Mgr Jean-Pierre Delville a lancé le festival d’adoration eucharistique "Venite Adoremus" 2020 | © Jacques Berset
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Liège: Un nouveau vicariat pour le bien-être des acteurs pastoraux

Pour mieux accompagner les acteurs pastoraux, dans le cadre de la restructuration de sa curie diocésaine, Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, en Belgique francophone, a mis en place un «vicariat de la sollicitude» dédié à leur bien-être.

Dominique Olivier, sa responsable désignée est une laïque dominicaine, travailleuse sociale à la retraite, mariée, maman et grand-maman. Forte de son expérience dans le domaine social, la future responsable de ce nouveau vicariat connait aussi très bien le milieu ecclésial et dispose d’un encrage spirituel indispensable pour aborder ce nouveau défi.

La décision de mettre sur pied ce service, intitulé «Accompagnement des acteurs pastoraux», manifeste, selon Dominique Olivier, une attention accrue portée à la personne et rend compte de la vigilance que Mgr Delville veut témoigner envers cette question. Un vicariat que la future responsable rebaptiserait volontiers «vicariat de la sollicitude» tant ce mot est inscrit en fil rouge dans tout ce que la nouvelle équipe devra entreprendre, écrit Sophie Delhalle, journaliste chez Cathobel, le site officiel de l’Eglise catholique en Belgique francophone.

Dominique Olivier, future responsable du vicariat «Accompagnement des acteurs pastoraux» | © DR

Avec les outils des sciences humaines

Depuis quelques années déjà s’est développé dans le diocèse de Liège le besoin d’une plus grande attention aux personnes. «On a lancé des initiatives avec des outils provenant des sciences humaines, et on les a adaptés à la situation de l’Eglise. Cette sollicitude, qui est une vraie valeur évangélique, l’évêque doit aussi l’avoir pour les personnes qui sont engagées dans la pastorale, au service du Christ et de sa Bonne Nouvelle», confie Dominique Olivier sur le site de l’évêché de Liège.

La grande nouveauté de l’approche de cette nouvelle curie diocésaine, explique-t-elle, c’est d’essayer d’avoir pour tous les acteurs pastoraux une approche similaire. «Au niveau des missions, on distingue trois choses: l’accueil, la mise en responsabilité et l’accompagnement. Au moment où un curé est nommé, c’est la mise en responsabilité, qui dépend du vicaire général. Ensuite, s’il faut un accompagnement spécifique parce que, par exemple, la personne est nommée dans un lieu ou dans une situation très conflictuelle, je pourrais alors intervenir pour l’accompagner. Le vicariat va donc être un service où les ministres du culte, mais aussi les autres permanents, les équipes et les laïcs bénévoles peuvent discuter de leur bien-être».

«Toutefois, il ne s’agit pas de tout réinventer, comme l’explique Dominique Olivier à Cathobel, mais bien de s’appuyer sur les initiatives qui existent déjà. Citons par exemple la démarche Progressio, élaborée à Metz qui, depuis trois ans, propose aux prêtres liégeois de vivre un compagnonnage sous la direction d’un animateur».

Créer une culture de l’accompagnement

Le rôle du vicariat sera aussi de suppléer là où il y a des manques et de travailler au développement d’une véritable culture de la bienveillance et du «care». Ainsi, trois objectifs principaux ont été établis.

Tout d’abord, le premier défi sera de proposer une offre de services qui permettent de répondre aux différentes demandes qui seront adressées au vicariat. Deux cas de figure sont dès lors possibles: soit la demande émane de l’extérieur, du terrain, c’est-à-dire des acteurs pastoraux eux-mêmes lorsqu’ils rencontrent l’une ou l’autre difficulté, soit la demande émane directement de l’autorité diocésaine, l’évêque ou le vicaire général, qui «impose» alors le recours aux services du vicariat pour, par exemple, débloquer une situation conflictuelle dont elle aurait eu vent.

Ensuite, l’équipe vicariale travaillera au développement d’une culture de l’accompagnement pour tous les acteurs, pas assez développée selon Dominique Olivier. Ceci impliquera dans un premier temps de mettre en place des procédures standards qui prennent néanmoins compte de la spécificité de chaque situation et des besoins spécifiques de chacun. Tout ceci, afin de favoriser et de vivre la sollicitude.  

Faire grandir une culture de la vigilance

La future responsable sera également attentive à faire grandir une culture de la vigilance. «L’Eglise est dans le monde, elle est donc influencée par les changements sociétaux». Et si l’Eglise a développé une nécessaire culture du management, elle ne doit pas oublier que son approche est avant tout évangélique et doit être deux fois plus vigilante.

Pour Dominique Olivier, l’idée même de ce vicariat est intéressante, «il doit exister, comme signal, et pour donner la possibilité de dire ‘il y a un problème’ et de chercher ensemble des solutions».

Les conflits en Eglise sont dévastateurs

Les sciences humaines pourront être employées pour aider certains groupes à résoudre leurs conflits. «Les outils de sciences humaines peuvent être appliqués, en les adaptant à la réalité vécue en Eglise, explique Dominique Olivier. Rien n’est incompatible mais il faut travailler le lien avec l’Evangile. La technique ne fait pas tout, il faut aussi y mettre du cœur !»

Depuis 20 ans, Dominique Olivier observe que les conflits en Eglise sont dévastateurs parce qu’ils touchent à la racine profonde de la foi, qui est la relation la plus intime qui soit, celle que l’on entretient avec Dieu. Elle relève que les blessures d’Eglise sont très profondes, alors que l’Eglise devrait pourtant être le lieu où l’on vit le plus le pardon. «Et c’est pourtant là où souvent il est le plus difficile à vivre. Parce que, justement, le conflit en Eglise peut atteindre notre identité spirituelle».

Des femmes nommées à des postes de responsabilité

En 2013, dès le début de son épiscopat, Mgr Delville avait nommé des femmes à des postes de responsabilité. Dominique Olivier sera aussi animatrice des réunions du conseil épiscopal. Pour elle, il est indispensable qu’il y ait un équilibre entre les deux pôles, masculin et féminin, «parce que je suis persuadé que nous sommes complémentaires».  

«Je ne suis pas féministe pour réclamer l’ordination des femmes, déclare-t-elle à Ralph Schmeder, responsable du service de presse du diocèse de Liège, mais je pense qu’il est primordial de donner une juste place à la femme. Là, il y a encore du chemin à faire, même au niveau du rôle des femmes dans les célébrations à l’église». (cath.ch/cathobel/diocesliege/be)

Mgr Jean-Pierre Delville a lancé le festival d’adoration eucharistique «Venite Adoremus» 2020 | © Jacques Berset
10 juin 2020 | 11:28
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 4 min.
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