L'Irak, le Synode des jeunes et la marche blanche contre la pédophilie
Suisse

Rétrospective 2018: et s’il ne fallait retenir qu’un seul article? (2/3)

Pour couvrir l’actualité religieuse tout au long de l’année, les sept journalistes de la rédaction de cath.ch vous ont proposé environ 3’300 articles et une soixantaine de reportages vidéo. Mais s’il ne fallait n’en conserver qu’un seul, ce serait lequel et pourquoi? Témoignages.


Trafic illicite de fromage vers Rome | Raphaël Zbinden

L’assemblée synodale d’octobre | © Flickr/Mazur

Mon séjour à Rome, pour la fin du Synode des jeunes, du 24 au 28 octobre, m’a permis de faire des expériences enrichissantes et insolites. Tout d’abord grâce à une requête originale de Mgr Alain de Raemy. L’évêque, qui représentait la Suisse au Synode, résidait à la Garde suisse, dont il est l’ancien chapelain. Pour remercier ses hôtes, il avait pensé leur offrir une satisfaction gustative quasiment introuvable à Rome: la fondue moitié-moitié. Problèmes de douane, de transport, et autres, le prélat n’arrivait pas à se faire livrer la marchandise en Italie. En désespoir de cause, il émit un message à l’évêché, afin de demander si un journaliste en partance pour Rome ne pouvait pas convoyer le fromage.

Le transport des 25 kilos de fondue de Suisse en Italie, à vrai dire illicite, ne fut pas une sinécure et mon dos s’en souvint un moment. Mais j’arrivai finalement à bon port avec la satisfaction du devoir accompli et la joie de savoir que tous ces jeunes Suisses pourraient se souvenir de leur chère contrée en dégustant la fine fleur de sa gastronomie.

Au-delà de cet épisode insolite, mon séjour à Rome fut marqué par de chaleureuses rencontres placées sous le signe de la jeunesse. Notamment avec un groupe de jeunes du diocèse d’Albi, dans le sud-ouest de la France, qui m’offrirent, outre leur bonne humeur, du saucisson typique de leur région. Qu’ils avaient transporté du Tarn avec sans doute moins de peine que mon fromage.

Synode sur la foi, les jeunes et le discernement vocationnel, du 3 au 28 octobre 2018


Dans les ruines de Mossoul dévastée | Jacques Berset

Toutes les églises de Qaraqosh ont été dévastées par les djihadistes de Daech | © Jacques Berset

Si, dans les articles réalisés en cette année 2018, je devais n’en retenir qu’un seul, ce serait celui sur le difficile retour des chrétiens de la Plaine de Ninive, en Irak, en septembre, avec en particulier la «visite» dans la vieille-ville de Mossoul écrasée par les bombes.

Après avoir franchi, depuis le Kurdistan irakien, les barrages des milices peshmerga  kurdes, puis dans la Plaine de Ninive les check-points des Unités de mobilisation populaire chiites Hachd al-Chaabi, arborant le portait de l’imam Hussein, l’arrivée à Mossoul me prend aux tripes. C’était pourtant la quatrième fois depuis 1991 que je me rendais dans la région, mais cette fois-ci, la guerre a pris une autre dimension: les destructions laissées partout par Daech, et par la coalition qui a chassé les terroristes islamiques, sont apocalyptiques.

Tous les cinquante mètres, sur l’avenue qui nous mène au cœur de la citadelle sunnite, des hommes habillés en noir, harnachés comme des extraterrestres, le visage masqué, une caméra fixée sur le casque, la kalachnikov pointée vers notre voiture. Sur la manche de l’uniforme, un aigle à tête blanche. Voici les redoutés SWAT, les forces spéciales irakiennes ! Pas question de prendre une photo à ce moment-là.

Plus loin, dans les rues défoncées du centre historique, sur la rive droite du Tigre, l’arrivée dans le quartier d’Al-Meidan me laisse pantois. Tout est dévasté. Le squelette de l’église chaldéenne d’al-Tahira (Notre-Dame de l’Immaculée Conception), complètement détruite, émerge au milieu des restes de maisons méconnaissables et des tas de gravats de couleur ocre. C’est dans cet endroit aujourd’hui effacé de la carte que les habitants de Mossoul, les Mossouliotes, chrétiens ou musulmans, venaient rendre grâce à la Vierge pour la protection de la ville.

Aujourd’hui, la grande métropole du nord de l’Irak ne compte plus qu’une cinquantaine de familles chrétiennes. Fidèles des premiers siècles du christianisme, ils étaient encore plusieurs dizaines de milliers et s’enorgueillissaient de leurs monastères et églises pluri-centenaires lors de ma première visite en 1991. Passionné depuis plus de quatre décennies par le destin des chrétiens du Moyen-Orient, je les vois disparaître de cette région au riche passé, victimes d’un islam fanatique, souvent trahis par leurs voisins, désormais dispersés aux quatre coins de la planète. Je crains qu’ils ne reviennent plus jamais repeupler Ninive, la ville du prophète Jonas.

Plaine de Ninive: difficile retour des chrétiens, publié le 12 octobre 2018 par Jacques Berset


Première étape d’un long chemin | Pierre Pistoletti

Marche blanche contre la pédophilie et les abus sexuels dans l’Eglise. Fribourg, 17 février 2017 | © Keystone/Alessandro Della Valle

En ce qui me concerne, ce serait le dossier consacré aux abus sexuels dans l’Eglise en Suisse, Lorsque le berger est un loup.

Plusieurs semaines de travail ont été nécessaires pour offrir à nos lecteurs un dossier complet sur cette thématique douloureuse, qui resitue la question dans sa complexité. Une recherche de longue haleine, jalonnée de coups de colère face à la souffrance des victimes, mais aussi d’espérance en contemplant la résilience de certaines d’entre elles ou en mesurant le chemin parcouru en Suisse grâce à l’engagement de personnes déterminées de tous bords – d’anciennes victimes, des personnes engagées en Eglise ou des politiciens.

Face aux abus sexuels, l’Eglise ne peut faire l’économie d’un travail de vérité, lucide et courageux. C’est là sans doute la première étape indispensable d’un long chemin pascal. En travaillant à ce dossier, il m’a semblé contribuer à cet effort, à mon niveau de journaliste.

Lorsque le berger est un loup. Les abus sexuels dans l’Eglise en Suisse, publié le 12 mars 2018 par Pierre Pistoletti

L'Irak, le Synode des jeunes et la marche blanche contre la pédophilie
29 décembre 2018 | 17:00
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 4 min.
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