Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, posant la mitre sur la tête de Mgr Josef Stübi, le 26 février 2023 | © Christian Merz
Suisse

Que signifient les armoiries épiscopales de Mgr Stübi?

Mgr Josef Stübi a été ordonné évêque auxiliaire de Bâle le 26 février 2023 à Soleure. Comme le veut la tradition, il s’est choisi des armoiries qui lui correspondent. Il explique leur signification.

Jacqueline Straub, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

Êtes-vous satisfait de vos armoiries épiscopales?
Mgr Josef Stübi: Tout à fait. Jusqu’à présent, je n’ai eu que des réactions positives. C’est seulement avec du recul que j’ai vraiment réalisé le sens profond de ces armoiries.

Mgr Joseph Bonnemain (évêque de Coire) a renoncé aux armoiries. Pourquoi cela était-il important pour vous? L’époque des princes-évêques est pourtant révolue! 
Je ne me suis même pas posé la question. Je pense que les armoiries font tout simplement partie du décorum.

Les armoiries épiscopales de Mgr Josef Stübi | © Bistum Basel

Que représentent-elles donc pour vous?
Il était clair dès le départ que mes armoiries familiales joueraient un rôle central. Elles se composent d’une tête d’aigle stylisée (noire sur fond d’or) et d’une aile reliée à un pied (or sur fond noir). Elles étaient déjà utilisées au 18e siècle. Mais je ne sais malheureusement pas ce qu’elles signifient, quand exactement elles ont été créées, ni pourquoi un aigle y figure.

Mais vous avez déjà rencontré cette tête d’aigle stylisée…
Il y a quelque temps, je me suis rendu dans une auberge à Fribourg-en-Brisgau. On y servait de la bière de marque Ganterbier. J’ai tout de suite remarqué les sous-bocks. La brasserie Ganter a sur son enseigne un animal héraldique très similaire à celui visible sur mes armoiries. J’ai demandé si je pouvais prendre un sous-verre. Ils m’en ont donné toute une pile. Je les ensuite distribués à ma famille. La correspondance est troublante, même si je sais que l’aigle est souvent utilisé en héraldique.

L’aigle apparaît aussi souvent dans la Bible. Que représente cet animal pour vous?
Je l’associe spontanément à la deuxième strophe du cantique Louez le Seigneur (Lobe den Herren, de Joachim Neander, 1665, ndlr.). Le texte dit: «Loue le Seigneur, qui gouverne tout avec tant de gloire, qui, comme sur les ailes de l’aigle, te conduit en toute sécurité…». [Lobe den Herren, der alles so herrlich regieret der wie auf Flügeln des Adlers dich sicher geführet]

Les armoiries comportent également les couleurs bleu et blanc. Que représentent-elles?
Les parties en haut à droite et en bas à gauche forment ensemble les armoiries de Dietwil (AG). C’est le lieu où j’ai grandi et où je suis allé à l’école. J’y ai également fait mes premières expériences au sein de l’Eglise. Le village de Dietwil, dans l’Oberfreiamt, se trouve dans le canton d’Argovie, qui a les couleurs noir-blanc-bleu – mon canton d’origine est donc également visible sur le blason.

Mais votre lieu d’origine, Rothenburg, est dans le canton de Lucerne…
C’est vrai. Et les armoiries de Lucerne sont blanches et bleues. Ces couleurs se retrouvent également sur les armoiries de mon évêque (Mgr Felix Gmür, ndlr). Je suis né à Lucerne et j’ai toujours été étroitement lié cette ville et à ce canton. Mes grands-parents ont quitté une commune lucernoise voisine pour s’installer à Dietwil au début du siècle dernier. De plus, j’ai exercé mon ministère de pasteur dans le canton de Lucerne, à Hochdorf.

«Marie occupe une place importante dans ma spiritualité»

Qu’y a-t-il d’autre à savoir sur vos armoiries épiscopales?
Dans les armoiries de Dietwil, on voit sur la partie blanche une ferrure d’écu en forme de croix. Celle-ci provient des armoiries des seigneurs d’Eschenbach, les fondateurs de la première église de Dietwil (avant 1145). Ce symbole se retrouve également sur les armoiries de l’abbaye cistercienne d’Eschenbach. À l’origine, il s’agissait probablement d’un motif religieux. Il peut désormais être à nouveau interprété en ce sens sur mes armoiries épiscopales.

La couleur bleue représente Marie. Quel rôle joue pour vous la Mère de Dieu?
L’église de Baden est dédiée à la Vierge Marie. C’est dans une autre église dédiée à la Vierge, à Windisch (AG), que j’ai été ordonné prêtre. Marie occupe une place importante dans ma spiritualité. Je suis heureux que sa couleur – le bleu – apparaisse sur mes armoiries épiscopales. J’ai aussi toujours un chapelet dans ma poche. J’aime prier avec, parfois même quand je conduis.

Votre devise est «Hoffnung Leben» (Vivre l’espérance), en allemand. Normalement, les devises épiscopales sont en latin…
L’allemand est notre langue. La devise est courte, avec seulement deux mots. Sur les armoiries de l’évêque, on voit, en vert, un chapeau et une houppe qui entourent les armoiries. Cette couleur est imposée pour les évêques. Mais elle me convient bien. Elle représente également l’espoir – qui encadre mon blason.
Dans l’ensemble, mes armoiries épiscopales se réfèrent à ma famille, à mon passé et à ma spiritualité.

Selon quels critères avez-vous choisi l’anneau épiscopal?
Il est simple, beau et, comme son nom l’indique «conciliaire», en référence au Concile Vatican II. A la fin de ce concile, en 1965, le pape Paul VI a offert cet anneau à tous les évêques qui y ont participé. Il est aujourd’hui disponible comme anneau épiscopal et beaucoup d’évêques le portent.

«A Rome, c’était presque comme pour un défilé de mode»

Et pour votre crosse?
Après ma nomination, j’ai commencé à m’intéresser à des questions qui m’étaient auparavant étrangères, donc aussi à la question de la crosse. Je me suis alors souvenu de l’ancien évêque de Limbourg, Franz Kamphaus. Il avait fait sculpter sa crosse dans le bois d’une poutre de chêne de la ferme familiale. Cela m’a beaucoup impressionné et touché à l’époque, c’était en 1982. Moi aussi, j’ai grandi dans une ferme. Mais je ne voulais pas et ne pouvais pas aller aussi loin que lui.
Tout est allé très vite. A Rome, on m’a montré quelques crosses qui ne me convenaient pas vraiment. Soudain, le vendeur m’en a montré une en bois qui m’a tout de suite beaucoup plu. Il était clair que c’était ma crosse.

Quant à votre mitre?
C’était presque comme pour un défilé de mode. J’ai été accompagné lors de ma tournée d’achat à Rome. J’en ai été très heureux. Nous sommes entrés dans l’un des nombreux magasins d’équipements pour prêtres et évêques. Nous y avons vu tout un assortiment de mitres. Je les ai mises les unes après les autres. Il fallait bien sûr que la taille convienne. De l’avis unanime de ceux qui étaient présents et de la vendeuse du magasin, celle que j’ai choisie était la plus belle et la mieux adaptée à ma tête. Elle me plaît effectivement beaucoup et elle est agréable à porter. (cath.ch/kath/js/rz)

Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, posant la mitre sur la tête de Mgr Josef Stübi, le 26 février 2023 | © Christian Merz
8 mars 2023 | 16:00
par Rédaction
Temps de lecture: env. 4 min.
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