Des évêques indiens rendent hommage aux martyrs de Kandhamal, en 2016 dans l’État d’Odisha, à l’occasion d’une «journée des martyrs» célébrée le 30 août | © Santosh Digal/Ucanews
International

Inde: ouverture du procès en béatification de 35 martyrs

La congrégation pour la cause des saints a autorisé l’ouverture de la cause de béatification des «35 martyrs de Kandhamal», tués en Inde in odium fidei (en haine de la foi) lors de massacres antichrétiens perpétrées par des fanatiques hindous en 2008.

«Après un examen attentif et un discernement pieux, la Congrégation pour la cause des saints a accordé le Nihil Obstat, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’objection à l’ouverture de la cause de béatification de Kanteshwar Digal et de ses compagnons», a écrit Mgr John Barwa, SVD, Archevêque de Cuttack-Bhubaneswar dans une lettre. Le message annonce officiellement à la communauté diocésaine et à tous les fidèles indiens qu’ils pourront désormais se référer à ces 24 hommes et 11 femmes, qui peuvent désormais être appelés «serviteurs de Dieu».

La cause de béatification est liée au nom de Kanteshwar Digal, un père de famille et catéchiste de la paroisse de Sankarakhole, tué à l’âge de 53 ans le 25 septembre 2008.

Les violences antichrétiennes ont commencé dans le district de Kandhamal (ancien État de l’Orissa, actuellement Odisha) le 23 août 2008, suite à l’assassinat d’un dignitaire du Conseil mondial hindou (Vishwa Hindu Parishad, VHP), Swami Laxmanananda Saraswati. Ce dernier menait une campagne contre les conversions au christianisme dans la région. La police y avait vu la main de rebelles maoïstes. Les hindous du parti nationaliste de l’opposition, le Bharatiya Janata Party (BJP), ont vu celle des chrétiens, et crié vengeance. Les actes antichrétiens s’étaient ensuite s’étaient enchaîné durant sept semaines.

Un bilan de 100 morts

En moins de deux mois, ce déferlement de violence a fait une soixantaine de morts, dont plusieurs prêtres et pasteurs. Les persécutions se sont étendues à d’autres Etats de l’Inde, facilitées par l’inaction des autorités: 300 villages avaient été détruits, 4’300 habitations incendiées, 50’000 personnes se sont retrouvées sans-abri. Dix prêtres, pasteurs et religieuses ont été blessés, des femmes violées, 18’000 blessés, 149 lieux de culte détruits. Des attaques s’étaient déroulées dans d’autres États, portant le bilan à environ 100 morts.

L’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar se prépare à entamer la phase diocésaine du processus canonique, en recueillant et en enregistrant des témoignages sur la vie et les circonstances de la mort des 35 serviteurs chrétiens de Dieu d’Odisha. Si l’enquête diocésaine aboutit, le dossier sera transmis au Dicastère des causes des saints, au Vatican, pour la deuxième phase, à l’issue de laquelle le pape pourrait promulguer le décret sur le martyre.

Ce fait représente, selon l’archevêque, «un événement important dans la vie de notre archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, de l’Église d’Odisha et de l’Église indienne dans son ensemble». En effet, «la vie du serviteur de Dieu Kanteshwar Digal et de ses compagnons a été une source d’inspiration. Par leur foi inébranlable lors des violences communautaires à Kandhamal en 2008, il a laissé une marque indélébile sur notre cheminement spirituel». (cath.ch/arch/fides/eda/bh)

Des évêques indiens rendent hommage aux martyrs de Kandhamal, en 2016 dans l’État d’Odisha, à l’occasion d’une «journée des martyrs» célébrée le 30 août | © Santosh Digal/Ucanews
29 octobre 2023 | 15:30
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 2 min.
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