Mgr Paul Hinder à Abu Dhabi, lors de la célébration du 100e anniversaire de la présence franciscaine (20 mars 2017) | © Apostolic Vicariate of Southern Arabia
Suisse

Mgr Paul Hinder, 80 ans et toujours évêque actif à Abu Dhabi

«Mon temps en tant qu’évêque actif arrivera bientôt à son terme», confie Mgr Paul Hinder à l’occasion de ses 80 ans. Le capucin suisse, vicaire apostolique d’Arabie du Sud depuis 2005, espère un peu plus de calme après plusieurs décennies d’activité intense.

Jacqueline Straub, kath.ch / traduction adaptation Maurice Page

Mgr Paul Hinder est né en Thurgovie | Jacques Berset

Mgr Paul Hinder, qui fête ses 80 ans le 22 avril 2022, s’est longuement entretenu avec Jacqueline Straub de kath.ch. Il revient entre autre sur sa jeunesse dans le canton de Thurgovie, sa vocation et l’appel de l’Arabie.  

«Mon temps en tant qu’évêque actif arrivera bientôt à son terme. Je ne fais plus de grands projets pour le moment, explique Mgr Hinder. J’espère un peu plus de calme après plusieurs décennies d’activité intense. Je me consacrerai volontiers – probablement en Suisse – davantage à la prière, je serai disponible pour certains services, je prendrai du temps pour lire et écouter de la musique et je soignerai davantage les relations avec les personnes que j’ai négligées ces dernières années. «

«Plus je vieillis, plus je suis reconnaissant»

«Plus je vieillis, plus je suis reconnaissant de ce que j’ai reçu dans mon enfance dans ma famille, à la paroisse, au collège d’Appenzell et finalement dans l’ordre capucin.» 

Le métier d’évêque
Outre le Yemen, le territoire du vicariat d’Arabie du Sud comprend Bahreïn, le Qatar, le Koweït, Oman, l’Arabie saoudite et Émirats arabes unis. » Chacun de ces pays a ses propres caractéristiques en ce qui concerne les relations avec les non-musulmans. Celui qui est évêque ici doit aborder les situations complexes avec le tact nécessaire et établir des relations avec les services gouvernementaux respectifs», explique Paul Hinder.
«Le ›cœur de métier’ de l’évêque est de renforcer ses sœurs et ses frères dans la foi, de garantir l’unité au sein de la communauté multinationale et multi-rituelle, de promouvoir la solidarité,» poursuit-il.  Cela se fait principalement par le biais de visites pastorales annuelles. «Comme je ne peux pas me rendre souvent dans les différents pays, Internet m’est indispensable. Une grande partie de mon travail quotidien se fait par téléphone ou par Internet. […] Mais ce que je préfère, c’est le contact personnel avec la présence physique des gens.»

«J’ai grandi dans le hameau de Niederhof près de Lanterswil (TG), ›où le renard et le lièvre se disent bonne nuit’. Notre monde était petit et notre horizon très limité. Je n’aurais jamais pensé dans mon enfance que mes futures fonctions me mèneraient un jour aux quatre coins du monde – et finalement à Abu Dhabi», raconte Paul Hinder.

«C’est lorsque j’étais enfant de chœur à l’église paroissiale de Bussnang que le désir de devenir prêtre a grandi en moi. Le fait que mon frère aîné soit entré chez les bénédictins d’Einsiedeln et que j’aie pu suivre peu après le gymnase des capucins au collège d’Appenzell m’ont aidé à choisir ma vocation.»

L’ouverture au monde

L’entrée dans l’ordre des capucins fut pour lui une large ouverture sur le monde: «Je me souviens avec joie de mes multiples tâches à Fribourg, Lucerne et surtout Altdorf, où se sont développées des amitiés qui durent encore aujourd’hui. En tant que membre de la direction de l’Ordre en Suisse et finalement à Rome, un vaste horizon s’est ouvert à moi, qui m’a conduit sur tous les continents «

Enfin, au moment où il a été nommé en 2003 évêque auxiliaire d’Arabie du Sud, «malgré ma méconnaissance de l’arabe, un tout nouvel environnement religieux et culturel s’est ouvert à moi. «

Confiance dans l’avenir de l’Eglise

Interrogé sur l’avenir de l’Eglise, Paul Hinder se veut résolument optimiste: «L’Église dans laquelle j’ai grandi en tant que jeune puis en tant que prêtre traverse un processus de changement douloureux et critique. Mais comme j’ai eu la chance, au cours des 40 dernières années, de faire de nombreuses expériences positives dans l’Église, avec des croyants qui se sont engagés avec joie dans l’Évangile de Jésus-Christ, je vis dans l’espoir et la confiance que l’Église a un avenir. Pour cela, je m’appuie sur la promesse de Jésus qu’il restera avec nous jusqu’à la fin du monde». (cath.ch/kath.ch/mp)

Un petit espoir pour le Yémen
Le Yémen fait également partie du vicariat d’Arabie du Sud dont Mgr Hinder est responsable. Après la conclusion d’un cessez-le-feu, le capucin suisse exprime un espoir ténu. «Le fait que tous les belligérants semblent avoir compris qu’aucun des deux camps ne peut gagner la guerre sur le champ de bataille permet d’espérer que le cessez-le-feu durera tout le mois de ramadan. […] J’ai  bon espoir que des négociations substantielles aboutissent à un cessez-le-feu durable.
Mgr Hinder se dit révolté face à cette guerre au Yémen quasiment tombée dans l’oubli. «Le Yémen est loin géographiquement et surtout psychologiquement. Après le canal de Suez, l’intérêt de la population en Suisse pour cette région va disparaître, à moins qu’un pétrolier ne bloque la route maritime et ne mette en péril le ravitaillement vers l’Europe. […] Cela me fait évidemment mal de voir que ses 30 millions d’habitants ne reçoivent pas plus d’attention. Il s’agit  de la mise en danger de millions de personnes et d’une menace qui pèse sur une culture millénaire.»

Mgr Paul Hinder à Abu Dhabi, lors de la célébration du 100e anniversaire de la présence franciscaine (20 mars 2017) | © Apostolic Vicariate of Southern Arabia
22 avril 2022 | 11:23
par Rédaction cath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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