Le pape François aux jeunes: "Tu n'es pas un numéro, mais un visage" | © Vatican Media
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JMJ: «Tu n’es pas un numéro, mais un visage», lance le pape

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Le pape François a plaidé avec force et véhémence pour une Église ouverte «à tous», lors de la cérémonie d’accueil que lui ont réservé 500’000 jeunes du monde entier à Lisbonne, le 3 août 2023. Ce rendez-vous au parc «Eduardo VII» au nord de la capitale portugaise, représentait la première grande rencontre des Journées mondiales de la jeunesse, qui sera suivie de plusieurs autres événements jusqu’à la messe conclusive le 6 août. 

Attendu de pied ferme par une foule chauffée à blanc, le pape est arrivé aux alentours en fin d’après-midi en papamobile sur le terrain de 25 hectares recouvert d’une marée humaine. Pendant le moment de prière festive, ponctué de chorégraphies, le pape a prononcé un discours en espagnol, depuis l’immense podium de la rencontre recouvert d’un revêtement bleu.  Un océan de drapeaux, 500’000 jeunes de plus de 200 pays venus avec un enthousiasme infatigable, un pape souriant au milieu de la foule dans sa papamobile… C’était le coup d’envoi des grandes rencontres entre le pape François et la jeunesse du monde.

«Vous n’êtes pas ici par hasard», a lancé le pape aux centaines de milliers de jeunes qui ont convergé vers Lisbonne ces derniers jours. Pour le pontife de 86 ans, le «point de départ» des JMJ réside dans le fait que «nous sommes aimés tels que nous sommes» par Dieu. Pour lui, a-t-il martelé aux participants, déclenchant des salves d’applaudissements, «tu n’es pas un numéro […] mais un visage». 

Improvisant largement son discours, le pape a redit à maintes reprises que Dieu « nous aime comme nous sommes, sans maquillage, […] avec nos problèmes, nos limites, notre joie débordante, notre volonté d’être meilleur». «Dieu nous aime comme nous sommes, pas comme nous voudrions être, et pas comme la société voudrait que nous soyons», a-t-il encore glissé.

JMJ: Le pape François accueilli par les délégations de tous les pays | © Vatican Media

Longuement, le pape a assuré à la foule bigarrée, qui agitait des drapeaux aux couleurs de toute la surface du globe, qu’il y avait «de la place pour tout le monde dans l’Église», y compris pour celui qui se sent «un pauvre type». Déclenchant des ovations à répétition, il a engagé les jeunes « allergiques aux mensonges et aux paroles creuses » à répéter chacun dans sa langue: «Tous! Tous!».

Les illusions du virtuel

Le pape a aussi mis en garde les jeunes générations contre les «illusions du virtuel», où rôdent des «loups» qui «se cachent derrière des sourires de fausse bonté, qui disent savoir qui tu es mais ne t’aiment pas, insinuent qu’ils croient en toi et te promettent que tu deviendras quelqu’un, pour ensuite te laisser seul quand tu ne les intéresses plus». L’évêque de Rome a dénoncé au passage les «algorithmes » qui calculent l’«utilité» des utilisateurs d’internet «pour les études de marché.» 

Dans cette ligne, le chef de l’Église catholique a exhorté les jeunes générations à ne pas se laisser «tromper» par des réalités qui «promettent le bonheur» et se révèlent ensuite « des choses vaines et superflues […] qui nous laissent vides à l’intérieur». «Jésus n’est pas comme cela», a-t-il assuré. Jésus «a confiance en toi», pour lui «chacun de nous compte, chacun de nous est important».  

Le pape a aussi encouragé les jeunes à ne pas se lasser de «poser des questions», une attitude qui permet de ne pas s’enfoncer dans «l’habitude» ou la «normalité plate qui anesthésie l’âme». Au terme de son discours, il a engagé les participants des cinq continents à «transmettre le message d’amour» de Dieu. «N’ayez pas peur, […] nous avons un bouclier, Dieu nous protège», a-t-il harangué. 

