Joël Burri, responsable de l'agence de presse protestante Protestinfo, à Lausanne (photo Maurice Page 2015)
Suisse

Le rôle de l’agence Protestinfo discuté par les Églises réformées romandes

Le rôle de Protestinfo, l’agence de presse des Églises réformées, créée en l’an 2000, a été au centre de l’Assemblée générale de la Conférence des Églises réformées de Suisse romande (CER), tenue le 2 juin à Morges. Pour l’instant, il n’est cependant pas question de remettre en cause l’existence de cet organe de presse.

Saute d’humeur des protestants genevois choqués par des articles traitant de la laïcité et de l’accueil des homosexuels, ou mouvement plus profond? «Les deux, répond à cath.ch Joël Burri, rédacteur en chef de Protestinfo. Cette affaire rouvre la question du rôle de la presse dans l’Eglise réformée et au-delà du rôle des Eglises dans la société. L’Eglise protestante de Genève (EPG) a tendance à vouloir se restreindre à sa mission de base et à ne plus vouloir financer ce qu’elle considère comme non essentiel.»

La discussion du jour a été provoquée par une lettre du président de l’Église protestante de Genève (EPG) Emmanuel Fuchs demandant de rediscuter les buts et les moyens alloués à Protestinfo. Deux articles parus fin 2017 ont mis le feu aux poudres. Le premier est lié à l’adoption de la loi sur la laïcité à Genève. «En plein débat, nous avons eu l’impression d’être trahis par notre propre agence de presse, qui n’a même pas pris la peine de nous donner la parole», a déploré Joëlle Walther, coprésidente du Consistoire de l’EPG. «À qui va la loyauté? Au lectorat? Aux Églises?». Pour Protestinfo, la réponse est claire, c’est au lecteur.

Le second clash concerne le compte-rendu d’un atelier organisé lors des 500 ans de la Réforme à Genève. Protestinfo avait vivement dénoncé les propos d’un des animateurs qui estimait que «les homosexuels sont une menace pour notre société» jetant par là une ombre très négative sur l’ensemble d’un jubilé par ailleurs très réussi.

Soutien des cantons

Selon le compte-rendu de Protestinfo, l’agence a reçu aussi de solides soutiens. Pour Line Dépraz, du Conseil synodal de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV), «l’avantage d’avoir Protestinfo est de pouvoir parler à la société de nos préoccupations dans un langage dont on a perdu la maîtrise.» «Le regard extérieur d’un journaliste nous permet de voir nos dires et actions avec recul, assure Pia Grossholz-Fahrni, vice-présidente de l’Union synodale Berne-Jura-Soleure. C’est un reflet important pour nous.» Michel Kocher, directeur de Médias-pro, qui chapeaute Protestinfo, rappelle que «la loyauté va à la mission d’informer», mais assure que «ces retours ne nous laissent nullement indifférents à l’interne».

Au terme d’une heure de discussion, Xavier Paillard, président du Conseil exécutif et président de l’EERV, a reconnu la nécessité de revoir les besoins de chacun, en terme de communication et d’information, chaque Église n’ayant ni les mêmes ressources ni les mêmes façons d’opérer.

Il s’agissait d’un «bon débat qui a permis de poser des questions et qui nécessite qu’on aille plus loin, sans urgence, sans agenda. Maintenant, la balle est dans le camp du Conseil exécutif», a réagi Emmanuel Fuchs pour Protestinfo. (cath.ch/protestinfo/mp)

Joël Burri, responsable de l'agence de presse protestante Protestinfo, à Lausanne (photo Maurice Page 2015)
4 juin 2018 | 12:26
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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