Le Saint-Siège rappelle son soutien à l’abolition des armes nucléaires

Le Saint-Siège a dénoncé «le manque d’universalité» empêchant l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Il l’a fait savoir par la voix de Mgr Bernardito Auza, son observateur permanent auprès des Nations Unies à New York, lors de l»«²Assemblée générale du 6 septembre 2018.

Si 183 Etats ont d»«²ores et déjà signé le TICE (ou en anglais CTBT – Comprehensive Nuclear Test-Ban-Treaty), a-t-il expliqué, seuls 166 l’ont à ce jour ratifié.

Les armes nucléaires, incompatibles avec la paix

Ouvert à la signature et à la ratification en 1996, ce traité vise à mettre fin aux essais nucléaires dans quelque environnement que ce soit. Le Saint-Siège, dont un sujet phare de sa diplomatie est le désarmement nucléaire, avait ratifié le TICE le 18 juillet 2001. A l’époque, il avait ainsi voulu rappeler sa «ferme conviction que les armes nucléaires sont incompatibles avec la paix cherchée pour le 21e siècle».

Bien plus que de «simples obligations juridiques», a déclaré Mgr Auza, les traités de désarmement sont aussi des «engagements moraux fondés sur la confiance entre les Etats». La pleine entrée en vigueur du TICE constituerait, selon lui, «la pierre angulaire de la confiance mutuelle» requise pour libérer l»«²humanité du «spectre de la guerre nucléaire».

Les pays possédant la bombe atomique bloquent la ratification du Traité

Or, si la grande majorité des Etats souhaite que le TICE entre en vigueur pour mettre fin aux essais nucléaires, a affirmé l»«²observateur permanent du Saint-Siège, un «manque d’universalité» entrave encore cette étape. C»«²est pourquoi le Saint-Siège s’associe à «l’appel lancé aux Etats dont la ratification est nécessaire».

Le 7 juillet 2017, l’Assemblée des Nations Unies avait adopté à une très large majorité le «Nuclear Ban», un Traité mettant hors la loi toutes les armes nucléaires, ce qui implique à la fois la destruction des têtes nucléaires existantes (détenues par les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine, l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord), et le renoncement au développement de nouveaux systèmes d’armes nucléaires.

Le texte du Traité avait été approuvé par 122 votes favorables contre seulement un vote contre (les Pays-Bas) et une abstention (Singapour), les puissances nucléaires n’ayant pas pris part à la réunion. Bien que l’OTAN et les pays détenteurs de la bombe s’y opposent, ce Traité existe et donne une base juridique pour un monde libéré de la menace nucléaire, note Vatican News.

La Suisse oublie sa tradition humanitaire

Cet accord historique se fonde sur la conviction que l’arme atomique n’est pas conciliable avec le droit international humanitaire, note pour sa part la Croix-Rouge Suisse. Mais à l’heure actuelle, le Conseil fédéral ne prévoit pas de signer le Traité. Le président du CICR, Peter Maurer, et la présidente de la Croix-Rouge suisse, Annemarie Huber-Hotz, ont rappelé les conséquences désastreuses des armes nucléaires et déploré l’attentisme du Conseil fédéral, en contradiction avec la tradition humanitaire de la Suisse.

Lors des négociations du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires de juillet 2017, le pape François avait demandé de «dépasser la dissuasion nucléaire» qui n’est, selon lui, qu’une «stabilité basée sur la peur». En octobre suivant, le Souverain pontife avait ensuite évoqué un «risque de suicide de l’humanité» au sujet de la course à l’arme atomique. (cath.ch/vaticannews/imedia/pad/be)

La cathédrale Sainte-Marie d'Urakami, à Nagasaki, après l'attaque atomique | www.hiroshima-remembered
7 septembre 2018 | 17:14
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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