Des millions de Syriens vivent encore dans des camps de réfugiés (ici au Liban) | © Maurice Page
Vatican

Le pape François ne veut pas oublier le «drame de la Syrie»

Recevant les évêques grecs melkites réunis en Synode à Rome, le pape François a renouvelé, le 20 juin 2022, son appel à la communauté internationale pour qu’une solution «juste et équitable» soit trouvée au drame de la Syrie. Dans le même temps, le cardinal Mario Zenari, nonce en Syrie depuis 2008, a fait état au micro de Radio Vatican de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays aujourd’hui.

«Les drames de ces derniers mois, qui nous obligent malheureusement à tourner notre regard vers l’est de l’Europe, ne doivent pas nous faire oublier ce qui se passe sur votre terre depuis douze ans», a déploré le pape François. Il s’exprimait devant la trentaine d’évêques grecs catholiques présents cette semaine à Rome autour de leur patriarche Youssef Absi, venu de Damas.

Prière avec des musulmans

Devant eux, le pontife s’est souvenu de sa première année de pontificat, en 2013, «lorsqu’un bombardement sur la Syrie était en préparation». «Nous avons organisé une nuit de prière, ici, à Saint-Pierre». Il a rapporté que la fameuse expression «Syrie bien-aimée et martyre» était née de cette veillée où même des musulmans «qui avaient apporté leur tapis» étaient venus prier.

Les années ont passé, avec leurs «milliers de morts et de blessés, des millions de réfugiés dans le pays et à l’étranger», a commenté le pape argentin. Faisant allusion à sa rencontre avec un jeune Syrien au regard «presque vide d’espoir», le pape s’est indigné: «Nous ne pouvons pas permettre que la dernière étincelle d’espoir soit enlevée des yeux et du cœur des jeunes et des familles!». Et de lancer un énième appel à tous ceux qui ont des responsabilités, dans le pays et dans la communauté internationale, pour mettre un terme à ces années de chaos.

Le cardinal Zenari raconte la souffrance du peuple syrien

Cette rencontre intervient trois jours après l’audience privée entre le pape François et son nonce en Syrie, le cardinal Mario Zenari. «Malheureusement, je vous apporte aussi sur votre table la souffrance qui est pire encore que celle que je vous ai transmise l’année passée», a regretté le diplomate devant le pontife.

Le nonce, en Syrie depuis 2008, a fait remonter au pape le «désespoir» d’un peuple qui se sent oublié, alors que la crise libanaise, le Covid-19 et la guerre en Ukraine ont placé les radars médiatiques loin de ce pays encore frappé par les sanctions internationales.

14 millions de déplacés

Alors que la Syrie recensait 23 millions de personnes avant le début de la guerre, en 2011, les Nations Unies estiment aujourd’hui qu’il y a environ 14 millions de déplacés – dont la moitié à l’intérieur du pays. «Ces gens-là, vous pouvez l’imaginer, ne vivent pas dans des hôtels, mais dorment à la belle étoile, à l’extérieur, même parfois en hiver, dans des endroits où le climat est très rigoureux», insiste le nonce de 76 ans au micro de Radio Vatican.

Né à Vérone en 1946, Mario Zenari a déjà passé 13 ans en poste à Damas. Alors qu’il devrait en principe être à la retraite depuis un an, le pape souhaite qu’il poursuive son action, comme il le lui a redit lors de l’audience du 18 juin. «Le Saint-Père m’a encouragé. Il m’a dit: ›j’ai donné un nonce-cardinal à la Syrie’. Et j’ai compris». L’Italien assure que tant que le Seigneur lui donne la santé, il restera. «Je ne me sens pas indispensable. Mais si nous encourageons les chrétiens à rester, il est normal que je reste», conclut-il. (cath.ch/imedia/hl/rz)

Des millions de Syriens vivent encore dans des camps de réfugiés (ici au Liban) | © Maurice Page
20 juin 2022 | 16:34
par I.MEDIA
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