Association nationale de lutte contre les crimes rituels (ALCR). Les meurtres à des fins rituelles sont un phénomène qui gangrène le Gabon. Dans son rapport sur la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), de 2019, la société civile du pays a relevé une montée vertigineuse du nombre de victimes de crimes rituels.

Entre 2011 et 2018, au moins 201 cas ont été enregistrés par l’ALCR. Les victimes sont des enfants, des femmes et des hommes, tués à des fins fétichistes. Les enfants et les femmes en sont les principales victimes. Le phénomène s’étend à tout le pays.

En juin dernier, un nouveau code pénal est entré en vigueur. Il sanctionne sévèrement les crimes rituels ou sacrifices humaines. Il punit d’une peine d’emprisonnement de 10 ans, et d’une amende de 5 millions de francs CFA (plus de 8’200 CJF), les auteurs et complices de meurtres pour sacrifices humaines.

Face à tous ces tares dont souffre la société gabonaise, la CEG a exhorté «tous les membres de l’Eglise catholique à entrer dans une démarche de reconversion radicale, en cherchant sans cesse la volonté de Dieu». (cath.ch/ibc/bh)

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7 octobre 2020 | 16:18
par Ibrahima Cisse
Temps de lecture: env. 3 min.
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