Joie et recueillement lors de l’ordination épiscopale de Mgr Jean-Marie Lovey

Sion: Le nouvel évêque place son épiscopat sous la devise «La joie de l’Evangile»

Sion, 28 septembre 2014 (Apic) La cathédrale de Sion était archibondée le dimanche 28 septembre 2014, à l’occasion de l’ordination épiscopale de Mgr Jean-Marie Lovey, nouvel évêque du diocèse de Sion. L’ancien prévôt du Grand-Saint-Bernard, âgé de 64 ans, succède à Mgr Norbert Brunner qui, le 5 juin 2013, a renoncé à la charge épiscopale qu’il occupait depuis 19 ans. Alors que près d’un millier de personnes – famille, amis, personnalités politiques et religieuses invitées – se massaient dans la cathédrale, une foule encore bien plus nombreuse suivait la cérémonie sur écran géant sur la place de la cathédrale et dans l’église Saint-Théodule tout à côté.

L’enthousiasme et la joie mêlée de recueillement étaient palpables dans la cathédrale, et parmi la foule des fidèles qui suivaient la cérémonie sur écran géant. Alternant les langues, le diocèse de Sion comptant une importante minorité alémanique, la célébration était animée musicalement par la Maîtrise de la cathédrale, dirigée par Bernard Héritier, et la Schola épiscopale de Sion, sous la baguette de Marc Bochud.

Dans le droit sillage de l’exhortation du pape François

C’est justement la joie, la joie de servir les hommes de ce temps et de partager avec eux l’annonce de l’Evangile, que le nouvel évêque a choisi pour devise épiscopale «La joie de l’Evangile». Il place ainsi son épiscopat dans la droite ligne de l’exhortation apostolique «Evangelii Gaudium» du pape François, le premier document important du magistère du pontife argentin.

Tous les diocèses de Suisse étaient représentés par leur évêque diocésain ou leurs évêques auxiliaires. Etaient notamment présents le président de la Conférence des évêques suisses, Mgr Markus Büchel, évêque de Saint-Gall, Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire, Mgr Valerio Lazzeri, évêque de Lugano, le cardinal valaisan Henri Schwery, plusieurs évêques étrangers, dont Mgr Franco Lovignana, évêque d’Aoste, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, Mgr Camille Zaidan, archevêque maronite d’Antélias, au Liban. Plusieurs nonces avaient fait le déplacement, en particulier Mgr Diego Causero, nonce apostolique à Berne, mais aussi les nonces valaisans Paul Emil Tscherrig, en poste à Buenos Aires, et Mgr Peter Zurbriggen, à Vienne. L’Eglise protestante était représentée par le pasteur Pierre-François Fauquex, président du conseil synodal de l’Eglise réformée évangélique du Valais (EREV) et par le pasteur Xavier Paillard, président du conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), tandis que les autorités fédérales l’étaient par l’ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin, et les autorités cantonales par le conseiller d’Etat Jean-Michel Cina, président du Conseil d’Etat valaisan.

C’est Mgr Brunner qui a officié comme consécrateur principal, entouré de deux évêques co-consécrateurs, Mgr Charles Morerod et Mgr Luc Ravel, évêque du diocèse aux armées françaises, un ami du nouvel évêque.

Après la solennelle procession d’entrée – quelque 150 prêtres précédant une bonne vingtaine d’évêques et de prélats –, un prêtre déclare que l’Eglise de Sion prie Mgr Brunner d’ordonner le prêtre Jean-Marie Lovey pour être son évêque. Mgr Brunner demande que soit lue la bulle de nomination signée par le pape François. Selon le vœu de Mgr Lovey, c’est le chancelier épiscopal Stéphane Vergère qui la lit.

Citant dans son homélie l’exhortation apostolique du pape François, Mgr Ravel s’est adressé tant au nouveau pasteur qu’»au peuple de Dieu qui vit en Valais». Il a tout d’abord rappelé que si l’évêque conduit le peuple, le peuple construit l’évêque. Concédant que le changement de chef impose à tous un effort, il a alors demandé aux fidèles du diocèse de Sion d’aider leur nouvel évêque, car l’ordination n’est pas «une potion de sorcier» qui le ferait immédiatement évêque, «un super-héros doté instantanément de superpouvoirs».

