Pèlerinage à La Mecque: Poursuite des invectives entre Téhéran et Ryad

Les violentes invectives entre Téhéran et Ryad se sont poursuivies mercredi 7 septembre 2016, à quelques jours de l’ouverture, le 10 septembre à La Mecque, du grand pèlerinage du hajj, le cinquième pilier de l’islam.

Les Saoudiens sunnites, qui se proclament «gardiens des lieux saints de l’islam», sont sévèrement mis en cause après la sanglante bousculade qui a fait plus de 2’400 morts lors du pèlerinage à la Mecque en 2015. La bataille d’insultes proférées tour à tour par les centres de l’islam chiite et sunnite se déroule sur un arrière-fond de lutte pour l’hégémonie régionale.

La famille royale saoudienne qualifiée de «maudite»

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a qualifié mercredi de «maudite» la famille royale saoudienne, estimant qu’elle ne méritait pas de gérer les lieux saints de l’islam. La veille, cheikh Abdel Aziz ben al-Cheikh, grand mufti d’Arabie saoudite, avait pour sa part affirmé que les Iraniens «ne sont pas des musulmans».

La catastrophe de 2015 «montre une nouvelle fois que cette descendance maudite maléfique ne mérite pas de gérer les lieux saints», a déclaré Ali Khamenei aux familles des pèlerins décédés dans la bousculade de La Mecque, rapporte l’agence de presse iranienne «Farsnews».

«Au lieu d’exprimer des remords, de présenter des excuses et d’amener devant les tribunaux ceux qui sont directement responsables de cet événement horrible», poursuit-il, les gouvernants saoudiens, «avec la plus grande impudence et insolence», ont refusé de permettre la formation d’une «commission d’enquête internationale islamique».

Des milliers de «martyrs» morts à La Mecque

«Certains spécialistes, a ajouté l’ayatollah Khamenei, ont même parlé de préméditation. Les négligences et l’insouciance à porter secours aux victimes, qui récitaient les invocations et les versets divins en cette journée de fête, sont incontestables et irréfutables. Les agents saoudiens les ont entassées dans des conteneurs fermés, à côté des cadavres, au lieu de les secourir, de les soigner ou même de fournir de l’eau à ces pèlerins assoiffés qui ont péri en martyrs».

Selon «Farsnews», le président de la République islamique d’Iran Hassan Rohani a également rappelé mercredi la catastrophe qui a fait au moins 2’431 morts – dont 464 Iraniens – lors du rituel de la lapidation symbolique de Satan à Mina, près de La Mecque. Il a souligné la mauvaise gestion des événements par le gouvernement saoudien, qui avait dans un premier temps minimisé l’ampleur de la tragédie. Il a également accusé Ryad de «tuer délibérément des musulmans dans d’autres parties de la région» en soutenant des groupes terroristes takfiristes et en bombardant le peuple yéménite.

Les Iraniens, «fils des Mages, ne sont pas des musulmans»

Répliquant aux sévères critiques du guide suprême iranien Ali Khamenei, le grand mufti d’Arabie saoudite a déclaré au journal saoudien «Makkah» que les Iraniens ne sont pas des musulmans. Ce n’est pas surprenant, a-t-il insisté, car «ils sont les fils des Mages, et leur hostilité envers les musulmans est ancienne,  en particulier contre les sunnites», en se référant à la religion zoroastrienne qui fut dominante en Iran à une époque de l’Antiquité.  (cath.ch-apic/farsnews/almanar/be)