Pèlerins du monde entier

Âgé de 35 ans, Basil est venu d’Irak comme volontaire, avec quelque 120 pèlerins de son pays. «Nous avons eu des problèmes pour obtenir des visas, tout le monde n’a pas ou en obtenir mais nous sommes si heureux d’être là», confie-t-il à I.MEDIA. «Nous espérons recevoir une parole pour nous donner du courage pour la situation difficile de notre pays, et pour nous rendre plus forts, pour suivre Jésus», ajoute l’Irakien, dont le pape a visité le pays en mars 2021. 

Le pape François parmi les jeunes des JMJ | Vaticnan media

Derrière une barrière de sécurité, Maria affiche un sourire réjoui avec sa délégation de 65 personnes qui a fait le trajet depuis Goa en Inde. « Nous voulions voir le pape, mais nous voulions aussi voir des personnes du monde entier se rassembler pour célébrer le Christ. Nous sommes habitués au mélange de culture mais ici c’est le niveau supérieur! », lance la jeune fille de 25 ans dans un anglais parfait. 

L’Italienne Caterina, 17 ans, est à la veille de ses 18 ans. Elle est venue avec 12 compagnons de Florence, de la communauté salésienne, et ne tarit pas d’éloges sur la figure du pape latino-américain. «Le pape François est une personne très ouverte mentalement, très proche de la jeunesse, il nous apprécie tous, même ceux qui ont des pensées différentes», souligne-t-elle avec conviction tandis que les chants rythmés s’enchaînent dans les hauts-parleurs. 

Non loin, Anthony est très amusé de constater que de nombreuses personnes s’arrêtent devant son grand drapeau du Cambodge, orné d’un temple. Il est venu avec un groupe de 45 personnes, de 18 à 35 ans, qui participent tous à leurs «premières JMJ». Car nombreux sont ceux, sur les pelouses inclinées du parc, à compter «leurs JMJ», certains ayant participé à celles du Panama, de Pologne, ou encore du Brésil.   

Yann, 30 ans, a pris l’avion depuis le Burkina Faso. Ils sont une soixantaine sous son drapeau. «Ça fait plaisir, on rencontre beaucoup de communautés et on se rend compte que la communauté catholique n’est pas seulement dynamique en Afrique mais aussi en Europe, en Asie, en Amérique. Ça fait chaud au cœur», s’exclame-t-il. 

« Je me sens à ma place »

Même constat pour la Française Alexiane, 23 ans, accompagnée d’un groupe du diocèse de Nîmes. «Je voulais participer aux JMJ parce que je viens d’un petit village où il n’y a pas beaucoup de  jeunes et j’arrivais dans un moment dans ma foi où j’avais besoin de vivre quelque chose de fort avec d’autres jeunes, de ne pas me sentir seule dans ma foi», confie-t-elle. 

À Lisbonne, poursuit la jeune fille, «je me sens à ma place, et ça me donne envie de m’inscrire sur un groupe de jeunes pros, l’année prochaine, d’aller plus loin et pas juste rentrer chez moi et recommencer comme avant. Je veux continuer à partager ma foi avec d’autres». 

Tous ces visages enthousiastes ont accueilli avec énergie le pape, qui a sillonné le parc portugais, avant de participer à une célébration depuis le podium géant faits d’imbrications de segments aux allures modernes, et recouvert d’un revêtement intégralement bleu. Sous les yeux du successeur de Pierre, ont défilé des drapeaux de tous les pays, Japon, Colombie, Mexique, Argentine, Brésil, Guatemala, États-Unis, Mongolie, Panama, Philippines, Canada, Italie, Chine… reflets de la diversité de cette rencontre, l’une des plus importantes de l’Église catholique. (cath.ch/imedia/ak/mp)

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Le pape François aux jeunes: «Tu n'es pas un numéro, mais un visage» | © Vatican Media
4 août 2023 | 10:02
par I.MEDIA

500 jeunes romands participeront aux JMJ à Lisbonne. Cath.ch sera sur place et a préparé un dossier spécial, depuis la préparation des jeunes, en Suisse romande, jusqu'à la rencontre avec le pape.

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