L’Eglise monte en première ligne contre cette pratique

Tchad: Des enfants vendus et réduits en esclavage pour le prix d’un veau

N’Djamena, 27 décembre 2004 (Apic) Des enfants sont aujourd’hui encore vendus et réduits en esclavage au Tchad. Et cela pour le prix d’un veau Tchad: Des enfants vendus et réduits en esclavage pour le prix d’un veau.

Le gouvernement tchadien, l’Eglise catholique, l’Unicef et d’autres organisations humanitaires ont entamé une difficile bataille contre les «enfants bouviers». Des adolescents vendus par leurs parents pour 10’000 à 15’000 francs Cfa (entre 20 et 37 francs), à des éleveurs arabes venus du nord. D’autres sont échangés contre un veau, rapporte Irin, le Réseaux intégrés d’information régionale, une agence de presse de l’Onu.

«Le premier enfant bouvier a été découvert en 1996. Il s’était réfugié auprès des frères franciscains», témoigne aujourd’hui au Tchad le Père Nguetigal Bertin, qui oeuvre dans la région de Sarh, chef lieu de la région du Barh-Ko Bertin (sud). «Il a raconté sa vie dans la brousse et c’est à partir de ce moment-là que nous avons démarré notre action contre l’exploitation des enfants bouviers».

Le prêtre dit avoir récupéré depuis 68 enfants de 10 à 16 ans. «Malgré notre combat, le phénomène se propage de plus en plus à travers toute la région sud», déplore-t-il.

La pratique des enfants bouviers a commencé dans les années 70, en période de grande sécheresse au sahel dont fait partie le Tchad. A «cause de la pauvreté», elle s’est développée dans toute la partie sud du pays. Certains pères de familles préfèrent souvent se débarrasser de leurs enfants valides pour avoir moins de bouches à nourrir.

Selon des agences humanitaires basées au Tchad, on compte aujourd’hui encore quelque 2’000 enfants âgés à peine de huit ans, vendus par leurs parents pour le prix d’un veau. Ils sont réduits à l’état esclavage par leurs maîtres, des éleveurs arabes. Pour certaines ONG, ce chiffre ne reflète toutefois pas la réalité, d’autant moins que nombre d’enfants meurent pour cause de mauvais traitements.

Au gouvernement de prendre des mesures

Paulin Tolmadingar, un agent du développement rural du pays, a expliqué que la zone de trafic s’étend sur un rayon de 150 km. Selon lui, il est difficile de lutter contre ce phénomène. A cela s’ajoute la difficulté de retrouver les parents. Sans compter que l’entreprise de récupération des enfants s’avère parfois risquée: des éleveurs arabes ont attaqué avec des flèches et des fusils d’assaut des personnes qui tentaient de leur retirer des enfants, estimant être dans leur droit, du fait de les «avoir acheter» et donc de pouvoir en «disposer».

L’Unicef a exhorté le gouvernement tchadien à prendre des mesures fermes pour éradiquer cette nouvelle forme d’esclavage. «Il doit mettre en place un plan national de lutte contre cette pratique d’un autre âge», a souligné Motoyam Nanitom, chargée de la protection de l’enfance au bureau de l’organisation à N’Djamena. (apic/ibc/pr)

27 décembre 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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