Le président Porochenko à la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev avec les évêques de la nouvelle Eglise orthodoxe ukrainienne autocéphale, pour laquelle il s'est beaucoup engagé politiquement  | © www.president.gov.ua
International

Le Patriarcat de Moscou accompagne la présence russe en Afrique

La politique religieuse en Ukraine, qui a fortement impacté l’Eglise orthodoxe locale partagée depuis janvier 2019 entre Kiev et Moscou, n’est pas le seul enjeu géopolitique. Désormais le Patriarcat de Moscou accompagne le déploiement de la présence russe en Afrique.

Tentant de justifier l’invasion de l’Ukraine, le ministère russe des Affaires étrangères a récemment évoqué, parmi d’autres arguments, le «schisme» dans l’Église orthodoxe ukrainienne. Les tensions interconfessionnelles en Ukraine ont en effet déjà des répercussions jusqu’en Afrique, où l’Église orthodoxe russe a décidé de se déployer, accompagnant le retour de la Russie sur le continent.

L’Eglise orthodoxe russe a établi un exarchat patriarcal en Afrique, selon le porte-parole de l’Eglise russe, Vladimir Legoïda, via sa chaîne de télévision. Dans «Telegram», Legoïda a précisé que l’exarchat (une unité administrative de l’Église en dehors de son territoire principal) serait dirigé par l’archevêque Leonid d’Erevan et de toute l’Arménie et comprendrait les diocèses d’Afrique du Nord et d’Afrique du Sud.

Selon les décisions du Saint-Synode de l’Église russe, la zone de responsabilité pastorale du diocèse d’Afrique du Nord comprend les fidèles de l’Église russe résidant en Egypte, en Tunisie et au Maroc, tandis que le diocèse d’Afrique du Sud étend sa zone de responsabilité à 23 pays. Le Saint-Synode a également décidé d’accepter le transfert de 102 prêtres du Patriarcat d’Alexandrie aux Grecs orthodoxes sous sa responsabilité, «à leur demande».

Une centaine de prêtres du patriarcat d’Alexandrie ont rejoint Moscou

Selon Moscou, cela est la conséquence du fait que le patriarche d’Alexandrie et de toute l’Afrique, Théodoros II, a reconnu l’«Église orthodoxe en Ukraine» (que l’Église russe considère comme schismatique) et a inclus le nom de son chef, Yevgueni Dumenko, dans la liste des noms mentionnés au cours de la Divine Liturgie dans les églises orthodoxes.

Le président ukrainien de l’époque Petro Porochenko avait salué le décret [tomos, en langage ecclésiastique] signé samedi 5 janvier 2019 à Istanbul par le patriarche œcuménique Bartholomée. Ce dernier a ainsi légalisé l’autocéphalie de l’ «Eglise orthodoxe ukrainienne unifiée», indépendante du Patriarcat de Moscou.

L’«Église orthodoxe d’Ukraine» a été créée en 2018 à l’initiative du président ukrainien de l’époque, par le biais d’un regroupement de deux anciennes entités dissidentes de l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou. Après avoir obtenu un certificat d’indépendance du patriarche œcuménique Bartholomée II, les chefs des églises alexandrine, grecque et chypriote lui ont annoncé leur reconnaissance. L’Église orthodoxe russe a répondu à cette décision en rompant les liens avec le Patriarcat œcuménique (Constantinople) et les principaux évêques des Églises orthodoxes autocéphales qui ont reconnu le «schisme ukrainien». (cath.ch/be)

Le président Porochenko à la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev avec les évêques de la nouvelle Eglise orthodoxe ukrainienne autocéphale, pour laquelle il s'est beaucoup engagé politiquement | © www.president.gov.ua
24 juillet 2022 | 17:13
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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