Le projet des nouveaux bâtiments de la Garde pontificale prévoit une optimisation de l'espace disponible. | Durisch & Nolli, Lugano
Suisse

Le pape soutient la reconstruction de la caserne des Gardes suisses

Lancé en 2016, le vaste projet de reconstruction de la caserne des Gardes suisses a été présenté en octobre 2020 au pape François. Le projet de près de 50 millions d’euros pourrait voir le jour en 2027. Alors que la Confédération suisse envisage de soutenir financièrement la reconstruction, Jean-Pierre Roth, président de la Fondation pour la Rénovation de la Caserne, fait un point sur l’avancée du projet.

Comment un projet d’une telle ampleur est-il né?
Jean-Pierre Roth
: En 2016, le pape François a pris deux décisions importantes concernant la Garde suisse. Il a voulu dans un premier temps renforcer ses effectifs pour les faire passer de 110 à 135 gardes. Il a par ailleurs souhaité rendre plus flexibles les règles de mariage à la Garde – le Saint-Père ne souhaitant plus qu’à cause du règlement contraignant actuel certains mènent des doubles vies.
Ces deux volontés ont impliqué une réflexion importante sur le réaménagement de la caserne. En augmentant de près de 25% les effectifs et en considérant la perspective de l’accueil de familles, il a fallu repenser totalement la configuration des lieux.
Nous avons pour cela monté une fondation spécifique capable de porter ce projet. Après une étude d’un bureau d’architectes, il est apparu impossible, compte-tenu de l’état des bâtiments, d’augmenter le nombre de places nécessaires par un simple réaménagement. Il n’y a pas d’autres choix que de reconstruire une caserne.

Jean-Pierre Roth, président de la Fondation pour la rénovation de la caserne de la Garde suisse | © Maurice Page

Détruire et reconstruire la caserne. Quel est le coût de ce projet?
Le coût total de ce projet est évalué entre 45 et 50 millions d’euros. Le Vatican ne le financera que partiellement. Il s’agit donc, pour la fondation, de réunir des fonds auprès de donateurs suisses et étrangers. En septembre 2019, nous avons mis sur pied un comité de patronage. Quatorze mois après son lancement, nous avons déjà récolté 14,5 millions de francs suisses sous la forme de dons ou de promesses de dons. Je suis très confiant sur notre capacité à trouver les financements dans les temps.

Des articles de presse ont mentionné une participation de la Confédération suisse. Qu’en est-il?
C’est exact. Cette contribution est envisagée à l’occasion du centième anniversaire de la reprise des relations diplomatiques entre la Suisse et le Saint-Siège, en 1920. Des discussions d’ordre juridique ont eu lieu pour savoir sur quelle base cette participation pourrait être accordée. Elle pourrait aller de 5 à 8 millions de francs suisses.

Ce financement public fait-il polémique en Suisse?
Je crois sincèrement que le soutien de ce projet est général. Les Suisses, qu’ils soient catholiques ou protestants, sont fiers de la Garde. Ils la voient comme un symbole de solidité et de confiance. Par ailleurs, cette petite armée est une très belle publicité pour notre pays. Elle vaudrait les meilleurs pavillons d’une exposition universelle.
Enfin, rappelons que, d’ordinaire, pas un seul franc suisse d’argent public ne finance les activités de la Garde. Il s’agit donc bien là d’une contribution exceptionnelle.

Comment le Saint-Siège a-t-il réagi à ce projet qui semble titanesque?
Lorsque le bureau d’architectes a rendu son étude, je suis allé voir le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, pour lui faire part de nos conclusions. Il m’a donné son soutien et nous a encouragés à poursuivre la réflexion.
Nous avons donc fait une étude de faisabilité qui s’est enrichie en collaboration avec les services du Vatican. En octobre dernier, j’ai présenté au Saint-Père le projet. Le pape François a montré son enthousiasme et nous a accordé son soutien. Il nous a rappelé son attachement à la Garde, expliquant qu’il était touché que des jeunes s’engagent sur la durée pour le servir totalement. Il tient à faire quelque chose pour eux.

Où en est-on aujourd’hui?
Le jour de ma rencontre avec le pape, j’ai également remis le projet au cardinal Parolin. Le Saint Père a eu un échange avec son secrétaire d’État et a exprimé son vœu qu’une convention entre le Vatican et notre Fondation soit établie afin de mener à bien le projet. Nous avons demandé au cardinal Parolin d’engager les consultations des commissions vaticanes compétentes en matière immobilière et des sites.
Nous achevons donc la phase de planification et nous rentrons dans une phase d’autorisation. Le premier coup de pioche devrait être donné en 2023. La Garde devra alors quitter la caserne. Plusieurs hypothèses de relogement sont à l’étude – peut-être qu’une partie sera temporairement relogée dans la ville de Rome tandis qu’une autre sera installée dans des containers aménagés à l’intérieur du Vatican.
Notre objectif est d’inaugurer la nouvelle caserne le 6 mai 2027, une date symbolique puisqu’elle marquera les 500 ans du Sac de Rome durant lequel 147 gardes furent tués en défendant le Pape Clément VII. (cath.ch/imedia/mp)

Le projet des nouveaux bâtiments de la Garde pontificale prévoit une optimisation de l'espace disponible. | Durisch & Nolli, Lugano
3 décembre 2020 | 13:25
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 3 min.
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