Nelly Schenker et Klaus Kenneth
Suisse

Rétrospective 2018: s’il ne fallait retenir qu’un seul article? (1/3)

Pour couvrir l’actualité religieuse tout au long de l’année, les sept journalistes de la rédaction de cath.ch vous ont proposé environ 3’300 articles et une soixantaine de reportages vidéo. Mais s’il ne fallait n’en conserver qu’un seul, ce serait lequel et pourquoi? Témoignages.


Pauvre donc sans parole | Maurice Page

Pour Nelly Schenker, être pauvre, c’est être sans parole | © Natacha Rostetsky ATD Quart Monde

La beauté du métier de journaliste passe par les rencontres de personnes d’horizons les plus divers. Quelques-unes marquent plus que d’autres. En cette année 2018, ce fut le cas de Nelly Schenker. Avec elle j’ai mieux compris la réalité de l’Eglise des pauvres.

Tassée sur une chaise dans le brouhaha du café Marcello, concentrée, les yeux souvent mi-clos, Nelly se raconte. Les souvenirs, les idées, les paroles se bousculent. Comment mettre des mots sur ses presque 70 ans d’existence à la fois si tragiques et si riches? Dans quelques heures, la petite fille qui n’avait jamais été à l’école, qui ne savait ni lire ni écrire, dédicacera son livre, juste en face, à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg.

Malgré le vent des tempêtes de la vie, la flamme de ses yeux ne s’est jamais éteinte. La foi de la fillette de 4 ans qui voulait retirer les épines de la couronne de Jésus est toujours là, intacte et brillante. Captivé, j’ai bien de la peine à la ramener dans le fil de mon interview. Qu’importe, la conversation durera presque deux heures. Avec Nelly, il n’est jamais question d’analyse, de théorie, de concept, mais toujours de visages, de rencontres, d’accueil, d’écoute.

Maltraitée, humiliée, exclue, Nelly a passée par toutes les misères. Révoltée par l’injustice, elle a choisi de se battre. Sans haine ni rancœur, elle veut donner sa voix à tous ceux que personne ne voit, que personne n’écoute. Je suis fier d’avoir pu faire écho à son combat.

Nelly Schenker: «Une longue, longue attente», publié le 7 décembre 2018 par Maurice Page


Un hippie sur le chemin de l’Amour | Grégory Roth

Klaus Kenneth a poursuivi sa quête de la vérité à travers le monde | © Grégory Roth

Retenir un seul article réalisé durant l’année écoulée n’est pas aisé, car beaucoup m’ont apporté expérience et satisfaction. Je choisis donc l’interview de Klaus Kenneth, qui m’a spécialement marquée. Le temps passé avec lui a été une véritable aventure.

Je le rencontre dans une église, lors d’un baptême d’amis communs. Quelqu’un nous présente. Apprenant que je suis journaliste, il m’énumère quelques unes de ses expériences de vie. «Quoi? Tu ne sais pas qui je suis», s’étonne-t-il. «Quel prétentieux», me dis-je, lui tendant ma carte de visite. Lorsqu’il me contacte quelque temps plus tard, il va revenir sur la rencontre, s’excusant de son comportement un peu brut de décoffrage. Ça ne lui ressemble pas, assure-t-il, lui qui a troqué sa quête de succès pour l’humilité qu’il a trouvée auprès de Jésus.

Rendez-vous est pris. Au jour convenu, je sonne à sa porte. Il n’est pas là. Une dame m’ouvre et s’exprime dans une langue étrangère. Aucun moyen de communiquer. Je finis par croire que je me suis trompé d’adresse, jusqu’à ce qu’il arrive et me présente sa belle-mère en visite. «J’ai dû oublier notre rendez-vous! Mais tu as de la chance: je suis à peine rentré en Suisse depuis hier soir et demain je repars à l’étranger».

Son récit de vie, fait de tragédies et de miracles, pourrait nourrir le scénario d’une bonne dizaine de fictions. Après notre rencontre, ce hippie sur le chemin de l’Amour propose de me reconduire en deux-roues jusqu’à la gare, puisque mon train part bientôt.

Accumulant une somme faramineuse d’infractions au code de la route, il me permet d’avoir mon train. Mais c’est, et restera longtemps, le trajet durant lequel j’ai eu le plus peur pour ma vie.

Klaus Kenneth: un hippie sur le chemin de l’Amour, publié le 30 mai 2018 par Grégory Roth

Nelly Schenker et Klaus Kenneth
28 décembre 2018 | 17:00
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 3 min.
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