Un peu partout dans les rues de Kinshasa, les panneaux, banderolles et affichages divers saluent la venue prochaine du pape François | © Max Savi Carmel
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RDC: les paroisses de Kinshasa se mobilisent pour la venue du pape

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A la veille de  l’arrivée du pape François en République démocratique du Congo (RDC), le 31 janvier, les paroisses de Kinshasa, la capitale, se mobilisent aussi bien dans la prière que pour l’accueil du Saint-Père. A Ste Thérèse-de-Ndjili, Ste-Anne et Sacré-Cœur de Gombé ou encore Elimo Santu de Lemba, prêtres et fidèles s’impatientent tout en s’activant aux derniers préparatifs.

Max Savi Carmel, à Kinshasa

Ndjili. A 12 km de Kinshasa, cette commune périphérique héberge l’aéroport où atterrira le pape le 31 janvier à 15 heures (heure Suisse). A la paroisse la plus proche de cet aéroport, Hubert Katawa Kayembe sensibilise les siens. Sa paroisse, Ste Thérèse, aura une délégation à la grande messe que dira le pontife le 1er février.

Un signe de réconfort pour le Congo

Alors pendant chacune de ses messes, le curé invite ses fidèles, «à participer massivement aux manifestations de la visite du Saint-Père». Au Sacré-Cœur, au centre de Kinshasa, le groupe «Miséricorde Divine» multiplie des séances spéciales de prière, «pour la réussite du voyage de notre pape», précise Claire Mbombo. Membre du groupe, elle voit dans «l’arrivée de François un signe de réconfort» pour le Congo éprouvé par «le pillage de ses ressources, la guerre à l’est, le viol de femmes et l’extrême pauvreté». Tout comme cette fonctionnaire du ministère des Mines, les catholiques «prient et veillent» à la demande du cardinal Ambongo.

Claire Mbombo voit dans la visite du pape un signe de réconfort | © Max Savi Carmel

A l’entrée des paroisses, sur les murs, dans les chapelles, des affiches, mais aussi des organisations en petits groupes pour participer à la grande messe pontificale. En attendant, toute l’Église en RDC prie pour le pape, la peur d’une ultime annulation à cause des problèmes de santé du pape étant dans tous les esprits.

Prières spéciales pour la visite du pape

Quartier Clinique, dans la commune de Gombe, le centre-ville cossu et administratif de Kinshasa. Des drapeaux du Vatican signalent la Nonciature apostolique. Non loin de l’Ambassade du Saint-Siège, c’est à sa paroisse habituelle, au Sacré-Cœur, que Claire Mbombo prend part, à quelques jours de la visite papale, à la messe de 7h. Son plus grand souhait, «que les fidèles catholiques, les femmes et hommes de bonne volonté réservent un chaleureux accueil au pape». L’église était pleine à craquer.

«J’ai l’impression que l’annonce de l’arrivée du pape a réveillé quelque relent catho chez des fidèles», sourit Samuel Tanko. L’ancien séminariste est très attaché à cette paroisse dont dépendent ses parents. Pour lui, «des personnes qui avaient abandonné l’Église sont revenues ces derniers jours». Il justifie ce subit engouement par la visite attendue de François. «L’église continuera à être aussi pleine après le départ du pape», espère-t-il.  

A la fin de la messe, Teddy Iyemwebi ne peut pas ne pas évoquer «cet événement historique et unique». Prêtre du diocèse d’Inongo, il a fini sa messe de ce matin par la traditionnelle «prière pour la visite du pape», récitée en marge des célébrations eucharistiques dans toutes les paroisses de Kinshasa et de la RDC. Étudiant à l’université protestante de Kinshasa, le clerc vient dire quelques messes dominicales ici. Pour lui, «cette visite est un appel d’air pour la foi» des fidèles. Mais au-delà de la prière, les paroissiens veulent aussi participer à la réussite de cette visite qui occupe toute l’actualité dans la capitale congolaise.

Paroisses mobilisées

Ste-Anne-de-Gombe est une église en vue du centre-ville d’autant qu’elle accueille de grandes célébrations parfois politiques. Début février dernier, le chef de l’État, Félix Tshisekedi s’y trouvait pour la messe anniversaire de la mort d’Etienne, son père et opposant historique. Un an plus tard, c’est un autre hôte qui mobilise la paroisse. A l’entrée, une banderole géante plaquée en pleine rue annonce la visite du pape. Dans la cour de l’église, contre les façades principales, des affiches aussi bien en italien, en lingala (principale langue du Congo) qu’en français signalent la venue tant attendue du pontife. «Benvenuto Santo Padre Papa Francesco» expose-t-on ostentatoirement dans un pays où la langue italienne ne se parle pas, «c’est la langue officielle du Vatican», ironise Sœur Innocente.