Il devra marcher derrière pour aider ceux qui sont restés en arrière

L’évêque doit toujours favoriser la communion missionnaire dans son Eglise diocésaine en poursuivant l’idéal des premières communautés chrétiennes, dans lesquelles les croyants avaient un seul cœur et une seule âme (cf. Ac 4, 32), a-t-il poursuivi. Par conséquent, comme dit le pape François dans son exhortation, «parfois il se mettra devant pour indiquer la route et soutenir l’espérance du peuple, d’autres fois il sera simplement au milieu de tous dans une proximité simple et miséricordieuse, et en certaines circonstances il devra marcher derrière le peuple, pour aider ceux qui sont restés en arrière et – surtout – parce que le troupeau lui-même possède un odorat pour trouver de nouveaux chemins».

Un rite sacramentel très ancien

Le rite sacramentel de l’ordination épiscopale, réglé selon un rite très ancien, a alors débuté avec l’invocation de l’Esprit Saint lors de l’hymne Veni Creator Spiritus (Viens, Esprit créateur). Mgr Lovey s’est ensuite engagé solennellement, devant la foule rassemblée, à s’acquitter des devoirs de la charge épiscopale: l’annonce de l’Evangile «avec fidélité et sans relâche», la transmission du dépôt de la foi «dans sa pureté et son intégrité», la construction et le maintien de l’unité de l’Eglise, «avec le collège des évêques, sous l’autorité du successeur de Pierre», le service aux pauvres, aux étrangers et à tous ceux qui sont dans le besoin, le service du culte et de la prière.

L’Evangile donne l’orientation fondamentale au ministère épiscopal

Allongé ensuite la face contre terre, en signe d’humilité et de don total au Christ, le nouvel évêque va écouter la litanie des saints. Tour à tour, à la suite de Mgr Brunner, tous les évêques présents vont, en silence, imposer les mains à leur nouveau confrère. Puis ils prononcent la grande prière d’ordination, tandis que l’évangéliaire est tenu au-dessus de la tête de l’ordinand pour bien montrer que c’est l’Evangile qui donne son orientation fondamentale au ministère épiscopal. Cela signifie que le nouvel évêque est ordonné au nom de l’Evangile et qu’il le reçoit pour le porter aux autres. L’onction de la tête de l’ordonné avec le saint-chrême signifie que l’Esprit Saint le pénètre de sa grâce pour sa nouvelle mission. Mgr Brunner lui remet ensuite l’anneau épiscopal, qui signifie la fidélité de l’évêque à l’Eglise, épouse du Christ, avant de lui poser la mitre sur la tête, et de lui donner la crosse ou bâton pastoral, qui évoque la mission du pasteur, chargé de prendre soin de son troupeau.

C’est seulement la musique de J.-S. Bach de la Maîtrise vocale et instrumentale qui a interrompu les vifs applaudissements de la foule des fidèles, alors que le nouvel évêque portant la mitre et la crosse s’installait sur la cathèdre. Dans une brève allocution, le nouvel évêque a déclaré: «Pour vous, je suis évêque, avec vous je suis un chrétien». A la fin de cette cérémonie d’une durée de trois heures, au nom des autorités politiques, Grégoire Dussex, président du Grand-Conseil, et Jean-Michel Cina, président du gouvernement valaisan, ont tour à tour dit la fierté des Valaisans d’avoir un évêque proche des petits et portant les soucis de chacun. Jean-Michel Cina n’a pas manqué de critiquer à cette occasion ceux qui aimeraient que le Valais oublie son enracinement chrétien, passant outre à tout ce que l’Eglise a apporté dans l’histoire de cette terre: une voix de l’amour du prochain et de la raison.

Mgr Jean-Marie Lovey, un vrai montagnard

Mgr Jean-Marie Lovey est un vrai montagnard. Le nouvel évêque est né le 2 août 1950 à Orsières, une commune alpine du Val d’Entremont, au sud-ouest du canton du Valais. Ancien étudiant de philosophie et de théologie de l’Université de Fribourg, il a fait sa profession religieuse chez les chanoines réguliers de la congrégation du Grand-Saint-Bernard le 27 octobre 1971, avant d’être ordonné prêtre le 15 juin 1977. Il exerce d’abord un ministère d’aumônerie de collèges. Il travaille ensuite à la formation à la vie religieuse, comme maître des novices, puis au séminaire diocésain de Sion, avant d’être nommé prieur de l’hospice du Grand-Saint-Bernard jusqu’en 2009. C’est le 4 février 2009 que le chapitre des chanoines l’élit comme successeur du prévôt Benoît-Barthélémy Vouilloz, atteint par la limite d’âge.

Note: Des photos de la cérémonie d’ordination de Mgr Jean-Marie Lovey sont disponibles auprès de l’apic: apic@kipa-apic.ch au prix de 80 frs la première, 60 frs les suivantes.

(apic/be/bb)

28 septembre 2014 | 18:23
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 6 min.
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