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Vatican

Synode pour l’Amazonie: des pistes pour de nouveaux ministères

Face aux «défis nouveaux» de l’Eglise en Amazonie, il existe plusieurs types de ministères non ordonnés, a détaillé Mgr Wilmar Santin, évêque-prélat d’Itaituba (Brésil), le 10 octobre 2019. Le Brésilien s’exprimait à l’occasion du briefing organisé au milieu de la 4e journée de travail du synode pour l’Amazonie.

Au cours du briefing, Mgr Santin est revenu sur son expérience pastorale et a décrit plusieurs ministères qui peuvent être confiés à des laïcs hommes ou femmes. Les ministres de la parole autochtones sont ainsi «très importants» selon lui, notamment car ils peuvent prier avec les Amazoniens directement dans leur langue. Pour lui, cela est d’autant plus nécessaire que certains groupes pentecôtistes sont à l’inverse «très agressifs» contre les langues et cultures indigènes.

Mise en garde du pape contre un risque cléricaliste

L’évêque brésilien a indiqué avoir confié un tel ministère de la parole à près d’une cinquantaine de personnes – dont des femmes – dans son diocèse. Dans la continuité de ce service, Mgr Santin a évoqué la possibilité de constituer des ministres pour le baptême et d’autres pour le mariage, deux sacrements qui ne requièrent pas la présence obligatoire d’un prêtre. Il s’agit de trouver de «nouveaux chemins» face à des «défis nouveaux», a-t-il expliqué, et de ne pas penser uniquement à l’eucharistie au détriment de la Parole.

Intervenant dans le débat, le pape François aurait eu des propos allant dans le même sens, a appris l’agence I.MEDIA. Il aurait ainsi mis en garde contre le risque cléricaliste de ne voir l’Eglise que là où se trouve un ministre ordonné. Il aurait ainsi rappelé que l’Eglise se trouvait partout où des croyants se réunissaient au nom de Jésus et aurait appelé à se défaire de l’idée qu’un prêtre doit forcément être nécessaire partout.

Les «semences de Dieu» dans les rites indigènes

Pour Mgr Medardo de Jesus Del Rio, vicaire apostolique de Mitu, à une heure d’avion de Bogota, la capitale de Colombie, il ne s’agit pas seulement de «planter des arbres ou de gérer les déchets», mais d’accompagner «intégralement» les communautés indigènes. Il faut tout particulièrement veiller à sensibiliser les communautés sur les conséquences de l’autorisation accordée à des multinationales d’exploiter les minéraux de leur territoire. Jusqu’à présent, il n’est en effet pas rare qu’un village entier soit contraint de se déplacer après avoir été manipulé en ce sens.

Il convient alors de former avec les indigènes une véritable «synodalité». Cela implique selon lui d’intégrer la culture et les rites indigènes à la spiritualité chrétienne. Mgr Del Rio a ainsi évoqué l’ordination diaconale d’un chef de communauté reprenant de nombreux rituels indiens. «Il faut être capable d’assumer leurs rites» quand ceux-ci vont «de pair» avec les rites chrétiens et détiennent les «semences de Dieu», a estimé le Colombien citant le docteur de l’Eglise saint Irénée.

Infanticides indigènes

Répondant aux questions des journalistes à propos d’infanticides pratiqués dans certaines tribus à l’encontre d’enfants nés handicapés, Mgr Santin a appelé à ne pas généraliser ce phénomène. On observe selon lui en effet «des groupes prenant en charge des enfants trisomiques ou épileptiques». Là encore, la présence de l’Eglise s’avère indispensable, fondant des maisons d’accueil destinées aux plus faibles.

Pour les travaux des 10 et 11 octobre, les participants au synode sont répartis en 12 ‘circoli minori’: cinq hispanophones, quatre lusophones, deux italophones et un franco-anglais. Pour ce dernier groupe, Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne (Guyane française), est le rapporteur tandis que le modérateur est le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg.(cath.ch/imedia/xln/ah/rz)

| © Jean-Claude Gerez
10 octobre 2019 | 16:57
par I.MEDIA
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