Gaele May a posé sa caméra au monastère de Notre-Dame de l'Atlas | © Lueurs Productions - Capture-écran
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Gaelle May: un voyage dans l’Atlas dans l’esprit de Tibhirine

Le site Lueurs Productions, de la réalisatrice valaisanne Gaelle May, présente deux reportages tournés au Maroc en août 2021. Deux sujets qui nous amènent, après quelques jours de marche au monastère de Notre-Dame de l’Atlas, à Midelt, où vivent cinq moines cisterciens et où perdure le dialogue interreligieux insufflé par les moines de Tibhirine.

«Je connaissais l’histoire des moines de Tibhirine et j’avais vu le film Des hommes et des dieux, mais je ne savais pas que deux d’entre eux avaient échappé à la mort et que l’un d’eux était encore en vie». 25 ans après l’assassinat des moines, en 1996, la réalisatrice a voulu voir ce qu’il restait «du souffle de Tibhirine et de l’intuition de cette communauté de moines restés en Algérie au prix de leur vie, pour cette amitié qui fut plus forte que tout».

Un reportage en deux temps

«J’ai essayé de monter un seul sujet en alternant les deux temps de ce reportage, mais ça ne fonctionnait pas», explique Gaelle May. Et, ajoute la réalisatrice, devoir passer du premier sujet, où l’on marche, à la lecture du deuxième sujet marque en quelque sorte une pause avant de pénétrer dans le monastère.

Dans le premier chapitre, avec ces quelques jours de marche dans l’Atlas, la réalisatrice met en avant le dialogue, avec le guide des marcheurs, et la rencontre, avec cette femme qui les accueille en toute simplicité chez elle et leur prépare le thé et le pain. «J’ai été très touchée par cette femme qui partage cet immense pain avec les voyageurs. Un symbole qui va au-delà des religions».

S’apprivoiser

Gaelle May a ensuite posé sa caméra dans le monastère pour recueillir le témoignage des religieux sur leur vie en terre musulmane. «Il a fallu s’apprivoiser et tisser des liens», raconte la réalisatrice au sujet des cinq moines présents au monastère Notre-Dame de l’Atlas au Maroc. Même s’ils avaient été prévenus qu’elle se trouvaient parmi les marcheurs arrivant pour une retraite de quelques jours, «ils voulaient savoir qui j’étais».

Le prieur Jean-Pierre Flachaire et Omar échangent sur la prière et Dieu | © Lueurs production – Capture-écran

Au final, le deuxième des deux chapitres de son reportage au Maroc donne à voir un beau témoignage de ce cette présence chrétienne en terre musulmane et la simplicité du dialogue interreligieux qui perdure à Midelt, dans l’esprit de Tibhirine. «En premier, il faut aimer l’autre, sinon pourquoi parler religion avec lui, si tu ne l’aimes pas ou si tu te méfies de lui», explique l’un des moines. En témoigne aussi le dialogue sur Dieu entre Omar, le musulman artisan à la retraite qui travaille au monastère, et Jean-Pierre, le prieur de cette communauté, tous deux assis sur les marches du château d’eau du monastère.

Notre-Dame de l’Atlas abrite un petit mémorial dédié aux martyrs d’Algérie. A la suite de ses deux reportages, Gaelle May a publié quelques capsules au long desquelles le prieur du monastère fait la visite du mémorial en en présentant quelques pièces qui rappellent qui furent ces moines de Tibhirine et pourquoi ils sont morts. Le religieux évoque, entre autres, la signification de l’icône dédiée aux 19 martyrs catholiques de l’Algérie, des anecdotes en souvenirs des moines de Tibhirine. Il présente aussi le puits construit à côté du mémorial, qui rappelle celui auprès duquel échangeaient Christian de Chergé et un ami musulman au sujet de la prière et de la religion. Un complément bienvenu pour resituer les moines morts en martyrs en Algérie durant ce qu’on a appelé les «années noires».

Le film est dédié à Jean-Pierre Schumacher, qui échappa à l’enlèvement des moines de Tibhirine dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 et qui s’est éteint à l’âge de 97 ans dans ce monastère en novembre 2021. (cath.ch/bh)

| © Bernard Hallet

Gaëlle May
Gaëlle May est née le 7 mars 1992 près de Martigny. Elle a fait ses études au collège de Saint-Maurice jusqu’en 2013 avant de partir un an en humanitaire à Buenos Aires, en Argentine, avec l’association Point Cœur. La Valaisanne a ensuite suivi une formation de deux ans dans la filière cinéma de la SAE, une école genevoise. Elle a lancé sa société de production «Lueurs Productions» en 2017. Elle a été récompensée par le Prix Good News de cath.ch en 2021 pour sa «Semaine de Jésus», une série de vidéos consacrées aux Fêtes de Pâques dans les paroisses du val de Bagne. Gaelle May est aussi l’auteur d’un documentaire consacré au peintre Arcabas, «Arcabas – Au soir de sa vie». BH

Gaele May a posé sa caméra au monastère de Notre-Dame de l'Atlas | © Lueurs Productions – Capture-écran
21 novembre 2022 | 12:16
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 3 min.
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