Comme dans les autres paroisses de KInshasa, les fidèles de la paroisse Ste Anne saluent la venue du pape par voie d’affichage | © Max Savi Carmel

Avec d’autres personnes, la religieuse participera à la décoration des sites qui accueilleront l’évêque de Rome. Dans le quartier commercial de Lemba, l’église Elimo Santu attend les derniers jours pour poser ses affiches mais au niveau de la paroisse, la plus grande attente pour le Père Landry Maketa, «c’est la paix».

Le prêtre espère que «les prières du pape ramèneront la paix» alors qu’à l’est du pays, la guerre sévit. Plusieurs groupes de prières et des mouvements d’apostolat se concertent pour la grande messe. Le vicaire d’Elimo Santu n’a plus de doute, «je serai à Ndolo, c’est ma première occasion de voir le vicaire du Christ en vrai» confie-t-il au correspondant de cath.ch. A 58 ans, Jean André Tshiluba espère qu’il fera partie de la délégation officielle de la paroisse pour la dite messe, sinon, a-t-il déjà prévu, «je m’y rendrai à titre personnel». Une perspective partagée par Marie Reine Nzebe. Journaliste à la télévision nationale, cette fidèle d’Elimo Santu (»Saint Esprit» en lingala) envisage aussi de prendre part à cette grande célébration. Tout comme elle, 2 millions de personnes pourraient tenter d’y participer, alors que le site compte 1,5 millions de places.

La messe de toutes les grâces

La grande messe du 1er février est dans tous les esprits, dans un pays où 60% des 110 millions d’habitants sont catholiques. Sur les réseaux sociaux, des jeunes ont lancé un challenge avec des photos médaillons sur l’affiche officielle de la visite avec la phrase «Je serai à Ndolo». C’est à l’aéroport éponyme qu’un espace de 85’000 m² a été aménagé avec un gigantesque chœur de 1500m² où trône l’autel. Pour des raisons de sécurité, le site qui accueillera des répétitions cette semaine est fermé au public.

Blandine Katanga | © Max Savi Carmel

«Nous sensibilisons nos fidèles à ne manquer aucun rendez-vous avec le pape», insiste le Père Landry Maketa. «Le cardinal a dit que 20 minutes avant la fin de la messe, le pape fera le tour de la foule en papamobile, je verrai de près le véhicule du pontife», jure le prêtre spiritain. Cette messe pontificale est perçue comme celle de «toutes les grâces» pour Blandine Katanga. La  journaliste catholique multiplie des reportages sur l’événement. Dorcas Mangala espère qu’au-delà des grâces, «la messe pontificale contribuera à l’unité des chrétiens».

La vice-présidente des lecteurs de la paroisse Elimo Santu qui devrait  prendre aussi part, est impatiente, «nous attendons le pape, qu’il vienne vite!». Elle espère revivre des émotions semblables à celles que lui ont racontées ses parents qui avaient été témoins des visites de Jean Paul II en 1980 et en 1985. »Des moments inoubliables», espère, toute joyeuse dans la cour de sa paroisse, Dorcas Mangala. (cath.ch/msc/bh)

Un pays très catholique qu’aimait Jean Paul II
La RDC est le pays le plus chrétien du continent, soit plus de 95,8 % de ses 110 millions d’habitants dont plus de 60% sont catholiques. Il a donné à l’Afrique son premier évêque subsaharien, Dom Henrique (1495-1530), fils d’Alphonse 1er, roi du Kongo. Avec une cinquantaine d’évêques, plus de 5’000 prêtres et le monopole dans l’éducation (écoles et universités) et la santé (hôpitaux et dispensaires), l’Eglise est l’institution la plus influente du pays. Jean Paul II y a entretenu de bonnes relations notamment avec deux cardinaux de Kinshasa, Joseph Malula qu’il a accueilli à Rome quand il était menacé par la dictature Mobutu ou encore Frédéric Etsou Bamungwabi. Le pape polonais a visité le pays en 1980 et en 1985. MSC

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Un peu partout dans les rues de Kinshasa, les panneaux, banderolles et affichages divers saluent la venue prochaine du pape François | © Max Savi Carmel
27 janvier 2023 | 17:00
par Max Savi Carmel

Le pape François effectuera son 40e déplacement à l’étranger depuis son élection en Afrique, du 31 janvier au 5 février 2023. Il visitera d’abord la République démocratique du Congo (RDC), atterrissant à Kinshasa le 31 janvier.

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